Test des roues Zipp 858 NSW pour le CLM et le Triathlon

Au mois de mai dernier, Zipp présentait la dernière version de ses 858 NSW, des roues aérodynamiques conçues pour ceux qui se battent contre le chronomètre sur route ou en triathlon. Désormais encore plus légères malgré un profil impressionnant, elles sont étudiées pour offrir des gains de performance tangibles dans le monde réel. Nous avons pu les tester à différentes intensités sur un vélo de chrono, pour des résultats qui décoiffent.

Par Guillaume Judas – Photos : ©3bikes.fr

Les Zipp 858 NSW se distinguent par leur profil ondulé et par les alvéoles destinées à améliorer les flux d’air autour de la jante.

Depuis sa naissance il y a presque 40 ans, la marque Zipp a toujours investi dans la recherche de l’aérodynamisme optimal comme vecteur principal de performance. Et aujourd’hui encore, l’ultime évolution des 858 NSW et de la Super-9 (dont nous reparlerons d’ici quelques jours) démontre à quel point le profil des roues revêt une importance capitale dans la quête de la chasse aux secondes, surtout quand il s’agit de lutter seul face au chronomètre, que ce soit sur une course contre la montre ou sur un triathlon de moyenne et longue distance. Mais comme beaucoup de marques de cadres et de vélos dorénavant limitées dans leur évolution par la réglementation UCI ou les technologies disponibles, Zipp a compris ces derniers temps l’intérêt de travailler sur l’efficacité globale dans la vie réelle du système proposé, c’est-à-dire sur la route avec toutes les variations de terrain, de dénivellation et de revêtement qu’on est susceptible de rencontrer. Selon Zipp, il s’agit d’une « stratégie équilibrée pour vaincre les quatre freins pour prendre et maintenir de la vitesse en roulant : la résistance au vent, la gravité, la résistance au roulement et les vibrations ».

Les 858 NSW ne sont pas seulement des roues destinées à a vitesse pure.

La marque américaine a adopté cette philosophie avec les 303 S et 303 Firecrest, puis les 353 NSW, et plus récemment avec les 454 NSW et 404 Firecrest, avant de la décliner même avec les roues les plus spécifiques de la gamme, puisque destinées uniquement à l’effort contre le chronomètre, les 808 Firecrest, 858 NSW et Super-9. Toutes ces roues de nouvelle génération chez Zipp gagnent en légèreté et en largeur de jante pour le montage de pneus plus gros, sont uniquement disponibles pour freins à disque et avec des jantes sans crochets, afin de combiner au mieux aérodynamisme, confort et polyvalence sur tous les terrains ou presque.

Plus rapides sur tous les terrains

Les 858 NSW bénéficient donc de cette philosophie, même si elles sont très spécifiques et destinées à un pur usage contre la montre et triathlon. Le très haut profil des jantes les rend en effet inutilisables sur les compétitions en peloton, selon la nouvelle réglementation UCI à partir du 1er janvier 2026 (qui limite la hauteur des jantes à 65 mm maximum). Néanmoins, avec une forme ondulée en dents de scie emblématique qui varie de 82 à 85 mm, les 858 NSW sont conçues pour combiner au mieux un profil très aérodynamique et une stabilité face aux vents latéraux équivalente à des jantes plus basses.

La réglementation UCI pour 2026

L’Union Cycliste Internationale (UCI), organe régissant le cyclisme professionnel, a annoncé en juin 2025 une série de modifications à ses règlements techniques, entrées en vigueur majoritairement au 1er janvier 2026. Ces changements, inspirés par le groupe de travail SafeR (Safety in Racing), visent principalement à améliorer la sécurité des coureurs, à réduire les vitesses excessives dans les pelotons et à lutter contre la fraude technologique. Ils concernent surtout les équipements des vélos de route et de cyclo-cross en épreuves de départ groupé, sans impacter directement les contre-la-montre (CLM) purs.

Limitation de la hauteur des jantes de roues

À partir du 1er janvier 2026, la hauteur maximale des jantes pour les roues utilisées en courses sur route (y compris cyclo-cross) est fixée à 65 mm. Cela s’applique aux épreuves où les coureurs roulent en peloton. Pourquoi ? Les jantes hautes (souvent > 70 mm) améliorent l’aérodynamisme mais augmentent l’instabilité face aux vents latéraux et les risques de chutes en groupe. L’UCI argue que cela limite les vitesses excessives sans trop pénaliser les performances. Exceptions : les CLM et triathlons ne sont pas concernés, permettant des profils plus hauts (comme les 80+ mm des roues Zipp 858 NSW).

La largeur interne de 23 mm et externe de 27 mm optimisée pour des pneus de 700×28 participe également à une stabilité nettement améliorée par rapport aux anciennes 858 NSW, avec une jante pourtant un peu moins haute. Selon Zipp, cette largeur réduit la déformation du pneu et diminue la résistance au roulement, ce qui présente un avantage supplémentaire face à des options concurrentes avec des pneus de 23 ou 25 de section, prétendument plus efficaces au niveau aérodynamique. De surcroît, grâce à la technologie sans crochets, le talon plus large du pneu associé à la forme externe de la jante offrent une transition plus fluide et aérodynamique entre les flancs du pneu et ceux de la roue.

La jonction entre les flancs du pneu et ceux de la jante est optimisée pour apporter un gain aérodynamique.

Selon Zipp, on y trouve également un avantage dans le domaine du confort : « une interface de talon plus large permet d’utiliser un pneu plus large, donc une pression plus basse. Cela améliore l’efficacité globale, réduit la fatigue du cycliste et offre une meilleure tenue sur terrains irréguliers. » Une caractéristique essentielle pour les triathlètes de longue distance, qui doivent courir un semi ou un marathon complet après le parcours cycliste.

Côté contraintes, les 858 NSW imposent des pneus tubeless compatibles avec un montage sans crochets, de 28 mm minimum à 35 mm maximum (28 mm recommandé). Vous trouverez la liste des pneus compatibles sur ce tableau fourni par Zipp.

Si la marque essaie d’optimiser le rendement des roues dans tous les domaines, elle continue de s’appuyer sur un aérodynamisme poussé dans les moindres détails, comme les fameuses alvéoles sur les jantes (style « balle de golf ») ou encore les logos directement imprimés, de manière à favoriser le contrôle du débit de l’écoulement de l’air autour de la roue.

Les graphismes sont imprimés, pour éviter les mini perturbations causées par un sticker rajouté.

Mais surtout, Zipp offre une solution particulièrement légère avec cette toute nouvelle version des 858 NSW équipée des nouveaux moyeux ZR1 SL. Avec un poids de 1500 g seulement pour la paire de roues, les 858 se montrent particulièrement polyvalentes sur les parcours chronométrés avec du dénivelé.

Des moyeux enfin à la hauteur

Si Zipp est depuis 1988 une marque de roues globalement à l’avant-garde, on ne peut pas en dire autant des moyeux utilisés jusqu’à ces toutes dernières générations. Prise de jeu, roulements peu fiables, corps de roue libre défaillants… les problèmes se sont montrés nombreux même sur les modèles les plus haut de gamme. Ces soucis semblent enfin totalement résolus avec les nouveaux moyeux ZR1 SL, légers et performants, et enfin très fiables, comme nous pouvons le constater sur une paire de roues 353 NSW avec laquelle nous roulons depuis plusieurs milliers de kilomètres par tous les temps.

Malgré leur apparence très classique, les moyeux sont légers, fluides, et enfin fiables.

Avec un poids de 304 g (la paire) et des roulements céramiques, ils sont plus légers que le modèle précédent, et avec une roue libre à 66 points d’engagement, la réactivité est immédiate lors de la moindre relance. À noter que le point d’ancrage des rayons est classique (20 à l’avant comme à l’arrière), ce qui permet d’utiliser des rayons acier non spécifiques sur les 858 NSW. Un avantage indéniable pour la maintenance, même si on aurait apprécié l’utilisation de rayons carbone encore plus légers, que l’on trouve de plus en plus chez la concurrence pour des roues dans cette gamme de prix.

Roulements céramiques et rayons acier en « J-Bend » pour un entretien facilité.

Plus légères, plus polyvalentes

Sur la route, le poids très raisonnable des 858 NSW par rapport à d’autres roues très aérodynamiques avec une hauteur de jante équivalente surprend. Sur un vélo de chrono, on ressent plus de vivacité, plus de facilité, au moment d’avaler les faux plats en position assise, ou en se mettant en danseuse pour passer une pente plus raide. Les 858 NSW restent très rigides et se déforment très peu sous la contrainte. Mais les 300 g économisés par rapport à la plupart des modèles concurrents s’avèrent redoutables d’efficacité sur les parcours accidentés ou avec de fréquentes relances. Il s’agit aussi d’une économie d’énergie conséquente sur de longs parcours.

Dans cette configuration, ce Specialized S-Works Shiv est prêt pour un triathlon de longue distance.

Ce gain de poids n’est pas synonyme d’une diminution de l’inertie à haute vitesse. Une fois lancées, les 858 NSW permettent de maintenir une excellente vitesse de croisière, à peine inférieure à celle que l’on retrouve avec une roue lenticulaire comme la Zipp Super-9, dont nous reparlerons plus tard.

Sur le vélo de chrono, toujours, on ressent bien sûr la prise aux vents latéraux élevée inhérente à ce type de roue. Mais en termes de sensations, on se retrouve très proche des Roval CLX 64 pour ceux qui connaissent, des roues qui ne sont plus au catalogue mais qui font 20 mm de moins de hauteur, et une centaine de grammes en plus sur la balance.

Avec un vélo de route, on se retrouve tout de même avec un ensemble un peu anachronique, qui n’est de toute façon aujourd’hui plus accepté par la réglementation UCI. Bien que particulièrement légères, les 858 restent relativement exigeantes si on s’en tient à une banale sortie à 30 ou 32 km/h de moyenne. Elles sont rigides et imposent un pilotage du vélo assez pointu, plutôt inhabituel avec un vélo classique.

Les pneus plus gros et avec une pression plus basse ont surpris pour leur confort et leur rendement.

Conformément aux recommandations de Zipp avec des jantes sans crochets, nous sommes restés en dessous de 5 bar de pression tout au long de nos sorties de test avec les 858 NSW. C’est 2 bar de moins qu’avec des pneus de 25. Un monde. Non seulement le gain de confort et de motricité sur les routes avec un mauvais revêtement est notable, mais de plus, la forme quasi parfaite du pneu sur la jante n’a provoqué aucune sensation d’écrasement lors des passages en danseuse ou des relances appuyées avec un très gros braquet.

Idéales pour les triathlons longs et difficiles

Pour les contre-la-montre de 15 à 20 km, nous préférons aux 858 NSW une association entre la roue avant et une roue arrière Super-9 pour la performance brute. En revanche, les 858 nous semblent particulièrement adaptées aux triathlons difficiles, avec de la distance et du dénivelé, où elles se présentent comme les roues aérodynamiques sans doute les plus polyvalentes du marché grâce à leur poids léger et à leur confort. Reste un prix très élevé, même si les roues sont, heureusement, garanties à vie.

Les ZIPP 858 NSW en bref…

Les + : poids, confort, polyvalence pour ce profil, fluidité des moyeux
Les – : prix, pas de rayons carbone

Jantes : Sawtooth – Type de pneumatiques : tubeless sans crochets – Hauteur de jante : profil ondulé 82/85 mm – Largeur de jante : 23 mm (interne), 27 mm (externe) – Rayons : 20 à l’avant et à l’arrière, J-Bend – Moyeux : ZR1 avec roulements céramiques – Garantie : à vie – Poids : 1500 g la paire – Prix : 3800 € – Contact : sram.com/zipp

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Guillaume Judas

  - 54 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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