Partager la publication "Ces bonbons qui brûlent le foie : quand le Doliprane rappelle à l’ordre"
Il y a des expériences qui bousculent plus qu’un col à 10 %. La nôtre a commencé simplement, presque banalement, par une opération du genou. Une arthroscopie du genou droit, pour un fragment de rotule libre, suivie du protocole chirurgical habituel : antalgiques, anti-inflammatoires, protecteurs gastriques. Rien d’extraordinaire. Rien que la routine médicale. Et pourtant, deux semaines plus tard, cette routine a fait vaciller notre foie.
Texte : Jeff Tatard – Photos : 3bikes.fr
Quand la chimie dérape
Le traitement prescrit constitué de Doliprane (paracétamol), Célécoxib et Oméprazole semblait anodin.
Mais le contrôle sanguin post-opératoire à J+5, prévu pour vérifier les plaquettes, a révélé une alerte majeure :
• ASAT (TGO) : 138 U/L (N < 35)
• ALAT (TGP) : 56 U/L (N < 45)
• GGT : 15 U/L (N < 55)
• FIB-4 : 4,92 (au-delà de 2,67, un suivi hépatique spécialisé est recommandé)
Un foie en souffrance, un profil biologique incohérent, et la stupeur d’un biologiste qui évoque, sans détour, des mots qu’on n’a pas envie d’entendre : cirrhose, hépatopathie sévère, toxicité médicamenteuse aiguë.
Le paradoxe était frappant : des transaminases envolées, sans élévation des GGT, un tableau typique d’atteinte toxique médicamenteuse directe, comme le produit parfois le paracétamol lorsqu’il sature les voies de détoxification.
Revenir à l’essentiel
Nous avons tout arrêté. Plus de médicaments, plus d’anti-inflammatoires, plus d’artifice.
À la place : une alimentation alcaline, 80 à 90 % de légumes frais, une hydratation abondante, du sommeil et une écoute réelle du corps.
Nous avons aussi multiplié les soins physiques naturels : application de glace en local, séances de pressothérapie, et souvent les deux associés grâce au système Game Ready, ce compagnon de récupération qui combine froid et compression séquentielle.
Ces gestes simples, réguliers, précis, ont remplacé les molécules chimiques.
Et très vite, le bilan s’est inversé.
Deux semaines après l’intervention, le foie avait retrouvé son calme :
• ASAT : 52 U/L (contre 138)
• ALAT : 69 U/L (contre 56)
• GGT : 16 U/L (contre 138)
• FIB-4 : 1,25, désormais dans la zone de normalité complète, écartant tout risque de fibrose hépatique.
Le foie, en somme, avait repris sa respiration naturelle.
Comme si, délivré de la chimie, l’organisme retrouvait son souffle, son tempo et sa souveraineté.
Nourrir, hydrater, apaiser
Une assiette de légumes frais. 600 ml d’eau claire dans une bouteille en verre que l’on remplit trois ou quatre fois par jour. Rien d’extraordinaire, si ce n’est l’essentiel : nourrir, hydrater, apaiser.
Le vrai traitement, c’est celui que le corps reconnaît.
En reprenant un contrôle biologique final, tout était rentré dans l’ordre.
Rien de miraculeux, simplement la preuve qu’un organisme sait se régénérer – à condition de lui en laisser la chance.
Les sportifs et la tentation du cachet miracle
Dans le monde du vélo, du trail ou du triathlon, nous croisons trop souvent les antalgiques sur les lignes de départ.
Selon une étude publiée dans le British Journal of Sports Medicine (2020), près d’un coureur sur deux d’ultra-distance consomme un antidouleur pendant l’épreuve.
Lors de l’Ironman de Francfort, 60 % des athlètes avaient pris de l’ibuprofène ou du paracétamol avant ou pendant la course (PMID : 28377423).
Les raisons ? Prévenir la douleur, tenir, “assurer le chrono”.
Mais le foie, lui, ne lit pas les feuilles de résultats.
Et le paracétamol demeure la première cause d’insuffisance hépatique aiguë dans les pays occidentaux (Lancet Gastroenterology & Hepatology, 2022).
Remettre la science à sa juste place
Nous ne remettons évidemment pas en cause le rôle du corps médical, ni la pertinence du traitement qui nous a été prescrit.
Ces médicaments ont été étudiés, validés, et utilisés pour de bonnes raisons : soulager, prévenir l’inflammation, protéger l’estomac, favoriser la récupération.
Leur efficacité n’est pas à questionner, et leur prescription, dans ce contexte précis, relevait d’un protocole parfaitement légitime.
Mais ce que cette expérience nous a appris, chez 3bikes.fr, c’est que même un usage justifié peut devenir délétère lorsque le corps réagit de façon imprévisible, ou lorsque l’on poursuit un traitement au-delà du nécessaire.
L’objectif de cet article n’est donc pas de blâmer, mais de rappeler le cadre : ces molécules puissantes ont leur place — sous contrôle médical, pour une durée déterminée, et dans des cas où leur bénéfice dépasse clairement le risque.
Le vrai danger, c’est l’automédication. La banalisation.
Le réflexe du cachet facile, avalé comme un bonbon.
Et c’est contre cela, plus que contre le médicament lui-même, que nous souhaitons alerter.
La douleur, ce signal qu’il faut réapprendre à écouter
Nous l’avons compris : la douleur n’est pas l’ennemie.
Elle parle une langue ancienne, que nous avons oubliée.
À force de la faire taire, nous épuisons les sentinelles du corps : le foie, les reins, le système nerveux.
Notre expérience n’a rien d’un drame, mais tout d’un rappel.
Une piqûre de lucidité pour nous, sportifs passionnés, trop enclins à croire qu’un comprimé peut repousser la fatigue ou l’usure.
3bikes.fr en alerte
Nous ne voulons pas accuser, mais prévenir.
Nous voulons rappeler que la performance n’a de sens que si elle s’inscrit dans le respect du corps.
Un médicament en vente libre n’est pas un bonbon.
Un foie n’est pas un consommable.
Et quand l’alarme biologique retentit, c’est qu’il est temps de s’arrêter.
Parce qu’entre un genou réparé et un foie abîmé, il n’y a pas d’arbitrage possible.
« Chez 3bikes, nous choisissons la clarté, la mesure et la conscience. Et si ce témoignage peut éviter ne serait-ce qu’un foie blessé de plus, alors il aura trouvé son sens. »
Partager la publication "Ces bonbons qui brûlent le foie : quand le Doliprane rappelle à l’ordre"