Test des chaussures Shimano S-Phyre RC-903

Pour la quatrième version de ses chaussures haut de gamme S-Phyre (après les RC-9 sorties en 2017, les RC-901 en 2019 et les RC-902 en 2021), Shimano semble avoir définitivement résolu l’antagonisme habituel entre rendement et confort sur les nouvelles RC-903, grâce à une empeigne et une dynamique de serrage qui favorisent un maintien ferme mais sans créer le moindre point de pression. Des chaussures aussi bien appréciées par les pros que par les amateurs ou les adeptes des sorties au long cours.

Par Guillaume Judas – Photos : @3Bikes.fr

La dernière version des chaussures Shimano S-Phyre bénéficie d’un nouveau système de laçage sur l’avant du pied.

Les S-Phyre RC-903 conservent les caractéristiques qui ont fait le succès des premiers modèles, à savoir une semelle extérieure très rigide directement liée à l’empeigne et son chaussant enveloppant, une semelle intérieure avec un soutien de voûte plantaire ajustable, une cambrure peu prononcée et un talon fin avec une coque anti torsion pour limiter les mouvements parasites du pied lors du pédalage. Sur ce nouveau modèle, déjà utilisé par les pros comme Mathieu van der Poel dès la saison 2022, Shimano a principalement retravaillé l’enchevêtrement des couches de cuir microfibre de la partie supérieure, pour un serrage encore plus doux et progressif que sur les modèles précédents. Ce même revêtement nous parait également légèrement plus souple (sans être étirable au serrage) que la version précédente RC-902, et nettement moins raide que les RC-901 de 2019.

Le cuir microfibre utilisé est souple et il épouse parfaitement les contours du pied lors du serrage.

Des chaussures vraiment différentes de la concurrence

L’une des spécificités principales des S-Phyre concerne le type d’assemblage des chaussures, avec l’absence de semelle intermédiaire normalement dévolue à la fixation de l’empeigne entre la semelle extérieure (en carbone) et la semelle interne de confort. L’empeigne est directement fixée sous la semelle carbone, ce qui permet aux deux côtés de la chaussure de se refermer progressivement sur le pied en même temps lors du serrage, et de gagner quelques petits millimètres de hauteur entre le pied et la semelle extérieure, pour une stabilité supplémentaire théorique du pied sur la pédale.

On voit ici la semelle en carbone, et la tige de la chaussure qui en fait le tour.
les deux côtés de l’empeigne entourent la semelle, et sont reliées entre elles sous la chaussure, comme on peut le voir avec cette couture.

Sur les S-Phyre, on trouve également une semelle très rigide (index de 12/12 sur l’échelle Shimano), assez peu cambrée et relativement large au niveau de l’emplacement des cales, pour une grande plage de réglage avec moins de risques de porte-à-faux lors du placement des cales, par ailleurs facilité par de nombreux marquages. Si vous optez pour ce modèle en venant d’une autre paire de chaussures, il est probable que vous deviez baisser la selle de quelques millimètres pour retrouver vos marques.

Les marquages sont très pratiques, et par ailleurs la semelle est large au niveau de l’emplacement des cales, ce qui assure une parfaite connexion entre la cale et la plateforme de la pédale (sans jeu).

Les S-Phyre conservent également la semelle interne avec un support de voûte plantaire modulable, avec le choix entre deux épaisseurs de coussinets (fournis avec les chaussures), ce qui permet de bien soutenir le milieu du pied et d’offrir des appuis bien répartis dans toute la chaussure. Notons cependant que nous aurions souhaité une épaisseur de plus, pour un soutien plus important si nécessaire. En effet, le soutien « haut » (le rouge) correspond à peu de choses près à la semelle bleue vendue en après-vente chez Speclialized (l’intermédiaire), et il manque selon nous un niveau supplémentaire pour les voûtes plantaires très marquées. Néanmoins, l’effort de la marque pour apporter une personnalisation des appuis est déjà louable par rapport à d’autres marques.

Deux épaisseurs de soutien de voûte plantaire sont fournies, et faciles à changer.

Les S-Phyre RC-903 conservent les deux molettes Boa Li2 pour le serrage, avec une faible épaisseur et un serrage/desserrage cran par cran. Au niveau du cou-de-pied, la molette est placée sur le rabat principal de la chaussure, contrairement à la plupart des chaussures du marché. Ceci permet théoriquement d’améliorer l’enveloppement du pied, car les deux serrages Boa tirent les fils dans des directions opposées. Les Boa Li2 sont précis et puissants, mais moins que les Boa S3 que l’on trouve sur les chaussures Specialized par exemple. En revanche, ils permettent de libérer totalement le serrage par un simple tirage, ce qui n’est pas le cas des S3.

Les molettes Boa Li2 sont assez compactes.

L’une des principales différences avec les trois premières générations de S-Phyre concerne le fil du serrage Boa sur l’avant du pied, qui chemine maintenant directement à travers le tissu plutôt qu’en suivant des guides en plastique. Ceci a pour effet d’alléger la chaussure, de limiter les risques de ressentir des points durs au serrage, et de mieux répartir la pression. Contrairement aux RC-902, on distingue une partie en mesh sur l’avant, conçue pour améliorer la superposition des couches au moment de l’enveloppement du pied et du serrage. Shimano a recherché à rigidifier la partie arrière de la chaussure, notamment au niveau du cou-de-pied et du talon, mais en utilisant en même temps des matériaux et une conception plus souple et élastique sur l’avant du pied pour optimiser le confort. Le talon est d’ailleurs particulièrement fin et vient bien enserrer toute la partie arrière du pied, empêchant ainsi tout soulèvement ou glissement du pied lors du pédalage. La ventilation des S-Phyre RC-903 est assurée par le cuir microfibre fin et perforé sur l’empeigne, et par une entrée d’air sous la partie avant de la semelle carbone. Des petits trous pour l’aération sont également visibles sur les semelles internes, à l’avant et à l’arrière.

La partie en mesh est forcément exposée aux salissures. Mais elle permet d’appliquer un serrage progressif et jamais contraignant.
La fermeture de la chaussure s’effectue comme un chaussant enveloppant, et sans le moindre point de pression.

Au niveau du poids, enfin, les RC-903 s’allègent et s’affichent à 218 g l’unité en pointure 39, contre 230 g pour les RC-902, soit un gain de 24 g sur la paire.

Le talon est relativement étroit et il enserre parfaitement la partie arrière de la chaussure.

Les S-Phyre RC-903 sont disponibles en quatre couleurs (blanc, noir, bleu et rouge), et du 36 au 48 (avec demi-pointures du 37 au 47, en modèle large (avec 3 à 4 mm supplémentaires de largeur sur l’avant-pied) et en modèle femmes plus étroit du 36 eu 44 (uniquement en blanc).

La finition est superbe, et tout à fait compatible avec un prix de vente haut de gamme à 349 €, toutefois légèrement moins élevé que beaucoup de modèles concurrents qui flirtent désormais avec les 400, voire les 450 €. On peut remarquer également un patin remplaçable au niveau du talon, et une plaque de protection en caoutchouc à l’extrémité avant de la semelle, pour limiter les dégâts en cas de frottement avec le pneu avant.

Un renfort à l’avant du pied vient protéger l’empeigne, notamment des contacts avec le pneu du vélo.

S-Phyre RC-903 : confort et performances

Le chaussant est comparable à la version RC-902, avec une entrée assez étroite, et donc un excellent maintien du talon, mais avec une partie avant où les orteils ont suffisamment de place pour se déployer confortablement sans se chevaucher. Lors du serrage, la partie sur le cou-de-pied est toujours assez surprenante, car le placement même du fil Boa décalé par rapport à ce qui se fait habituellement élimine cette sensation de bride sur lequel on peut prendre appui lorsqu’on tire sur les pédales. Ici, le maintien est globalisé, sans point dur, et il faut compter uniquement sur l’ajustement progressif de la chaussure autour du pied pour avoir l’impression de faire totalement corps avec l’ensemble du vélo. De notre point de vue, agir sur les deux molettes Boa est essentiel pour le serrage.

Une fois la chaussure bien serrée, la coque du talon limite tous les mouvements parasites lors du pédalage.

Le matériau très souple de l’empeigne offre beaucoup de liberté à l’avant du pied si le serrage n’est pas proprement réalisé. Mais à l’inverse, un serrage puissant est tout à fait supportable sur une longue durée grâce à la conception même de la chaussure. Reste à voir tout de même de quelle manière peut vieillir ce cuir microfibre assoupli, et s’il peut continuer à assurer d’aussi bons maintien et ajustement après avoir subi de nombreuses conditions climatiques difficiles, ce que nous n’avons pas pu vérifier après 1200 km de test.

Une grille de ventilation sous l’avant de la semelle permet de faire circuler l’air.

La semelle en carbone est très rigide, mais là encore elle doit être associée au serrage d’ensemble, car elle ne suffit pas à assurer du rendement si le pied n’est pas suffisamment maintenu au niveau de l’empeigne. Mais une fois le bon serrage appliqué, la semelle, le talon bien fermé et l’enroulement de l’empeigne autour du pied le plaquent littéralement à la chaussure pour un rendement de très haut niveau.

La semelle des S-Phyre est peu cambrée.

Nous apprécions également la faible cambrure de la semelle qui offre un mouvement très naturel lors du pédalage. Et surtout, avec des cales Shimano, nous constatons que le placement des cales s’effectue sans la moindre déformation lors du serrage de celles-ci, alors qu’il peut arriver que sur certaines autres chaussures elles se déforment légèrement et procurent ainsi un contact sur la pédale avec du jeu.

Les talonnettes de marche sont remplaçables.

Notre avis sur les chaussures Shimano S-Phyre RC-903

Légères et confortables, les S-Phyre RC-903 offrent un chaussant minimaliste qui donne l’impression de porter des chaussons, mais qui peut se rigidifier nettement en appliquant un fort serrage, de manière à faire vraiment corps avec la chaussure. La semelle extérieure procure une bonne stabilité et un pédalage naturel qui ne bride pas les mouvements de cheville. La semelle intérieure offre quant à elle des possibilités de personnalisation du soutien qui ne sont pas si fréquentes même à ce niveau de prix. Et même si c’est subjectif, nous les trouvons très belles. Reste à voir comment peuvent vieillir le cuir microfibre et la partie en mesh de l’empeigne, aussi bien esthétiquement qu’en termes de fonctionnalités.

Les SHIMANO S-PHYRE RC-902 en bref…

Note : *****

Les + : confort, finition, maintien enveloppant, rigidité, faible cambrure
Les – :
empeigne souple et fine exposée, et partie en mesh salissante

Semelles : carbone (indice de rigidité 12/12) – Empeigne : cuir microfibre et mesh sans semelle intermédiaire – Talon : enveloppant – Serrage : deux serrages Boa Li2 indépendants pour un micro-ajustement – Perforations pour le drainage ou l’aération – Semelles intérieures : avec soutiens ajustable pour la voûte plantaire – Plage de réglage de la cale : étendue de 11 mm – Poids : 218 g (pointure 39) – Coloris : noir, bleu, blanc, rouge – Tailles : du 36 au 48 avec demi-pointures, modèle classique, large ou pour femmes (plus étroit) – Prix : 349,99 €

Contact : bike.shimano.com

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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4 commentaires sur “Test des chaussures Shimano S-Phyre RC-903

  1. Est-ce que vous avez des références pour le choix entre la version standard et la version wide ? (Longueur 28cm et circonférence de 26cm).

    Merci d’avance.

        1. Impossible de vous dire. J’imagine que Shimano doit pouvoir vous répondre. La marque parle de +5 % de volume sur le bout du pied et de +6 % sur le reste du pied, mais on ne sait pas à partir de quelle largeur elle considère qu’il faut du Wide. D’où l’intérêt de s’adresser à un revendeur Shimano à notre avis.

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