Aux Jeux olympiques de Paris 2024, le Japon fait sensation avec une pièce d’équipement qui défie les conventions du cyclisme sur piste : le V-Izu TCM-2. Avec un prix qui frôle les 130 000 €, ce vélo se distingue par sa transmission innovante positionnée à gauche, une caractéristique rare qui fait de lui une véritable pièce de haute technologie.
Par Jean-François Tatard – Photo : Shutaro Mochizuki/DR
Conçu par Toray, spécialiste japonais du carbone, le V-Izu TCM-2 a été révélé lors de la Japan Track Cup à Tokyo en mai. Avant de faire ses débuts olympiques, il avait déjà été testé lors des championnats du monde UCI à Glasgow l’été précédent. Ce vélo ne se contente pas de briller par son prix : sa fourche avant large et son design aérodynamique sont autant d’éléments qui attirent l’œil et maximisent la performance.
L’option de placer la transmission sur le côté gauche est peu commune, bien que pas entièrement nouvelle. En 2016, les États-Unis avaient également expérimenté une configuration similaire avec un vélo de poursuite de la marque Felt, visant à améliorer l’aérodynamisme dans les virages d’un vélodrome.
Le V-Izu TCM-2 dépasse largement les prix des autres vélos de compétition. Le modèle Hope x Lotus de l’équipe britannique coûte 64 000 €, tandis que le vélo Factor de l’Australie est à 55 000 €. Pour mettre cela en perspective, le vélo Look de l’équipe française est commercialisé à 12 000 €.
Pourquoi le prix est si élevé de plus de 130 000 € ? Pour être homologué par l’UCI, le vélo doit être commercialisé. Ainsi, afin de protéger ce que Toray considère comme un avantage décisif, les Japonais ont fixé le prix à un niveau excessivement élevé, le rendant pratiquement inaccessible.
Lors de sa première compétition olympique, l’équipe de poursuite masculine japonaise a utilisé le V-Izu TCM-2 pour réaliser un temps de 3:53.489. Benoît Bétoux, directeur technique du centre de haute performance japonais, a loué les qualités du vélo, notamment sa stabilité et sa vitesse impressionnante. De son côté, Koichi Nakano, représentant de la Fédération Japonaise de Cyclisme, a remarqué que le vélo, bien que lourd à basse vitesse, révèle tout son potentiel lors des épreuves de haut niveau.
Le design du V-Izu TCM-2 a également engendré des controverses, notamment en raison de ses ressemblances avec les fourches du vélo Hope x Lotus des Britanniques. Stephen Park, responsable de la performance chez British Cycling, a évoqué la possibilité de mesures légales, bien que rien n’ait été entrepris à ce jour.
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