Reconnaissance de l’Étape du Tour 2023

En marge de la présentation du Tour de France, ASO a également présenté l’Étape du Tour 2023, qui se déroulera entre Annemasse et Morzine, sur le tracé de la 14e étape des professionnels. Si Annemasse avait déjà accueilli le Tour en 2004, c’est la première fois qu’elle sera ville départ de l’épreuve cyclosportive, qui regroupe près de 15000 inscrits chaque année. Nous avons profité d’un été indien tardif pour reconnaître le parcours de 152 km avec 4000 m de dénivelé dans ses moindres détails.

Par David Polveroni – Photos : ASO / DR

L’Etape du Tour 2023 empruntera le parcours de la 14e étape du Tour de France.

En 2004, l’étape reliant Lons-le-Saunier à Annemasse avait vu se dérouler le fameux épisode entre Lance Armstrong et Filippo Simeoni, lié aux accusations contre le Docteur Ferrari. Mais revenons à du plus concret et ce à quoi il faudra vous préparer pour ce défi qu’est la mythique Étape du Tour, qui reliera Annemasse à Morzine, aux Portes du Soleil, avec 152 km et 4000 m de dénivelé tout ronds qui vous attendent le 9 juillet 2023. L’épreuve reliera les bords du Léman aux Portes du Soleil via les cols du Saxel, de Cou, du Feu, de la Jambaz pour terminer avec le très difficile enchaînement Ramaz-Joux Plane.

« Agir plutôt que parler » : telle est la devise des Annemassiens, une devise en adéquation avec cette étape et qu’il faut appliquer dès aujourd’hui  afin que votre préparation soit exemplaire dans le but d’atteindre vos objectifs… Il vous faut comprendre que ce tracé sera de plus en plus difficile au cours des 140 premiers kilomètres, les douze derniers étant en descente. Plus la distance avancera, plus les montées seront dures. Et plus vous avancerez dans les cols, plus ils seront pentus…

Une mise en route progressive

La sortie d’Annemasse avec les premières difficultés en toile de fond.

Après une première partie de 12 km qui permet de s’extraire de la ville d’Annemasse et de ses faubourg, le parcours arrive à Fillinge, au pied des premiers pourcentages. Il s’agit ici d’une pente roulante pour aborder cette épreuve. Après avoir traversé la Ménoge, un sous affluant du Rhône se jetant dans l’Arve, vous virerez à droite pour rentrer en Vallée Verte. Cette côte avec des pourcentages n’excédant pas les 5 % sur un peu plus de 4 km sera la première difficulté à franchir. Pas de quoi s’affoler, c’est plutôt facile ! Un court replat, et vous enchaînerez alors avec le premier col de la journée, celui du Saxel.

Le col du Saxel.

Depuis la sortie de Boëge, c’est un col dans le prolongement de la première petite bosse et dans le même style. Des pentes à 4-5 % durant 4 km traversant de petits villages. C’est régulier. Aucune surprise. Le type de col idéal pour s’échauffer. Cette étape est, comme on le verra par la suite, un modèle de Negative Split ou en français, de difficulté croissante.

La descente du Saxel.

Après avoir passé ce col du Saxel à 944 m d’altitude, vous allez poursuivre cette série de trois montées/descentes sur les contreforts du lac Léman. Ce lac en forme de croissant d’une superficie de 581 km2 est le plus grand lac Alpin et subalpin d’Europe. Situé en France et en Suisse, il permet aux cyclistes proches d’en faire (de temps en temps..) le tour. Une bagatelle d’un peu plus de 200 km… Une semaine avant l’Étape du Tour, le 3 juillet, l’épreuve de Châtel Chablais Léman Race en emprunte une partie. De quoi vous familiariser avec la région. La première descente ne comporte aucun piège, si ce n’est la distraction offerte par le lac sur votre droite. Alors, pensez déjà ravitaillement et hydratation. Comme d’habitude, ce seront des points très importants pour construire au mieux votre Étape.

Le col de Cou.

Après 28 km, vous arriverez au village de Fessy, et vous aborderez alors la seconde difficulté, le col de Cou. Les choses ici se corseront clairement. Long de 7 km à 7,7 % de pente moyenne, il ne présente pas une moyenne représentative. Dès le pied, de sévères rampes à 10 % donnent le ton, pour alterner avec des passages moins pentus autour de 8/9 % et de courts passages plus roulants. À 2,5 km du sommet, de nouveaux forts pourcentages feront une nouvelle sélection. Un nouveau court répit vous permettra de redescendre sur votre gauche au sommet. En réalité, vous n’irez pas véritablement jusqu’au col de Cou, il manquera quelques mètres d’altitude… Après une descente avec cinq belles épingles plongeant à nouveau dans la vallée du Léman, vous enchaînerez directement avec le col du Feu. On montera encore d’un cran dans les difficultés. Nous serons toujours dans les mêmes ordres de longueur, avec 6 km à près de 8 %. Vous trouverez un premier kilomètre roulant avant d’entrer dans le vif du sujet avec du 13 % sur 300 m. Cette montée est tout aussi irrégulière que celle du col de Cou, avec des passages à 6 puis 9/10 %. L’ambiance sera ici de plus en plus verte, en entrant dans la montagne comme vous rentrerez véritablement dans cette étape.

=> VOIR AUSSI : l’Étape du Tour 2022, trois jours hors du temps

Après 53 km, à 1125 m d’altitude, soit un petit mètre de moins que le col précédent, et vous basculerez sur Lullin. Une descente courte où vous aurez peu de répit pour mettre la main à la poche. C’est après avoir traversé ce village que vous retrouverez durant trois kilomètres des pourcentages nécessitant de pédaler sur une large route propice à des regroupements de petits pelotons. Vous en aurez alors terminé avec ce que l’on peut qualifier de première partie de cette Étape du Tour. Un concentré de trois difficultés de 6/7 km en 40 km sur des pourcentages assez variés. Une première portion où griller des cartouches est aisé. Ce n’est jamais long donc on peut se mettre facilement dans le rouge. Comme sur toute épreuve d’endurance, 4000 m de dénivelé ne s’improvise pas et se gère. Essayer de garder un tempo régulier dans les cols est le maître mot pour aller au bout dans de bonnes conditions.

Un peu de répit avant d’attaquer les choses sérieuses

On attaque alors le second acte de cette pièce découpée en trois. Une partie dite de transition d’un peu plus de 30 kilomètres qui débute avec le col de la Jambaz. C’est un col roulant avec des pentes entre 3 et 4 %. Seulement un kilomètre autour des 6 % pourra faire un rappel au petit plateau. Une vallée toujours aussi verte, bien que vous ne serez plus dans la vallée du même nom. Les montagnes seront là sous vos yeux et vous appellent. Patience. Tout comme pour la gestion de vos forces. Dans la descente qui suit, il ne faudra absolument pas se retrouver seul, à cause de la pente et de son aspect rectiligne. Vous serez ici sur de belles lignes droites, où rester dans un groupe sera primordial pour économiser de vos forces et le faire avancer avec un minimum de dépense énergétique et le plus rapidement possible…

Le col de la Jambaz.

Vous descendrez la vallée du Risse, une petite rivière encaissée dans un défilé rocheux, un paysage abrupte et rocailleux. Magnifique. Il n’est pas certain que vous ayez la possibilité de profiter du décor. Prudence sur cette section jusqu’à la traversée de Saint-Jeoire, synonyme de retour dans la vallée. C’est rapide et ça peut frotter, même si des groupes de niveaux seront d’ores et déjà constitués.

Même si pour cette Étape du Tour 2023 les cols ne sont pas spécialement de très haute altitude, l’épreuve n’en reste pas moins compliquée avec 4000 m de dénivelé en 140 km

Km 80 : vous attaquerez la côte de Marignier, chère à l’épreuve du Grand Prix du Faucigny dont vous emprunterez une partie des routes sur cette Étape du Tour. Cette côte très roulante vous servira d’amuse-gueule avant l’arrivée sur Mieussy.

Le terrible enchainement Ramaz-Joux Plane

Nous arrivons donc ici au pied du troisième acte : le terrible enchaînement Ramaz-Joux Plane. En sortant de Mieussy, vous virerez à 180° sur la gauche au rond point pour tout de suite vous retrouver sur des pentes autour de 8 %. Ce col est plutôt simple à décomposer. Il y a une première partie de 7,5 km avec des rampes qui oscillent entre 6 et 8 %, pour vous faire prendre de l’altitude et dominer la vallée de l’Arve pour apercevoir les Chaînes du Bargy et des Aravis. Ce secteur, entrecoupé d’une petite descente après 2 km casse un peu le rythme. Un rythme sur lequel il faudra jouer pour arriver à la fin de cette portion et enchainer sur un secteur difficile jusqu’à Sommand.

Le col de la Ramaz, avec le tunnel en point de mire.

Après le petit hameau de Peignât d’en Haut, une épingle sur votre droite verra la pente se cabrer. Suivra alors alors 2 km à 10 % de pente moyenne, parfois un petit peu moins, parfois un petit peu plus. Ce col de la Ramaz sera dans tous les cas bien exposé au soleil, peu importe votre heure de passage, si celui-ci est présent. Qui dit plus de pente, dit vitesse plus faible, donc attention à l’hydratation une fois de plus. Vous traverserez le tunnel long de 250 m, celui que vous apercevrez après 3 km d’ascension, c’est un bon repère. Il est bien éclairé, et il vous faudra de la lucidité ici, la pente ne débranche pas et vous resterez sur des pourcentages autour de 10. À la sortie du tunnel, vous imaginerez 300 m plus loin un petit portique indiquant la fin de la partie raide de l’ascension, à la station de Sommand.

Le col de la Ramaz est une grosse difficulté.

Vous aurez un peu de répit ici avec une pente moins dure, autour des 5 % pendant un kilomètre. Le décor est ici grandiose, peut être le plus beau panorama de cette étape. Presque avec un air de Dolomites. Après 2,5 km sur une route reprenant un peu de pourcentage sur la fin, vous arriverez à un petit lac sur votre gauche qui marquera le sommet du col, à 1611 m d’altitude.

Dans la descente, la traversée de la station de Praz-de-Lys demandera de la vigilance avec une chaussée pas toujours en bon état. La sortie de la station remonte un peu (200 m) pour arriver au col de la Savolière et aborder la descente sur Taninges. Une descente large avec un enchainement de cinq belles épingles, raides, pour retrouver une portion rectiligne et la traversée d’une galerie avant d’arriver à Fry pour reprendre la route nationale reliant Taninges à Morzine via les Gets.

Après un peu plus de 120 km, une dernière partie de répit s’offre à vous avant la dernière difficulté du jour, le col de Joux Plane. Une vallée, où comme souvent, le vent aura son importance. Donc, comme pour le col de la Jambaz, il faudra veiller à être dans un groupe ou à en attendre un. Elle est plutôt légèrement montante mais permet tout de même de récupérer, ou d’attaquer, c’est selon vos aspirations, avant d’attaquer le col de Joux Plane.

Pour cette dernière difficulté, nous vous invitons à relire la présentation du col : le col de Joux-Plane via Samoëns.

Le profil des derniers kilomètres de l’Etape du Tour 2023.

Après avoir bien négocié le dernier virage pour arriver dans Morzine, vous pourrez être fier d’avoir bouclé cette épreuve mythique. Même si pour cette Étape du Tour 2023 les cols ne sont pas spécialement de très haute altitude, l’épreuve n’en reste pas moins compliquée avec 4000 m de dénivelé en 140 km, au col du Ranfolly qui suit Joux Plane. Une épreuve qui impliquera une bonne gestion de ses forces mais qui se voudra plus accessible que l’édition 2022 et qui verra un vainqueur pas uniquement grimpeur avec des cols plus courts et moins hauts mais plus répétés donc gare à la bonne gestion de vos forces et à votre préparation : une bonne stratégie sera nécessaire.

Témoignage : les conseils d’un ancien vainqueur de l’Étape du Tour

Tao Quemere a remporté la dernière Étape du Tour qui arrivait à Morzine en 2016. Il vous délivre quelques conseils pour bien réussir votre épreuve le 9 juillet prochain.

Tao, tu as gagné l’Étape du Tour en 2016, cela fera 7 ans le 9 juillet. Quel chemin as-tu parcouru depuis ?

Déjà 7 ans… J’ai gardé mon travail hivernal avec l’équipe de France de ski nordique. Mais j’ai exploré le cyclisme amateur avec le Vélo Club Villefranche Beaujolais, j’ai donc moins pris part aux cyclosportives. Cela me permet de courir sur de belles courses à étapes. J’ai eu une progression linéaire, qui m’a permis de remporter le tour du Beaujolais cette année par exemple. 

Comment s’était passé cette dernière partie avec le col de Joux Plane et ensuite la descente sur Morzine ? C’est ici que tu avais forgé ta victoire ?

C’est vrai que le final est identique, mais l’approche sera différente en 2023 car il faudra digérer toutes les petites difficultés avant Joux Plane. En 2016, j’avais pu basculer seul au sommet et ainsi descendre à ma main. Je pense que la victoire s’était jouée à mi-col à peu près, quand j’ai pu conserver mon rythme d’ascension.

Quel serait ton conseil pour cette Étape du Tour 2023 ?

Je pense qu’il faudra aborder le col de Joux Plane comme une montée sèche. Se dire que l’arrivée est en haut sans penser à la descente. Et garder toute son énergie pour cette dernière ascension. Ce n’est pas utile d’être à fond dans la Ramaz pour ensuite devoir s’arrêter dans Joux Plane.

Seras-tu présent sur cette nouvelle édition ?

Je ne pense pas être présent. Le calendrier amateur proposé par le club est déjà très bien fourni. Et je m’amuse beaucoup sur ces course-là. Il y a plus de stratégie et de mouvements d’équipes que sur les cyclosportives. J’ai un bon souvenir de 2016, un bon souvenir aussi de l’étape 2017, ça me suffit.

Témoignage : Julie Lacrevaz, 32 ans, va participer à l’Étape du Tour 2023. Elle nous explique comment elle va préparer l’épreuve.

Quelle type de pratiquante êtes-vous ?

Je suis originaire d’un petit village à côté d’Annecy. J’ai commencé le sport avec l’équitation, puis le ski alpin, et enfin le ski alpinisme, une discipline très complète qui demande une bonne préparation de fond. C’est comme ça que je me suis mise au vélo à la fin 2017. J’ai tout de suite aimé la discipline et compris que j’avais une très grosse marge de progression. Alors j’ai vraiment travaillé dur. Depuis, j’ai enchaîné des milliers de kilomètres à l’entraînement et disputé quelques cyclosportives, traversé les Pyrénées avec une copine, et j’ai aussi découvert la Haute-Route au Ventoux en 2020 où j’ai remporté la course Compact à l’issue des 3 jours de course. 

Vous avez connu une édition 2022 de l’Étape du Tour compliquée. Pouvez-vous nous la décrire ?

J’ai vécu une 2022 très difficile, avec le Covid en janvier, qui a re-déclenché ma maladie de Lyme tout de suite après et ensuite j’ai enchaîné sur un ulcère d’estomac en avril, et une grosse sinusite en juin. C’était une préparation en dents de scie jusqu’à l’Étape et je manquais clairement de volume à haute fréquence. Le parcours 2022 ne pardonnait pas, puisqu’on passait haut en altitude au Galibier (avec Lyme je supporte beaucoup moins l’altitude et le manque d’oxygène). Ensuite, j’ai pris un coup de chaleur avec des vomissements dans la montée de la Croix de Fer. J’ai réussi à aller jusqu’à la montée de l’Alpe d’Huez, mais j’étais sèche et vraiment au bout de mes forces. Ma tête à dit stop… 

Du coup, comment comptez-vous vous préparer pour cette Étape du Tour 2022 ?

Pour l’hiver qui arrive, je devrais normalement avoir une coéquipière de ski et on espère vraiment être sélectionnées pour la Pierra Menta en mars (c’est une des plus grandes course de ski alpinisme au monde, sur 4 jours). Si tout fonctionne, j’aurais une très bonne condition physique en fin d’hiver. Donc, j’enchainerai tranquillement sur le vélo. Ne pouvant pas faire trop d’altitude avec ma santé, je vais essayer de faire un bloc d’acclimatation à la chaleur au mois de mai. Très probablement au Moyen-Orient, car c’est vraiment une destination que j’adore. Et ce bloc devrait beaucoup m’aider. Pour le reste du temps, beaucoup de bornes autour de la maison. Et côté courses de préparation, j’irai entre autres à la GF Mont-Ventoux en Juin. Puis l’Étape arrivera rapidement !

=> VOIR AUSSI : Tous nos articles Voyages

David POLVERONI

  - 34 ans - Ambassadeur Factor et Castelli. Arpenteur de cols - Passionné de cyclisme - Plus de 30 victoires en Cyclosportives - Pigiste depuis 2018 - Pratique sportives actuelles : pur routier, gravel et dans le futur du VTTAE Strava : David Polveroni

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7 commentaires sur “Reconnaissance de l’Étape du Tour 2023

  1. Ahaha t’es là Ivan !!. Tu mets un dossard ? L’article est bien sympa et bien écrit. Très intéressant. Merci david

  2. Très intéressant comme reconnaissance (merci pour les conseils, notament de ne pas rester seul sur Jambaz et dans la vallée). J’ai un petit doute sur votre passage au col du cou; je pense que les coureurs vont bien passé le col (et non basculer sur la decente a une centaine de mètre du col) et tourner sur la gauche bien après pour 1 petit km de montée supplémentaire avant la descente sur Orcier. C’est mon impression quand je regarde la vidéo sur le site officel.

  3. Bonjour,
    Excellent article. J’ai un petit doute sur le col du cou. Je pense qu’on tourne pas avant mais quelques semaines après et cela remonte sur 1 km avant de plonger sur Orcier et attaquer le col du cou. J’ai bien regardé la vidéo sur le site officiel et il me semble que c’est ça. Merci pour cette reconnaissance et tout cas et les conseils.

  4. bonsoir,
    Cette article est parfait, entremêlé de judicieux conseils et précisions précieuses, mettez vous en tête dès maintenant que « Chi va piano va sano e va lontano », ouvrez les yeux dans les descentes mais aussi pour admirer la beauté des lieux jusqu’au col de la Ramaz et la…. ouvrez les watts et serrez les dents 😉

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