La vie en mouvement du Dr Cascua, le « Doc du Sport »

Connaissez-vous le docteur Stéphane Cascua, star des réseaux sociaux ? Il nous a ouvert la porte de son cabinet, niché dans l’enceinte du Stade Jean Bouin, avec cette chaleur et ce sourire qui en disent long sur le personnage. Derrière la grande baie vitrée, Paris s’agite, mais ici, l’atmosphère respire la passion du sport et l’énergie de ceux qui l’aiment viscéralement. Les tableaux, les photos, et les affiches aux murs témoignent d’une vie passée à accompagner sportifs de haut niveau et amateurs passionnés, les trophées côtoient les dossiers, et dans un coin, presque comme une extension naturelle de son métier, un vélo trône fièrement. Pendant une heure, nous avons partagé plus qu’une interview : une véritable immersion dans l’univers d’un médecin pas comme les autres…

Par Jeff Tatard – Photos : DR

« J’étais un gamin rondouillard qui s’est mis au sport pour plaire, pour séduire… et puis j’ai eu envie de comprendre comment fonctionnait ce corps que je malmenais et que j’apprenais à aimer. Alors, j’ai choisi médecine, pour devenir médecin du sport. » D’emblée, le ton est donné : sincérité, autodérision, mais surtout passion. Le docteur Cascua ne raconte pas seulement un parcours, il incarne une philosophie : celle de vivre le sport comme un vecteur de santé, d’émotions et de rencontres. Et dans ce cabinet, le temps s’arrête, comme si l’on assistait à une masterclass où se mêlent science, humour et humanité.

Dans son cabinet du Stade Jean Bouin, entouré de triathlètes stylisés, le Dr Cascua arbore son sourire signature et son élégance assumée : pédagogie et panache, les deux habits de sa médecine.

Les débuts : du sport au stéthoscope

Le destin n’était pas écrit d’avance. « Mon père était directeur commercial, j’ai d’abord baigné dans le business. Mais très vite, grâce au sport, j’ai voulu savoir comment mon corps fonctionnait et comment soigner. » Ce glissement du commerce vers la médecine, avec toujours cette fibre de communication et de bienveillance héritée de sa culture familiale, a façonné un médecin atypique. Là où certains parlent en diagnostics froids, Cascua parle en images, en histoires, en sensations.

Rencontres fondatrices

Il a croisé les plus grands noms de la médecine du sport : Jacques Rodineau, pionnier de la traumatologie sportive, qu’il décrit comme un mentor spirituel, presque un père de substitution. Puis Gilbert Pérez, physiologiste de l’effort à la Pitié-Salpêtrière, qui a façonné son approche scientifique et pragmatique. Ces rencontres ne sont pas que des jalons : elles sont les racines d’une médecine humaine et ouverte.

Médecin du PSG mais surtout partenaire d’entraînement : quand le docteur Cascua prescrivait la santé en baskets, au même rythme que les stars.

Le PSG, laboratoire de la limite santé-performance

Longtemps médecin du PSG, il garde de cette expérience un regard lucide : « Le sport de haut niveau, ce n’est pas bon pour la santé. Mon bureau était plein tous les jours. » Derrière la paillette du foot business, Cascua met en lumière un paradoxe : là où l’on glorifie la performance, il observe les corps usés, les blessures, l’épuisement. Mais toujours, il cherche ce fameux curseur, ce dosage subtil où le sport reste bénéfique sans basculer dans la destruction.

L’amour du sportif amateur

S’il a côtoyé les stars, son regard s’illumine quand il parle de l’amateur passionné : « J’adore le retraité qui s’offre un beau vélo et qui veut juste ne pas avoir mal au dos, j’adore Sylviane qui fait de la marche nordique et qu’il faut chouchouter… » Dans son cabinet, le champion de Ligue 1 côtoie la quinqua ménopausée, et chacun reçoit la même attention. La performance se mesure alors au sourire retrouvé, à la tendinite évitée, à la possibilité de continuer à bouger.

L’élégance vestimentaire au service de la pédagogie : un rendez-vous médical qui ressemble davantage à un coaching de vie.

Vulgariser pour soigner : de la consultation aux réseaux

Tout part d’un réflexe : expliquer. « Le patient doit comprendre pour adhérer. Alors j’explique, encore et encore. » Et naturellement, cette pédagogie s’est prolongée sur les réseaux sociaux. Entre deux patients, il enregistre une vidéo, souvent en une prise, avec ce ton drôle et accessible qui fait mouche. Résultat : des dizaines de milliers de followers, et une influence qui dépasse le cabinet. « Je revendique mon statut de médecin du sport qui fait du sport. Avant de dégainer les médicaments, je donne des conseils de terrain. Et les gens adorent. »

Devant les caméras comme devant un patient : expliquer, toujours expliquer… et parfois sauver des dos comme dans la chronique de Michel Cymes.

Le médecin qui fait du sport

Son corps est son laboratoire. Blessures, gamelles, reprises, adaptations… tout ce qu’il vit alimente sa pratique médicale. « J’ai toujours eu une activité de substitution, je n’ai jamais arrêté. Quand je me suis pété le croisé, je me suis injecté du PRP et j’ai continué à pédaler. Maintenant je propose cette stratégie à mes patients. » On sent chez lui une jubilation à transformer ses galères en avancées thérapeutiques. Et à 60 ans passés, il s’autorise le vélo électrique en montagne, « sans culpabilité, juste pour le plaisir champêtre ».

Toujours en rouge, toujours en mouvement : Cascua n’attend pas la médecine, il la pédale.

Ikigaï, traces et héritages

Lorsqu’on l’interroge sur ce qui le motive, il cite l’Ikigaï japonais : cette quête de sens où convergent passion, compétence, utilité et viabilité. « J’aimerais laisser une trace. J’ai 450 articles sur mon site (docdusport.com), c’est un tiers de siècle de consultations condensées. Si ça peut guider sportifs et jeunes confrères, alors j’ai réussi. » Ce désir d’héritage n’est pas une posture, mais une gratitude envers un métier qui lui « donne du sens au quotidien ».

Sur scène comme en consultation : la même passion, le même sourire, le même besoin de partager.

Blessures, résilience et innovations

De son entorse de cheville bricolée sur un vélo aux injections de PRP dans son propre genou, Cascua expérimente sur lui ce qu’il propose ensuite. Ce pragmatisme fait de lui une référence nationale pour la réathlétisation. « Je suis devenu une sorte de spécialiste du conditionnement des blessés : un sportif ne doit jamais arrêter. » Ses récits mêlent humour (« je me blesse de moins en moins parce que je suis de moins en moins con ») et pédagogie.

Le docteur Cascua, cavalier d’un jour, patient à vie : quand le jeu équestre devient une expérimentation médicale grandeur nature.

L’équilibre subtil : performance, santé et plaisir

« La performance, c’est la santé. Une VO2 max élevée, c’est vital. Mais il faut savoir profiter. » Son rapport à la compétition est à la fois passionné et détendu : il s’entraîne sérieusement, mais en course, il privilégie le plaisir, la découverte d’un paysage, l’odeur de la rosée, le silence d’un 25 décembre au petit matin. Cet équilibre, il le prêche avec conviction : sept heures de sport par semaine comme norme de santé, mais jamais au prix du burn-out.

Le bruit du vent, l’odeur de la rosée et le bitume comme terrain de jeu : la course comme méditation active.

Le docteur influenceur malgré lui

Sur Instagram, il mélange science et clowneries, anecdotes et punchlines. Il rit encore de ce triathlète arrivé en néoprène au petit déjeuner d’un hôtel. Derrière l’humour, il y a une ligne : « Je ne veux pas trop valoriser la performance. Je veux valoriser l’assiduité. » Ses vidéos touchent un public bien au-delà des sportifs chevronnés : salariés stressés, parents débordés, néo-sportifs timides. « Je veux que les gens fassent du sport jusqu’à 112 ans. »

Quand la médecine devient un stand-up : un clown savant qui soigne avec des métaphores et des fous rires.

Ce qu’il veut changer dans notre rapport au sport

Il plaide pour une révolution culturelle : arrêter d’idolâtrer les podiums et apprendre le plaisir du mouvement. « Faire du sport enfant, c’est nécessaire, mais pas suffisant. Il faut apprendre à bouger toute la vie. » Derrière ses coups de gueule se cache une philosophie douce : aider chacun à trouver sa place dans l’activité physique, que ce soit l’ultra-trailer de 40 ans ou l’avocat hyperactif qui court pour évacuer.

Sa récompense, son message pour l’avenir

« Ma plus belle récompense, ce sont mes patients qui me disent : c’est bien ce que vous avez fait. » Au-delà des haters qui critiquent sans lire, il retient la fidélité de ceux qu’il soigne et accompagne. Dans dix ans, il se voit encore à transmettre, en conférences, dans les clubs, les entreprises, les assos. Et surtout, il souhaite laisser une philosophie : « Je veux que mes jeunes collègues aiment leurs patients, qu’ils les comprennent, qu’ils les accompagnent pour poursuivre l’activité physique qui a prouvé son efficacité. »

Un médecin pas comme les autres

Le docteur Stéphane Cascua n’est pas un médecin comme les autres. Il est à la fois praticien, vulgarisateur, sportif passionné, influenceur malgré lui et philosophe de la santé en mouvement. Il soigne avec des explications, des sourires et des conseils pratiques autant qu’avec des traitements. Il inspire par sa sincérité, son humour et son engagement à long terme.

Dans son cabinet du Stade Jean Bouin, le temps d’une heure, nous avons compris que sa mission dépasse la médecine : il s’agit de réconcilier le sport avec la santé, de montrer que l’effort n’est pas une punition mais une fête, et que chacun, quel que soit son âge ou son niveau, peut trouver son chemin vers le plaisir de bouger.

« Soulager pour renouer avec une pratique bénéfique à la santé. » Voilà sa mission, résumée en une phrase. Et au fond, ce n’est pas seulement celle d’un médecin : c’est celle d’un homme qui croit profondément que le sport, à bonne dose, est une chance de vie.

=> Tous nos articles Portraits

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Vous aimerez peut-être aussi