Le Portugal à vélo, vu par Hugo Gomes : entre racines, paysages et passion cycliste

Le vélo, parfois, n’est pas seulement un sport. C’est un refuge, une école de vie, un lien avec ses racines et une clé pour découvrir autrement un territoire. À 21 ans, Hugo Gomes en a fait l’expérience. Étudiant, coureur amateur et passionné de cyclisme, il partage avec 3bikes son rapport singulier au nord du Portugal, une région où il revient chaque année, vélo sous le bras. À travers son récit, c’est toute la richesse du Minho, terre vallonnée, verdoyante et hospitalière, qui s’offre aux cyclistes de passage…

Par Jeff Tatard – Photos : DR

Un jeune homme façonné par le vélo

Hugo Gomes n’est pas tombé dans le cyclisme dès l’enfance. Comme beaucoup de sa génération, c’est par hasard – ou plutôt par écran interposé – qu’il a découvert cette passion, pendant le Covid. Séduit par les vidéos de triathlètes hors normes comme Lionel Sanders ou Kristian Blummenfelt, fasciné par l’esprit de compétition, la rigueur et la soif de victoire, il enfourche d’abord son vélo comme un loisir. Pas de matériel haut de gamme, pas de plan d’entraînement, juste le plaisir de pédaler.

Mais en 2022, tout bascule. Déçu par ses choix d’études, Hugo vit une période de doute. Le vélo devient alors un refuge et un moteur. « Sans confiance en moi, mal dans ma peau, j’ai trouvé dans l’entraînement une manière de me relever et de croire à une évolution », confie-t-il.

C’est aussi une rencontre humaine qui marque ce tournant : celle du Vélo Club de Montigny-le-Bretonneux (VCMB). Très vite, le jeune cycliste y trouve une famille sportive : apprentissage du peloton, conseils de nutrition, encouragements constants… Hugo parle avec gratitude de l’accueil, de l’engagement du dirigeant Daniel Gagne et de l’émulation collective. En trois ans, il a accumulé courses, victoires partagées et surtout une conviction : le vélo est plus qu’un sport, c’est une école de solidarité. Aujourd’hui, il transmet à son tour en encadrant les plus jeunes.

Le Portugal à vélo, vu par Hugo Gomes : entre racines, paysages et passion cycliste
De Montigny au Minho, Hugo a trouvé dans le vélo bien plus qu’un sport : une famille, une école de solidarité et un moteur pour transmettre à son tour.

Le Portugal comme terre de racines et de vélo

Si Hugo est licencié en Île-de-France, c’est au Portugal qu’il retrouve chaque été une dimension plus intime du cyclisme. Sa mère est née à Cabaços, petit village près de Ponte de Lima, et toute sa famille y réside encore. Quand il roule dans la région du Minho, chaque sortie est un retour aux sources. « Ramener mon vélo au Portugal me permet de réactiver de vieux souvenirs : l’odeur, les paysages, la fontaine du village où j’allais avec ma grand-mère, le café chez elle après une sortie… »

La topographie y est radicalement différente de celle de la vallée de Chevreuse. Ici, le relief se cabre rapidement, alternant vallons et vraies montagnes. Les pavés, omniprésents dans les villages, rappellent l’atmosphère des classiques flandriennes. La chaleur et l’humidité imposent un effort d’adaptation : « les watts baissent, mais les sensations sont uniques », dit Hugo.

Surtout, le Portugal évoque un mot qu’aucune traduction ne peut épuiser : saudade. Cette mélancolie douce des immigrés et de leurs enfants, ce sentiment de familiarité et d’attachement qui resurgit à chaque virage, sur chaque route. « Quand je rentre en France, je n’ai pas ces souvenirs qui défilent après chaque kilomètre », explique-t-il. Ici, chaque sortie est un voyage intérieur.

Le Portugal à vélo, vu par Hugo Gomes : entre racines, paysages et passion cycliste
Rouler le long du Rio Minho, avec l’Espagne en face : entre deux rives, Hugo trace son propre chemin, là où le vélo devient un passeport.

Itinéraires et découvertes autour de Ponte de Lima

Hugo connaît par cœur les routes du Minho. Parmi ses sorties préférées : une boucle de quarante kilomètres autour du village de ses grands-parents, ponctuée par la montée vers Ponte de Lima, où l’attend le café traditionnel chez sa grand-mère.

Pour l’entraînement, il aime aussi se frotter à la montée d’Oural, longue de 5 à 6 kilomètres, parfaite pour les exercices. Plus loin, le sanctuaire de São Bento, niché dans le parc naturel du Gerês, offre des paysages grandioses et des ascensions dignes des plus belles cyclosportives. Pour les amateurs de plat, direction Viana do Castelo et ses plages, un terrain de jeu idéal pour les rouleurs.

Chaque cycliste y trouvera son bonheur : bosses exigeantes, paysages maritimes, routes ombragées ou cafés typiques pour refaire le plein.

Serra d’Arga, l’ascension incontournable

Dans le Minho, il y a des routes qui forgent le caractère d’un cycliste. La Serra d’Arga en fait partie. C’est sans doute le moyen le plus simple de prendre près de 800 mètres de dénivelé en moins d’une heure. Une montée exigeante, rythmée par les forêts, les villages aux maisons de granit et le souffle court qui accompagne chaque virage. Mais au sommet, le temps s’arrête. La vue s’ouvre sur l’océan, les vallées et les crêtes qui s’entrelacent à perte de vue. Là-haut, plus qu’une récompense, c’est une leçon d’humilité et de beauté que reçoit le cycliste.

Le Portugal à vélo, vu par Hugo Gomes : entre racines, paysages et passion cycliste
800 mètres de dénivelé avalés en moins d’une heure… et là-haut, la récompense : un paysage suspendu, où l’océan et les montagnes se répondent.

La pause café, un rituel portugais

Comme en France avec le flan du bistrot de village, le Portugal a lui aussi sa halte sacrée. Avec Hugo, impossible d’y échapper : l’arrêt au café. Ici, ce n’est pas une tartelette quelconque, mais le pastel de nata, doré et croustillant, que l’on déguste brûlant, accompagné d’un petit café serré dont l’arôme suffit à résumer tout un pays. Pour lui comme pour 3bikes invité pour l’occasion, cette pause est plus qu’un ravitaillement : c’est un rituel, une manière de s’ancrer dans la culture locale, de partager un sourire avec le patron du café, et de graver la sortie dans la mémoire autrement qu’en watts et en kilomètres.

Le Portugal à vélo, vu par Hugo Gomes : entre racines, paysages et passion cycliste
Comme en France avec le flan du bistrot, au Portugal la pause est sacrée : pastel de nata brûlant et café serré, carburant des 100 kilomètres déjà avalés.

Conseils pratiques pour rouler dans le nord du Portugal

Hugo en est convaincu : le Portugal est une terre de vélo, mais il demande quelques précautions.

  • Hydratation : privilégier les bidons isothermes et prévoir de nombreux arrêts dans les cafés ou aux fontaines publiques.
  • Sécurité : emporter une lumière réfléchissante et rester vigilant face à certains comportements routiers.
  • Horaires : partir tôt le matin pour éviter la chaleur écrasante.
  • Argent liquide : indispensable pour s’arrêter dans les cafés ou petits commerces.
  • Nutrition : emporter suffisamment de solide et de liquide, car chaleur et humidité testent l’endurance.

Au-delà de ces conseils techniques, Hugo insiste sur l’accueil des habitants : « les locaux proposent de l’eau, parfois des gâteaux… il y a une vraie ferveur autour du vélo, probablement liée au Tour du Portugal. »

Le Portugal à vélo, vu par Hugo Gomes : entre racines, paysages et passion cycliste
Dans le nord du Portugal, les fontaines sont les meilleures alliées des cyclistes : l’eau y est fraîche, sûre et toujours au pied des montagnes.

Une anecdote qui résume l’esprit

Lors de son premier séjour cycliste à Cabaços, un membre de sa famille lui lance un défi : rallier le sanctuaire de São Bento en moins de deux heures, un trajet de 50 km avec 750 m de dénivelé. « Pour lui, c’était impossible. Pour moi, c’était une course », sourit Hugo. Résultat : 1h35, la rage au ventre et le sourire d’un coureur qui sait qu’il a transformé un défi en victoire intime.

C’est tout Hugo : compétitif, motivé, mais toujours attaché à ses racines et à ceux qui l’encouragent.

Le Portugal, un appel au voyage cycliste

Au-delà de sa propre histoire, Hugo encourage tous les cyclistes à oser l’expérience. « J’ai trop longtemps écouté ceux qui disaient que c’était dangereux. Mais en réalité, avec un peu de vigilance, c’est une terre magnifique, un terrain d’entraînement inégalable, une occasion unique de partager sa passion avec sa famille et de créer des souvenirs. »

Il conseille même un itinéraire symbolique : la « sortie café grand-mère », pour mêler vélo, gastronomie locale (pastel de nata, bolo de arroz, tosta mista…) et convivialité.

En un mot, il résume ce qu’est le Portugal à vélo : les paysages. « Je passe plus de temps à regarder les montagnes, la mer et le ciel qu’à fixer mon compteur. Et c’est peut-être ça, la vraie définition du plaisir de rouler. »

Le Portugal à vélo, vu par Hugo Gomes : entre racines, paysages et passion cycliste
Ici, il n’est pas rare de croiser les meilleurs du pays : Hugo a déjà même partagé la route avec Yuri Leitão, champion olympique sur piste à Paris.

Pour conclure

À travers le portrait d’Hugo Gomes, c’est toute une philosophie du cyclisme qui s’exprime : le vélo comme moteur d’épanouissement, le vélo comme lien social, le vélo comme ancrage familial et le vélo comme une invitation au voyage…

Le nord du Portugal, ses reliefs, ses routes pavées, sa chaleur et son hospitalité, devient sous sa plume un territoire idéal pour qui veut allier sport, découverte et émotion.

Alors, si vous préparez vos vacances, n’oubliez pas d’emmener votre vélo. Comme Hugo, vous découvrirez que le Portugal ne se traverse pas seulement en voiture ou en avion : il se vit, intensément, au rythme des coups de pédale…

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Jean-François Tatard

- 44 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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