Faut-il utiliser des semelles spéciales à l’intérieur des chaussures de vélo ?

Avant de parler de l’importance des semelles intérieures dans vos chaussures, vous êtes-vous déjà posé réellement la question du rôle fondamental du pied lorsque vous courez ou lorsque vous roulez ? Quelle est l’importance de la qualité de la pose de pied pour vous coureur cycliste, ou coureur à pied ? En partant du principe que ce type d’appui est particulièrement important pour le confort et l’efficacité, jusqu’où faut-il aller pour le personnaliser ?

Par Jean-Fran̤ois Tatard РPhotos : DR

De part sa constitution biomécanique, le pied capte les variations du sol ainsi que ses différentes positions. Connaissez-vous le phénomène de pronation et de supination ? Car l’autre rôle du pied, est de permettre le contrôle et le maintien de toute la posture du corps. Le pied est à la fois capteur et effecteur. Pour pédaler, le pied est en contact avec la semelle de la chaussure, elle-même solidaire de la pédale, et il effectue une rotation pour accompagner le mouvement de la manivelle, en alternant les phases de poussée avec les phases de tirage. Le confort et le maintien du pied à l’intérieur de la chaussure sont donc fondamentaux pour l’efficacité du coup de pédale, et pour pouvoir poursuivre un effort sur le long terme sans souffrir de douleurs handicapantes.

Dans la plupart des sports, beaucoup de choses partent du pied, ou plus exactement des appuis du pied, par exemple en courant ou en pédalant.

Quand faut-il consulter un podologue ?

La première démarche à réaliser quand on souffre du pied en pédalant, c’est d’observer la semelle intérieure des chaussures, la plupart du temps basique et sans soutien de la voûte plantaire. Il est aussi possible d’opter pour des semelles avec un meilleur soutien, soit parce que ce soutien est personnalisable avec un système de support réglable (comme chez Shimano sur les chaussures S-Phyre), soit en achetant des semelles supplémentaires comme par exemple chez Specialized. Des semelles thermoformables (donc pas exactement avec les mêmes niveaux de correction que des semelles orthopédiques) sont aussi accessibles. Pour aller plus loin, il est aussi possible d’aller consulter un podologue.

 

L’une des premières raisons qui vous pousse à chercher un podologue, c’est une douleur persistante pendant l’activité cycliste ou lorsque vous courrez. Au genou, au bassin ou au tendon d’Achille par exemple. L’autre raison peut être une usure prématurée de vos chaussures de course à pied ou de marche, ou une usure déséquilibrée d’un pied à l’autre. Mais un mal de pied persistant en pédalant dans les conditions extrêmes (chaleur ou froid) peut aussi être le signe d’appuis déséquilibrés dans les chaussures, et qui ont tendance à créer des stases veineuses. Des appuis trop prononcés et pas assez bien répartis peuvent créer une stagnation du sang qui coupe la circulation et donne régulièrement la sensation de « feu au pied » ou de « pied gelé ». Une semelle orthopédique est dans ce cas tout à fait indiquée pour régler le problème.

La semelle orthopédique

Ce n’est pas qu’un détail. Même si on en trouve de différentes matières et de toutes sortes de couleurs, la semelle orthopédique est encore moins un phénomène de mode. Il s’agit bien d’un acte médical. Après un bilan podologique personnalisé, le podologue va décider s’il faut des semelles ou non. C’est le podologue lui-même qui les fabrique. Et elles n’ont absolument rien à voir avec celle que vous trouverez au rayon accessoires de votre magasin de sport. 

On peut s’en faire prescrire en préventif. L’objectif est d’agir sur l’équilibre du pied, en prévention d’éventuels troubles statiques. C’est une sorte d’assurance de la qualité des appuis.

En curatif, le podologue traite une pathologie clairement identifiée : tendinite, périostite, aponévrose, syndrome rotulien, TFL (ou appelée aussi syndrome de l’essuie-glace) et toutes les autres douleurs liées au geste sportif.

Le délai d’adaptation varie selon chacun et selon la qualité de vos semelles.

Le port des semelles entraîne une modification de la foulée à pied, ou du pédalage à vélo, mais aussi des appuis et même des sensations de course ou de tirage et d’écrasement de la pédale. Les appuis étant modifiés, c’est la posture qui s’adapte et se corrige. Par ailleurs, le délai d’adaptation varie selon chacun et selon la qualité de vos semelles.

Shimano propose des semelles internes pour les modèles S-Phyre avec un soutien de voûte plantaire ajustable (jaune ou rouge), qui permet déjà de personnaliser les appuis à l’intérieur des chaussures. Specialized ou Selle Italia par exemple proposent aussi en option des semelles intérieures avec différents soutiens de voûte plantaire.

Avant la prescription

Le plus simple c’est de passer d’abord par votre médecin généraliste qui lui-même vous réorientera vers un podologue. C’est fastidieux et ça rajoute une étape. Mais ça a au moins deux avantages. Déjà ça vous offre un premier avis et puis ça vous permet d’avoir une ordonnance et ainsi de pouvoir vous faire rembourser par la Sécurité sociale et complémenter par votre mutuelle.

Dans le choix de votre podologue, je vous conseille le bouche à oreille. Les bons pour la course à pied sont rares. Mais pour pour le vélo, c’est encore plus compliqué. Et ainsi les matériaux utilisés pour la conception de la semelle sont différents que celles que vous utiliserez éventuellement dans la vie de tous les jours. Ne vous alourdissez pas ! Pensez que dans votre passion le poids est un handicap. Et les matériaux anti transpirant sont des alliés.

Que penser des chaussures « minimalistes » ?

Mon avis n’est pas objectif (en même temps par définition comme tous les avis). Je ne suis pas un pro mais pour le coup, même si on peut aussi parler de drop pour la chaussure de vélo, s’il s’agit de course à pied, je pense qu’il s’agit un peu d’une mode. Néanmoins, ce qui est positif c’est que le mouvement est au retour à la sensation d’appuis. C’est bien pour l’évolution de nos deux sports. Et s’il faut passer par le minimalisme pour faire comprendre l’importance des appuis, je suis d’accord.

Pour le vélo, une chaussure « minimaliste », c’est une chaussure avec une semelle peu rigide et avec peu de cambrure, et un faible soutien. C’est déstabilisant pour ceux qui aiment un maintien ferme, mais généralement ce type de chaussure crée moins de douleurs car à chaque coup de pédale le pied est obligé d’effectuer une légère flexion et de s’adapter à l’intérieur de la chaussure.

Par ailleurs, je pense qu’il ne faut pas utiliser que cette chaussure ou semelle au quotidien et qu’il faut alterner. Peut-être pourrait-on imaginer ce format comme un outil musculaire et proprioceptif. Le travail du pied est primordial, les exercices de polymétrie avec renforcement de la stature sont nécessaires pour progresser et s’épargner des blessures. Ce type de semelle et de chaussure peut ainsi nous aider à travailler notre proprioception.

En résumé

Encore une fois tout est encore question d’équilibre. Pour les runners comme pour les cyclistes, il est important d’avoir un équilibre d’appuis en termes de performance, que ce soit pour réaliser un geste précis, ou que ce soit pour réaliser un geste répétitif. Quel est le bénéfice de la semelle ? Quel est l’interêt de la semelle ? Dans notre cas, les appuis sont très très importants. Le caractère répétitif de la foulée ou du pédalage engendre une dégradation de la qualité des appuis. Et ainsi plus le pied est équilibré, meilleure sera notre foulée ou notre enroulage de pédale. Mais pédaler plus librement à l’intérieur de la chaussure ou sur la pédale n’est pas totalement à exclure en termes d’entrainement, du moins de temps en temps pour travailler la proprioception, même si on ne parlera plus dans ce cas d’amélioration des performances.

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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2 commentaires sur “Faut-il utiliser des semelles spéciales à l’intérieur des chaussures de vélo ?

  1. Bonjour, une société qui fait des études de posture m’a indiqué que la semelle orthopédique cycliste n’était pas nécessaire pour un cycliste avec une jambe plus courte, cela pouvait être rectifié avec un insert plastique au niveau de la cale. Un avis ?

    1. Bonjour,
      Les semelles orthopédiques n’ont pas seulement pour vocation de rattraper des longueurs de jambes différentes. Mais elles peuvent aussi améliorer vos appuis dans les chaussures, combler les espaces « vides » et améliorer la circulation sanguine en pédalant, et donc améliorer les problèmes de feu au pied l’été et de froid excessif l’hiver.

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