Pourquoi le muscle perdu revient plus vite qu’on ne le croit

On a tous déjà connu cette sensation frustrante : après une chute, après une blessure, après une opération ou après une longue coupure, les jambes fondent à vue d’œil. Le cuissot de feu devient un souvenir, la peau flotte un peu, et le pédalage semble venir d’un autre corps. Pourtant, après quelques semaines de reprise sérieuse, le volume revient, la force aussi, presque miraculeusement. Ce n’est pas de la magie, c’est de la biologie. On vous explique….

Par Jeff Tatard – 3Bikes.fr / Photos ©3Bikes

La fonte musculaire, un passage obligé

Après une période d’inactivité, une immobilisation, un alitement ou un simple désentraînement, le corps s’adapte. En l’absence de sollicitations, les fibres musculaires se réduisent, la synthèse des protéines diminue, et le muscle perd du volume. On parle d’atrophie musculaire.
Mais attention : ce n’est pas une disparition totale. Le muscle ne s’efface pas, il “rétrécit”. Et surtout, il conserve des traces précieuses de son passé sportif…

Les deux visages du muscle : fibres contractiles et tissus de soutien

Pour comprendre pourquoi la récupération est souvent plus rapide que la fonte, il faut se rappeler qu’un muscle, ce n’est pas qu’un amas de fibres. C’est un tissu complexe, composé de deux grands éléments…

  1. Les fibres musculaires contractiles, celles qui produisent la force, la puissance, la vitesse.

  2. Le tissu conjonctif, cette toile interne faite de collagène et d’élastine, qui relie, enveloppe et soutient les fibres entre elles, un peu comme l’armature d’un bâtiment.

Lorsqu’on perd du muscle, ce sont surtout les fibres contractiles qui diminuent de volume. En revanche, le tissu conjonctif, lui, reste largement intact. Il garde la structure, le “moule” dans lequel les fibres pourront à nouveau se développer. C’est l’une des raisons pour lesquelles la reprise est si rapide : la charpente est déjà en place. Le muscle n’a plus qu’à regarnir le volume.

Quand le quadriceps droit part en vacances plus longtemps que celui de gauche

La mémoire musculaire : une réalité biologique

Mais le secret ne s’arrête pas là. Depuis une quinzaine d’années, les chercheurs ont confirmé l’existence d’une mémoire musculaire. Lorsqu’un muscle s’hypertrophie, il gagne non seulement en taille, mais aussi en noyaux cellulaires (appelés myonuclei). Ces noyaux servent à produire les protéines nécessaires à la contraction.
Et le plus fascinant, c’est qu’ils ne disparaissent pas totalement pendant la phase de désentraînement.
Résultat : quand on reprend, le muscle peut relancer la machine beaucoup plus vite, car il dispose déjà du matériel cellulaire nécessaire pour croître.

En résumé…

  • Tu perds du volume, mais pas ton capital cellulaire.
  • Tu perds de la force, mais pas ton potentiel.

Le rôle du vécu sportif

Cette mémoire est aussi corrélée à ton passif musculaire. Plus tu as cumulé d’années d’entraînement, plus tu as cumulé de charges lourdes, plus tu as cumulé de travail spécifique, plus cette mémoire est solide.
C’est pourquoi un sprinteur qui a construit des cuisses de 68 cm de circonférence pourra les regonfler bien plus vite qu’un débutant : son muscle “sait” ce qu’il doit redevenir.

Un retour accéléré… mais pas instantané

Attention cependant à la fausse promesse : la mémoire musculaire ne fait pas tout.
Les tissus conjonctifs doivent retrouver leur élasticité, les tendons leur résistance, et le système nerveux sa coordination.
La clé reste la progressivité. Reprendre trop fort, trop vite, c’est risquer de blesser ce même tissu conjonctif qui t’a pourtant aidé à reconstruire ton muscle.

Pour conclure,

La perte musculaire n’est jamais une fatalité.
Grâce au double effet du tissu conjonctif qui conserve la structure, et de la mémoire musculaire qui garde la recette, le corps a une étonnante capacité à se régénérer.
Autrement dit : le muscle que tu as bâti avec patience ne t’abandonne jamais vraiment. Il dort, il attend, et il suffit d’un peu de sueur pour le réveiller.

Et c’est peut-être ça, la plus belle des motivations à enfourcher à nouveau le vélo après une pause : savoir que tout n’est pas à reconstruire… mais simplement à réactiver.

=> Retrouvez tous nos articles sociétaux : Tous nos articles Coaching

=> Et pour plus de science derrière nos cuisses et nos efforts, plongez dans cette étude de référence sur la mémoire musculaire : The concept of skeletal muscle memory: Evidence from animal and human studies

Jean-François Tatard

- 44 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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