Partager la publication "Test longue durée des roues Wheel Mastery Silver Race à patins"
Si le combo « classique » des roues de moyenne gamme d’il y a quelques années (jantes aluminium, patins) devient de plus en plus rare, il reste aujourd’hui l’apanage des constructeurs de roues à la carte afin de répondre à un cahier des charges bien précis. Nous retrouvons donc Wheel Mastery (anciennement Asterion) qui est capable de proposer aujourd’hui un équivalent plus moderne des Silver Race présentées ici. Faible sensibilité au vent latéral, poids réduit, prix contenu, facilité de maintenance et longévité, sans oublier un comportement facile en montée, étaient les caractéristiques attendues pour ce type de roues. Et dans le cas présent, le résultat s’est montré à la hauteur des espérances sur les 15000 km parcourus.
Texte : Olivier Dulaurent – photos : 3bikes.fr
Le point de départ du test est un coup de téléphone à Benoit Stupici, l’un des membres fondateurs de Asterion, entité devenue Wheel Mastery comme détaillé dans un récent article. Depuis de nombreuses années sur le devant de la scène des roues à la carte, Benoit en connait un rayon dès lors qu’on le titille sur son sujet favori, que soit pour des roues capables d’encaisser les pires traitements en tout terrain ou encore pour avoir un montage très rigide et aérodynamique pour la route.
Un vrai montage sur mesure
De façon systématique lors du premier échange, c’est d’abord le futur utilisateur qui parle et décrit son niveau physique, son vécu cycliste et évidemment son cahier des charges : sur quel type de route devront s’exprimer les roues, à quelle intensité et surtout quelles sont les qualités attendues. C’est ici que le dialogue s’inscrit dans une recherche très pointue car non seulement les attentes du cycliste sont cernées au fil des (dizaines de) minutes mais surtout il est demandé quel type de pédalage sera associé aux roues. Car s’il est a priori évident qu’un cycliste lourd/puissant pour rouler le plat doit pédaler avec des roues différentes de celles d’un autre cycliste léger/peu puissant pour évoluer dans des cols de montagne, dans les faits et pour les roues de grande marque, le matériel est le même. Au delà de cet état des lieux, il va être constaté que le cyclotouriste du dimanche s’attaquant au Mont Ventoux va utiliser les mêmes roues que celles de Tadej Pogacar, alors que les contraintes ne sont évidemment pas les mêmes.

Dans le cas présent, j’avais précisé à Benoit quelles étaient mes attentes par rapport au montage dédié pour un Specialized Tarmac S-Works SL6 à patins, dont je trouvais le comportement trop chatouilleux en descente avec des jantes en carbone de 40 mm. La stabilité devenait alors potentiellement problématique, surtout quand le vent était de la partie. Une caractéristique probablement liée à la taille du vélo (61 mm) et au fait que Specialized redresse de façon importante l’angle de direction justement en grande taille (74° en l’occurrence) au bénéfice de la maniabilité mais au détriment justement de la stabilité.
Pour éviter cette caractéristique, Benoit m’a alors orienté sur un montage en dehors des sentiers battus. En effet, j’ai d’abord expliqué que mon coup de pédale était plutôt sans à-coups et que les roues étaient destinées à rouler préférentiellement dans les cols de montagne plutôt qu’aux plateaux ventés de Picardie.
Le monteur m’a orienté sur un type de jante qui n’est officiellement plus au catalogue mais dont les caractéristiques devaient convenir au cahier des charges : jantes aluminium, basse, légères, « volontairement » peu rigides, faciles à vivre et peu sensible au vent latéral.
En contrepartie, il fallait accepter une aéro moins performante, une rigidité en deçà de modèles plus lourds et plus larges et par conséquent le pédalage se devait d’être tel que décrit avec des changements de rythme limités.
Les roues ainsi montées sont arrivées avec 1371 g sur la balance, fonds de jantes inclus. En largeur externe, les « anciens » standards ont été de mises avec une largeur externe de 18 mm seulement et une hauteur de 22 mm, rendant les roues assez désuètes esthétiquement parlant d’autant qu’elles s’accommodaient généralement de pneus au profil de 23 à 25 mm. Et même avec un pneu de 28 mm comme à l’avant pour le test (l’arrière étant resté en 25 mm pour des raisons d’espace devant le tube de selle), le volume engendré par les pneus n’est plus au goût du jour. Les moyeux sont les excellents Aivee, réputés légers et durables.
Ainsi, les roues ont cumulé un total de 15000 km à ce jour, et continuent de rouler régulièrement, aujourd’hui avec un cadre titane Levacon, qui a tendance à accentuer la certaine souplesse des roues. A noter qu’aucun voile n’a été remarqué malgré des routes pas toujours parfaites et la fluidité des roulements est restée comme au premier jour.
Sur la route
Tout d’abord et par rapport à la première qualité recherchée, à savoir la stabilité, le contrat a été parfaitement rempli. En taille 61, le Specialized Tarmac SL6 n’est subitement pas devenu très stable, mais il est devenu nettement plus tolérant en cas de vent combiné à des vitesses élevé. L’avant s’est ainsi montré nettement moins « chatouilleux », au bénéfice d’une confiance accrue et de davantage de plaisir à prendre des pentes négatives.
Sur le plat comme en descente, cette moindre sensibilité au vent latéral a permis d’être plus serein lors des sorties, d’autant plus si elles se prolongeaient. Sur le plan du rendement, il faut absolument séparer les cas de figure : pour rouler au train et dans des pentes assez importantes en montagne (au delà de 6/7%), les roues ont permis d’accompagner le coup de pédale, quelle que soit le niveau de fatigue. Il n’y a donc pas eu la sensation de « buter » contre l’ensemble. Ainsi, le ressenti indiqué des roues extrêmement légères, bien plus que les 1371 g réellement mesurés.
A l’inverse, sur le plat et pour rouler vite et éventuellement par à-coups dans des pentes faibles, l’ensemble se montre un trop souple et l’aéro n’est évidemment pas celui que l’on apprécie avec des jantes de 60 mm en carbone. Le plus flagrant étant sur les phases où des puissances élevées sont demandées, comme lors de sprints ou de courtes bosses avalées le plus vite possible. Mais ces caractéristiques ne sont pas des défauts car d’une part, elles ne figuraient pas dans le cahier des charges et d’autre part, la « couleur » était annoncée. En cela, il s’agit de roues « extrêmes » car adaptées à un usage précis.
A noter, les Wheel Mastery Silver Race sont moins adaptées au cadre Levacon en titane qu’au Specialized Tarmac SL6. En effet, l’association des roues souples avec un cadre qui l’est également, a tendance à accentuer la moindre rigidité. En d’autres termes, si des roues un peu souples comme ces Silver Race « tempèrent » un cadre rigide, des roues rigides mettent en avant le travail d’un cadre souple. Ainsi, il est à noter que le Levacon qui n’est pas « victime » d’un manque de stabilité, tire un réel bénéfice de roues très tendues, hautes et donc en carbone.
Finalement, les Wheel Mastery Silver Race tiennent parfaitement leurs promesses ou plutôt leur cahier des charges. Concrètement et sans surprise, elles ont tempéré le côté délicat dans certains situations d’un cadre davantage maniable que stable, tout en étant très faciles à vivre dès que la pente se montrait positive. Si les 1371 g sur la balance ne les placent pas dans le peloton de tête de ce que l’on peut attendre de roues ultra légères à pneus et patins, leur comportement dynamique fait de facilité pour grimper (à allure linéaire) ont laissé imaginer que le poids était bien plus bas que la réalité. Forcément, une fois revenu en plaine et pour rouler à grande vitesse, il existe de meilleurs compagnons, mais encore une fois c’est un choix qui a été fait en connaissance de cause. Car il est évident que si la question avait été « Benoit, serait-il possible de monter les roues les plus performantes possible pour faire des courses à 45 km/h de moyenne avec des relances incessantes et un faible dénivelé ? », le montage aurait été totalement différent. Et c’est bien là le gros point fort de Wheel Mastery : cerner avec précision quel sera le matériel le plus adapté à une utilisation et un utilisateur.
A noter
Depuis les premiers kilomètres effectués avec les roues du test, les choses ont bien évolué, y compris au niveau des vélos et des roues à patins. Aujourd’hui, les jantes utilisées lors du test ne sont plus disponibles mais évidemment Wheel Mastery propose l’équivalent moderne (en termes de comportement dynamique) allant avec l’augmentation des sections des pneumatiques. En effet, les roues montées à présent pour un même cahier des charges, utilisent des jantes en 22 mm de large (externe), ce qui ajoute un peu de poids – et de rigidité – sans compromettre le confort puisque le volume d’air est augmenté et donc la pression réduite. Par ailleurs dans cette gamme de prix, Wheel Mastery utilise plutôt des moyeux Hope à la qualité reconnue et toujours les rayons CX-Ray. Ceci aboutit à un montage complet pour un montant de 875 € (contre 790 € pour les roues du test). Dans tous les cas, le budget reste moindre que pour un montage de même niveau de gamme, mais avec des jantes en carbone.
Les Wheel Mastery Silver Race (patins) en bref… Les + : légèreté, vivacité, faible prise au vent, peu fatigantes, maniabilité, rapport qualité/prix Taille : 700c – Matériau de la jante : aluminium – Compatibilité de pneu : à pneus Tubeless – Compatibilité des freins : à patins – Poids pour la paire de roues : 1371 g avec les fonds de jante (604 g pour l’avant, 767 g pour l’arrière – Jante largeur externe : 18 mm – Jante hauteur : 22 mm – Matériau des écrous de rayon : aluminium – Type de rayons : Sapim CX-Ray – Nombre de rayons : 24 à l’avant et 28 à l’arrière – Type de corps de cassette testé : Shimano – Prix : 790 € Contact : wheel-mastery.com |
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