Pistes cyclables : règles et sanctions pour cyclistes sportifs

L’utilisation des pistes cyclables pour les cyclistes sportifs en France : règlementation, obligations et sanctions

Avec l’essor du cyclisme sportif en France, que ce soit pour l’entraînement, le vélotaf ou les compétitions, l’utilisation des pistes cyclables soulève de nombreuses questions. Sont-elles obligatoires ? Quelles règles s’appliquent ? Quels risques encourent les cyclistes et les automobilistes en cas de non-respect des règles ? Explorons la réglementation en vigueur, les obligations des cyclistes sportifs et les sanctions potentielles.

Par Guillaume Judas – Photos : depositphotos.com

La réglementation des pistes cyclables en France

En France, le Code de la route définit une piste cyclable comme une chaussée exclusivement réservée aux cycles à deux ou trois roues et aux engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) pour les usagers de plus de 8 ans (article R110-2). Ces pistes doivent être physiquement séparées de la chaussée principale, par un terre-plein, une bordure ou un muret, contrairement aux bandes cyclables, qui sont simplement délimitées par un marquage au sol sur la chaussée.

Les pistes cyclables sont-elles obligatoires ?

Depuis le décret n° 98-828 du 14 septembre 1998, les pistes cyclables ne sont pas systématiquement obligatoires pour les cyclistes en France. Elles sont généralement conseillées, sauf dans des cas spécifiques où leur usage est imposé par l’autorité compétente (mairie ou préfet) via une signalisation particulière.

Panneau d’obligation : un panneau rond bleu avec un vélo blanc (B22a) indique que l’utilisation de la piste cyclable est obligatoire. Ce panneau peut être complété par un panonceau autorisant, par exemple, les cyclomoteurs ou les trottinettes électriques.

Panneau de recommandation : un panneau carré bleu avec un vélo blanc (C113) indique que la piste est conseillée mais non obligatoire.

Quel pourcentage de pistes cyclables sont obligatoires ?

Il n’existe pas de statistiques nationales précises indiquant le pourcentage exact de pistes cyclables obligatoires en France, car cela dépend des décisions locales prises par les autorités compétentes. Cependant, les pistes obligatoires sont rares et généralement limitées à des zones spécifiques, comme les routes à forte circulation (vitesse supérieure à 50 km/h) ou les zones dangereuses (par exemple, près de ronds-points ou d’intersections complexes). La majorité des pistes cyclables, notamment en milieu urbain, sont signalées par des panneaux carrés (C113), donc non obligatoires. On peut estimer, de manière informelle, que moins de 10 % des pistes cyclables en France sont obligatoires, mais ce chiffre varie selon les régions et les infrastructures locales.

Pourquoi les cyclistes sportifs évitent parfois les pistes cyclables ?

Les cyclistes sportifs, souvent équipés de vélos de course et roulant à des vitesses élevées (parfois supérieures à 30 km/h), peuvent préférer la chaussée pour plusieurs raisons :

  • État de la piste : revêtement dégradé, gravillons, ou obstacles (poubelles, piétons, stationnements illégaux) rendant la piste impraticable.
  • Vitesse et fluidité : les pistes cyclables, souvent fréquentées par des cyclistes plus lents ou des EDPM, peuvent gêner les cyclistes sportifs qui cherchent à maintenir un rythme soutenu.
  • Sécurité : certaines pistes, mal conçues ou mal entretenues, présentent des risques (abaissements de trottoirs, sorties de chantiers, refus de priorité).

Dans ces cas, les cyclistes sportifs ont le droit de rouler sur la chaussée, sauf si un panneau rond B22a impose l’utilisation de la piste.

certains aménagements (trottoirs, pavés, renfoncements…) ne sont pas adaptés pour les cyclistes sportifs.

Règles à respecter sur les pistes cyclables

Lorsqu’un cycliste emprunte une piste cyclable, qu’elle soit obligatoire ou non, il doit respecter plusieurs règles du Code de la route :

  • Équipement obligatoire : le vélo doit être équipé de freins fonctionnels, d’un avertisseur sonore, et de feux avant et arrière pour rouler de nuit. Le port du casque est obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans et fortement recommandé pour les autres.
  • Respect de la signalisation : les cyclistes doivent se conformer aux feux tricolores, panneaux de priorité, et marquages au sol (par exemple, sens de circulation indiqué).
  • Priorité aux piétons : sur les pistes cyclables, les piétons peuvent être autorisés à circuler en l’absence de trottoir, mais les cyclistes ont la priorité, sauf dans les zones de rencontre ou les aires piétonnes où ils doivent rouler au pas (6 km/h).
  • Sens de circulation : les cyclistes doivent respecter le sens indiqué sur les pistes unidirectionnelles. Rouler à contresens est interdit et dangereux. Sur les pistes bidirectionnelles, signalées spécifiquement, la circulation dans les deux sens est autorisée.

Limites de vitesse pour les cyclistes

Le Code de la route ne fixe pas de limite de vitesse spécifique pour les cyclistes sur les pistes cyclables, contrairement aux EDPM (trottinettes électriques, par exemple), limités à 25 km/h. Cependant, les cyclistes doivent adapter leur vitesse aux conditions de circulation et à la signalisation générale :

  • En ville : 50 km/h maximum, sauf dans les zones 30 (30 km/h) ou les zones de rencontre (20 km/h).
  • Voies vertes : aucune limitation explicite, mais les cyclistes doivent ajuster leur vitesse pour ne pas gêner les piétons ou autres usagers.

Pour les cyclistes sportifs, il est donc crucial de modérer leur vitesse sur les pistes partagées ou dans les zones à forte densité d’usagers pour éviter les collisions.

Sanctions pour les cyclistes

a) Si la piste cyclable est obligatoire

Si un cycliste n’emprunte pas une piste cyclable signalée par un panneau rond B22a, il s’expose à une contravention de 2e classe (article R431-9 du Code de la route), soit une amende forfaitaire de 35 €. Cette sanction reste relativement légère, mais elle peut être appliquée si les autorités constatent l’infraction.

b) Si la piste cyclable n’est pas obligatoire

Si la piste est simplement conseillée (panneau carré C113), le cycliste est libre de rouler sur la chaussée sans risque de sanction, car il est considéré comme un usager légitime de la voie publique. Cependant, il doit respecter les règles générales du Code de la route, comme rester à droite, signaler ses changements de direction, et respecter les priorités.

Risques pour les automobilistes

Les automobilistes qui adoptent un comportement dangereux envers les cyclistes, qu’ils soient sur une piste cyclable ou sur la chaussée, s’exposent à des sanctions sévères. Voici les principales infractions et leurs conséquences :

  • Heurter un cycliste : en cas de collision volontaire ou par négligence, l’automobiliste peut être poursuivi pour blessures involontaires (si le cycliste est blessé) ou homicide involontaire (en cas de décès), avec des peines pouvant inclure jusqu’à 7 ans de prison et 100 000 € d’amende en cas d’aggravation (par exemple, conduite en état d’ivresse) (articles 221-6 et 222-19 du Code pénal). Même sans blessure, une collision intentionnelle peut être qualifiée de violence volontaire, passible de sanctions pénales.
  • Menacer un cycliste : toute menace verbale ou physique (par exemple, intimider un cycliste pour qu’il emprunte une piste non obligatoire) peut être considérée comme une menace de violence (article 222-17 du Code pénal), punie d’une amende pouvant aller jusqu’à 7 500 € et d’une peine d’emprisonnement en cas de menace grave.
  • Dépassement dangereux : le Code de la route impose une distance minimale de 1 m en ville et 1,5 m hors agglomération lors du dépassement d’un cycliste (article R412-19). Un dépassement trop rapproché ou à une vitesse excessive est une infraction de 4e classe, punie par une amende de 135 € et un possible retrait de 3 points sur le permis de conduire. En cas de mise en danger délibérée, l’automobiliste risque une suspension de permis et des poursuites pour mise en danger d’autrui (article 223-1 du Code pénal), avec une peine pouvant aller jusqu’à 1 an de prison et 15 000 € d’amende.
  • Stationnement ou circulation sur une piste cyclable : les automobilistes qui stationnent ou circulent sur une piste cyclable commettent une infraction de 4e classe, punie par une amende de 135 € (minorée à 90 € si payée rapidement) et, dans le cas d’un stationnement gênant, un retrait de 3 points sur le permis.
Menacer ou heurter un cycliste (surtout si c’est volontaire) peut conduire à de très graves sanctions.

Conseils pour une cohabitation harmonieuse

Pour les cyclistes sportifs :

  • Vérifiez la signalisation pour savoir si la piste est obligatoire.
  • Adaptez votre vitesse sur les pistes partagées, surtout en présence de piétons ou d’autres cyclistes.
  • Signalez vos intentions (changements de direction, dépassements) pour éviter les accidents.

Pour les automobilistes :

  • Respectez les distances de sécurité lors des dépassements.
  • Soyez patients face aux cyclistes sur la chaussée, car ils ont le droit d’y circuler.
  • Évitez tout comportement agressif, qui peut avoir des conséquences juridiques graves.

En France, les pistes cyclables offrent une alternative sécurisée pour les cyclistes, mais elles ne sont obligatoires que dans de rares cas, signalés par un panneau rond B22a. Les cyclistes sportifs, souvent à la recherche de vitesse et de fluidité, peuvent préférer la chaussée pour des raisons pratiques ou de sécurité, ce qui est leur droit sauf disposition contraire. Les sanctions pour non-respect d’une piste obligatoire restent modérées (35 €), mais les automobilistes qui menacent, heurtent ou dépassent dangereusement un cycliste s’exposent à des amendes, retraits de points, voire des peines de prison.

Une meilleure connaissance des règles et un respect mutuel entre cyclistes et automobilistes sont essentiels pour assurer une cohabitation apaisée sur la route.

Sources :

Code de la route, articles R110-2, R431-9, R412-19, R415-3, R415-4
Sécurité Routière : www.securite-routiere.gouv.fr
Lepermislibre : www.lepermislibre.fr
Lesbicycleurs : www.lesbicycleurs.com
Drivecase : www.drivecase.fr
Franceinfo : www.franceinfo.fr
CommeUnVelo : www.commeunvelo.com

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Guillaume Judas

  - 54 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

2 commentaires sur “Pistes cyclables : règles et sanctions pour cyclistes sportifs

  1. Bonjour Guillaume,
    Merci pour votre article sur les pistes cyclables. Sur les cyclistes sportifs qui évitent les pistes cyclables ou les voies ou surlargeurs cyclables, votre article me chagrine.
    Ces mêmes cyclistes, sans se rendre compte, irritent certains automobilistes à la nervosité à fleur de peaux. Ces mêmes conducteurs ne comprennent pas qu’ils n’utilisent pas ces voies dédiées aux deux roues en les gênants.
    Ces sportifs, généralement ne marquent pas les feux de travaux, de certains feux tricolores en agglomération. Ils sprintent à 4 ou 5 de front, sans se préoccuper des véhicules derrière eux, alors que cela est interdit à plus de deux. Dans les descentes de cols plus ou moins important, avec une ligne médiane ou avec une chaussée étroite, ils coupent les virages empiétant sur la partie voie inverse de leur sens de circulation. Pour maintenir un rythme soutenu, il faut adapter son parcours pour établir un record personnel, Strava permet cette possibilité sauf erreur de ma part.
    Dans le cas de non-obligation, pour les réfractaires, à quoi servent ces aménagements cyclables ? Vous mentionnez que moins de 10 % en France sont obligatoire, cela me révolte. En les rendant obligatoire, certainement que le nombre de décès et de blessés diminueraient.
    En cas d’accident, que vous ne citez pas, il y a un paramètre important voir capital, c’est le verdict de l’expert ou d’un assureur expérimenté. Des termes comme recommandés, souhaités signifient ‘‘obligatoire’’ pour déterminer la cause de l’accident.
    Je suis licencié dans 2 clubs différents dont un depuis 18 ans. Je pratique le vélo de route depuis 48 ans, compétition en loisirs depuis ma retraite. Je totalise entre 10 000 et 12 000 km annuellement. j’estime avoir une certaine expérience en la matière.

    1. Bonjour,
      Vous semblez mélanger beaucoup de choses, et notamment plusieurs griefs que vous avez contre les cyclistes sportifs, et qui n’ont rien à voir avec l’obligation ou non des pistes cyclables.
      Concernant ces dernières, elles ne sont la plupart du temps pas du tout adaptées à une pratique sportive, c’est-à-dire à une vitesse supérieure à 20 ou 25 km/h. Beaucoup de ces pistes ne sont pas entretenues depuis des années, avec des trous, des graviers, des rétrécissements, des herbes qui débordent des bas-côtés. Beaucoup d’automobilistes ne les respectent pas, en se garant dessus aussi. Alors non, Strava ne permet pas de choisir des parcours toujours parfaitement adaptés à une pratique sportive quand on habite en ville ou dans une zone à forte densité de population ou de circulation. Rendre toutes les pistes obligatoires ne provoqueraient pas moins d’accidents, au contraire. Il est démontré que plus il y a de cyclistes sur la route, plus les automobilistes sont prudents. Obliger l’utilisation des pistes cyclables donneraient à des chauffards un prétexte pour raser les cyclistes sur les routes où il n’y a pas de pistes. On a déjà vu ça : « tu n’as rien à faire sur cette route, prends une piste », alors même que la piste la plus proche est en terre battue…
      Les aménagements cyclables sont pour les promeneurs, les enfants, les piétons, les trottinettes, et sûrement pas adaptés à un cycliste qui roule à 30 km/h, une vitesse d’ailleurs limitée dans beaucoup de communes désormais.
      Quant à votre exemple sur l’assurance, désolé, ça ne marche pas. Une non-obligation veut bien dire ce que ça veut dire. Tout comme il n’est pas obligatoire pour un automobiliste de prendre une voie réservée (voie rapide ou autoroute), un cycliste n’est pas obligé selon le code de la route de prendre une voie non obligatoire. Par contre, en cas d’accident, si l’automobiliste a doublé de trop près le cycliste, quelles que soient les circonstances, il est responsable.

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