32 pouces : la rumeur qui fait grincer les transmissions

Dans les magasins comme sur les salons, le discours est devenu presque unanime. Les vélocistes le répètent : le VTT marque le pas, pendant que le gravel capte l’attention, les ventes et l’imaginaire. Une impression de terrain ? Pas seulement. Les chiffres des industriels le confirment : la croissance n’est plus du côté du tout-suspendu, mais bien de ces vélos hybrides qu’on présente comme la nouvelle liberté sur deux roues. Et pourtant… Dans le VTT, il existe deux certitudes absolues : ton prochain vélo sera mieux que l’actuel et toute nouveauté est une hérésie… jusqu’à ce qu’elle devienne la norme. Et depuis quelque temps, un drôle de chiffre circule dans les paddocks, les stands de lavage et les fins de sorties café. Un chiffre qu’on prononce à voix basse, comme un gros mot : 32.

Par Jeff Tatard – Photo : @jefftatard
Trente-deux pouces. Rien d’officiel. Pas de communiqué flamboyant. Juste des bruits de couloirs, insistants, persistants, presque inquiétants.

Parce que oui, cette question-là, on se l’est déjà posée. Et pas qu’une fois.

VTT : l’évolution des roues (et ceux qui ont osé) 

Années 1990 – début des années 2000 ; 26 pouces : l’âge d’or
John Tomac, Julien Absalon, Ned Overend, et notre ami JC Savignoni
=> Specialized Stumpjumper, Cannondale F-Series
La référence absolue. Personne ne se pose la question.

2008 – 2012 ; 29 pouces : les hérétiques
Gary Fisher, Nino Schurter (début), Ralph Näf
=> Gary Fisher Collection, Trek, Specialized
« Trop grand », « pas joueur ». Jusqu’aux premières victoires.

2013 – 2016 ; 27,5 pouces : le compromis
Fabien Barel, Jerome Clementz
=> Santa Cruz, Lapierre, YT
La taille rassurante pour ceux qui veulent évoluer sans renier.

2018 – 2022 ; 29 pouces partout
Nino Schurter, Loïc Bruni, Pauline Ferrand-Prévot
=> Specialized, Trek, Santa Cruz
Ce qui était critiqué devient une évidence. Même en DH.

2026 – ? ; 32 pouces : les murmures
Prototypes anonymes, ingénieurs XC, grands gabarits
=> R&D, paddocks, machines à café
Personne n’en parle officiellement. Tout le monde écoute.

Quand le 26 pouces ne se discutait même pas

Il fut un temps, pas si lointain, où le 26 pouces régnait en maître. C’était simple : plus petit, plus maniable, plus joueur. Puis un jour, quelqu’un a osé dire que plus grand, ça roulait mieux. Le 29 pouces est arrivé. Et avec lui, la panique.
« Trop grand », « pas fun », « impossible à placer », « bon pour les lignes droites et les gens sans âme ».

Résultat ? Aujourd’hui, tout le monde roule en 29… en expliquant qu’il a toujours su que c’était l’avenir.

Nicolas Vauchelles, encore en 26 pouces. Pendant que 90 % du peloton avait déjà changé de diamètre, lui continuait à gagner. Comme quoi, parfois, la révolution… c’est de ne pas en faire.

27,5 pouces : changer sans trop changer

Et entre les deux, certains ont choisi la voie de la sagesse, ou de la prudence. Le fameux 27,5 pouces.
L’option intermédiaire. Le compromis diplomatique. Assez grand pour évoluer, assez petit pour ne pas froisser les puristes. Une taille parfaite pour dire : je change, mais pas trop quand même.

32 pouces : la rumeur qui dérange

Alors forcément, quand le chiffre 32 commence à circuler, les mêmes réflexes reviennent. Les mêmes regards sceptiques. Les mêmes phrases définitives basées sur absolument zéro essai terrain.
Et pourtant, techniquement, le raisonnement est limpide. Presque ennuyeusement logique.

Une roue plus grande, c’est un meilleur franchissement, une stabilité accrue, un rendement supérieur sur terrain rapide. Bref, exactement les arguments qui ont fait basculer le monde du XC et du marathon vers le 29 pouces. La différence ? Cette fois, les cadres savent encaisser, les géométries sont pensées pour ça, et on ne découvre plus la physique en descente.

À l’opposé du spectre, Yann Fromont. Là où certains résistent, lui saute. Sur les nouveautés comme sur les obstacles. Et roule pour comprendre, pas pour débattre.

Attention, on ne parle pas ici d’une révolution planétaire. Le 32 pouces ne va pas débarquer demain sur tous les trails, ni remplacer le 29 à coups de décret divin. Ces rumeurs parlent surtout de XC moderne, de longues distances, de gros moteurs et parfois… de grands gabarits. Parce qu’un vélo, aussi innovant soit-il, reste une affaire de morphologie et de terrain.

Et c’est peut-être là que cette rumeur est intéressante. Elle ne cherche pas à imposer. Elle suggère. Elle teste. Elle observe. Elle fait exactement ce que le VTT fait depuis toujours : explorer jusqu’où on peut aller sans perdre l’essentiel.

Se moquer aujourd’hui, rouler demain

Alors non, chez 3bikes, personne ne dit que le 32 pouces est l’avenir absolu. Mais se moquer aujourd’hui de cette idée, c’est prendre le risque de rouler dessus demain en jurant que c’était évident.

Ce ne sont que des bruits de couloirs.
Mais dans le VTT, les plus grandes révolutions ont souvent commencé… à côté de la machine à café.

=> Tous nos articles Mag

=> Et si vous voulez en savoir davantage sur cette très possible évolution

Jean-François Tatard

- 44 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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