Ötztaler Radmarathon : le mythe du cyclosport alpin

Chaque année, les granfondos réunissent des milliers de passionnés à travers la France : la Marmotte, l’Ardéchoise ou encore la célèbre Étape du Tour sont des événements incontournables. Mais au-delà de nos frontières, d’autres granfondos, tout aussi mythiques, perdurent depuis des décennies et incarnent l’essence du cyclosport. Au cœur des Alpes autrichiennes, dans la vallée de l’Ötztal, se trouve Sölden, une station alpine prisée pour ses glaciers culminant à plus de 3 300 mètres et l’ouverture spectaculaire de la Coupe du monde de ski alpin chaque automne. L’été, Sölden devient le théâtre d’une légende du cyclisme : l’Ötztaler Radmarathon.

Par David Polveroni – Photos : soelden.com, DR

Pourquoi est-il si mythique ?

Créé en 1982, cet événement a débuté modestement avec une soixantaine de locaux défiant quatre cols (dont trois à plus de 2 000 m) sur une boucle de 225 km et 5 500 mètres de dénivelé, un véritable défi, l’essence même du cyclosport, qui se perd peu à peu aujourd’hui. Depuis, la course n’a cessé de grandir, attirant amateurs passionnés et professionnels aguerris, tous unis par la beauté et la difficulté des montagnes sur un parcours inchangé depuis sa création.

Si vous connaissez la Marmotte, sachez que l’Ötztaler propose un défi similaire en termes de dénivelé, mais avec 50 km et 500 m de dénivelé supplémentaires, soit 1h30 à 2h30 de vélo en plus selon votre niveau. Autant dire que détermination et entraînement sont indispensables pour venir à bout de ce parcours exigeant. Pour imager, c’est comme une boucle combinant l’Alpe d’Huez et le Galibier avant une arrivée à La Grave !

De nombreux grands noms du peloton ont foulé ces routes : Primož Roglič, triple vainqueur de la Vuelta, s’en est servi comme terrain d’entraînement en altitude ; Romain Bardet y a roulé en 2016 et 2020 pour préparer ses saisons. En 2017, Roman Kreuziger a remporté la version professionnelle, la « Pro Ötztaler 5500 », sur le même tracé, entouré d’un plateau WorldTour prestigieux incluant des coureurs comme Špilak ou Ciccone. Cette version pro n’a pas perduré pour des raisons financières.

Autre particularité rare pour une épreuve amateur : l’Ötztaler Radmarathon bénéficie d’une route privatisée et est retransmis en direct sur YouTube, offrant une immersion totale pour les participants et les fans du monde entier.

Ötztaler Radmarathon : le mythe du cyclosport alpin

Le parcours 2025, col par col

Le 31 août, à 6h45, Sölden s’éveillera au son des roues libres et du cliquetis des dérailleurs. La lumière du matin éclaire les glaciers, l’air est frais, et les coureurs s’élanceront depuis les 1 377 mètres d’altitude de la station.

Kühtai : le premier col (km 35)
Dès la sortie de Sölden, une descente rapide vers Oetz sert d’échauffement… mais aussi de piège : la vigilance est de mise dans ces premiers kilomètres où le peloton est dense. À Oetz (820 m), le premier col se dresse sans préavis : 18,5 km d’ascension avec 1 200 m de dénivelé et une pente moyenne de 5,5 %, mais des passages à 18 % dans les derniers kilomètres. Les premières rampes boisées laissent place à un panorama de lacs et d’alpages. Ici, il faut gérer son effort : c’est long, et il reste plus de 170 km à parcourir.

Au sommet (2 020 m), l’air est vif, et une descente rapide (avec des passages à 14 % où certains frôlent les 100 km/h) propulse les coureurs vers Kematen, à 600 m d’altitude.

Brennerpass : le faux-plat interminable (km 70 à 110)
À la sortie d’Innsbruck, le Brenner se présente. C’est l’antithèse du Kühtai : 36 km de montée régulière à 2-3 %, sur une large route nationale. Ce col « de train » favorise la formation de groupes roulant vite. On longe rivières et villages, et la frontière italienne se franchit presque sans s’en apercevoir. C’est ici qu’il faut manger et boire : le gros morceau du jour est encore à venir.

Passo Giovo : la claque (km 155 à 170)
À San Leonardo, après un replat trompeur, l’ascension reprend de plus belle : 15,5 km à 7,5 % de moyenne, avec des pointes à 12 %. La route s’élève en lacets serrés à travers la forêt, avant de s’ouvrir sur de vastes pâturages. L’effort est soutenu, le soleil tape souvent fort à cette heure, et chaque virage semble repousser le sommet. À 2 094 m, le col marque la fin de la troisième grosse ascension. Une courte pause visuelle sur les montagnes environnantes… puis place à la descente la plus technique du parcours : étroite, sinueuse, avec un bitume parfois imparfait (vive l’Italie !).

Timmelsjoch : le juge final (km 193 à 222)
C’est le col du mythe : 29 km, 1 759 m de dénivelé, une pente moyenne de 6 % mais avec plusieurs kilomètres au-dessus de 10 %. Après des premiers kilomètres roulants, la route plonge dans un décor minéral, quasi lunaire. Les virages en épingle s’enchaînent, la végétation disparaît, et l’oxygène se raréfie. Les passages à 14 % arrivent quand les jambes crient grâce. Les derniers kilomètres, exposés au vent, offrent une vue vertigineuse sur la vallée de l’Ötztal, tout en rappelant qu’une descente rapide vers Sölden reste à négocier.

Ötztaler Radmarathon : le mythe du cyclosport alpin

225 km, 5 500 m de dénivelé, quatre cols hors normes, et une arrivée dans une ambiance festive au cœur de la station. Pour beaucoup, terminer l’Ötztaler est une victoire personnelle ; d’autres viseront un chrono. Ce qui compte, c’est de boucler avec le sourire l’une des plus belles cyclosportives du monde !

Dans 18 jours, 4 000 participants relèveront ce défi. Pour vous inscrire à l’édition 2026, suivez les informations sur le site officiel ou les réseaux sociaux (Instagram, par exemple), où les inscriptions ouvrent généralement en décembre, suivies d’un tirage au sort en début d’année. En attendant, le 31 août, suivez la course en direct sur le site de l’épreuve : ICI

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David POLVERONI

  - 36 ans - Entraineur - Ambassadeur Factor et Castelli - Arpenteur de cols - Passionné de cyclisme - Plus de 30 victoires en Cyclosportives - Pigiste depuis 2018 - Pratique sportives actuelles : pur routier, gravel et dans le futur du VTTAE Strava : David Polveroni

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