Partager la publication "Les vélos, accessoires et composants qui vous font rêver : est-ce vraiment utile ?"
Dans l’univers du cyclisme, il y a toujours cette petite voix qui nous chuchote à l’oreille : « Un vélo plus léger, des composants de rêve, un compteur GPS qui calcule ta fatigue en temps réel… et voilà, tu rouleras comme Mathieu Van der Poel ou Wout Van Aert ! » Le cycliste lambda, c’est-à-dire toi, moi, et tous ceux qui ont un peu trop de rêve dans les pédales, se laisse souvent convaincre que le dernier modèle à la mode transformera ses performances. Mais, soyons honnêtes, est-ce vraiment le cas ? En d’autres termes, faut-il absolument acheter tout ce qui brille pour espérer un jour dominer les cols comme Pogacar (bon, sur le plat, avec un peu de chance) ?
Par Jean-François Tatard – Images : Craiyon.com / DR
Alors le vélo de rêve : un investissement utile ? Allez, on va commencer par LE sujet qui fait briller les yeux de tout cycliste : le vélo en carbone à 12 000 voire 15 000 €. Ultra-léger, aérodynamique, il pèse moins lourd qu’une feuille de papier et est plus rapide que ton vélo actuel. Tu vois déjà l’échappée, les montées de cols, la victoire de l’étape. Mais soyons honnêtes, est-ce que ce vélo va réellement te faire gagner 10 minutes sur ton temps de parcours, surtout sur un terrain plat où le vent te mettra à genoux ?
La vérité, c’est que la majorité d’entre nous, amateurs de belles mécaniques, ne roulent pas encore au niveau où chaque gramme compte. Oui, un vélo plus léger peut faire la différence dans un col, mais si tu passes ta vie à changer de vitesses comme un pro du dérailleur, peut-être que c’est plutôt un travail sur ta condition physique et ton placement dans le peloton qui te fera gagner du temps. Bref, le vélo en carbone, c’est bien, mais ton cœur (et ton porte-monnaie) diront merci si tu attends un peu avant de te laisser tenter par le dernier modèle.
Passons aux accessoires, car là, c’est tout un sujet. Ces petits gadgets qui promettent monts et merveilles : compteurs GPS dernier cri, capteurs de puissance, tenues pour mieux respirer, etc. Le cycliste lambda (ou plutôt celui qui rêve de ressembler à un pro) se retrouve souvent à se demander s’il peut vraiment rouler sans sa montre ou son capteur GPS connecté, qui calcule son niveau de fatigue sur chaque côte. Mais soyons francs, une fois qu’on a un compteur GPS, combien d’entre nous regardent réellement les données pendant l’effort ? En réalité, moins de 10 % des informations disponibles sur ces appareils sont exploitées pendant une sortie. On a tous ce fameux « ding » de notification de capteur de puissance ou de fréquence cardiaque, mais dans la vraie vie, on s’en sert surtout pour se rassurer ou jeter un œil rapide à la fin de la sortie, histoire de dire qu’on a analysé la performance.
Les données sont là, mais rares sont ceux qui prennent réellement le temps de les décortiquer après coup pour en tirer un enseignement utile. Bien sûr, pour les pros ou les passionnés du vélo qui cherchent à optimiser chaque aspect de leur performance, ces gadgets sont des outils précieux. Mais pour le cycliste du dimanche, ça reste souvent plus un jouet qu’un véritable moyen d’améliorer ses performances. Au final, c’est comme acheter une voiture de course sans savoir comment conduire sur un circuit : on apprécie les gadgets, mais on n’en tire pas toujours tout le potentiel.
Au final, c’est comme acheter une voiture de course sans savoir comment conduire sur un circuit : on apprécie les gadgets, mais on n’en tire pas toujours tout le potentiel
Les capteurs de puissance ? Ok, si tu prépares un Ironman ou un Grand Tour, mais pour ta sortie du dimanche, ce n’est pas ce qui va faire la différence. Et ce n’est pas l’ajout de quelques watts (réels ou supposés) qui va t’aider à rouler plus vite si ta technique n’est pas au rendez-vous. Ces gadgets sont super pour les pros, mais pour nous autres, simples cyclistes du week-end, ils peuvent finir par être plus distrayants qu’utiles. Après tout, quel plaisir de rouler quand tu es occupé à checker toutes tes données plutôt qu’à profiter du paysage ?
Et enfin, les composants. Les fameux dérailleurs électroniques comme celui de chez Sram à 800 €, les roues en carbone à des prix délirants… comptez plus de 5000 € pour des Princeton. Là encore, la question se pose : faut-il vraiment en avoir pour être un meilleur cycliste ? Eh bien, à moins que tu ne sois un passionné qui passe ses journées à démonter et remonter son vélo pour chaque course, il est probable que ces pièces n’amélioreront pas significativement ta performance. Le dérailleur électronique, c’est chouette, c’est fluide, c’est high-tech… Mais si tu ne sais pas encore régler correctement tes vitesses mécaniques, le gain de confort sera presque anecdotique. Quant aux roues carbone de 60 mm de hauteur, elles ne feront pas de toi un sprinteur si tu n’as pas l’entraînement pour les pousser à fond.
D’ailleurs, avant de terminer cet article, à quoi ressemblerait vraiment le fameux vélo de rêve ? Si on se laissait aller à nos fantasmes les plus fous, il aurait un cadre en carbone, un poids qui titille les 6 kg, des roues aussi aérodynamiques qu’un jet supersonique, et des composants dernier cri. On pourrait même imaginer des roulements en diamant, en graphène ou carrément à lévitation magnétique, histoire de supprimer la friction et la notion d’usure pour toujours. Ces technologies futuristes repousseraient les limites de la performance, offrant un vélo où le moindre gramme économisé serait un chef-d’œuvre de génie, et tout ça pour un prix qui flirterait sans aucun doute avec les 20 000 €. Si tu veux vraiment jouer dans la cour des grands, rajoutons même un émaillage digne des œuvres d’art de chez Color Monkey, comme sur le SL8 de Remco, histoire d’avoir un vélo qui fait aussi tourner les têtes.
Mais pourquoi s’arrêter là ? Ce vélo aurait aussi un nombre de vitesses ajustable à l’infini, comme si tu pouvais passer du plat à la montagne sans jamais changer de rythme. Ou pourquoi pas un système de transmission révolutionnaire à la Classified, qui fusionnerait la magie d’un double plateau et d’une cassette interne dans un moyeu arrière, le tout à la fois discret et futuriste. Et pour couronner le tout, un dérailleur électronique qui permettrait des changements de vitesses si instantanés qu’ils te feraient penser que tu es sur un circuit F1, même dans la montée la plus pourrie.
Mais à la réflexion, faut-il vraiment tout ça ? Ce vélo high-tech pourra certes te donner un confort et une réactivité dignes d’un astronaute, mais il ne te rendra pas cycliste d’élite du jour au lendemain. Ce qui compte, c’est l’effort, la passion et ta capacité à gérer l’effort. Le matériel, aussi impressionnant soit-il, ne pourra jamais compenser une condition physique au raz des pâquerettes. Alors, un vélo à 25 000 € ? Peut-être. Mais n’oublions pas qu’il ne fera pas de miracles si ton cardio est aussi performant qu’une trottinette.
Alors, est-ce vraiment nécessaire ? Pas forcément. Oui, ça fait rêver. Oui, c’est classe. Mais cela va-t-il vraiment t’aider à exploser tes records sur tes sorties du dimanche matin avec les copains ? Pas sûr. Ce qui compte vraiment, c’est un bon entraînement, une gestion optimale de ton effort, et… un peu de plaisir. Parce qu’au final, si tu passes trop de temps à te soucier du dernier gadget, tu risques de perdre de vue l’essentiel : rouler, respirer et, surtout, t’éclater.
Si tu passes trop de temps à te soucier du dernier gadget, tu risques de perdre de vue l’essentiel : rouler, respirer et, surtout, t’éclater
En résumé, si ces accessoires et composants dernier cri te font rêver, pourquoi ne pas t’offrir un petit caprice et investir dans du matériel de pointe ? Mais n’oublie pas une chose essentielle : ce n’est pas le vélo ou les gadgets qui feront de toi un champion, mais ta technique, ta condition physique, et surtout ton plaisir sur deux roues. Parce qu’au final, même le vélo le plus cher du marché ne pourra pas remplacer l’effort, la passion et ce petit truc qui te fait sourire à chaque sortie. Alors, oui, ces jouets high-tech sont cool, mais l’essentiel, c’est toi sur ta selle, respirant à pleins poumons, profitant de chaque coup de pédale, et retrouvant l’étreinte chaleureuse du vent dans ton cou. Et ça, mon ami, c’est véritablement inestimable.
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