Test du Cinelli Pressure II : polyvalent sous conditions

La marque italienne Cinelli est réputée pour ses créations artistiques, fruit de collaborations avec des designers prestigieux. Depuis 2020, elle propose un cadre typé course, le Pressure, qui a évolué l’an dernier en Pressure II, un modèle alliant esthétique et performance. Nous l’avons testé pour vous.

Par Bruno Cavelier – Photos : Michèle Calvi

Test du Cinelli Pressure II : polyvalent sous conditions
Pour notre modèle en taille S, la géométrie est parfaite, mais attention : par rapport à d’autres marques, il semble « tailler » un peu grand. Réfléchissez bien si vous êtes entre deux tailles de cadre.

Il y a près de quatre ans, nous avions testé le Pressure, une véritable bête de course, résolument aérodynamique, avec une intégration poussée et une rigidité extrême grâce à son cadre monocoque en carbone T800. Ce vélo s’inscrivait dans la tendance des modèles performants, tout en conservant la touche distinctive de Cinelli, tant en termes d’esthétique que de savoir-faire technique. Très aérodynamique, il affichait une rigidité remarquable, mais se montrait limité en haute montagne et trop exigeant pour un cycliste en méforme. Ayant apprécié ce modèle, nous avons voulu découvrir son successeur, le Pressure II.

Si la géométrie reste inchangée et le cadre toujours en carbone monocoque, le moule a été repensé, notamment au niveau du tube de selle. Celui du premier Pressure épousait la courbe de la roue arrière pour optimiser l’aérodynamisme ; celui du Pressure II est droit et affiné. La tige de selle, le mécanisme de serrage et le passage des câbles ont également été revus, permettant de réduire le poids du cadre de plus de 100 g par rapport à son prédécesseur.

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Le boîtier de pédalier est massif, tout comme le tube diagonal. Mais contrairement à l’ancien modèle, le tube de selle n’épouse pas le contour de la roue arrière ; il est droit et plus fin.

Disponible avec plusieurs groupes – Shimano Di2 (Dura-Ace, Ultegra, 105) ou SRAM Red eTap AXS, mais plus de Campagnolo et de groupes mécaniques –, le modèle Ultegra se décline en deux versions : avec des roues Fulcrum 600 à 6500 €, ou des Fulcrum Wind à 7500 €. Avec un kit cadre à 4100 €, ces tarifs restent attractifs, selon que vous possédiez déjà une bonne paire de roues ou non.

Mise à niveau

Nous avons testé la version équipée des roues d’entrée de gamme Fulcrum 600, mais pour correspondre au niveau de performance du cadre, nous les avons remplacées par des Prymahl Orion C50 Pro Disc Evo, montées en tubeless avec des pneus Pirelli P Zero Race de 28 mm. Le cadre autorise un dégagement jusqu’à 32 mm pour les pneus.

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L’assortiment du blanc et gris souris est de toute beauté. Le cadre est utilisé par une équipe continentale italienne, il est bien sûr homologué UCI.

Nous avons également changé la selle – non pas pour un problème de qualité, la Selle Italia Novus Boost Evo Superflow, en édition spéciale Cinelli, étant une excellente option – mais pour utiliser notre Fizik Vento Antares R1 Carbon, déjà bien rodée.

Avec des pédales Look Keo Blade Ceramic TI et deux porte-bidons Elite Custom Race Plus, le vélo pèse 7,530 kg en taille S. En finition blanche, rehaussée d’un arrière gris clair et de détails typiques de Cinelli (comme un smiley à l’arrière de la tête de fourche), son design est remarquable. Le cadre est aussi proposé en vert foncé avec un arrière rose – moins à notre goût – et en version Team, beaucoup plus audacieuse.

Ce qui change

Passer d’un modèle à son successeur permet d’apprécier les évolutions. Le serrage de la tige de selle a été modifié : auparavant assuré par une vis en haut du tube, il est désormais plus classique, à l’avant de la tige. Plus pratique, ce système utilise un cache en caoutchouc qui semble fragile à long terme.

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Le serrage de la tige de selle s’effectue par une butée. Si ce système est très efficace, le cache en caoutchouc conçu pour recouvrir le mécanisme est un peu souple et a du mal à rester en place. À voir dans le temps…

La tige de selle a également évolué : l’ancien système, adaptable à tous les rails via des vis de butée, générait parfois des craquements. Cinelli a opté pour une fixation traditionnelle, livrée avec deux pinces (pour rails carbone ou standards), ce que nous préférons.

Test du Cinelli Pressure II : polyvalent sous conditions
Pour améliorer l’aérodynamisme, les blocages de roues ne dépassent plus du cadre. La finition est exceptionnelle. Le groupe Shimano Ultegra Di2 se montre à la hauteur de ce cadre haut de gamme.

Côté aérodynamisme, les axes de roues sont masqués par le carbone de la fourche, un détail esthétique soigné, mais qui exige des axes de longueur précise en cas de remplacement.

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Rien à dire en termes de finition sur ce vélo.

Enfin, le cintre : le nouveau poste de pilotage, plus affiné, abandonne le porte-compteur sur mesure du Vision Metron au profit d’un modèle standard. Problème : ce dernier pointe vers le haut, inadapté à une position course. Nous avons fait réaliser une pièce en impression 3D pour aligner le compteur horizontalement.

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Vu de face, c’est incontestablement un cadre aéro. Tout comme le poste de pilotage maison, qui remplace le Vision Metron 5D, présent sur l’ancien modèle.
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Si le poste de pilotage est magnifique de finesse, nous lui trouvons un défaut de taille : la partie inférieure est inclinée, ce qui propulse le support de compteur vers le haut. Pour qu’il soit horizontal, nous avons fait réaliser une pièce inclinée en 3D.

Sur la route

Le cadre monocoque, conçu avec des fibres de carbone optimisées, gagne en légèreté et en polyvalence. Les tubes sont dessinés pour un aérodynamisme maximal, avec des haubans rabaissés, mais le tube de selle droit n’épouse plus la roue arrière. La douille de direction adopte une forme distinctive à la jonction avec le tube diagonal. Tout est intégré, du poste de pilotage aux câbles, et le cadre est exclusivement conçu pour les groupes électroniques. Le smiley à l’arrière de la fourche semble partager notre enthousiasme à enfourcher cette monture.

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Sur le plat, assis ou en relance, c’est un pur bonheur : on a l’impression d’être sur un rail. Les jantes de 50mm équipées de pneus Pirelli P Zero Race en 28mm, ne font qu’accentuer cette sensation de roulage.

Sur notre parcours habituel de 40 km – routes variées, lignes droites, virages, faux-plats et une côte à plus de 10 % –, le vélo se montre à la hauteur. Avec une géométrie identique à l’ancien modèle, la prise en main est immédiate. Dès les premiers tours de pédale, la rigidité est évidente, mais le Pressure II semble plus maniable en relance, incitant à rester en danseuse.

Le Pressure II est un cadre dans la lignée de ceux actuellement utilisés par les cyclistes professionnels : aérodynamique, mais assez polyvalent, à condition d’être très bien entraîné.

À plus de 40 km/h sur le plat, son profil aérodynamique s’exprime pleinement, donnant envie d’accélérer. L’arrière pousse, l’avant guide, et rien ne bouge. Dans les virages abordés à vive allure, le vélo est réactif et plus polyvalent que son prédécesseur.

Test du Cinelli Pressure II : polyvalent sous conditions
En déco, la touche Cinelli se remarque dans les moindres détails. Le passage des pneus tolère jusqu’à 32mm de section.

En montée, sur une côte de 2 km à 4-5 %, la rigidité permet de garder l’élan sans forcer. La descente sinueuse confirme une tenue de route irréprochable, renforcée par les pneus de 28 mm gonflés à 4,5 bars. Sur une montée plus exigeante de 4 km avec des passages à plus de 7 %, en pédalage souple (80 tr/min sur le petit plateau), le vélo reste docile. Un dernier test sur un mur de 400 m à 10 % montre qu’il passe en souplesse, mais son comportement sur de longs cols reste à évaluer en saison.

Un vrai vélo de course

Utilisé par l’équipe UCI Continentale italienne MBH Ballan CSB Colpack, le Pressure II s’inscrit dans la lignée des cadres pour cyclistes professionnels : aérodynamique, mais suffisamment polyvalent pour les cyclistes affûtés. Il n’est pas conçu pour le confort ni pour une pratique cyclotouriste. Le confort dépend uniquement d’une position bien réglée, avec une répartition équilibrée du poids entre l’assise, les mains et les pédales. Un vélo pointu en quelque sorte, mais qui devient vite addictif une fois bien maitrisé.

Le CINELLI PRESSURE II en bref…

Les + : rigidité, réactivité, groupe, rapport qualité-prix, design et finitions.
Les – : roues et pneus d’entrée de gamme, position du porte-compteur à corriger, inadapté à une pratique loisir.

Cadre : Cinelli Pressure II
Poste de pilotage : Pressure II carbone
Tige de selle : Cinelli Carbon Integrated
Groupe : Shimano Ultegra Di2 12v
Pédalier : Shimano Ultegra 52-36
Cassette : Shimano Ultegra 11-30
Disques : Shimano Ultegra 160 mm (arrière) / 140 mm (avant)
Roues : Fulcrum 600
Pneus : Vittoria Zaffiro Pro 700x28c
Selle : Selle Italia Novus Boost Evo Superflow
Tailles : XS (46), S (49), M (52), L (55), XL (58)
Prix public : 6 500 €

Modifications :
Roues : Prymahl Orion C50 Pro Disc Evo
Pneus : Pirelli P Zero Race 28 mm (tubeless)
Selle : Fizik Vento Antares R1 Carbon
Galets de dérailleur : Cycling Ceramic
Poids avec les modifications : 7,530 kg complet en taille S

Infos : cinelli.it

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Guillaume Judas

  - 54 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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