Débutant ? Non, le vélo de gravel n’est pas la solution à tout !

Vous entrez dans un magasin de cycles, les yeux brillants, prêt à investir dans votre premier « vrai » vélo. Et là, on vous vante le vélo de gravel : « Polyvalent, confortable, prêt pour tout ! » Stop. Respirez ! Si vous débutez, la règle d’or est simple : choisissez un vélo adapté à la pratique que vous aurez la plupart du temps, et pas pour faire face à une hypothétique sortie de piste. On vous explique.

Par Guillaume Judas – Photos : depositphotos.com

Avant d’entrer dans un magasin de vélos pour vous équiper, ayez une idée précise du matériel dont vous avez besoin.

À chaque terrain son vélo

Il existe plusieurs types de vélos, adaptés à différents types de terrains :

  • Les vélos de route, légers, aérodynamiques et avec des pneus fins pour le bitume uniquement
  • Les VTT avec guidon droit, suspensions et gros pneus pour les sentiers, les cailloux, les terrains rugueux et accidentés
  • Les vélos de gravel, entre les deux précédemment cités, avec guidon de course mais pneus larges et géométrie endurance pour les chemins tracés et la route
  • Les vélos de contre-la-montre, de triathlon, de cyclo-cross ou de piste, qui sont des spécialités très pointues, avec des machines qu’on trouve très peu en magasin

Le vélo de gravel, c’est un peu le SUV du vélo : une machine capable d’évoluer aussi bien sur la terre et le sable que sur route, et même parfois sur quelques singletracks dans les bois ou en montagne s’ils ne sont pas trop cassants. Une machine plus rapide qu’un VTT sur la route, et avec plus de capacités qu’un vélo de route en dehors des sentiers battus. Est-ce pour autant le choix idéal si vous ne devez posséder qu’un seul vélo dans votre garage ? Pas sûr.

Le gravel permet d’évoluer avec plaisir sur des terrains roulant mais non bitumés.

En fait, tout dépend de quelle manière vous envisagez la pratique du vélo. Si vous souhaitez rouler principalement sur des parcours mixtes, composés de chemins, de routes blanches, de sous-bois, de pistes cyclables et de routes bitumées, alors c’est sans doute la meilleure solution. Mais si votre objectif est d’abord de rouler sur route voire de réaliser des performances, avec éventuellement la possibilité une fois de temps en temps d’emprunter une route non bitumée, un vélo de gravel montrera très rapidement ses limites.

Un mauvais choix par défaut

Le gravel est séduisant sur le papier, parce qu’il permet théoriquement de tout faire. En réalité, dès que vous roulez plus de 50 km sur bitume, ses limites sautent aux yeux. La position plus redressée d’une géométrie prévue pour l’endurance et les capacités de pilotage vous fait perdre des watts face au vent et vous fatigue plus vite à haute vitesse. Le cadre moins rigide entraîne une perte d’efficacité au pédalage. Les pneus plus gros et crantés produisent beaucoup plus de résistance au roulement. Le poids supplémentaire rend les relances moins nerveuses. Et la transmission, souvent en mono-plateau, impose des écarts de développement trop grands entre chaque pignon sur route plate ou lorsque vous roulez en groupe. En résumé, il s’agit la plupart du temps d’un vélo moyen partout, au lieu d’un vélo excellent là où vous en avez vraiment besoin.

La position relevée du poste de pilotage est confortable, mais mais ses limites en termes de performances sur la route.

Attention, nous ne sommes pas en train de dire que les gravel sont de mauvais vélos, loin de là. Ce sont des machines prévues pour un usage allroad, et pour affronter toutes les difficultés inhérentes à ce genre de parcours. Si vous visez des courses de gravel, des longues distances sans hésiter à couper à travers champs, si vous souhaitez vous éloigner le plus souvent possible de la circulation, ou même si vous souhaitez faire du vélotaf sportif avec un vélo capable d’évoluer sans danger sur des pistes cyclables, le gravel est fait pour vous. Mais choisissez-le en toute connaissance de cause.

Les capacités accrues des vélos de route modernes

Pour ceux qui ne sont pas sûrs de ne jamais emprunter des chemins de traverse, la bonne nouvelle, c’est que les vélos de route d’aujourd’hui ont évolué. La plupart des cadres, que ce soit en entrée, milieu ou haut de gamme, acceptent des pneus jusqu’à 32 ou 35 mm de section, largement de quoi rouler sur des chemins roulants sans problème. Certains vont même jusqu’à accepter des roues de gravel en 650b pour une escapade ponctuelle. Avec ces nouvelles capacités, vous conservez ainsi 95 % des performances d’un vélo de route, tout en gardant la porte ouverte à l’aventure, sans sacrifier vos sorties quotidiennes.

Les vélo de route d’aujourd’hui peuvent évoluer ponctuellement pour rouler sur des chemins.

Acheter un vélo gravel pour des sorties hypothétiques est une erreur

Avec un gravel, on peut tout faire ou presque, c’est vrai. Mais c’est un peu comme courir avec des chaussures de trail sur le trottoir : ça marche, mais c’est moins performant, moins aérien et au final moins plaisant. Choisissez le type de vélo qui excelle là où vous pédalerez le plus souvent. Vous roulerez plus vite, plus souvent, plus longtemps et avec le sourire. Le jour où vous voudrez vraiment explorer les chemins, louez ou achetez un second vélo d’occasion : ça coûte moins cher que de se tromper sur le premier.

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Guillaume Judas

  - 54 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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