Partager la publication "Le cyclisme : un sport marqué par les inegalités"
Le cyclisme est souvent perçu comme un sport où l’entraînement et la détermination suffisent pour briller. Pourtant, la réalité est plus complexe. Entre génétique, environnement socio-économique et pratique sportive dès l’enfance, les chances de succès varient considérablement avant même le départ. Voici les principaux facteurs expliquant ces disparités.
Par Guillaume Judas – Photos : depositphotos.com
Des différences de performance dès le départ
En cyclisme, les écarts de performance sont évidents, que ce soit sur une course d’un jour, une étape ou un effort court. Si la plupart des cyclistes expérimentés peuvent parcourir 200 km à leur rythme, maintenir une vitesse de 50 km/h sur un kilomètre est une tout autre épreuve, réservée à une minorité. Ces différences ne s’expliquent pas uniquement par l’entraînement.
Le poids de la génétique
Le VO2max, indicateur de la capacité maximale à consommer de l’oxygène pendant un effort intense (exprimé en ml/kg/min), est un facteur clé de performance aérobie. Déterminé en partie par l’hérédité, il varie d’un individu à l’autre.
Par exemple, Mathieu van der Poel, fils d’Adrie van der Poel et petit-fils de Raymond Poulidor, bénéficie probablement d’un VO2max exceptionnel, favorisé par son bagage génétique.
Un entraînement optimal peut améliorer le VO2max de 20 à 30 %. Une personne sédentaire avec un VO2max de 40–45 ml/kg/min peut atteindre 50–60 ml/kg/min avec de l’assiduité, notamment à la fin de l’adolescence, période clé pour son développement. Cependant, les champions des courses à étapes affichent souvent un VO2max supérieur à 90 ml/kg/min, les coureurs élites autour de 80, et les meilleurs amateurs entre 60 et 70. Avec un VO2max de 60, il est difficile de rivaliser au plus haut niveau.
Des études, notamment sur des souris, suggèrent que la motivation à s’entraîner pourrait également être influencée par la génétique, renforçant les écarts dès le départ.
L’influence de l’environnement et de l’enfance
L’épigénétique, qui module l’expression des gènes, joue un rôle important. Des parents actifs peuvent transmettre des prédispositions favorables au sport. De plus, une pratique sportive précoce, pendant l’enfance, développe des compétences techniques, la tolérance à l’effort et la confiance en soi.
Les enfants ayant accès à des activités comme le cyclisme, la natation ou l’athlétisme acquièrent un avantage durable. Par exemple, Remco Evenepoel, passé du football au cyclisme à 17 ans, a capitalisé sur ses qualités athlétiques développées jeune.
L’alimentation pendant l’enfance est également cruciale. Les habitudes alimentaires et le surpoids précoce peuvent limiter les performances à l’âge adulte en influençant la composition corporelle.
Les facteurs socio-économiques
L’environnement socio-économique conditionne l’accès au sport. Les activités sportives coûteuses, comme le cyclisme, nécessitent des moyens financiers, notamment pour du matériel performant. Un vélo haut de gamme, pouvant coûter 6 000 à 7 000 €, offre un avantage significatif, creusant l’écart dès les catégories jeunes.
À l’âge adulte, les contraintes professionnelles (métiers physiques, horaires irréguliers) et familiales réduisent le temps et l’énergie disponibles pour l’entraînement, limitant les chances de performer en compétition amateur.
Repenser la pratique du cyclisme
Face à ces inégalités, la quête de performance peut s’avérer frustrante, surtout avec l’âge. Une alternative est de privilégier le cyclisme loisir, axé sur le plaisir et la santé. Une pratique régulière améliore la santé cardiovasculaire, le bien-être mental et limite la prise de poids, tout en offrant des moments de convivialité.
L’essor des épreuves d’ultra-distance, sur route ou en gravel, met en avant des qualités comme la gestion de l’effort et l’endurance, plutôt que la puissance brute. Ces formats permettent à chacun de trouver des objectifs adaptés à ses capacités.
Plutôt que de viser des performances inaccessibles, vous pouvez vous tourner vers une pratique axée sur le plaisir, la santé et la découverte. La vraie victoire réside dans une pratique régulière et adaptée, à tout âge.
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