Pourquoi votre nez coule quand vous faites du vélo ?

Rhinite induite par l’effort : quand votre corps pédale… et votre nez aussi

Si vous avez déjà eu l’impression de devoir sortir avec un rouleau de Sopalin pour une simple sortie vélo, rassurez-vous : vous n’êtes pas seul. Ce phénomène, que les scientifiques appellent rhinite induite par l’exercice, concerne de très nombreux cyclistes, qu’ils soient pros ou amateurs. On a posé la question autour de nous à quelques habitués de la route, et les réponses sont aussi parlantes… que parfois légèrement mouillées.

 

Par Jeff Tatard – Photos : depositphotos.com, DR

Une réaction tout à fait normale

Dès les premières minutes d’un effort soutenu, notamment à vélo, la respiration s’accélère et devient plus profonde : c’est ce qu’on appelle l’hyperventilation. Ce phénomène est tout à fait naturel, puisqu’il permet d’oxygéner le corps en réponse à la demande accrue d’énergie. Mais cette hyperventilation a un effet secondaire assez inattendu : elle assèche rapidement la muqueuse nasale.

En réaction, notre organisme se met à produire davantage de mucus pour compenser cette sécheresse, maintenir une certaine humidité et protéger les voies respiratoires. “C’est comme si mon nez activait un système d’arrosage automatique dès que je dépasse les 25 km/h”, plaisante Titi, qui roule toute l’année, par tous les temps.

L’air froid et sec, déclencheur principal

La situation s’aggrave évidemment lorsque les conditions météo ne sont pas favorables. En hiver, ou simplement lorsqu’il fait frais et sec, l’air inspiré est particulièrement agressif pour les muqueuses. Résultat : une véritable cascade nasale peut s’installer dès les premiers kilomètres.

Fred, cycliste assidu, résume bien la chose : “Dès qu’il fait en dessous de 8 °C, je sais que je vais passer la sortie à renifler. C’est comme si mon nez refusait catégoriquement le moindre courant d’air.” Ce n’est pas une exagération : les muqueuses réagissent à l’air sec en surproduisant du liquide, un peu comme un système d’auto-nettoyage… parfois un peu trop enthousiaste.

Pas une allergie, mais bien une réaction physiologique

Contrairement à la rhinite allergique (qui s’accompagne souvent d’éternuements, de démangeaisons ou d’yeux qui pleurent), la rhinite induite par l’exercice ne s’accompagne généralement que d’un écoulement nasal clair et fluide. Elle cesse peu après la fin de l’effort, et n’a rien de pathologique.

Titi, qui s’entraîne en club depuis plusieurs années, l’a longtemps confondue avec une forme d’allergie saisonnière. “Je croyais être allergique à la nature… jusqu’à ce que je me rende compte que ça m’arrivait aussi sur home-trainer !”, raconte-t-il en riant.

Pourquoi votre nez coule quand vous faites du vélo ?
Dans les sous-bois de la forêt de L’Isle-Adam, Titi déroule son coup de pédale… et parfois aussi son nez !

 

Des astuces pour limiter le problème

Alors, que faire ? On a demandé au Docteur Laurent Aumont, médecin du sport à l’IMS PREFONTAINE à Saint Germain en Laye. Quelques stratégies simples peuvent aider à réduire cet effet secondaire peu glamour :

  1. S’échauffer progressivement, pour laisser à la muqueuse le temps de s’adapter à l’effort.
  2. Porter un tour de cou ou un buff léger sur le nez, pour réchauffer et humidifier un peu l’air inspiré.
  3. Boire régulièrement, car une bonne hydratation favorise une meilleure régulation du mucus.
  4. Et surtout : éviter les décongestionnants en automédication, qui peuvent aggraver le problème à long terme.

Olavo, notre ami cycliste portugais, qui ne jure que par les longues sorties en montagne, a trouvé sa solution : “Depuis que je mets un buff même au printemps, j’ai carrément diminué mes pauses-mouchoirs. Et en prime, j’ai l’air plus rapide, même quand je ne le suis pas.”

Pourquoi votre nez coule quand vous faites du vélo ?
Buff relevé, regard fixé sur les lacets de la Serra d’Arga : Olavo grimpe version portugaise, sans pause-mouchoir et tout en maîtrise.

Même les pros y passent

Dans les pelotons pros, le phénomène est bien connu. Il n’est pas rare de voir des coureurs effectuer, en pleine ascension, un petit “jet latéral” discret mais efficace. Ce geste, baptisé snot rocket par les anglophones, fait partie du kit de survie du cycliste expérimenté.

Pourquoi votre nez coule quand vous faites du vélo ?
Ce geste, baptisé snot rocket par les anglophones, fait partie du kit de survie du cycliste expérimenté.

Alors non, vous n’êtes pas bizarre si votre nez décide de faire sa vie pendant vos sorties. C’est juste une réaction intelligente — mais un peu trop démonstrative — de votre corps face à l’effort. En attendant la prochaine montée, on vous conseille de garder un mouchoir à portée de main… ou d’adopter la technique de Cédric : le buff, le style et la paix du nez.

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Jean-François Tatard

- 44 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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