Pourquoi désactiver le mode ERG sur home-trainer

Le mode ERG, largement utilisé sur les home-trainers connectés, promet de simplifier vos entraînements en contrôlant automatiquement la résistance pour maintenir une puissance cible. Mais en réalité, ce mode pourrait vous limiter, non seulement dans vos séances, mais aussi dans votre développement global en tant que bon cycliste. Voici pourquoi il est temps de repenser son utilisation et d’adopter une approche plus intuitive et performante si vous avez l’habitude de vous entrainer sur home-trainer.

Par Guillaume Judas – Photos : zwift.com, xplova

Rappel : qu’est-ce que le mode ERG

Le mode ERG est une fonctionnalité disponible sur certains home-trainers intelligents, utilisée pour contrôler automatiquement la résistance de l’appareil lors d’un entraînement en intérieur. En mode ERG, le home-trainer ajuste la résistance en temps réel pour maintenir une puissance prédéfinie (en watts) que vous devez produire, quelles que soient la cadence de pédalage ou la vitesse.

Ce mode est souvent utilisé dans des entraînements structurés, comme ceux proposés par des plateformes telles que Zwift, TrainerRoad ou Garmin Connect, où des intervalles spécifiques sont programmés (par exemple, maintenir 200 watts pendant 5 minutes).

Comment ça fonctionne ? Le cycliste (ou le programme d’entraînement) définit une puissance à atteindre et à maintenir. Si la cadence diminue, le home-trainer augmente la résistance pour maintenir la puissance cible, et inversement si la cadence augmente. Contrairement aux modes SIM (simulation de parcours) ou « pente » (qui simule un pourcentage de montée), le mode ERG se concentre uniquement sur la puissance, rendant la sensation de pédalage constante, même si le terrain virtuel change.

Ce mode ERG présente comme principal avantage de vous permettre de calibrer exactement vos séances d’entrainement, avec une résistance toujours constante, que ce soit pendant les phases d’effort ou pendant les phases de contre-exercice (récupération en maintenant une puissance cible).

Gérer son rythme : une compétence essentielle étouffée par le mode ERG 

L’un des piliers de la performance en cyclisme, ou dans tout sport d’endurance, est la capacité à gérer son rythme. Cette compétence ne se résume pas à maintenir une puissance constante, mais à savoir écouter son corps, ajuster ses efforts et réagir aux imprévus. Le mode ERG, en automatisant la résistance, vous déconnecte de cette réalité.

En mode ERG, il suffit de pédaler : le home-trainer ajuste la difficulté pour vous maintenir à la puissance cible. Résultat ? Vous perdez le contact avec la sensation réelle de l’effort. Vous ne développez pas votre capacité à évaluer l’intensité, à ajuster vos efforts en fonction de votre ressenti ou à vous autoréguler pour optimiser vos résultats. Pourtant, ces compétences sont cruciales en course, où aucun dispositif ne viendra gérer votre rythme à votre place.

En abandonnant le mode ERG pour un entraînement en mode libre, vous apprenez à :

• Évaluer l’intensité : comprendre ce que représente une zone d’effort donnée.
• Ajuster vos efforts : savoir quand pousser plus fort ou lever le pied.
• Vous autoréguler : adapter votre séance en fonction de votre forme du jour.

Ces aptitudes vous permettront de mieux gérer votre rythme en compétition ou de savoir quand accélérer au bon moment lors d’une sortie exigeante.

Un bon entraînement est fluide, pas figé

Le mode ERG impose une structure rigide : une puissance prédéfinie, une durée fixe, sans aucune flexibilité. Mais un entraînement efficace doit être fluide et s’adapter à votre état physique et mental du moment. Le corps humain n’est pas une machine prévisible. Certains jours, vous êtes en pleine forme et capable de prolonger un effort au seuil. D’autres fois, la fatigue ou un manque d’énergie nécessitent de ralentir ou de modifier l’objectif de la séance.

Le mode ERG, lui, ne fait pas de concessions. Par exemple :

• En grande forme ? Vous pourriez prolonger un intervalle au seuil pour maximiser vos gains, mais l’ERG vous coupe à la durée programmée.
• Travail de VO₂ max ? Ces efforts demandent souvent de commencer fort et de faiblir progressivement, ce que le mode ERG ne permet pas, en maintenant une puissance constante.
• Fatigué ? Vous devriez pouvoir réduire l’intensité ou changer de focus, mais l’ERG vous force à tenir la puissance, même si cela devient contre-productif.

Les vrais progrès naissent de l’écoute de votre corps. En mode libre, vous pouvez adapter vos efforts en temps réel, maximiser vos séances en fonction de votre forme et éviter de transformer un entraînement en une lutte stérile contre une machine.

Le mode ERG punit la fatigue

L’un des défauts les plus frustrants du mode ERG est sa manière de gérer la fatigue. Avez-vous déjà échoué une séance simplement parce que vos jambes ont légèrement fléchi, perdant 10 watts pendant une seconde ? En réponse, l’ERG augmente brutalement la résistance pour compenser, ce qui peut entraîner une chute drastique de votre cadence, parfois jusqu’à 30 tr/min.

Résultat : vous vous retrouvez à pédaler dans le vide, épuisé, incapable de remonter à la puissance cible sans un effort surhumain à un régime absurde.

Ce mécanisme punit la fatigue au lieu de l’accommoder. En mode libre, en revanche, vous pouvez ajuster votre effort : réduire légèrement la puissance, maintenir une cadence confortable et continuer à tirer des bénéfices de la séance sans vous épuiser inutilement. Cette approche respecte les variations naturelles de votre corps et favorise une progression durable.

Entraînez-vous comme un athlète, pas comme un robot

Le mode ERG transforme vos entraînements en une routine mécanique, où vous suivez aveuglément les directives d’une machine. Mais être un athlète, c’est avant tout apprendre à écouter son corps, à s’adapter et à performer dans des conditions variables. En abandonnant le mode ERG, vous reprenez le contrôle de vos séances et développez des compétences essentielles pour exceller, que ce soit en course ou lors de vos entraînements.

Conclusion : ne laissez pas le mode ERG vous enfermer dans une approche rigide et déconnectée. Adoptez un entraînement fluide, intuitif et adapté à votre corps. C’est ainsi que vous progresserez vraiment. Adaptez-vous. Apprenez. Performez.

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