Une expérience typiquement flandrienne sur le week-end du Tour des Flandres

À l’initiative de Sportful, j’ai pu vivre trois jours au cœur même de l’un des « stades cyclistes » les plus connus au monde : les Flandres. Trois jours, trois ambiances, trois pratiques cyclistes différentes mais toujours dans un climat de liesse populaire faisant largement oublier une offensive hivernale amenant un peu de neige et des températures glaciales pour un début avril au départ de la « cyclo ».

Texte : Olivier Dulaurent – Photos : ©Sportful, ©AG2R Citroën, Facebook Ronde van Vlaanderen

Quoi de plus normal que de voir associés les noms de Sportful et du Tour des Flandres. En effet, la firme italienne a développé toute une gamme de produits appelée Fiandre (pour « Flandres », en italien). Comme son nom le suggère, les vêtements Fiandre sont destinés à une pratique plus sportive que contemplatrice et pour des conditions météorologiques difficiles : pluie voire neige, vent, le tout associé à des températures pas toujours clémentes, typiques des conditions observées sur la période des classiques flandriennes allant du Het Nieuwsblad fin février jusqu’à Paris-Roubaix, traditionnellement le deuxième dimanche d’avril mais décalé d’une semaine cette année pour cause d’élections présidentielles en France.

L’arrivée à Audenarde, pour les cyclosportifs comme pour les professionnels

Si la classique française est parfois surnommée « la Reine des Classiques » – surtout en France, chauvinisme traditionnel oblige – ce sont les Flandres belges qui concentrent la quasi-totalité des épreuves, sur un secteur géographique très réduit et offre en point d’orgue son Tour des Flandres, classé « Monument du cyclisme », au même titre que Paris-Roubaix. Le terrain de jeu est ici si concentré que malgré l’infinité de routes, pavés et autres chemins asphaltés qui font ressembler le secteur à un vrai labyrinthe, une même route ou Mont peut être emprunté par plusieurs courses ! Les Monts (« Bergs » en Flamands) tels que le Vieux Kwaremont, le Paterberg, le Taaienberg, le Kruisberg, pour ne citer qu’eux, étant ainsi au programme du Grand Prix E3 ou de A Travers les Flandres, quasiment pour faire office de répétition générale pour les coureurs comme pour les suiveurs, du « vrai » Tour des Flandres, la plus prisée de toutes.

Paysage typique sur le Tour des Flandres

Pour autant, la connaissance du terrain réclame une grande expérience, tant il est facile de se perdre dans un environnement où les panneaux de signalisation sont plutôt rares ou au mieux, destinés aux locaux. Ces singularités ajoutent au charme de ces courses, qui semblent parfois se classer davantage sur le registre du toboggan géant que d’une course telle qu’une étape du Tour de France.

Oudenaarde (pour Audenarde en Flamand), où se tient l’arrivée

Jour 1 : le social ride

En tant qu’ambassadeur Sportful, Paolo Bettini dirige les opérations. S’il est depuis longtemps retiré des pelotons professionnels, ses souvenirs du secteur et sa passion pour les courses cyclistes sont restés intacts. Pourtant, ce vendredi matin, le moral est tombé dans les chaussettes. Il faut dire qu’une petite couche de neige a envahi le secteur. Autant dire que rouler sur les pavés dans ces conditions n’est pas raisonnable, même si quelques équipes dont AG2R Citroën ne dérogeront pas à la traditionnelle reconnaissance, ce qui donnera lieu à quelques photos mémorables, surtout pour un mois d’avril. De façon plus raisonnable… nous attendons.

La reconnaissance chez AG2R La Mondiale sous une météo plus hivernale que printanière

L’arrêt prévu au milieu de la sortie en haut du Hotond Berg, sera tout simplement celui d’un casse-croûte bien amélioré où certains ne dérogeront pas à la tradition locale : une bonne bière. Ce n’est pas très indiqué avant de potentiellement rouler ? Qu’à cela ne tienne, la plupart les convives succombent à l’envie.

Le Café en haut du Hotondberg regorge de clins d’Å“il au cyclisme
Paolo Bettini « montre l’exemple »

De façon totalement inattendue, l’après-midi le vent a chassé les nuages et même séché les routes si bien qu’une sortie est possible. Les 50 km prévus se transforment toutefois en 30 km. La tension monte quelque peu sur la route entre ceux qui veulent éviter le monde du lendemain sur la cyclo, les camping-cars qui cherchent à se placer au meilleur emplacement possible, les locaux qui cherchent à se frayer un passage pour leur dernier moment de liberté avant le rush du week-end et la police qui tend à réguler tout ce beau monde, le tout sur des rubans de route de 3 m de large.

Après la neige du matin, le temps est devenu nettement plus sec. Mais toujours froid.

Soit, pour certains dont je fais partie, il s’agit de « s’échauffer » sur le Vieux Kwaremont (difficile en raison de sa longueur de 2,2 km), le Koppenberg (jusqu’à 22%) et le Paterberg (20% maxi), les trois montées pavées les plus difficiles du Tour des Flandres « nouvelle formule », celui ne passant plus le Mur de Grammont.

Même en photo, le Koppenbeg a de quoi impressionner
Paolo Bettini a conservé un bon coup de pédale sur les pavés

A chaque fois, l’effort ne dure que quelques minutes mais ne laisse pas le droit à la flânerie. Il faut quasiment rouler à bloc pour ne faire que monter. En effet, grimper ces bosses parfaitement asphaltées serait déjà un bel effort en soi, mais les pavés ajoutent une difficulté qui ne pardonne pas le manque de condition physique. De bonne augure pour le lendemain puisque ces secteurs seront escaladés en version cyclo.

Des curiosités tout au long du parcours

Jour 2 : la randonnée cyclo

À la neige de la veille, succèdent le soleil mais un froid vif (à peine au-dessus de zéro degré). L’occasion est idéale pour tester la veste Sportful Fiandre Pro.

Avant le départ, sous un franc soleil mais une température bien hivernale

Ce sont les parcours de 144 et 179 km qui recueillent le plus les suffrages car ils ne se concentrent que sur la partie des Monts et permettent de réunir en un même point le départ et l’arrivée. Le 179 km va chercher en plus le Mur de Grammont, haut lieu du parcours de l’ancienne formule (jusqu’à 2011) et célèbre pour la chapelle en son sommet.

Le parcours de 179 km, un vrai tourniquet

Quasiment dès le départ, le ton est donné avec un mur à 17%, parfaitement bitumé quant à lui. Mais très rapidement, il faut enchainer avec un long secteur en faux plat, qui n’est même pas répertorié. Ça promet… La difficulté est déjà de trouver le bon braquet et éventuellement de viser les parties les plus roulantes, parfois dans une rigole ou un trottoir, ou parfois sur une étroite bande de pavé qui semble rouler mieux. Ou moins mal. Ce sera le petit jeu de toute la journée.

A peine 8 km au compteur et déjà la premier secteur pavé. Non répertorié, il demande pourtant un bel effort

L’ambiance est extraordinaire car sur plusieurs secteurs, du public s’est déjà massé.

La tentation est grande rouler sur le trottoir mais beaucoup de cyclistes tiennent à « goûter » au pavé

Si les pavés en eux-mêmes ne sont pas aussi exigeants que ceux de Paris-Roubaix, leur accumulation et la pente qui est parfois très forte, épuise les organismes. En mettant les roues pour la première fois sur ce circuit, l’image des coureurs professionnels revient forcément. L’amateur de cyclisme reconnait forcément ces lieux, théâtre de luttes entre grands champions. Comme souvent, l’impression de facilité laissée par des coureurs tels que Museeuw, Sagan, Gilbert ou Van der Poel fait imaginer qu’il ne s’agit que de « bosses ». La réalité est toute autre, il faut forcément s’employer sur chaque secteur, même avec des braquets adéquats. Au fil des kilomètres, cela finit par peser dans les jambes. Et dire, que pour « la gagne » sur le Tour des Flandres, il faut encore être capable de tout donner après 250 km d’une lutte de chaque instant, étant donné l’importance du placement…

Une idée de la pente liée aux pavés
Passage en haut du Molenberg

Le clou du spectacle reste l’enchainement final avec les Koppenberg, Steenbeekdries, Taaienberg, Kruisberg, Vieux Quaremont, Paterberg. Sur le Koppenberg qui est le mont le plus pentu, l’organisation a mis en place un système de vagues d’une trentaine de cyclistes, ce qui évite en partie les bouchons et limite les possibilités de devoir mettre pied à terre, même si ponctuellement pour certains il faudra consentir à user les cales.

Dans le Koppenberg, certains ont dû monter à pied

Avec le sommet du Paterberg, la ligne d’arrivée distante d’une douzaine de kilomètres, est quasiment en vue. Seul le vent, largement contraire, vient empêcher de profiter du final sans devoir appuyer. Mais en route, il reste toujours des volontaires pour donner un coup de main sur quelques relais.

Quelques portions sont très exposées au vent
Entre les secteurs pavés, il convient de se regrouper

Au passage à Audenarde, le compteur indique bien 180 km pour 2300 m de dénivelé. En termes de fatigue, le ressenti est forcément au-dessus de ses repères habituels. Le froid, le vent et les monts s’en sont chargés mais la satisfaction de tous les finishers se ressent.

La satisfaction d’avoir bouclé le parcours et un rendez-vous pris pour l’année prochaine

La veste Sportful Fiandre Pro a été un partenaire performant et fidèle de cette journée pas comme les autres. Avec une température comprise entre 1°C et 6°C, du soleil principalement et un vent autour de 40/45 km/h en rafales, et malgré la finesse du matériau, ce vêtement semble tirer un parfait profit de sa membrane. Issue du fabricant Polartec, elle s’appelle NeoShell. Dans le cas présent, elle n’est pas doublée avec du tissu polaire. C’est alors que le choix de la sous couche est crucial. J’avais opté pour un sous vêtement thermique manches courtes et par-dessus, un autre sous vêtement mais manches longues. Dans ces conditions, la régulation de la température a été optimale, alors que l’alternance entre efforts violents à l’abri du vent autour de 10/12 km/h avec des moments plus tranquilles exposés au vent en roulant bien plus vite, rendait la tâche difficile. À noter que pour fonctionner, cette veste réclame un minimum de rythme sur sa sortie ou sa course. Il s’agit d’un vêtement très efficace mais les arrêts prolongés ou même l’allure contemplative sont à limiter car en absence d’intensité, la membrane en elle-même est trop « froide ».

La veste Sportful Fiandre Pro, un partenaire idéal des efforts de début de saison, quelles que soient les conditions météorologiques

Jour 3 : la course des professionnels

Installés au sommet du Paterberg, nous avons eu la chance d’avoir une triple ration de spectacle car d’une part, le circuit final incluant aussi le Vieux Kwaremont définit deux passages lors des 40 derniers kilomètres (chez les hommes) et d’autre part, ce ruban pavé est aussi emprunté par les femmes, une seule fois en ce qui les concerne. Sans compter que les écrans géants permettaient de ne pas rater une miette des attaques de Tadej Pogacar ou du courage de Valentin Madouas. Sur ce nouveau schéma de course, le deuxième passage donne une idée assez précise du classement tel qu’il sera à l’arrivée, même si la configuration de la course 2022 indécise jusqu’aux derniers mètres, a pu faire mentir la tradition.

Le public se montre très enthousiaste

Voir une course cycliste de très haut niveau impressionne toujours. Surtout lorsque que l’on a pu soi même se mesurer sur le même terrain, la veille. La ferveur du public, en partie aidée par la bière qui coule à flot, ajoute encore au côté spécial du moment.

Les braquets utilisés impressionnent – Mathieu Van der Poel déjà en grand plateau cinq mètres après le sommet –, les visages sont marqués mais extrêmement concentrés. Malgré la qualité de la réalisation TV moderne, rien ne pourra remplacer le fait de vivre sur place un tel spectacle.

Mathieu Van der Poel et Tadej Pogacar à la lutte
Le groupe des favorites en termine avec le vieux Kwaremont

Avis aux amateurs, pour tous ceux qui voudraient vivre un tel week-end, il est déjà possible de cocher la date sur le calendrier : le Ronde van Vlaanderen en version cyclo et professionnel aura lieu les 1er et 02 avril 2023.

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Olivier Dulaurent

- 48 ans. – Pigiste presse écrite et Internet depuis 2004, auteur de Le Guide du Vélo Ecolo (Editions Leduc, novembre 2020), Moniteur Brevet d’Etat Cyclisme, encadrant de stages cyclistes depuis 2005 et coach cycliste - Pratiques sportives actuelles : cyclisme route et VTT (occasionnelle : course à pied) - Strava : Olivier Dulaurent

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