Reprise possible des sorties vélo à partir du 11 mai : et s’il était temps de couper ?

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, et alors que la sortie progressive du confinement se profile, il est peut-être temps de vous accorder une petite pause avec l’entrainement. Explications.

Par Guillaume Judas – Photo : Pxhere.com

Oui, vous ne rêvez pas. Après vous avoir conseillé des séances de home-trainer comme palliatives au manque d’entrainement au début de cette période actuelle si particulière, après vous avoir vanté les mérites des séances de sport à domicile pour conserver la condition physique voire pour améliorer certains points faibles, mais aussi après vous avoir alerté sur les précautions à prendre quant à l’intensité des séances en cette période de pandémie, nous allons évoquer l’idée de faire une pause dans l’entrainement juste avant cette fameuse date du 11 mai, le jour où nous devrions pouvoir rouler à nouveau sur la route.

Il y a plusieurs raisons à cela, à commencer par l’énergie mentale et physique qu’il a fallu déployer pour enchainer les séances de home-trainer, surtout chez ceux – nombreux, on le sait ! – qui n’ont pas su être raisonnables. Dans un premier temps, les séances de Zwift, les meetups à plusieurs, les compétitions virtuelles ou les workouts (avec l’objectif de développer la FTP ou la PMA) vous ont motivé. Mais maintenir la condition ou essayer de l’améliorer lorsqu’on a aucune visibilité sur une date probable de reprise ou sur un calendrier d’épreuves ou de compétitions devient rapidement démoralisant. Surtout que l’énergie laissée dans la salle à manger ou dans le garage n’est pas inépuisable. Les conditions de pratique en intérieur ne sont jamais les mêmes qu’en extérieur, notamment en termes de sudation. Les efforts excessifs en milieu confiné provoquent déshydratation, pertes de sels minéraux et par voie de conséquence de fortes sollicitations cardiaques qui ne sont pas sans risque, du moins en ce qui concerne la fatigue accumulée.

Il en est de même pour ceux qui ont réussi à rouler un petit peu à l’extérieur, soit en respectant les consignes gouvernementales (1h maxi dans un rayon d’1 km du domicile), soit en bravant les interdits. Mais dans tous les cas, on ne peut ni parler d’entrainement vraiment profitable, ni du bien-être et de l’évasion qu’on cherche tous en pratiquant un sport d’endurance en extérieur.

Le plus dur est à venir

Pourtant, au-delà de cette fameuse date du 11 mai qui devrait signer une certaine forme de libération pour tous les sportifs en cage, il ne faut pas s’imaginer que d’une part vous allez forcément tirer bénéfice tout de suite de ces deux mois de labeur en intérieur, et d’autre part que c’est la fin de vos difficultés. Puisque ce déconfinement progressif impose une pratique individuelle, il va vous falloir être doublement solide : d’abord pour accepter de sortir rouler en solitaire quand vous voyez le vélo comme un intérêt social (voir, discuter avec les copains sur le vélo, faire des sprints aux pancartes ou se tirer la bourre dans les bosses, ce n’est pas pour tout de suite…), et d’autre part parce qu’il va falloir (ré)apprendre à rouler dans le vent, sans abri et sans relai. Finies les sorties à 35 de moyenne dans le monde imaginaire de Zwift !

De plus, il est encore beaucoup trop tôt pour avoir la moindre visibilité sur la suite du calendrier. Les compétiteurs n’ont aucune date de reprise, exceptée celle – encore provisoire – pour le Tour de France, à partir du 29 août. Mais jusque-là, les autorités ont interdit toutes les manifestations sportives avant le milieu de l’été, et surtout celles qui pourraient réunir plus de 5000 personnes. Tout cela dans l’attente de l’évolution de la pandémie, bien entendu. De nombreuses épreuves sont annulées ou reportées à des dates inconnues, ce qui laisse dans l’expectative quant à la reprise éventuelle des compétitions classiques, que l’on parle de cyclisme ou de triathlon. Et dans le cas d’une reprise tardive, la FFC a évoqué l’idée d’un calendrier qui pourrait se concentrer sur les derniers mois de l’année, avec des compétitions sur route jusqu’en novembre.

D’autres incertitudes pèsent sur les sportifs amateurs, et notamment ceux qui projettent de passer leurs vacances à grimper des cols dans les Alpes ou les Pyrénées. Les limitations de déplacement pour l’instant mises en place pour la sortie du confinement interdisent les longs déplacements.

Alors, à quoi bon ? Reprendre le 11 mai avec une possible reprise d’une activité normale en août, c’est un peu comme si vous étiez début décembre pour préparer une nouvelle saison. Avec cette fois-ci l’absence de tentation d’abuser de séances contreproductives comme certaines séances en groupe.

Le travail effectué cet hiver et pendant cette période de confinement n’est pas perdu. Mais si la saison sportive doit s’étendre jusqu’à la fin de l’automne, si vous pensez profiter de l’été indien pour vous évader sur des parcours habituellement accessibles l’été, il va vous falloir de l’envie et de l’énergie. Une petite coupure de quelques jours maintenant, juste avant la reprise d’une bonne base foncière sur la route à partir du 11 mai, est loin d’être superflue. Relâchez la pression et préparez-vous à vivre une saison forcément exceptionnelle compte tenu de la situation si particulière que nous vivons.

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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