Partager la publication "Test du Garmin Edge 850 : l’écran qu’on attendait, la révolution qu’on n’a pas eue"
Le marché des compteurs vélo n’a jamais été aussi agressif. Wahoo, Hammerhead et d’autres ont clairement décidé de chasser sur les terres de Garmin, qui répond avec une nouvelle génération d’appareils. L’Edge 850 se positionne comme le modèle compact haut de gamme, plus moderne, plus lumineux, plus “smart”. Sur le papier, tout semble réuni pour en faire le nouveau standard. Sur la route, le bilan est plus nuancé.
Par David Polveroni – Photos : DR
J’ai utilisé le Garmin Edge 850 pendant une quarantaine de jours, un peu plus de 3000 kilomètres et un paquet de dénivelé, 60 000 m environ, ce qui donne une idée de ce qu’on lui a imposé. Le tout en parallèle, en alternance avec un Wahoo Roam 3, un Wahoo Bolt 2 et un Edge 540 Solar. Autrement dit, il a été mis en face de ce qui se fait de mieux chez la concurrence… et même chez Garmin.
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Prise en main : un Garmin bien dans son époque
Visuellement, l’Edge 850 est un peu plus gros que la génération précédente. Ça se voit une fois monté sur le cintre, mais ça reste raisonnable : on n’est pas sur la “tablette” qu’est l’Edge 1050, mais on sent quand même que Garmin pousse doucement le curseur vers le haut en gabarit comme en poids avec ses 112 g, presque le double du modèle original, un Edge 500 (58 g).
En main, on retrouve ce que Garmin sait faire : un boîtier sérieux, une construction propre, et surtout une ergonomie qui combine écran tactile et boutons physiques. C’est un vrai plus au quotidien. On peut tout faire au tactile à l’arrêt, dans le garage, quand on prépare sa sortie. Une fois sur la route, surtout avec des gros gants ou dès que ça vibre un peu, on bascule naturellement sur les boutons. Le jour où il faut changer d’écran au sommet d’un col balayé par le vent, on est content de ne pas dépendre d’un simple swipe sur un écran humide.
La contrepartie du format compact, c’est que dès que la route devient mauvaise, l’écran paraît petit. Naviguer dans les menus ou zoomer sur la carte quand ça secoue n’est pas idéal : le moindre mouvement parasite du poignet complique les gestes, alors qu’on s’en sort mieux sur un grand écran comme celui du 1050.
Côté interface, Garmin a modernisé sa copie. C’est plus riche, visuellement plus moderne et plus fluide. En revanche, pour quelqu’un qui vient d’un Wahoo, le contraste est net : chez Wahoo, tout est extrêmement simple et épuré ; chez Garmin, on a plus de possibilités, mais aussi plus de menus, plus de sous-menus, et une petite courbe d’apprentissage. Une fois qu’on a pris le temps de le configurer, cela dit, l’Edge 850 devient agréable à vivre.
Un écran qui donne envie de rouler
Là où l’Edge 850 marque des points dès les premiers kilomètres, c’est sur son écran. En mode luminosité automatique, l’affichage est vraiment propre : lumineux, bien contrasté, avec des couleurs lisibles sans effort. On lit ses champs de données d’un coup d’œil, on suit la carte sans plisser les yeux, même en pleine journée. C’est clairement un domaine où Garmin prend l’avantage sur Wahoo, dont les écrans restent plus ternes et moins flatteurs, bien que la dernière génération s’en rapproche nettement !
Le revers de la médaille, c’est que cet écran a un prix en énergie. Tant qu’on le laisse faire sa vie en mode auto, tout va bien pour les yeux, un peu moins pour la batterie. Si on décide de serrer la vis et de se limiter à 10 ou 20 % de luminosité pour sauver l’autonomie, on perd vraiment en confort : l’affichage devient nettement moins lisible, surtout dans les moments de transition, lever du jour, fin de journée, météo couverte. En clair, l’Edge 850 donne tout son potentiel visuel quand on le laisse consommer, et c’est logique… mais frustrant pour ceux qui visent les longues journées de selle.

Le tactile, quant à lui, est globalement réactif et précis. On se surprend à l’utiliser souvent à l’arrêt, pour préparer les écrans ou ajuster un parcours. En roulant, dès que le revêtement se dégrade, on comprend vite que ce n’est pas l’interface idéale : on attend alors un morceau d’asphalte lisse pour ne pas se battre avec les vibrations.
Autonomie : le caillou dans la chaussure
C’est le point sur lequel l’Edge 850 laisse une impression mitigée, voire franchement décevante si l’on vient d’un modèle solaire. Dans ma configuration “réelle” : luminosité auto, capteur de puissance, ceinture cardio, radar Varia, navigation fréquente, je tourne autour de 10 heures d’utilisation avant de voir la batterie s’effondrer, là où mon Edge 540 tourne à plus de 20 h.
Sur le papier, 10 heures, ce n’est pas ridicule. Pour beaucoup de cyclistes, c’est largement suffisant pour couvrir la grande sortie du week-end. Le problème, c’est le contexte : j’utilisais jusqu’ici un Edge 540 Solar, qui offrait une vraie sérénité sur ce point. Avec lui, je pouvais enchaîner de longues sorties en montagne, voire plusieurs jours, en profitant des apports solaires pour prolonger la fête. Avec l’Edge 850, cette tranquillité disparaît. On se surprend à surveiller le pourcentage restant, à toucher à la luminosité, à couper certaines fonctions pour être sûr de rentrer avec un compteur encore vivant et de pouvoir télécharger sa sortie.
Ce n’est pas rédhibitoire si l’on reste dans un usage de cyclosportif “classique”, 4 ou 5 heures de selle, quelques capteurs et un peu de navigation. En revanche, pour la longue distance, les brevets ou les ultras, l’Edge 850 n’est pas ce compagnon infatigable qu’on pourrait espérer d’un modèle haut de gamme. Il faudra accepter l’idée d’une batterie externe, ou regarder du côté des modèles plus économes. N’écartons pas non plus une mise à jour qui réglerait ce souci, comme c’était le cas sur le Wahoo ACE à son lancement.
Navigation et GPS : Garmin reste une référence
Heureusement, sur la partie navigation, l’Edge 850 se comporte comme on s’y attend chez Garmin : très bien. Je crée la plupart de mes parcours sur Strava, et la synchronisation vers le compteur est quasi instantanée. Une fois sur le vélo, les cartes sont lisibles, les indications claires, et les recalculs d’itinéraire bien gérés. Quand on rate un embranchement ou qu’on décide d’improviser, le compteur se réorganise sans drame.
La précision GPS est l’un des points forts de ce modèle. Les traces collent à la route, les vitesses sont cohérentes, même dans les zones un peu compliquées. Sur ce plan-là, on a vraiment un outil de confiance, que ce soit en haute montagne ou sur des itinéraires plus classiques. La configuration GPS 5 GHz est aussi une nouveauté. Le GPS s’active à haute fréquence pendant les descentes pour ne pas avoir d’erreur de traces, de vitesse ou de segments. Après, cette fonction reste discutable : la vitesse affichée était similaire à mon Garmin, et les sections descendantes ne sont pas nécessairement utiles pour ceux qui utilisent les segments Strava en live…
En revanche, j’ai très vite fait le ménage dans toutes les couches “d’infos” supplémentaires : alertes de danger, notifications d’événements, tout ce qui rajoute du bruit visuel sans apporter une vraie valeur sur le terrain a disparu de mes écrans. Même constat pour le widget météo/vent en live via Garmin IQ : sur le papier, l’idée est séduisante, mais en réel, c’est trop compliqué d’accès pour être exploitable en roulant. Je préfère préparer la sortie en amont plutôt que d’essayer de lire une mini-appli météo au milieu d’une descente. Mais c’est juste mon point de vue.
Un vrai partenaire d’entraînement
Là où l’Edge 850 montre tout son intérêt pour un cycliste orienté performance, c’est sur la partie entraînement. Les outils sont nombreux, parfois trop, mais certains sortent clairement du lot.
ClimbPro fait partie de ceux-là. Quand on passe ses journées à avaler du dénivelé, c’est un allié très utile : savoir où l’on en est d’une ascension, combien de kilomètres et de pourcentage il reste, permet de caler très finement son effort. C’est un outil simple sur le papier, mais qui, bien utilisé, change la façon de gérer ses montées.
Les fonctions de détection et de calcul automatique de FTP sont également convaincantes. Les estimations que j’ai obtenues se sont bien corrélées avec les tests de puissance critique réalisés à côté. Ce n’est pas un outil de labo, mais pour suivre une tendance, pour vérifier si le travail paie et si on progresse, c’est tout à fait exploitable.
L’écosystème Garmin IQ ouvre par ailleurs la porte à des capteurs plus pointus, comme la ceinture TymeWear que je vais bientôt utiliser et qui permet de suivre la fréquence respiratoire. Pour ceux qui s’intéressent à la physiologie et à la charge interne, c’est un énorme plus : on n’est plus limité aux seules données de puissance et de fréquence cardiaque. Un des athlètes que j’entraine a utilisé l’app « Electronic shifting stats », je trouve ça aussi plutôt sympa. Bref, un tas d’outils à exploiter….
Le risque quand même, avec cette profusion d’outils et d’écrans possibles, c’est de vouloir tout avoir sous la main. On se retrouve alors avec une dizaine de pages différentes, et on passe plus de temps à faire défiler les écrans qu’à se concentrer sur son effort. L’Edge 850 est un compteur qui demande de la discipline : il faut choisir ses données clés, accepter d’en laisser de côté, et construire une interface simple, sinon on se perd.
Connectivité solide, fonctions « smart » en demi-teinte
Sur la connectivité pure, rien à reprocher à l’Edge 850 : les couplages sont stables, rapides, fiables. Capteur de puissance, ceinture cardio, radar Varia, tout se connecte sans caprice et reste connecté. Sur ce terrain, Garmin conserve une avance tranquille.
Les fonctions “smart”, elles, divisent davantage. Garmin Pay, par exemple, n’a tout simplement pas été utilisé : l’idée de pouvoir payer un café avec son compteur est séduisante pour certains, mais dans la pratique, ce n’est pas une fonction qui change la vie de tout le monde. Le haut-parleur intégré pourrait être intéressant pour les consignes vocales de navigation, mais le volume reste trop faible pour que ce soit vraiment exploitable à vitesse réelle. En revanche, la sonnette virtuelle intégrée est une excellente idée : en ville ou sur les voies partagées, pouvoir prévenir les autres usagers sans hurler est très appréciable.
Les notifications smartphone, je les laisse actives la plupart du temps, sauf pendant les séances d’intervalles où je préfère couper le bruit. Là encore, ce sont des fonctions qui peuvent apporter un confort, mais qui ne font pas basculer le jugement sur le compteur.
Face à la concurrence… et à la génération précédente
L’Edge 850 évolue dans un environnement où la concurrence est de plus en plus affûtée. Avec un Roam 3, un Bolt 2 et un 540 Solar dans le tiroir, la comparaison était inévitable.
Ce qui ressort, c’est que l’Edge 850 marque des points très nets sur trois aspects : la luminosité de son écran, la rapidité globale de l’interface et la précision GPS. Sur ces trois critères, il est au niveau, voire au-dessus de la concurrence directe. En revanche, il se traîne aussi trois handicaps difficiles à ignorer : une batterie en retrait, un gabarit qui continue de grossir, et un prix clairement élevé par rapport à ce qu’il apporte de plus par rapport à la génération précédente.
Autre point agaçant, qui persiste d’une génération à l’autre : la gestion de l’altitude. Par temps humide, on voit encore l’altimètre se dérégler, un grand classique chez Garmin. Pendant ce temps, Wahoo ne rencontre pas les mêmes soucis sur ce plan-là. Ce n’est pas dramatique, mais pour un appareil qui se veut une référence technique, c’est le genre de détail qui finit par compter.
Verdict : un excellent compteur, pas une révolution
Au moment de refermer ce test, le constat est simple : l’Edge 850 est un très bon compteur, mais ce n’est pas la révolution que certains attendaient. Il fait presque tout très bien : l’écran est superbe, la navigation solide, l’entraînement bien servi, l’écosystème Garmin IQ puissant, la précision GPS irréprochable. On prend plaisir à l’utiliser, et c’est déjà beaucoup.
Mais il arrive sur un marché différent, plus mature, plus concurrentiel, et avec un historique très fort derrière lui. Face à un Edge 540 Solar de la même marque, il apporte surtout un meilleur écran et une interface plus moderne… tout en perdant en autonomie. Face aux Wahoo, il gagne en richesse fonctionnelle et en possibilités de personnalisation, mais au prix d’une complexité accrue et d’un tarif supérieur.
À un prix public qui flirte avec les 550 € (selon versions et bundles), la question n’est donc pas de savoir s’il est bon, il l’est, mais si l’écart de prix avec la génération précédente, ou avec certains concurrents, est justifié pour votre pratique…
Le GARMIN EDGE 850 en bref…Les + : • Écran très lumineux et agréable à lire, surtout en mode auto Les – : • Autonomie en net retrait par rapport à un Edge 540 Solar dans un usage intensif Capteurs : GPS, GLONASS, Galileo, Altimètre barométrique, Gyroscope, Accéléromètre, Capteur de luminosité ambiante, GPS 5 Hz, GNSS multibande, Magnétomètre – Dimensions : 54.6 x 92.2 x 16.8 mm – Poids : 113 g – Degré de résistance à l’eau : IPX7 – Type d’affichage : Cristaux liquides (LCD) – Taille de l’écran : 2.7″ de diagonale – Résolution de l’écran (largeur par hauteur) : 420 x 600 pixels – Écran couleur – Écran tactile – Haut-parleur intégré – Type de batterie : Lithium-ion, rechargeable – Possibilité d’ajouter des cartes – Gestionnaire de cartes avec Wi-Fi – Carte de base : Garmin Cycle Map – Données TrailForks intégrées – Mémoire interne : 64 Go – Waypoints : 200 – Itinéraires : 100 parcours – Historique : Jusqu’à 200 heures – Affichage de la carte météo en temps réel – Détection d’incident (y compris hors route) – Fonction de signalement des dangers par la communauté – Connectivité : Bluetooth®, ANT+®, Wi-Fi® – Compatibilité avec les smartphones : iPhone®, Android™ – Paiement sans contact Garmin Pay™ – Poids : 112 g – Prix : 549,90 € – Contact : https://www.garmin.com/fr-FR/ |
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