Test du nouveau Campagnolo Super Record Wireless 2×13

Plus léger, moins cher que la version précédente et doté d’un pignon supplémentaire, le nouveau Campagnolo Super Record Wireless 2×13 est le premier groupe de transmission électronique sans fil à 13 vitesses pour vélo de route sur le marché. La marque italienne revient dans la course face aux géants Shimano et SRAM et s’impose non seulement comme une alternative plus que crédible en termes d’options et de performances, mais elle prend même l’avantage avec son nombre de pignons. Nous avons testé ce groupe de niveau WorldTour sur plusieurs centaines de kilomètres.

Par Guillaume Judas – Photos : ©3bikes.fr

Campagnolo reste une marque emblématique dans l’univers du cyclisme, après avoir été pendant près de cinquante ans la référence incontestée en matière de transmissions. Cependant, depuis trois décennies, l’entreprise de Vicenza cède des parts de marché au géant japonais Shimano, omniprésent sur tous les segments de vélos. La marque américaine SRAM gagne également du terrain depuis le milieu des années 2000, reléguant Campagnolo au rang de troisième acteur, parfois perçu comme inaccessible, trop cher ou trop luxueux, en partie en raison d’une fabrication quasi exclusivement européenne. Malgré cela, Campagnolo n’a jamais cessé d’innover, étant la première marque à introduire les transmissions à 10 vitesses en 2000, à 11 vitesses en 2008, à 12 vitesses en 2018, et à 13 vitesses en 2020 avec le groupe Ekar monoplateau dédié au gravel.

Avec le Super Record Wireless 2×13 présenté en juin, la marque s’impose encore une fois comme pionnière en offrant un groupe à double plateau avec 13 pignons, une nouveauté dans le segment route. Ce groupe ne se contente pas d’ajouter un pignon supplémentaire : il progresse en termes de performances, de légèreté et d’ergonomie, tout en corrigeant les critiques adressées à son prédécesseur, le Super Record Wireless 12 vitesses lancé en 2023.

Le Super Record 13 est dévoilé comme une plateforme entièrement repensée, servant de base à une nouvelle génération de groupes Campagnolo, avec des déclinaisons prévues pour le gravel et le contre-la-montre. À un prix de départ de 4 300 € (sans capteur de puissance) ou 5 399 € (avec capteur de puissance), il se positionne également comme plus abordable que son prédécesseur, tout en restant dans le segment premium face à ses concurrents Shimano Dura-Ace Di2 et SRAM Red AXS, en se présentant également comme un peu plus léger.

Légèreté, précision, efficacité

Dissipons d’emblée le suspense : ce nouveau groupe Super Record 2×13 fonctionne à la perfection, que ce soit au niveau du freinage, déjà reconnu comme très efficace sur la version précédente, ou des changements de vitesse, fluides, rapides et précis, même sous de fortes charges.

Le freinage hydraulique est puissant et modulable, tout en se montrant particulièrement fiable dans des conditions extrêmes, comme sous une forte pluie d’orage ou dans une descente rapide et raide. Le toucher au niveau du levier de frein est plus ferme que chez la concurrence, mais il offre un meilleur retour d’information pour doser la force à appliquer et éviter de bloquer la roue.

Les aficionados de Campagnolo ne seront pas dépaysés par la sensation tactile du « clic » mécanique du dérailleur arrière, caractéristique de la marque, un peu plus marqué que l’aspect parfois trop lisse des changements de vitesse Shimano.

En matière d’ergonomie, Campagnolo a réintroduit le levier au niveau du pouce, avec une forme de poignée légèrement affinée, à mi-chemin entre Shimano et SRAM. Le positionnement des mains est confortable et naturel, bien qu’une période d’adaptation puisse être nécessaire pour maîtriser le système de changement de vitesse ou l’utilisation du bouton supplémentaire situé sur le haut des poignées, vers l’intérieur.

Enfin, en plus d’être esthétiquement très réussi, avec des composants plus compacts que sur la version précédente, utilisant toujours des matériaux nobles comme le carbone et le titane, et communiquant sans fil avec les dérailleurs, ce nouveau Super Record 2×13 rivalise largement avec les groupes Dura-Ace et Red AXS en termes de poids. De quoi assembler des vélos à moins de 7 kg pour jouer les premiers rôles en WorldTour.

Récapitulatif des poids et des prix des composants du nouveau groupe Campagnolo Super Record 2×13

Transmission 2×13 : une nouvelle dimension

Le cœur du Super Record Wireless 2×13 réside dans sa cassette à 13 pignons, une première mondiale pour un groupe route à double plateau. Loin de se contenter d’ajouter un pignon, Campagnolo a optimisé l’étagement des rapports. La marque propose quatre options de cassette :

• 10-29 (avec des pignons de 10/11/12/13/14/15/16/17/18/20/23/26/29)
• 10-33 (avec des pignons de 10/11/12/13/14/15/16/18/20/23/26/29/33)
• 11-32 (avec des pignons de 11/12/13/14/15/16/17/18/20/23/26/29/32)
• 11-36 (avec des pignons de 11/12/13/14/15/16/18/20/23/26/29/32/36)

Ces options de cassette sont associées à sept options de combinaison de plateaux, une offre plus importante que la concurrence :

• 45-29
• 48-32
• 50-34
• 52-36
• 53-39
• 54-39
• 55-39

Pour simplifier la gestion des stocks pour les consommateurs et les revendeurs, Campagnolo livre les plateaux séparément des manivelles (disponibles en 165, 170, 172,5 et 175 mm). Un atout pour une personnalisation optimale.

Le pédalier en carbone, comme toujours chez Campagnolo, est léger, rigide, avec des roulements fluides et esthétiquement irréprochable, même si cela reste subjectif !

Comme Shimano ou SRAM, Campagnolo mise sur la polyvalence en augmentant le nombre de pignons pour élargir la plage de développements. Pour une pratique sportive sur terrain peu vallonné, la combinaison 50-34 avec une cassette 10-29 sur le vélo de test nous a conduits à ne jamais utiliser vraiment le petit plateau. Si nous avions pu bénéficier de plateaux en 53-39, comme ceux qu’on utilise habituellement, le pignon de 10 aurait été inutile avec la cassette départ 10, ou alors c’est le 32 qui n’aurait jamais servi avec la cassette en départ 11. Bref, il manque selon nous une cassette 10-25 ou une cassette 11-28 pour répondre à nos besoins, comme à ceux de nombreux compétiteurs ou triathlètes amateurs.

Précision importante : tous les pignons sont utilisables avec le grand plateau, avec une fluidité remarquable et sans bruit, mais sur le petit plateau, le pignon le plus petit est bloqué électroniquement.

À noter : la chaîne, les plateaux et les cassettes sont spécifiques au système 13 vitesses et non rétrocompatibles avec les composants 12 vitesses. Le groupe utilise le standard de corps de roue libre N3W, nécessitant des roues compatibles.

Une ergonomie en nette progression

Les leviers de freinage/changement de vitesse sont toujours emblématiques sur un groupe de transmission, car ils sont non seulement esthétiquement notables, mais ils jouent aussi un rôle important sur le confort et le contrôle ressentis en pédalant. Les poignées Ergopower de ce groupe ont été redessinées pour épouser l’asymétrie de la main, augmentant la surface de contact pour plus de confort lors des longues sorties ou lors des phases d’effort intense. Elles sont un peu moins massives que les modèles 12 vitesses.

L’un des changements les plus marquants sur ces manettes Super Record 2×13 est le retour du bouton au niveau du pouce sur la poignée, une caractéristique iconique des leviers Campagnolo absente sur le modèle 12 vitesses, ce qui avait déçu de nombreux puristes. Repositionné plus près du corps de la manette et moins proéminent, ce bouton offre une meilleure accessibilité, notamment avec les mains en bas du cintre. Derrière le levier de frein, aux courbes conçues pour offrir une bonne prise même avec les mains au cocottes, on trouve un autre levier configuré par défaut pour monter un ou plusieurs rapports sur la cassette, ou passer du petit au grand plateau.

Chaque manette dispose de trois boutons configurables via l’application MyCampy 3.0, pour personnaliser les changements de vitesse ou contrôler un compteur/GPS, grâce à un commutateur sur le haut et la face intérieure de la poignée. Cependant, avec deux utilisateurs différents (et deux systèmes d’exploitation), la connexion à l’application s’est parfois révélée laborieuse, rendant la personnalisation initiale compliquée. Mais précisons qu’une mise à jour récente a réglé le problème et nous a permis de rentrer un peu plus profondément dans toutes les fonctions de MyCampy.

En plus d’une ergonomie améliorée, ces nouvelles manettes progressent aussi au niveau de la finition, avec une zone évidée juste derrière le levier sous la poignée avec des arrêtes beaucoup plus douce pour l’index que sur la version précédente du Super Record.

Système sans fil et rapidité de changements de vitesse

À l’instar du SRAM Red AXS, le Super Record 2×13 est entièrement sans fil, avec une connexion Bluetooth et ANT+ pour une communication fluide entre les leviers Ergopower et les dérailleurs avant et arrière. Campagnolo annonce une rapidité de changements de vitesse améliorée de 47 % de haut en bas de la cassette et de 36 % de bas en haut par rapport au Super Record Wireless 12 vitesses. Dans les faits, le fonctionnement est à la fois franc et fluide, rapide et presque silencieux, en tout cas largement au niveau des références Dura-Ace et Red AXS. Les changements multi-pignons (MultiShift) sont particulièrement efficaces, bien que légèrement bruyants lorsqu’on passe rapidement d’un pignon à l’autre. Le système sans fil facilite également le montage du groupe et est épuré du point de vue esthétique.

Le dérailleur arrière bénéficie toujours pour sa construction de matériaux nobles comme le carbone et le titane, qui font depuis longtemps la réputation de Campagnolo. Il a été redessiné avec une architecture plus compacte et un positionnement optimisé sous la cassette. Il utilise deux galets de 14 dents avec des profils spécifiques pour minimiser la friction et optimiser la rétention de la chaîne. Le galet supérieur intègre des roulements céramiques. Il est compatible avec des pignons de 10 à 36 dents.

Le dérailleur avant, également repensé, est plus compact que celui du 12 vitesses, en offrant plus de dégagement pour le montage d’un pneu arrière jusqu’à 34 mm. Il gère des écarts de 16 dents entre les plateaux, tout comme le Shimano Dura-Ace, et intègre une fonction d’auto-alignement pour éviter les frottements de chaîne. Là aussi, le fonctionnement est parfait : même sous de fortes contraintes de pédalage, en relances ou dans une pente à fort pourcentage en appliquant beaucoup de force sur les pédales, les changements de plateau sont francs, rapides et hyper nets. Il nous a été impossible de mettre à défaut le système (et pourtant on a essayé !).

Les deux dérailleurs fonctionnent avec des batteries rechargeables sur le vélo ou non, car elles sont sont démontables. En revanche, elles ne sont pas interchangeables (brevet SRAM).

Une autonomie en retrait

Les dérailleurs avant et arrière utilisent des batteries distinctes et rechargeables via un câble USB-C magnétique. Une charge complète offre une autonomie de 750 km en moyenne, selon la marque, avec un temps de charge de 60 minutes (90 % en 45 minutes). C’est une autonomie un peu en retrait par rapport au SRAM Red AXS et assez nettement en retrait par rapport au Shimano Dura-Ace Di2, mais qui lui utilise encore des câbles entre la batterie principale et les deux dérailleurs. Dans les faits cependant, nous avons noté une autonomie réelle assez proche des 900 km pour le dérailleur arrière, et bien supérieure pour le dérailleur avant, peu utilisé en raison des braquets proposés sur le vélo de test.

L’autonomie dépend en fait des habitudes d’utilisation et de la région dans laquelle on roule. Dommage que le fait que les deux batteries ne soient pas interchangeables ne puisse pas aider en cas de panne sur la route. Entre système entièrement sans fil, rapidité des changements de vitesse, gain de poids et autonomie, il est difficile de tout avoir.

Quant aux leviers, ils sont alimentés par des piles CR2032, avec une durée de vie estimée de 18 à 24 mois. Des indicateurs LED sur les dérailleurs permettent de vérifier facilement l’état de la batterie.

Freinage puissant et modulable

Le Super Record 3×13 conserve les étriers de frein à disque hydrauliques de la génération précédente, avec des disques de 140 et 160 mm. Ces freins, déjà réputés pour leur puissance et leur progressivité, n’ont subi que des modifications cosmétiques.

Sur le terrain, leur puissance, leur progressivité et le toucher qu’ils offrent au niveau des leviers peuvent convaincre n’importe quel cycliste réfractaire à l’utilisation de freins à disque. S’y ajoute une absence quasi totale de bruit ou de frottement, que ce soit en freinant sous la pluie ou après un freinage très appuyé. Il s’agit là d’une vraie référence en la matière.

Un poids concurrentiel

Avec un poids de 2 439 g (sans capteur de puissance) en additionnant la masse annoncée de tous les composants, le Super Record 13 est le groupe double plateau le plus léger du marché.

Toutes vérifications faites, on arrive à 2 442 g (vérifiés) pour le Dura-Ace Di2 12 vitesses, et même 2 441 g pour l’introuvable FSA K-Force We 12 Disc ! Autrement dit, cette triplette joue dans la même cour que le SRAM Red AXS (à 2 461 g vérifiés). Les quelques grammes d’écart peuvent dépendre des options choisies (taille des plateaux, des manivelles, des disques, de la cassette ou même… longueur des durites de frein !).

Mais ce qu’il faut retenir, c’est que le nouveau Super Record atteint cette performance avec un treizième pignon, grâce à l’utilisation intensive de carbone, de titane et d’aluminium anodisé. Au niveau des matériaux, il ajoute même avec une finition “black chrome” sur la chaîne et la cassette pour réduire le bruit et améliorer la durabilité.

Bref, une vraie performance, surtout que le groupe s’affiche à un prix similaire à la concurrence, soit environ 900 € de moins que pour la version précédente en 12 vitesses. Et sans pour autant renier une fabrication quasi exclusive en Europe.

Une nouvelle référence 

Au-delà de son design et de sa finition qui rappellent ce que représente l’élégance à l’italienne, le Campagnolo Super Record Wireless 2×13 n’est pas parfait à tout point de vue, comme d’ailleurs ses deux principaux concurrents. L’exclusivité des composants 13 vitesses et le besoin d’un corps de roue libre N3W peuvent compliquer les mises à jour pour ceux qui veulent adopter le groupe. Parmi les nombreuses options de développements proposées, il manque encore une cassette avec un étagement très resserré, pour les régions les plus plates. De même, l’application MyCampy manque de fonctionnalités avancées pour la configuration et le diagnostic, et la connexion avec les composants n’est pas toujours fluide.

Cependant, le Campagnolo Super Record Wireless 2×13 est plutôt une réussite. Avec sa légèreté, sa rapidité de changement de vitesse, son ergonomie repensée et son esthétique soignée, il s’impose comme une option de choix pour les cyclistes exigeants, qu’ils soient compétiteurs ou passionnés. Pour les puristes de Campagnolo, le retour du levier de pouce est un argument de poids. Pour tous les autres, l’ajout d’un treizième pignon est aussi un élément à prendre en compte, surtout qu’il s’accompagne d’une diminution du poids global du groupe.

En attendant les déclinaisons gravel et contre-la-montre promises pour l’automne 2025, le Super Record 2×13 pose les bases d’une nouvelle ère pour Campagnolo, et s’impose comme une référence largement à la hauteur de ce que proposent Shimano et SRAM.

Contact : campagnolo.com

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