Tour de France 2025 : le jus de cerise, boisson tendance ou effet placebo ?

Ce n’est plus une anecdote : sur le Tour de France 2025, les petits packs rouges ou bleus à la cerise se distribuent à l’arrivée comme les bidons un jour d’échappée. Jus de cerise acide, concentré de Montmorency, breuvage miracle… Appelez-le comme vous voulez : tous les coureurs y passent. Et si certains grimacent à la première gorgée, personne ne s’en passe. Mais alors, simple mimétisme de peloton ou vraie utilité ? On a enquêté.

 

Par Jeff TATARD – Photos : depositphotos.com, Instagram alpecindeceuninck

Pas une révolution, mais une (bonne) solution

Ce n’est pas le premier super-aliment à séduire le peloton, et ce ne sera sûrement pas le dernier. Mais celui-ci coche plusieurs cases : c’est naturel, facile à intégrer dans une routine de récupération, et — surtout — ça fait pro. De quoi séduire les staffs autant que les coureurs. On l’a vu sur toutes les arrivées de montagne : EF, UAE, Visma, Ineos… pas une équipe WorldTour qui ne dégoupille pas sa fiole de jus de cerise avant de filer sur les home-trainers pour aller faire évacuer l’acide lactique.

Pour José Lopez, coach de performance et préparateur physique réputé, “le jus de cerise acide est un parfait outil de récupération, mais pas une baguette magique. Ce qu’il apporte, c’est un cumul d’effets discrets : moins d’inflammation, un peu plus de glycogène rechargé, un meilleur sommeil. Rien de spectaculaire en soi, mais c’est ce genre de détails qui, multipliés, comptent à la 3e semaine d’un Grand Tour.

Tour de France 2025 : le jus de cerise, boisson tendance ou effet placebo ?

Jus de cerise : ce que dit vraiment la science

Derrière la hype, il y a en effet des données solides mais nuancées. Des polyphénols aux propriétés anti‑inflammatoires, des antioxydants qui limiteraient les micro-lésions musculaires, de la mélatonine pour réguler le sommeil, et un apport glucidique non négligeable en phase post‑effort (jusqu’à 35 g de glucides pour 250 ml).

Mais là encore, pas d’effet super-pouvoir : tout est question de contexte, de dosage, de timing. Et surtout, de récupération — car c’est bien là que ce jus joue sa partition, pas sur la performance directe, contrairement à des suppléments comme le nitrate ou la caféine.

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Le jus de cerise, nouvelle boisson miracle ?

Mode ou mimétisme ?

Si tout le monde le boit, c’est aussi parce que tout le monde le voit. Le peloton adore ça : observer, copier, affiner. Comme le dit JC Savignoni, ancien champion d’Europe de VTT, aujourd’hui consultant sur le Tour et directeur du Gravel Festival, qui servira de championnat de France cette année :

On a tous vu des modes passer. Mais celle‑ci a l’intelligence d’être basée sur des effets concrets, discrets mais prouvés. Et quand une équipe gagne en l’utilisant, la moitié du peloton s’y met. Ce n’est pas une potion magique, mais ça devient une norme de récupération, comme les chaussettes de compression ou les bottes à air.

Le prix du détail

L’autre effet secondaire, c’est… le tarif. Les versions utilisées dans le peloton ne sont pas celles des rayons grand public. On parle de jus concentré, dosé au millilitre près, parfois additionné de L‑théanine ou de mélatonine selon les gammes. Comptez entre 15 et 30 € le litre, soit une dizaine d’euros la dose post‑étape. Autant dire que ça reste un produit “élite” — pour l’instant.

Mais là encore, ce n’est pas nouveau dans le cyclisme, où la moindre chaussette aérodynamique est facturée à prix d’or et où la récupération est devenue un champ de bataille à part entière.

Ce qu’on en retient

• Oui, le jus de cerise acide a un effet réel sur la récupération, surtout via ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes.

• Non, ce n’est pas révolutionnaire, mais ça coche toutes les cases du gain marginal.

• Oui, son adoption généralisée vient autant de la science que du conformisme du peloton.

• Non, ce n’est pas un remède miracle. Mais dans un sport où chaque détail compte, c’est une cartouche de plus dans l’arsenal du coureur moderne.

José Lopez conclut : “C’est un outil, pas une solution. Mais bien utilisé, il permet d’enchaîner plus fort. Et à ce niveau-là, c’est ce qu’on cherche.

Bref, pour 3bikes.fr reste à savoir si cette mode passera ou s’inscrira dans la durée. Mais une chose est sûre : tant qu’on le boit en grimaçant, c’est probablement que ça fait du bien…

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Guillaume Judas

  - 54 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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