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Quatre ans après le Creo SL décliné en version route ou Gravel, Specialized lance le Creo 2, qui pousse encore plus loin le concept de vélo hybride avec une assistance électrique et un dégagement pour les pneumatiques qui offrent à la machine et à l’utilisateur une multitude de possibilités. Sur route ou chemins escarpés, le Creo 2 élargit les horizons, comme ici avec la version Expert.
Par Guillaume Judas – Photos : ©Etienne Schoeman/Specialized
2023 est décidément une année riche en nouveautés pour Specialized, qui lance avec le Creo 2 son troisième vélo, après le Tarmac SL8 et le Roubaix SL8. C’est d’ailleurs à l’occasion de la présentation du nouveau Roubaix au Portugal début septembre que nous avons pu prendre en main le Creo 2, un vélo à assistance électrique, mais pas seulement. Ou encore aurais-je pu dire : un vélo de Gravel, mais pas seulement. Car avec le Creo 2, Specialized pousse très loin le concept de vélo hybride, une définition qui peut s’appliquer ici aussi bien pour ce qui est du mode de transmission (l’assistance électrique fournit une aide au cycliste mais elle impose tout de même de pédaler, donc une certaine implication de sa part), que pour les capacités très étendues du vélo.
La marque américaine est en effet partie du constat que c’est bien hors route qu’une assistance électrique se justifie le plus, en tout cas dans l’optique d’une pratique « découverte », puisqu’un coup de pouce du moteur rend accessible de nombreux parcours très difficiles même aux pratiquants les moins bien entrainés. Dans le même temps, la réglementation européenne limite toujours l’intervention de l’assistance à une vitesse de 25 km/h (avec plus ou moins 10 % de tolérance), ce qui rend la pratique sur route avec un vélo à assistance un peu frustrante dans de nombreuses situations, notamment lors des sorties en groupe.
Grâce à la puissance et au couple du nouveau moteur (33 % de puissance et 43 % de couple en plus par rapport au Creo SL selon Specialized), le Creo 2 est censé effacer encore plus facilement certaines difficultés, tout en gommant l’effet « gros pneus » sur le bitume. Bref, la marque entend proposer le vélo à assistance électrique ultime, apte à passer partout ou presque, avec une autonomie en hausse et une géométrie étudiée pour offrir une maniabilité comparable à un vélo sans assistance. Concernant les capacités de l’unité motrice, précisons que la bride à 25 km/h concerne l’Europe, mais que les autres vélos vendus ailleurs dans le monde sont soumis à la réglementation propre à chaque pays. Et dans le cas où vous déménageriez aux États-Unis avec votre Creo 2, il vous faudrait passer par un revendeur Specialized local pour mettre à jour le logiciel du moteur afin d’adapter la bride aux 45 km/h permis outre-Atlantique.
Une puissance en hausse
Le Creo 2 voit la puissance du moteur augmentée à 320 watts, contre 240 pour le Creo SL, et un couple maximal augmenté jusqu’à 50 Nm. Une grande autonomie est assurée par la batterie interne d’une capacité de 320 w/h qui peut être associée à une batterie externe additionnelle de 160 w/h, de quoi accumuler jusqu’à 2850 m de dénivelé et 112 km en utilisation continue avec le mode Eco, grâce à l’excellent rendement revendiqué du moteur. Un mode Eco qui apporte par défaut 35 % de puissance en plus du pédalage de l’utilisateur, alors que le mode Sport offre 60 % d’assistance en plus et le mode Turbo 100 %. Pour résumer, le mode Turbo permet dans certaines situations de doubler vos propres capacités.
Avec le Creo 2, Specialized met également à jour son application Specialized App (comme déjà vue pour le VTT Turbo Levo SL) pour une personnalisation totale des caractéristiques des modes d’assistance, des réglages, et pour proposer des diagnostics sur le terrain et des façons d’optimiser au mieux l’utilisation du moteur. Combinée avec le système d’exploitation Turbo Operating System, l’application peut vous guider pour surveiller et comparer votre puissance et votre fréquence cardiaque, ou encore optimiser votre cadence pour tirer le meilleur parti de l’assistance. Preuve, là encore, du côté hybride du Creo 2, qui n’est pas seulement un vélo qui aide à pédaler plus vite, mais aussi un vélo qui aide aussi à progresser physiquement.
Plus de capacités en tout-terrain
Tout comme le nouveau Roubaix, le Creo 2 est équipé du Future Shock 3.0. avec un débattement de 20 mm qui réduit les impacts de plus de 53 % sur la partie avant, selon Specialized. Situé entre la potence et le tube de direction, le système offre un débattement dans le sens opposé aux chocs qui frappent la roue et remontent le long des fourreaux de la fourche. Il maintient l’avant du vélo rigide pour une maniabilité précise tout en réduisant considérablement les impacts et les vibrations au niveau du guidon. Les Creo 2 S-Works et Expert sont livrés avec le Future Shock 3.3, un sytème hydraulique dont on peut régler la précharge en modifiant la fermeté du ressort, ainsi que la compression en roulant pour l’ajuster au terrain. Le Creo 2 Comp est vendu avec le Future Shock 3.2, presque identique sauf qu’on ne peut pas régler le compression en roulant.
Mais la plus grosse évolution du Creo 2 se situe au niveau du dégagement pour les pneumatiques, qui accepte désormais jusqu’à 47 mm de section, et même jusqu’à une dimension de 2.2 » avec des roues de 650b. Équipé des pneus Specialized Tracer pour terrain mixte en 700×47 avec une pression de 1,5 bar, le Creo 2 se transforme en véritable tracteur aussi bien sur des chemins sablonneux qu’empierrés, tout en conservant un rendement étonnant sur le bitume. Alors bien sûr, on sait que le montage de très gros pneus n’est pas un avantage au niveau aérodynamique, et qu’une pression de gonflage trop faible ne favorise pas les relances les plus tranchantes, mais il faut bien admettre qu’avec l’aide de l’unité motrice même en mode Eco, on efface beaucoup de ces désagréments.
Le Creo 2 est conçu aussi bien pour les sorties courtes que pour les raids sur plusieurs jours, avec une géométrie parfaitement équilibrée qui allie stabilité, confort et précision, tout en étant spécifiquement prévue pour de plus gros pneus que le modèle précédent, avec une boîte de pédalier plus basse, un tube supérieur plus long et une potence plus courte, ainsi qu’une douille de direction redessinée. Il dispose également de plus d’empattement, offrant une position plus axée sur l’endurance, enlevant du poids sur les mains, le cou et les épaules. Pour améliorer le confort, Specialized a également réussi à diminuer le Q-Factor du pédalier (l’écartement entre les deux manivelles) de 12 mm par rapport au précédent Creo, pour atteindre 169 mm malgré la présence d’un moteur central.
Le Creo 2 est également équipé d’une tige de selle télescopique, pour faciliter le pilotage du vélo dans les descentes techniques. Un levier situé près du levier de freinage/changements de vitesse gauche permet de déverrouiller la tige tout en roulant.
Enfin, le cadre en carbone léger Fact 11r offre de multiples options de montage pour les porte-bagages avant et arrière, un troisième porte-bidon ou des sacoches de cadre. Ce qui confirme la polyvalence extrême de ce Creo 2.
Du fun au rendez-vous
La prise en main du vélo s’est effectué sur une sortie de 50 km avec 1200 m de dénivelé, avec 45 km de chemins de terre, de pistes coupe-feu, d’ornières et de cailloux roulants. Un terrain difficile qui a permis de cerner les capacités du Creo 2, ici testé dans sa version Expert, et d’abord d’estimer l’autonomie du système. Équipé d’une batterie additionnelle en plus de la batterie d’origine (avec donc un bon kilo supplémentaire), je suis parti avec 150 % d’autonomie, et je suis rentré avec 90 %, en utilisant un peu plus que la charge de la batterie additionnelle. En gérant l’assistance, il est donc possible d’effectuer presque 150 km dans ces conditions difficiles, ce qui est plutôt un bon point.
Honnêtement, je n’ai pas essayé longtemps de rouler sans assistance. Le vélo totalement équipé approche les 15 kg, et les pneus de 47 offrent tout de même une certaine résistance au roulement sur la route. La machine se montre donc pataude et un peu molle lors des relances. Cependant, le mode Eco change totalement la donne. Le contact avec le bitume est évidemment très doux grâce aux pneus, et les passages en danseuse donnent légèrement l’impression que le vélo flotte latéralement. Mais l’assistance donne juste le coup de boost nécessaire pour que le Creo 2 semble beaucoup plus léger qu’il ne l’est en réalité. À la fin de la sortie, une côte sur le bitume suivie d’un long faux plat face au vent permet d’ailleurs de tester pleinement les capacités du vélo, en additionnant la puissance apportée par le moteur avec mon effort presque à plein régime à une cadence idéale de 90 tours/minute, la bonne combinaison pour atteindre le meilleur rendement du vélo. Jusqu’à 27 km/h, on peut se sentir pousser des ailes, ou du moins avoir l’impression d’être vraiment très en forme. Je trouve en revanche la coupure d’assistance un peu brutale, plus en tout cas que certains vélos avec un moteur au niveau du moyeu arrière. Sans assistance, le Creo 2 rappelle son poids et la dimension des pneumatiques.
Dans les chemins en revanche, il est très rare qu’on se retrouve au-delà de la vitesse réglementaire pour l’assistance. Le mode Eco permet là encore de naviguer avec plaisir, facilitant les relances après les parties qui nécessitent un peu de pilotage. De ce point de vue-là d’ailleurs, le Creo 2 s’en sort plutôt pas mal malgré son poids, car le centre de gravité est situé très bas sur le vélo. Cela lui donne beaucoup de stabilité dans les descentes rapides sur des cailloux ou un terrain meuble. La largeur des pneus, leur pression de gonflage et la suspension avant font le reste pour qu’on se sente souvent en sécurité.
Dans les pentes raides, le mode Turbo offre beaucoup de couple, parfois trop. Si la montée abrupte s’accompagne de la nécessité de choisir soigneusement sa trajectoire entre les ornières et les cailloux, la machine devient difficilement contrôlable. « Sans maîtrise, la puissance n’est rien » comme l’affirmait une publicité il y a quelques années. Pour combiner pilotage, efficacité et sensation d’effort, j’ai largement préféré le mode Sport, beaucoup plus contrôlable et maîtrisable de mon point de vue. Cependant, j’aurais pu personnaliser les caractéristiques de chaque mode d’assistance dans l’application Specialized App, pour qu’elles correspondent réellement à ma manière de rouler ou au type de parcours choisi. À l’usage, les deux boutons additionnels placés sur le haut du cintre sont très pratiques à utiliser pour naviguer d’un mode d’assistance à l’autre. Je me suis surpris à préférer changer de mode en roulant en fonction de la difficulté plutôt qu’à changer de vitesse sur la cassette, d’autant plus que la gamme de développements de 10 à 50 dents avec un mono plateau n’est pas vraiment progressive.
Évidemment très efficace, le mode Turbo permet quant à lui de grimper des côtes très raides avec un revêtement régulier, ou des côtes longues et moins pentues avec une certaine facilité, en accompagnant le moteur en tournant assez simplement les jambes. Là encore, le Creo 2 confirme sa polyvalence et sa vocation de vélo hybride, puisqu’il peut s’adresser aussi bien aux pratiquants sportifs qui recherchent des sensations de vitesse tout en s’impliquant physiquement, qu’à des cyclistes moins entrainés qui veulent atteindre des sommets normalement inaccessibles pour eux. Dans les deux cas, le fonctionnement du vélo est de surcroît assez silencieux, et trahit difficilement l’usage d’une assistance électrique. Bref, même si le marché du VAE de route ou de Gravel n’est pas encore très développé, il ne fait aucun doute qu’avec le Creo 2 Specialized propose une option susceptible de séduire les sceptiques.
Le Specialized Creo 2 en bref… Note : ***** Les + : polyvalence, capacités, autonomie, possibilités de personnalisation de l’assistance, silence, confort, stabilité Modèles proposés : Creo 2 S-Works : cadre en carbone Fact 11r – Groupe Sram Red/XX1 AXS 1x – Roues Roval Terra CLX II – Poids : 12,9 kg en taille 56, sans pédales et sans batterie additionnelle – Prix : 13000 € Contact : specialized.com |
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Je possède ce vélo et c’est vrai qu’il est très performant, très roulant ( on peut se passer facilement de l’assistance sur du plat et rouler à 20 22 km/h) un couple qui permet de passer à peu près partout pour peu qu’on utilise les bons rapports.
Son seul reproche que je lui ferai, c’est le bruit du moteur omniprésent qu’on n’oublie jamais. Pour avoir essayé la 1ère version de 2022 qui faisait un bruit d’enfer et que j’avais pas acheté à l’époque à cause de ça, j’ai acheté la version de 2024 que j’ai pas pu essayer ( pas de vélo d’essai ) . Je me suis contenté des chiffres annoncés de réduction de bruit de 43% mais il n’en n’est rien, toujours autant de bruit et c’est inadmissible pour un vélo de près de 5000 euros. Ce n’est donc pas des sorties plaisirs que je fais avec ce vélo . J’ai pu essayer des vélos 2 fois moins cher avec zéro bruit sur n’importe quel niveau d’assistance. Specialized devrait je pense regarder un peu ce que fait la concurrence question moteur.