Cyclisme et fêtes : faut-il vraiment s’entraîner à Noël et au Jour de l’An ?

Entre dinde, bûche et coupes de champagne, les fêtes de fin d’année bousculent les habitudes d’entraînement. À l’heure où les kilomètres se font plus rares et la météo plus capricieuse, une question revient inlassablement : faut-il continuer à s’entraîner les jours de fêtes, comme le 24 et le 25 décembre, ou accepter une parenthèse sans vélo ? La réponse se situe souvent entre discipline sportive et bon sens.

Par Guillaume Judas – Photos : depositphotos.com

Pour beaucoup de pratiquants, Noël tombe au cœur d’une période charnière. La saison est terminée, la suivante encore lointaine, mais le travail hivernal a déjà commencé. Couper totalement avec l’entraînement peut sembler tentant, mais maintenir une certaine régularité rassure. Pourtant, les journées du 24 et du 25 décembre imposent leurs propres contraintes, entre obligations familiales, repas copieux et conditions climatiques parfois difficiles.

S’entraîner pendant les fêtes, un choix qui a ses avantages

Rouler pendant les fêtes n’a rien d’absurde, à condition de bien choisir le moment et l’intensité. Le 24 décembre s’y prête particulièrement. La matinée ou le début d’après-midi offrent souvent une fenêtre idéale avant le réveillon. L’esprit est plus libre, les routes parfois calmes et le temps disponible plus généreux. Une sortie longue, à allure maîtrisée, permet alors de stimuler l’endurance tout en préparant le corps aux excès à venir. Elle participe aussi à conserver une routine d’entraînement, précieuse sur le plan mental, même lorsque les objectifs semblent lointains.

Entrainement vélo pendant fêtes de fin d'année
Un entrainement foncier en groupe est un bon moyen de se préparer au réveillon qui suit.

Pour moi, c’est d’ailleurs un rituel depuis au moins 25 ans. Le 24, on s’organise une grande sortie avec un groupe de copains. Pas question de se tirer la bourre dans toutes les bosses, mais de borner en foncier, en roulant côte à côte deux par deux. À l’époque où j’étais Elite, cinq ou six heures figuraient au programme. Aujourd’hui, je me contente de 100 kilomètres, largement suffisants pour réveillonner l’esprit tranquille.

Le lendemain, une activité très légère peut également trouver sa place. Une sortie courte et tranquille, ou simplement un décrassage, favorise la circulation sanguine et aide l’organisme à encaisser deux repas de fêtes rapprochés, celui du 24 au soir et celui du 25 à midi. Dans ce contexte, le vélo devient un outil de bien-être plus qu’un instrument de performance. De mon côté, je privilégie le footing le 25 au matin : 45 minutes dans la nature, sans regarder l’allure, uniquement aux sensations.

Les limites à ne pas ignorer en plein hiver

S’entraîner à Noël comporte toutefois des inconvénients qu’il serait imprudent de négliger. La météo, d’abord, peut transformer une sortie en véritable épreuve. Froid, humidité, routes glissantes et faible luminosité augmentent les risques et diminuent parfois l’intérêt de rouler longtemps dehors. À cela s’ajoute la question de la récupération. Les nuits sont souvent plus courtes, le sommeil moins réparateur et l’alimentation plus riche. Un entraînement trop intense dans ces conditions peut perturber l’équilibre général et laisser des traces pendant plusieurs jours.

Dans ces cas-là, je privilégie le home-trainer, si possible connecté. Il m’est ainsi arrivé de grimper l’Alpe d’Huez virtuelle sur Zwift un 24 décembre, pendant qu’il tombait des hallebardes dehors. Un bel effort, qui permet aussi de passer le réveillon avec le sentiment du travail accompli. Ce n’est évidemment pas aussi convivial qu’une sortie foncière entre potes, mais parfois, on n’a pas vraiment le choix.

La digestion constitue également un point clé. Deux repas de fêtes successifs sollicitent fortement l’organisme. Lui imposer un effort important au même moment peut entraîner inconfort, lourdeurs et fatigue excessive, alors que l’objectif devrait être de soutenir, et non de contrarier, les processus naturels du corps.

C’est pour cette raison que, pour ma part, j’effectue la petite séance du 25 au matin, ou du 1er janvier, à jeun, avec simplement un café dans le ventre. Et je n’oublie pas de m’hydrater correctement, à l’eau bien sûr, surtout si un peu d’alcool a accompagné le repas de la veille.

Anticiper plutôt que subir

La stratégie la plus cohérente consiste à anticiper les contraintes des fêtes. Le 24 décembre, comme le 31, se prête parfaitement à une sortie longue d’endurance, réalisée sans intensité excessive. Ce type de séance crée un stimulus intéressant tout en laissant le champ libre au lendemain. Et c’est un bon moyen de limiter les effets des excès caloriques su réveillon. Le 25 décembre, en revanche, gagne à être abordé avec retenue. Une activité très légère, voire un repos complet, permet de favoriser la digestion et la récupération sans culpabilité inutile.

Entrainement vélo pendant fêtes de fin d'année
Un footing léger le matin du 25 permet de se préparer au deuxième repas des fêtes !

Cette approche présente un double avantage. Elle respecte les exigences physiologiques liées aux repas et au sommeil tout en maintenant un lien avec la pratique. Vous restez actif sans compromettre votre équilibre général.

Alors, faut-il rouler à tout prix pendant les fêtes ?

La réponse est clairement non. Les fêtes font partie intégrante de la saison, au même titre que les périodes de charge ou de récupération. S’autoriser à lever le pied pendant un ou deux jours ne remettra jamais en cause une année d’entraînement. À l’inverse, vouloir absolument maintenir des séances exigeantes peut altérer le plaisir, la récupération et, paradoxalement, la motivation à long terme. Sur Strava, on voit parfois ceux qui partent faire cent kilomètres le 25 dès neuf heures du matin. À ce niveau-là, on n’est plus très loin de la bigorexie.

En vélo comme ailleurs, la constance prime sur l’excès. Les fêtes de fin d’année rappellent que la performance durable passe aussi par la capacité à s’adapter, à écouter son corps et à préserver le plaisir de rouler. Au fond, tout est une question d’équilibre.

=> Tous nos articles Coaching

Guillaume Judas

  - 54 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Vous aimerez peut-être aussi