Partager la publication "Motivation ou discipline ? Pourquoi les vrais champions ne comptent jamais sur l’envie"
« Je ne suis pas toujours motivé. Mais je suis toujours discipliné. » Cette phrase, on pourrait l’attribuer à n’importe lequel des géants du sport mondial : Cristiano Ronaldo, Michael Jordan, Rafael Nadal, ou encore Eliud Kipchoge. Mais on pourrait aussi l’imprimer en grand dans chaque vestiaire, chaque garage où un cycliste ajuste ses cales à 6h du matin, dans le froid et le silence. Car la vérité est simple, brutale et libératrice à la fois : la motivation ne vous sauvera pas. La discipline, oui.
Par Jeff Tatard – Photos : SRAM/Cyclephotos / ©depositphotos.com / DR
Le grand malentendu : croire que les champions sont toujours motivés
On idéalise trop souvent les athlètes de haut niveau. On pense qu’ils se lèvent chaque jour avec une énergie surhumaine, une rage de vaincre naturelle, un feu intérieur qui brûle sans faiblir. Rien n’est plus faux.
Michael Jordan l’a dit lui-même : « Ce sont les jours où je n’avais aucune envie de m’entraîner qui ont fait de moi un champion. »
Cristiano Ronaldo répète que ce n’est pas son talent qui l’a porté aussi loin, mais son obsession du travail, son horloge interne, ses routines inlassables. Il ne confie sa progression ni à l’inspiration, ni à l’envie, mais à la structure.
Kipchoge : l’homme qui court sans attendre l’envie
À Iten, au Kenya, Eliud Kipchoge, recordman du marathon, s’entraîne trois fois par jour. Il court, il mange, il dort, il médite. Il vit une vie monastique. Et pourtant, il ne court officiellement que deux fois par an.
Pourquoi s’infliger cette répétition, cette austérité apparente ? Parce que Kipchoge a compris ce que beaucoup refusent d’accepter : c’est dans l’ennui, la répétition, la constance invisible que naissent les exploits visibles.
Il dit : « Seuls les disciplinés sont libres. Les autres sont esclaves de leurs humeurs. »
Nadal : le roi de la répétition
Rafael Nadal est connu pour son mental d’acier. Mais ce qu’on oublie, c’est son obsession pour les rituels. Les bouteilles alignées, les rebonds précis avant chaque service, les gestes réglés comme une horloge. On se moque parfois de lui. Mais ces rituels sont son ancrage. Quand tout vacille, la discipline prend le relais. Elle protège la motivation, comme un écrin. Elle ne la brûle pas à chaque entraînement.
Ramener cette sagesse au vélo
Le cyclisme est le sport du long, de la solitude, de l’invisible. Il n’y a pas d’arène, pas de foule. Il y a des routes vides, du vent, des matins brumeux, et un compteur qui tourne. Il y a le corps qui refuse, l’esprit qui doute, la météo qui décourage. Et il y a le choix. Le choix de sortir quand même.
Ce n’est pas la motivation qui vous fera monter ce col à 6 %, face au vent. Ce n’est pas l’envie qui vous fera tenir vos 4 ou 5 sorties hebdomadaires. Ce n’est pas l’inspiration du moment qui vous donnera la caisse en août.
C’est votre discipline.
Discipline : un art, une science, une force intérieure
Discipline ne veut pas dire dureté. Elle veut dire engagement profond.
Elle commence par de petits choix, répétés avec constance :
- Préparer ses affaires la veille.
- Bloquer ses créneaux d’entraînement comme des rendez-vous sacrés.
- Ne pas négocier avec soi-même au réveil.
- Tenir son plan, même quand l’envie est absente.
Et surtout : protéger la motivation. Ne la consommez pas chaque jour. Laissez-la intacte pour les grandes occasions : la course, le défi, le moment où tout se joue.
Les champions protègent leur motivation comme une réserve stratégique
Jordan ne jouait pas chaque match comme une finale. Kipchoge ne court pas tous les jours comme si c’était Berlin. Ils préservent leur feu. Et le reste du temps, ils avancent au métronome.
En cyclisme, c’est pareil. Vous ne devez pas être à fond tous les jours. Vous devez être présent tous les jours. Et présent, ce n’est pas spectaculaire. C’est discret, rigoureux, silencieux.
En conclusion : ce qui vous fera tenir
Vous pouvez aimer le vélo. Vous pouvez rêver de progresser, de performer, de durer. Mais vous n’irez jamais loin si vous dépendez de l’envie du jour. Car les jours d’envie sont rares. Les jours de doute sont fréquents.
Et c’est là que tout se joue. Le champion, ce n’est pas celui qui a le plus de feu. C’est celui qui continue à pédaler, quand le feu est éteint.
Partager la publication "Motivation ou discipline ? Pourquoi les vrais champions ne comptent jamais sur l’envie"