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On en parlait déjà en début de semaine dans notre papier sur les 90 à 120 g de glucides à l’heure en endurance : le cyclisme moderne ne se limite plus à l’effort, mais à l’amour du sucre sous toutes ses formes… Et si la tendance des gels et bidons sucrés est claire, ce qui se passe à l’arrivée, c’est du spectacle pur. Ton nouveau rituel préféré ? Une poignée de Haribo directement dans la bouche. Oui, carrément.
Par Jeff Tatard – Photos : DR
Le phénomène Sagan : star + sucre = histoire d’amour
Le premier à en faire un rituel hyper visible ? Peter Sagan, champion du monde et showman par excellence. En gagnant Kuurne–Bruxelles–Kuurne en 2018, il se jette sur des Haribo Gold Bears dès la ligne franchie, en pleine interview, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.
D’après Cycling Today, après sa victoire, Sagan délaisse les shakes protéinés et choisit un sachet de bonbons suivi d’une bière. Même Cycling Weekly a titré : « Sagan préfère les Haribo aux interviews post-course ». Voilà, l’image est plantée.

Mais alors, c’est juste par goût ou y’a une raison physiologique ?
En réalité, il y a une explication bien scientifique. Le Dr Allen Lim (Skratch Labs) l’explique : « Pour les cyclistes très entraînés comme Sagan, la récupération n’est pas tant une question de réparation musculaire que de recharge. Les muscles ne sont pas détruits, ce sont les réserves de glycogène qui sont vides. Et pour les re-remplir, rien ne vaut le sucre pur, rapidement assimilable. »
Côté composition, les Haribo européens utilisent un mélange de glucose et de fructose. Et c’est là que ça devient intéressant : en combinant deux transporteurs (un pour le glucose, un pour le fructose), l’absorption grimpe jusqu’à 1,4–1,6 g/min, soit beaucoup plus vite qu’avec un seul type de sucre.
Remco et son « Fanta power »
Et il n’y a pas que l’arrivée qui est devenue un festival sucré. Le départ aussi ! Remco Evenepoel a carrément dévoilé son rituel pré-chrono : pistolekes briochés, confiture de framboise, banane, miel, quelques tranches de poulet… et un demi-litre de Fanta pour faire descendre le tout. Depuis ses années juniors, il ne jure que par ça, et assure qu’avec ce mélange improbable, il ne rate presque jamais le podium.
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On est loin de l’image d’Épinal des diététiciens qui ne jurent que par le riz nature et le poulet sec. Remco assume, il rigole, et il gagne. Comme quoi, le sucre, sous toutes ses formes, n’a pas fini de dicter ses lois au peloton.
Et pour les amateurs ?
Sur Bicycling, la nutritionniste Stacy Sims confirme : les bonbons comme les gummy bears, avec leur index glycémique élevé, sont parfaits pour remonter instantanément la glycémie après l’effort. Le coach et ancien pro Adam Myerson ajoute deux usages pratiques : d’abord en course ou en sortie longue, où quelques bonbons sont faciles à embarquer et efficaces ; ensuite en cas d’hypo sévère, où un Snickers et un Coca peuvent littéralement sauver la mise.
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Tests scientifiques : le simple marche aussi
Une étude de l’Université du Montana a même montré que, dans certaines conditions, des fast-foods classiques (hamburgers, frites) ne sont pas moins efficaces que les isotoniques ou barres spécialisées pour reconstituer le glycogène post-exercice. En clair : tant que tu donnes du sucre à ton corps, il refait le plein. Le reste, c’est du marketing.
Haribo vs. gels : match nul sur l’essentiel
Quand tu compares les bonbons et les produits dédiés, les différences sont simples. Les gels et boissons sont pratiques, calibrés et enrichis en minéraux. Les Haribo, c’est brut de décoffrage : du sucre, point. Mais ils sont fun, pas chers, dispo partout, et surtout… ils font sourire. Et dans un peloton où la souffrance est la norme, cette touche de plaisir compte autant que le reste.
Gare à la digestion
Le coach Jim Rutberg (CTS) nuance : « Un paquet de Haribo post-course, pourquoi pas. Mais uniquement si ton corps l’absorbe bien ». L’avertissement est clair : hors effort, c’est une bombe glycémique qui peut te plomber. Pour un pro qui vient de cramer 5 000 calories, ça passe crème. Pour l’amateur qui rentre d’une sortie club de 60 bornes, c’est une autre histoire.
En résumé façon 3bikes
On a commencé la semaine en parlant de 120 g de glucides à l’heure. On finit avec la poignée de crocodiles Haribo. Entre science, culture pop et plaisir enfantin, le geste s’est imposé comme un symbole. Sagan l’a lancé, Remco l’a amplifié avec son Fanta power, et toute une génération suit.
Alors, faut-il copier ? Si tu veux l’efficacité brute, oui, ça marche. Si tu veux la même image que Sagan ou le même sourire que Remco, pourquoi pas. Mais rappelle-toi : le cyclisme pro est une vitrine extrême. Pour nous, simples passionnés, le paquet de Haribo ou le verre de Fanta, c’est plutôt à savourer comme un clin d’œil au peloton, pas comme une obligation.
Au fond, la vraie leçon est là : le sucre, c’est peut-être la science, mais c’est aussi le plaisir. Et dans un sport où tout est millimétré, ça fait du bien de voir que, parfois, un bonbon ou un soda peuvent encore faire la différence.
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