Avec la toute nouvelle chape OSPW RS Alpha, CeramicSpeed entend conserver le leadership dans le domaine des chapes de dérailleur surdimensionnées en proposant un modèle plus rigide, moins bruyant et plus durable que les versions précédentes, qui étaient déjà destinées à améliorer l’efficacité de la transmission. Voyons ce qu’il en est après un test étalé sur plus de 2500 km.
Le sujet des chapes de dérailleur surdimensionnées est l’un des plus clivants actuellement dans le petit monde du vélo quand il s’agit de parler de matériel de haut de gamme. Il faut dire que les tarifs des rares marques qui proposent ce type de produit s’étendent approximativement de 200 à plus de 800 €, depuis un matériel exotique à la fiabilité douteuse jusqu’aux accessoires entourés d’un marketing bien rodé promettant rendement et efficacité aérodynamique inégalables. Il est donc parfaitement légitime de s’interroger sur l’intérêt réel d’une chape de dérailleur surdimensionnée avec des roulements céramiques.
Les fabricants traditionnels tels que Shimano, Sram et Campagnolo sont restés un peu frileux à ce sujet, en réfutant même l’idée que ce type de montage pouvait avoir un impact sur le rendement de la transmission. Pourtant, le dérailleur arrière du nouveau groupe Sram Red AXS dispose à son tour de galets plus grands que le modèle précédent, ce qui a pour premier effet d’améliorer l’enroulement de la chaîne et donc la fluidité de toute la transmission, surtout sur les plus petits pignons. Mais le fait est qu’il est très difficile de mesurer précisément le gain en watts de ce type de montage. Nous avons essayé de le faire avec cette nouvelle chape de dérailleur CeramicSpeed – la marque de référence sur ce marché – mais sans obtenir de gains réellement significatifs. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’ils soient nuls. On vous explique pourquoi.
Une chape plus rigide
La chape OSPW originale (le système de galets surdimensionnés) a été lancée en 2015 par CeramicSpeed, et elle s’est rapidement montrée populaire auprès de ceux qui recherchaient le rendement optimal de la transmission, notamment sur les vélos de contre-la-montre, grâce aux roulements en céramique employés sur les galets. Des galets de dérailleurs qui tournent très librement et sans frottement, c’est toujours impressionnant. Cela laisse penser que ce système apporte moins de résistance lors du pédalage que des galets classiques en plastique, même si on sait que sous la charge, les bénéfices ne sont pas évidents à définir.
En 2023, la marque danoise dévoilait une OSPW aérodynamique, testé en soufflerie. Avec la nouvelle chape OSPW RS Alpha Disc, elle ajoute de nouvelles fonctionnalités pour plus de rigidité et de durabilité, avec une chape renforcée qui permet aussi en passant de placer quelques options de décoration ou des logos qui assurent une finition racing. Une rigidité qui faisait parfois défaut sur les premiers modèles, et qui pouvaient conduire à une manque de précision des changements de vitesse. Ce qui n’est plus du tout le cas ici, avec une chape qui prend aussi un peu d’embonpoint : avec 103 g, l’OSPW RS Alpha Disc affiche 50 g de plus que la chape Shimano Dura-Ace, et 25 g de plus que l’OSPW originelle.
On remarque surtout un galet inférieur plein, ou Alpha Disc comme l’appelle la marque, un système déjà vu sur les chapes OSPW X pour Sram VTT. L’Alpha Disc est conçu en deux parties, avec un disque en aluminium pour éliminer le risque que des débris ne viennent se coincer à l’intérieur de la partie ajourée des galets classiques, et avec un profil de dent large et étroit, fabriqué à partir d’un matériau composite destiné à prolonger la protection contre l’usure et réduire le bruit de la transmission.
Enfin, CeramicSpeed a également développé une fonctionnalité appeléeADR (Active Debris Remover) qui rend quasiment impossible la pénétration des salissures dans les roulements de l’OSPW RS. Il s’agit d’une sorte de cache-poussière ancré dans une rainure autour du galet, et qui englobe le roulement lui-même. Cette propriété aurait été développée en collaboration avec certaines équipes professionnelles de cyclo-cross, comme le Team Tormans, qui a utilisé un prototype de cette chape de dérailleurs pendant une saison. Les coureurs auraient senti une nette différence de comportement de la transmission dans les conditions les plus difficiles.
Même si cette chape de dérailleur parait sur le papier parfaitement adaptée pour les vélos de cyclo-cross ou de Gravel, elle a aussi tout à fait sa place sur un vélo de route, pour assurer silence et fiabilité de la transmission.
La chape de dérailleur CeramicSpeed OSPW RS Alpha Disc permet-elle de gagner des watts ?
Lorsqu’on investit plus de 500 € dans une chape de dérailleur, on aime à penser que celle-ci va permettre d’améliorer les performances. CeramicSpeed annonce un gain de rendement de quelques watts lorsqu’un vélo est équipé de l’ensemble des roulements en céramique disponibles auprès de la marque, à savoir ceux du boîtier de pédalier, ceux des roues, et ceux des galets de dérailleur. Un autre avantage serait à mettre au crédit d’une chaîne avec un traitement spécial, mais c’est encore un autre sujet.
Pour ce qui me concerne, j’ai essayé de faire un test comparatif de rendement entre une chape classique montée sur un dérailleur arrière Shimano Dura-Ace, et cette chape OSPW RS. Sur un vélo disposant déjà d’un boîtier de pédalier CeramicSpeed d’ailleurs. Pour réaliser ce test, j’ai monté le vélo sur un home-trainer Wahoo Kickr avec les deux chapes, et j’ai fait quelques séries d’effort en basant mon intensité sur les watts donnés par des pédales à capteur de puissance Garmin Rally. Dans l’idée, il s’agissait de déterminer quel était l’écart de watts entre les deux données de puissance, avec les pédales et le home-trainer, pour chacune des chapes de dérailleur.
Malheureusement, les données relevées ne permettent pas de tirer de conclusions définitives, puisque les écarts constatés restent dans l’intervalle de précision des deux capteurs (1% dans les deux cas). Ce qui signifie qu’à trois watts près pour un effort autour de 250 watts, il est impossible de dire s’il y a un gain réel ou pas.
Sur la route avec la chape de dérailleur CeramicSpeed OSPW RS Alpha Disc
Une fois passée la légère déception du poids (la chape pèse deux fois plus lourd qu’une chape Dura-Ace), j’avais aussi espéré des sensations de roulement très nettement améliorées, au moins sur le pied d’atelier. Mais le corps de roue libre de ma roue Dura-Ace manquant naturellement de fluidité, j’ai dû aussi me passer de l’effet wahou normalement provoqué par ce type de chape en faisant tourner la chaîne à l’envers.
Sur la route, j’ai été d’abord agréablement surpris par le silence de la transmission. Cette chape OSPW RS Alpha Disc atténue franchement les petits cliquetis de chaîne et on a tout le temps l’impression de rouler dans une grande fluidité. De plus, les passages de vitesse du dérailleur sont francs et précis même dans les situations de croisements extrêmes, bien plus qu’avec les premières chapes de ce type. Des points largement positifs qui ne suffisent pourtant pas à justifier l’investissement lors des premières sorties.
Cependant, avec le temps, j’ai constaté un avantage inattendu à l’usage de cette chape surdimensionnée. Je n’aime pas habituellement rouler avec le petit plateau, surtout avec un 36 dents comme c’est le cas avec la combinaison imposée avec le 52. Par le passé, j’ai toujours préféré les « grands » petits plateaux, avec un 42 quand c’était encore possible, puis un 39. En tombant la chaîne sur le petit plateau, j’ai toujours eu l’impression de tourner autour du pédalier, et de sentir moins de rendement qu’avec un développement équivalent en utilisant un grand plateau et un grand pignon. Sans doute en raison du nombre moins conséquent de dents de la transmission en contact avec la chaîne, et du cheminement de la celle-ci autour du dérailleur. Grâce à cette chape surdimensionnée, la chaîne décrit ici un enroulement plus arrondi autour du dérailleur. Elle est plus tendue et forme moins de battements. La transition entre le grand et le petit plateau s’avère donc plus fluide, et je me surprends régulièrement à ne pas systématiquement chercher à remettre la plaque après un passage ayant nécessité un tout petit braquet. Des sensations que j’ai pu confirmer en alternant les sorties avec un vélo de test, équipé aussi avec la même transmission Dura-Ace, mais sans la chape surdimensionnée. Dans l’ensemble d’ailleurs, je trouve l’ensemble de la transmission plus fluide avec la chape CeramicSpeed, mais il ne s’agit ici que de sensations difficiles à matérialiser en termes de chronomètre.
Enfin, un rapide contrôle de la chape OSPW RS Alpha Disc après 2500 km a pu confirmer que les roulements restent toujours exceptionnellement fluides à la main, ce qui semble valider l’argument de la protection des roulements face aux débris. Dans le même temps, des galets traditionnels demandent un dégraissage et un nettoyage soigneux pour espérer donner le change.
Alors, est-ce suffisant pour justifier le prix de 579 € de cette chape CeramicSpeed OSPW RS Alpha Disc ? Dans l’absolu, les bénéfices apportés seront minimes. J’apprécie l’utilisation de cette chape qui apporte fluidité et silence à ma transmission sans altérer sa précision, de même que sa fiabilité et sa durabilité qui devraient la sortir du lot au fil du temps par rapport à un train de galets classique. Il ne faut toutefois pas en attendre un gain de rendement mesurable autrement que par les sensations. Il faut considérer ce matériel comme la cerise sur le gâteau en quelque sorte.
La chape de dérailleur CERAMICSPEED OSPW RS ALPHA en bref…
Les + : fluidité, précision et silence de la transmission, rigidité de la chape, sensations procurées avec le petit plateau Les – : poids, prix
Corps composite, galet aluminium, dents en matériau composite – Poids : 103 g – Prix : 579 € – Contact :ceramicspeed.com
Un commentaire sur “Test de la chape de dérailleur CeramicSpeed OSPW RS Alpha”
Concernant l’aspect aérodynamique, il y a deux facteurs principaux :
1- la surface projeté sur un plan perpendiculaire au vent apparent lors du déplacement du vélo.
2- la surface sur laquelle « glisse » le vent.
Pour mieux visualiser ce que j’évoque, pensez à l’aile d’un avion.
Bref partant sur ces deux critères je doute très fortement que ce dispositif amène un gain aérodynamique, plutôt une perte…
Concernant l’aspect aérodynamique, il y a deux facteurs principaux :
1- la surface projeté sur un plan perpendiculaire au vent apparent lors du déplacement du vélo.
2- la surface sur laquelle « glisse » le vent.
Pour mieux visualiser ce que j’évoque, pensez à l’aile d’un avion.
Bref partant sur ces deux critères je doute très fortement que ce dispositif amène un gain aérodynamique, plutôt une perte…