Partager la publication "L’Étape du Tour 2026 : la reconnaissance complète"
170 km, 5400 m de D+, trois cols légendaires. Entre Bourg-d’Oisans et l’Alpe d’Huez, l’Étape du Tour 2026 replonge les cyclosportifs au cœur de l’essence même de la haute montagne : longueur, rudesse, haute altitude et paysages grandioses. En raison d’un enneigement précoce sur le Galibier en cette fin octobre, nous n’avons pas pu effectuer de reconnaissance en une seule fois juste après l’annonce du parcours. Mais nous avons parcouru ces routes des dizaines de fois. Nous savons où elles respirent, où elles vous piègent, où elles vous élèvent. Nous vous détaillons ici ce parcours de l’Étape du Tour 2026, kilomètre après kilomètre, pour vous aider à vous y préparer dans les meilleures conditions. C’est parti.
Par David Polveroni – Photos : ©3bikes.fr, ©A.S.O., depositphotos.com

Un air de Marmotte, mais version A.S.O.
On l’attendait avec impatience devant nos écrans ce jeudi 23 octobre. Cette année, peu d’infos avaient fuité ; à 11 h, il restait encore beaucoup d’inconnues. Puis le verdict est tombé : pour certains, le parcours de l’Étape du Tour 2026 est trop dur ; pour d’autres, il marque le retour d’une épreuve authentique, exigeante, à la hauteur du mythe – un vrai retour à l’essence du cyclosport. Et comment en douter ? Avec plus de 5 000 m de dénivelé positif concentrés sur 170 km, le parcours ressemble furieusement à la légendaire Marmotte… mais avec la patte de l’organisation A.S.O. Un tracé dense, ciselé, sans échappatoire : la montagne, la vraie.
À peine 15 kilomètres séparent Bourg-d’Oisans (le départ), blottie au fond de la vallée, de l’Alpe d’Huez (l’arrivée), perchée sur son balcon ensoleillé. 15 kilomètres et pourtant tout un monde : celui du cyclisme, de l’histoire, de la souffrance et du mythe.
L’Alpe d’Huez, c’est la légende du Tour : inaugurée en 1952 par la victoire de Fausto Coppi, elle est devenue un symbole avec ses 21 virages numérotés gravés dans la mémoire du peloton. La station n’avait plus accueilli le Tour masculin depuis 2022, lorsque Tom Pidcock s’y imposa après une descente d’anthologie dans le Galibier. Le Tour Femmes 2023 y a ensuite écrit sa propre histoire, avec un mano a mano légendaire pour la victoire entre Katarzyna Niewiadoma et Demi Vollering, concluant son édition sur ces pentes mythiques.
Le retour de la station via l’Étape du Tour 2026 prend donc une résonance particulière. Pas de montée classique cette fois : l’organisateur a choisi la variante par le col de Sarenne, plus sauvage, plus brute, presque secrète. Une façon détournée, mais respectueuse, d’approcher la légende de la Marmotte. Entre Bourg-d’Oisans, porte d’entrée historique des grandes étapes alpines, et l’Alpe, « l’île au soleil », ce parcours signe un vrai pèlerinage cycliste. Un condensé d’histoire, de beauté et de défi personnel.
Comme pour la célèbre Marmotte, votre journée de haute montagne sur l’Étape du Tour 2026 s’écrira en trois actes, avec les ascensions mythiques de la Croix de Fer, du Galibier et son marche-pied du Télégraphe, et Sarenne avant d’accéder à la station de l’Alpe d’Huez. Trois géants qu’il ne faudra surtout pas sous-estimer.
Le Col de la Croix de Fer : la mise en jambes
Altitude : 2 067 m – 29 km – 1 600 m D+ – pente moyenne 5,2 %
Le départ s’effectue, comme pour la Marmotte, sur la D1091, cette large artère alpine capable d’absorber les vagues successives de cyclistes qui s’élancent ce dimanche 19 juillet. Les premiers kilomètres filent vite, portés par l’excitation du départ et les longues lignes droites de la vallée. Après environ 7 km, il faut tourner à droite à Rochetaillée : premier point de vigilance, car la vitesse reste encore élevée à cet endroit. Vous entrez alors dans la vallée de l’Eau d’Olle et dans la commune d’Allemont, dont le bitume, fraîchement refait, offre un roulage parfait. À la sortie du village, un panneau annonce la couleur : « Col de la Croix de Fer : 29 km ». Une première rampe en S permet de passer au-dessus du barrage du Verney. Puis, sur deux à trois kilomètres, la route longe le lac sur une portion plane, avant de délaisser la montée de Vaujany sur la droite. Une courte descente, et vous voilà dans le vrai col.
La Croix de Fer, c’est une montée de caractère. Si les jambes sont bonnes, elle peut être un vrai plaisir ; sinon, elle se transforme vite en supplice. Sur près de 29 km, tout y est : des rampes brutales, des replats trompeurs, des descentes qui coupent votre rythme, des relances incessantes. Les pentes oscillent de -12 % à +14 %, rendant toute lecture du col délicate. On peut le découper en trois sections :
- La montée vers le Rivier-d’Allemont : la première partie est irrégulière : une rampe à près de 10 % d’entrée, puis des replats qui ramènent la moyenne autour de 7 %. Les trois derniers kilomètres avant le Rivier sont plus soutenus, souvent autour de 9 à 10 % après le petit hameau d’Articol. C’est généralement ici que les premiers groupes se forment et que les plus ambitieux commencent à « visser ». Pour les autres, le mot d’ordre reste simple : gérer et s’alimenter. Un petit replat permet de souffler avant une courte descente en lacets – cinq épingles serrées – qui mène à la section suivante.
- La section centrale jusqu’au barrage de Grand’Maison : Ici, la pente se cabre d’entrée : un passage très raide, entre 12 et 14 %, sur 300 à 400 mètres. C’est probablement la portion la plus dure de toute l’Étape du Tour. Passé ce « mur », vous rejoignez la route reconstruite après l’éboulement de 1989. La pente reste exigeante, la vitesse baisse, la montagne se resserre. La route sillonne la montagne ; peu à peu, le barrage de Grand’Maison apparaît – second point de repère à près de 1 700 m d’altitude, déjà une belle marche franchie. La route longe ensuite le lac sur une portion roulante (4 à 6 %), propice à la récupération… ou à remettre du braquet. Attention au vent : cette zone est souvent exposée. Par expérience, un vent de face ici se prolonge souvent dans la vallée de la Maurienne et jusque dans le Galibier, mais il vous offre un retour favorable dans la descente du Lautaret.
- La partie sommitale jusqu’au col proprement dit. Il reste alors environ 6 km pour rejoindre la Croix de Fer. Les pourcentages deviennent plus raisonnables, entre 5 et 7 %, mais l’altitude se fait sentir. Le décor change : vous quittez les bois pour les pâturages d’altitude, avec le lac de Grand’Maison en contrebas et les Trois Aiguilles d’Arves en toile de fond. Deux kilomètres avant le sommet, vous laissez le col du Glandon sur la gauche, avant les derniers virages ouverts vers la croix sommitale. Ici, difficile de ne pas lever la tête : c’est l’un des plus beaux panoramas des Alpes françaises. Pour les cyclos qui ne jouent pas le chrono, arrêt photo obligatoire.

En résumé, la Croix de Fer est un col long, irrégulier, exigeant, mais splendide. Elle donne le ton à toute cette Étape du Tour : gérer, anticiper, s’économiser. En haut, faites-vous une raison : il faudra être capable de remonter deux fois cela avant la fin de journée. Le bon conseil ? Ne jamais se mettre dans le rouge, sauf peut-être à la fin de chaque section, pour relancer sans exploser. Le reste, c’est de la lucidité, du rythme, et beaucoup d’humilité – comme toujours en montagne, mais bien plus cette année.
De la Croix de Fer au Galibier : entre vigilance et grandeur
La descente vers Saint-Jean-de-Maurienne s’effectue en trois temps, avec une seule règle : la prudence. La descente du col de la Croix de Fer se découpe en trois parties distinctes, chacune avec ses pièges et ses nuances :
- Les 7 premiers kilomètres jusqu’à Saint-Sorlin-d’Arves : une portion sinueuse sur environ 7 km. La route serpente sans aucune végétation, la visibilité est excellente et les virages s’enchaînent avec rythme. Le revêtement devrait être refait avant l’été, espérons-le, notamment dans la traversée du village, où d’importantes saignées dans l’asphalte rendent certains passages dangereux. La pente est constante, le cadre grandiose, mais c’est une descente où il faut rester maître de sa vitesse.
- La partie intermédiaire : de Saint-Sorlin à la Combe Bérard. Après Saint-Sorlin, on entre dans une section plus roulante. C’est l’endroit idéal pour faire le plein d’eau à la fontaine située juste devant la mairie, avant de s’engager sur une portion plus rectiligne. On laisse sur la droite la bifurcation du col du Mollard, puis la chaussée se rétrécit légèrement. Quelques mètres de remontée permettent de franchir un petit tunnel, court, sans nécessité d’éclairage, mais qui débouche sur un virage resserré. Derrière, s’ouvre la descente de la Combe Bérard : un long ruban fluide, connu de ceux qui avaient gravi ce versant lors de l’Étape du Tour 2022. Rien de traître ici, mais la vigilance reste de mise. La route incite à relancer, à tort. Sérénité est le mot clé.
- La dernière portion : vers Saint-Jean-de-Maurienne. Une courte remontée vient casser le rythme : pas de difficulté majeure, mais il faut parfois repasser sur le petit plateau pour garder de la souplesse. Derrière, c’est la grande plongée finale vers Saint-Jean-de-Maurienne : une descente rapide, fluide, avec une seule épingle, où les vitesses dépassent facilement les 70 km/h. Le danger, ici, c’est la confiance excessive. Garder les mains sur les cocottes, les yeux loin devant. En bas, la montagne s’efface, la vallée s’ouvre.
Commence alors une portion de 13 km de vallée, un faux plat montant qui mène vers Saint-Michel-de-Maurienne. C’est la seule vraie phase de transition de la journée. Le mot d’ordre est simple : ravitaillement et régénération. Boire, manger, relâcher les épaules, tourner les jambes. 83 km au compteur, mais la mi-parcours n’est pas encore atteinte. Encore 12 km, et vous pouvez estimer votre temps total de l’Étape du Tour.
La traversée de Saint-Michel-de-Maurienne marque le début d’un nouveau chapitre. On quitte la vallée du même nom, on franchit le pont sur l’Arc, et c’est le moment d’attaquer les 12 km du col du Télégraphe.
Le Col du Télégraphe : la rampe de lancement
Le Télégraphe, c’est un col-passerelle. Une montée intermédiaire, certes, mais qui conditionne toute la suite. On peut le découper en deux sections :
- 8 km d’une pente oscillant entre 6 et 8,5 %, jusqu’à la bifurcation vers Valmeinier
- Puis un replat, suivi de 3,5 km plus roulants, entre 4,5 et 7 %, un ton en dessous.
C’est souvent ici que le corps se teste : les jambes encore tièdes, la tête déjà dans le Galibier. Le dernier kilomètre surplombe la vallée de la Maurienne et offre cette sensation unique de quitter la plaine pour retrouver la montagne. Mais ne vous y trompez pas : le Télégraphe n’est qu’un prologue. C’est la rampe de lancement du col qui a bâti la légende du Tour… À noter qu’au sommet un point d’eau est présent.
Le Col du Galibier : l’autel du cyclisme
Altitude : 2 642 m – 34 km depuis Saint-Michel-de-Maurienne (17 depuis Valloire) – 1 924 m D+ – pente moyenne 5,5 %
Le géant des Alpes. Après la courte descente du Télégraphe, on traverse Valloire, ses petits pavés, son ambiance montagnarde. Si les vibrations vous paraissent déjà inconfortables, ce n’est pas bon signe : cela veut dire que le corps a déjà commencé à fatiguer. Et c’est justement ici que tout commence vraiment.
Un col là encore en trois parties :
- La mise en route : sortie de Valloire. Une première rampe courte mais brutale : 1 km à près de 10 %, jusqu’au hameau du Verney. L’ambiance reste encore “station”, mais la pente fait mal. Le contraste avec la descente précédente est rude, et les kilomètres commencent à peser. Un replat de 2 km permet de souffler avant d’aborder la suite.
- La section centrale jusqu’à Plan Lachat. C’est le cœur du col, le plus stratégique. Une longue portion irrégulière, exposée au vent, entre 6 et 8 % de moyenne. Si le vent est favorable, la tentation est grande d’appuyer trop tôt ; s’il est contraire, on use ses forces à lutter. Dans les deux cas, la règle est la même : garder la tête froide. Cette section est le moment clé de l’Étape du Tour : celle qui dicte ce qu’il restera pour le final.
- Le final : la haute montagne à nu. Passé Plan Lachat, le décor change soudain. La route s’enroule dans un cirque de roche et de silence. On vire à droite après un court replat : c’est ici que commence la vraie bataille. Il reste 8 km jusqu’au sommet, entre 7 et 8,5 % de moyenne, ponctués de quelques respirations dans les épingles. Puis vient le dernier kilomètre, après le tunnel du Galibier : 10 % constants, l’air rare, le souffle court. La lucidité qui vacille. C’est le royaume de la lenteur, du calcul, de la survie.

D’abord boisé, puis minéral, enfin lunaire, le Galibier concentre tout ce que la haute montagne a de grand et de rude. Les plus solides y grimpent en 1h45 à 2h, les autres s’accrochent, les yeux rivés vers les neiges éternelles. Chaque virage porte le poids d’un siècle de cyclisme : Coppi, Bahamontes, Pantani, Pidcock… Et quand la bascule du sommet se dessine, la fatigue se dissout dans une étrange clarté. La vue sur la Meije, la lumière blanche, le silence. La montagne, ici, ne fait pas de cadeau, mais elle offre un moment rare : celui de toucher le ciel.

Du Galibier au barrage du Chambon : l’avant-dernier chapitre
Le sommet du Galibier franchi, on entre dans un autre monde. Le silence, la lumière crue, la Meije qui s’étire à l’horizon : c’est l’un des plus beaux panoramas des Alpes, mais aussi l’un des plus piégeux. La descente vers le col du Lautaret est d’abord étroite, pentue, souvent balayée par le vent. La route serpente dans un décor lunaire, sans arbre ni repère, et la pente dépasse fréquemment les 10 %. Le premier kilomètre demande humilité et lucidité. Les mains en bas du guidon, le regard loin devant, surtout si la température est basse : ici, même le 19 juillet, on peut croiser des bancs de neige. Passé le tunnel du Galibier, la route s’élargit et le bitume s’améliore. Les trajectoires deviennent plus fluides, mais la vitesse grimpe vite : 70 km/h ne sont pas rares. Le Lautaret approche, et avec lui, la promesse d’une respiration.
Du Lautaret au Chambon, c’est ensuite le piège du faux plat descendant. Depuis le col du Lautaret (2058 m), oublions Briançon à gauche pour la route qui plonge à droite longuement vers la vallée de la Romanche. Une vingtaine de kilomètres à profil descendant, mais où il faut pédaler presque sans relâche. Ceux qui sauront s’abriter en groupe économiseront de précieuses forces ; ceux qui resteront seuls s’épuiseront lentement. C’est une phase de course en apparence “facile”, mais qui dévore les jambes. Les plus lucides profiteront de ce moment pour s’alimenter, s’hydrater, et reposer le mental avant la dernière montée. La chaleur peut y être saisissante, d’autant plus si le vent est contraire.
À ce stade, le compteur affiche plus de 125 km, et les jambes n’ont plus rien de légères. Dès la sortie du Lautaret, la route s’ouvre et invite à relancer. Mais le vent s’invite souvent ici, en particulier dans les longues lignes droites du col du Lautaret à Villar-d’Arêne, puis de La Grave jusqu’au tunnel du Chambon. S’il est défavorable, la progression devient lente, presque frustrante. Les jambes paraissent vides, et pourtant le compteur n’affiche que 2 ou 3 % de pente descendante.
Piège classique : on croit “descendre”, mais on s’épuise à vouloir maintenir une vitesse de course. La chaussée est large, bien entretenue, avec quelques tunnels et galeries où la lumière varie brutalement. Un éclairage embarqué est conseillé, ne serait-ce que pour la sécurité. Les virages sont peu nombreux, mais la vigilance reste de mise même lors de l’Étape, où la route est fermée donc sécurisée pour tous les participants. Le paysage, lui, reste somptueux : la Meije sur la gauche, suspendue au-dessus de la vallée, comme un décor de cinéma.
Passé La Grave, la route longe la Romanche jusqu’au tunnel du Chambon, à 1 000 m d’altitude environ. C’est une portion faussement tranquille : le dénivelé repart légèrement à la hausse, entre 2 et 4 %, sur quelques centaines de mètres. C’est le genre de pente qui ne dit pas son nom, mais où les watts fondent à vue d’œil. Les jambes, refroidies par la descente, s’alourdissent peu à peu.
Le barrage du Chambon marque une rupture : ici se referme la vallée, et s’ouvre la porte du dernier acte. Le lac, souvent d’un bleu profond, cache sous sa surface le silence des efforts passés. C’est un lieu à la fois apaisant et inquiétant : on sait qu’en tournant à droite, on quitte la sécurité de la vallée pour replonger dans la montagne. Ce virage vers le col de Sarenne est un symbole : c’est celui du choix. Tout droit, la route redescend vers Bourg-d’Oisans. À droite, commence le dernier combat.
Pour résumer : gestion et lucidité avant Sarenne. Il faut le répéter : cette transition n’est pas un repos, c’est un piège psychologique. Celui qui y perd la concentration perd souvent tout. Ceux qui y roulent intelligemment, en se ravitaillant et en gérant leur allure, seront ceux qui auront encore un peu de lumière dans le regard à l’arrivée. À ce moment-là, le compteur affiche environ 150 km et plus de 4 000 m de D+. La fatigue est installée, mais la journée est loin d’être terminée. La route s’élève brutalement dès la sortie du tunnel, et beaucoup se feront piéger par l’illusion d’un simple final. La vérité, c’est qu’il reste presque 25 kilomètres à parcourir, dont 12,8 km d’ascension à plus de 7 % de moyenne.
Le Col de Sarenne : la face cachée de l’Alpe d’Huez
Altitude : 1 999 m – 12,8 km – pente moyenne 7,3 % – max 13 %
Sarenne, c’est un final sauvage, choisi par l’organisateur. Pas de montée par les 21 virages mythiques cette année : A.S.O. a choisi d’innover, en proposant le versant par le col de Sarenne, côté Ferrand. C’est un choix audacieux, à l’image de cette édition : une route étroite, brute, granuleuse, taillée dans la montagne. Ici, pas de public en liesse, pas de lignes de virages célèbres : seulement le bruit du vent, le souffle des coureurs, et parfois quelques troupeaux. Un final à l’ancienne, authentique et sans fard. Et dès la première rampe, le ton est donné : 1,5 km entre 10 et 12 %, sans ménagement. Après plus de 4 000 m de dénivelé positif déjà parcouru, cette transition est d’une brutalité rare. Pas de faux plat, pas de mise en jambes : la pente vous attaque d’entrée. C’est, pour beaucoup, le « mur mental » de l’étape.
Le col de Sarenne, c’est 950 m de dénivelé en 10,5 km effectifs et sans répit. Mais les chiffres ne disent pas tout : c’est un col irrégulier, vivant, imprévisible. Les pourcentages varient sans logique apparente, oscillant entre 8 et 11 %. Le bitume, parfois rugueux, absorbe l’énergie. Le vent, souvent capricieux, s’invite sans prévenir sur la partie sommitale pour vous coller à la route s’il est présent. La première moitié serpente dans une gorge encaissée, fraîche et silencieuse. Puis, la route s’élève et s’ouvre sur les alpages passé Clavans le Bas : la lumière change, le souffle se fait court, les 2000 m ne sont pas si loin.
Le col de Sarenne se grimpe autant avec la tête qu’avec les jambes. Avec la fatigue accumulée, et le bitume dégradé : tout pousse à décrocher. Alors il faut lever les yeux et contempler. Mais c’est précisément ici que se forgera votre souvenir de l’ Étape du Tour. L’Étape du Tour avec le plus de dénivelé depuis sa création en 1993 ! LE challenge !
La montagne teste, puis récompense. Attention toutefois à la météo, toujours incertaine à cette altitude. Il n’est pas rare que le col se couvre en fin d’après-midi. Nous gardons en souvenir notre participation à une Vaujany (fin juin) franchie sous des giboulées de neige, le visage fouetté, les doigts gelés sur les freins, à patins. Le col de Sarenne ne pardonne pas l’imprudence. Même en juillet, la montagne impose ses lois.
L’arrivée à l’Alpe d’Huez : l’ultime respiration
Le col franchi, il restera une courte descente technique sur 2 km, aujourd’hui très piègeuse, puis une remontée, sur 1 petit km jusque l’altiport, qui scellera votre classement, et vos jambes. Contrairement aux professionnels, les cyclosportifs n’iront pas jusqu’à la patte d’oie pour reprendre les trois dernières épingles de la montée classique. L’arrivée se fera directement après l’altiport, après une petite descente d’1 km menant à l’avenue du Rif Nel, point final de cette édition. Une question de logistique, mais qui ne change rien à l’essentiel : la ligne est là, le symbole aussi.
Un dénivelé trompeur, une étape hors norme
De notre point de vue, le dénivelé total annoncé est légèrement sur-estimé. Les données communiquées par A.S.O., environ 5400 m D+, ne tiennent pas compte des tunnels ni des dénivelés intermédiaires. Si les différentes apps estiment le parcours à plus de 5400 m de dénivelé cumulé, nous pensons pour notre part qu’on flirte plutôt avec les 5000 m. C’est déjà un sacré challenge. Bref, une Étape du Tour à l’ancienne… une journée où la victoire ne sera pas de franchir la ligne en tête, mais de la franchir, tout simplement.
Cette édition 2026 renoue avec la tradition : celle des longues étapes alpines où la gestion de son potentiel prime. Une épreuve d’endurance totale, à la fois physique et mentale, taillée pour les cyclos qui aiment la montagne. Car attention, on se répète mais la montagne ne s’apprivoise pas. La Croix de Fer, le Galibier, l’Alpe d’Huez : ce sont trois noms, trois géants, trois marches vers la légende.
Notre conseil : lucidité avant tout
Ne soyez pas trop ambitieux. Si vous avez le moindre doute sur votre capacité à dégager du temps pour vous entraîner correctement, passez votre chemin et choisissez plutôt l’Étape du Ventoux. Cette édition 2026 ajoute près de 1000 m de dénivelé et une trentaine de kilomètres par rapport aux dernières éditions. Avec en plus l’altitude et la longueur des cols. C’est un cran supérieur !
Demandez-vous honnêtement comment vous avez terminé à La Plagne en 2025 : si c’était au mental, si les jambes criaient grâce, alors cette étape-là risque de vous dégouter. Savoir ranger son ego c’est aussi important.
Le Galibier et le Sarenne ne pardonnent pas l’impréparation — ici, la montagne décide. La clé, c’est la gestion : apprendre à monter longtemps sans exploser, à s’alimenter juste, à rester lucide quand tout se resserre.
Et pour cela, on ne peut que vous encourager à vous faire encadrer par des spécialistes de l’entraînement. Pour ce qui me concerne, vous pouvez retrouver les plans d’entraînement que j’ai rédigés pour A.S.O. et des conseils de préparation hivernale sur ce lien. La préparation débute maintenant !
Bonne prépa à tous et n’hésiter pas en commentaire à poser vos questions !
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