Partager la publication "Acclimatation à la chaleur : que vaut vraiment l’indicateur Garmin ?"
Chaque année, le scénario se répète : les premières grosses chaleurs arrivent, et malgré un entraînement solide, les sensations sont mauvaises. On plafonne plus vite, on transpire abondamment, et les watts sont plus difficiles à sortir. Ce phénomène bien connu des cyclistes s’appelle l’acclimatation à la chaleur. Mais depuis quelques années, les GPS Garmin affichent une indication d’acclimatation à la chaleur. Une donnée intrigante : est-elle fiable ? À quoi correspond-elle ? Et surtout, combien de temps faut-il réellement pour que notre corps s’adapte à la chaleur ?
Par Jeff Tatard – Photos : depositphotos.com, DR
Pour y voir plus clair, nous avons échangé avec José Lopez, coach reconnu et expérimenté, qui suit de nombreux athlètes amateurs et professionnels. Son analyse nuance les certitudes technologiques.
Une donnée intégrée dans l’écosystème Garmin
L’indicateur d’acclimatation à la chaleur est proposé par les GPS Garmin compatibles avec la plateforme Firstbeat. Pour fonctionner, il faut réunir plusieurs critères :
- Des sorties en extérieur, avec mesure de la température ambiante via le GPS.
- Une température supérieure à 22 °C pendant l’activité.
- Le port d’un cardiofréquencemètre, et idéalement un capteur de puissance.
Sur cette base, Garmin affiche un taux d’acclimatation censé refléter votre capacité actuelle à encaisser la chaleur.
Mais José Lopez tempère : « Ce que mesure Garmin, ce n’est pas une adaptation physiologique profonde, c’est votre exposition récente à la chaleur. C’est une bonne indication de contexte, mais ce n’est pas un verdict de forme. »
Combien de temps faut-il vraiment pour s’acclimater ?
Selon la littérature scientifique, l’acclimatation complète à la chaleur nécessite environ 7 à 14 jours d’exposition régulière. Mais il faut des efforts bien ciblés, réalisés dans la chaleur, à une intensité suffisante pour générer du stress thermique. José précise : « La première sortie sous 30 °C, même bien entraîné, est toujours difficile. Il faut environ une semaine pour que le corps commence à réagir : fréquence cardiaque plus stable, sudation plus efficace, moins de surchauffe. »
Physiologiquement, l’adaptation passe par :
- Une augmentation du volume plasmatique, qui améliore le transport de chaleur.
- Une sudation plus rapide et moins salée, donc plus efficace.
- Une fréquence cardiaque abaissée à intensité équivalente.
- Une perception de l’effort qui s’adoucit progressivement.
C’est pourquoi on observe souvent une grosse difficulté à la première chaleur, un peu moins à la seconde, et une amélioration nette après plusieurs expositions rapprochées.
Ce que dit (et ne dit pas) Garmin
Garmin ne mesure pas directement cette adaptation physiologique, mais se base sur ton historique d’entraînement par temps chaud. Plus vous roulez sous des températures élevées, plus votre score grimpe. Si vous restez au frais quelques jours, il chute. José Lopez résume : « Ce n’est pas une mesure de votre potentiel, mais une indication utile pour adapter votre entraînement du moment. Si votre taux est bas, inutile d’aller chercher des intensités élevées, vous risquez de vous griller. »
Un outil pertinent, mais à manier avec discernement
En pratique, cet indicateur peut être un outil d’aide à la décision :
- Si votre score est bas, restez modeste sur les intensités.
- Si vous préparez une course estivale, exposez-vous progressivement à la chaleur 10 à 15 jours avant.
- Surveillez vos sensations, votre fréquence cardiaque et votre récupération.
Garmin peut aussi vous encourager à varier les moments de sortie : « Un entraînement par 28 °C vaut parfois plus qu’un bloc de seuil sous 20 °C quand on prépare une course caniculaire », insiste José.
En conclusion
L’indicateur d’acclimatation à la chaleur proposé par Garmin ne remplace pas l’expérience, mais il peut l’enrichir. Il permet de mettre en contexte une séance, de moduler l’intensité, ou de valider une phase d’adaptation thermique.
Mais comme toujours, c’est l’athlète qui reste au centre du jeu : « Vous pouvez être à 100 % sur Garmin et pourtant exploser sur la route si vous oubliez l’essentiel : boire, écouter votre corps, gérer votre effort. »
Un outil, pas une vérité absolue — mais une vraie piste pour s’entraîner plus intelligemment quand le thermomètre grimpe.
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