Test du BH SL1 2.9

Le BH SL1 est le dernier carbone de la marque espagnole, mais il s’agit ici d’un vélo au tarif relativement accessible de 2999 €, avec une transmission Shimano Ultegra mécanique. Même si son poids est perfectible et que la marque a dû faire quelques compromis au niveau des roues et des accessoires pour le rendre abordable, le SL1 démontre sur la route un fort potentiel. C’est peut-être l’une des belles affaires du moment.

Par Guillaume Judas – Photos : Vincent Lyky

Le BH SL1 est un vélo destiné aux cyclosportifs qui ne souhaitent pas dépenser une fortune.

Le premier contact avec le BH SL1 à la sortie du carton laisse présager d’une belle surprise. La finition est de très bon niveau, avec une intégration des câbles et gaines au niveau de la douille de direction et un serrage de tige de selle dissimulé dans le tube supérieur. La belle peinture est flatteuse, et le vélo est de plus disponible en cinq couleurs, ce qui est plutôt rare. BH classe son SL1 parmi les modèles dits d’endurance, mais son profil est directement inspiré de l’Ultralight et il bénéficie d’une fabrication qui reprend la technologie HCIM (Hollow Core Internal Molding) que l’on retrouve sur les vélos haut de gamme de la marque espagnole.

Le SL1 est un vélo moderne qui bénéficie des dernières innovations en termes de construction de cadres en carbone.

Le cadre est annoncé à 1050 g en taille MD, avec un sloping prononcé pour le côté sportif, des tubes massifs là où c’est important pour la rigidité, un triangle arrière en une seule pièce avec des haubans cintrés et de larges bases pour la stabilité et le confort. La boîte de pédalier est au format BB386EVO, et s’appuie sur un large tube diagonal à cet endroit, de même que sur un tube de selle évasé sur sa partie basse, ce qui permet selon la marque d’accroître nettement la rigidité tout en nécessitant des tubes moins épais. Une douille de direction plus fine montre le travail de conception effectué sur le SL1, loin d’être un cadre carbone au rabais.

La partie avant est destinée à assurer la stabilité de la machine. Elle est ici fort bien réalisée.

Mais le SL1 reste néanmoins un vélo relativement accessible sur le plan financier (par rapport à ce qu’on trouve sur le marché aujourd’hui), et il est proposé en trois versions, à partir de 2199 € avec une transmission Shimano Tiagra et jusqu’à 2999 € en Shimano Ultegra 11 vitesses, en passant par un modèle à 2399 € en Shimano 105. Il se destine aux cyclistes amateurs dans le sens premier du terme, ceux qui roulent le week-end sans objectif de performance ou pour le plaisir de faire de belles distances à vélo. Ou à ceux qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas dépenser une fortune pour rouler à vélo de façon sportive.

Le triangle arrière apporte du confort au vélo, mais sans perte de rigidité.

Un BH SL1 qui cache bien son jeu

Avec une masse proche de 9 kg sans les pédales et les accessoires indispensables pour rouler (porte-bidons, nécessaire de réparation et éventuellement un compteur), le SL1 n’est pas un poids plume, et cela peut se ressentir dès la mise en action sur la route. Les relances se montrent un peu plus exigeantes qu’avec une machine haut de gamme qui s’affiche avec 2 kg de moins, surtout que le surpoids se situe ici comme souvent à ce niveau de prix au niveau des roues. Sur nos parcours habituels avec de nombreux stops, feux de signalisation et relances en faux plat dans leur première partie, le vélo se montre un peu usant si l’on souhaite tenir la même moyenne qu’avec un vélo top de gamme, à moins de prendre son temps. La conclusion est identique dans les ascensions, même si le SL1 compense son manque de dynamisme par une douceur de roulement qui rend les évolutions à un rythme régulier relativement agréables, et finalement assez efficace sur de longues distances.

Le BH SL1 manque de dynamisme, et il s’apprécie plus facilement en roulant au train.

Une fois atteinte la vitesse de croisière, le vélo fait apprécier sa stabilité et une rigidité de très bon niveau, sans que celle-ci ne soit trop pénalisante pour ceux qui manquent de condition physique. Le SL1 ne se désunit pas sous les coups de pédales puissants, mais il reste suffisamment doux pour encourager l’effort au long court. Et il se distingue surtout par un très bon confort, grâce à la combinaison de plusieurs éléments : une bonne assise sur la route grâce à sa géométrie qui favorise la stabilité, des pneus de 28 mm de section (le vélo peut accepter jusqu’à 30 mm), et un poids qui limite l’impression de rebond sur les petites inégalités du bitume.

Le BH fait apprécier sa stabilité et une rigidité de très bon niveau, sans que celle-ci ne soit trop pénalisante pour ceux qui manquent de condition physique.

Le constat est identique dans les descentes, ou lorsqu’il s’agit de prendre de la vitesse en général. Pour ce qui est du pilotage, le SL1 est sûr et efficace. Il est facile à placer et à conserver dans les trajectoires, et il rassure les moins expérimentés avec son freinage à disque, puissant et bien dosable à la condition de ne pas être trop léger. Dans le cas contraire, il vaut mieux apprendre à anticiper le point de contact des plaquettes de frein avec le disque pour éviter les blocages de roue avant de se lancer dans une longue descente par temps humide.

Les roues rendent le vélo un peu pataud, alors qu’il mérite sans doute beaucoup mieux.

Le confort est aussi une histoire de position, et ici la géométrie du vélo en taille MD favorise une posture relativement relevée, avec une douille de direction de 150 mm et un tube supérieur assez court. Des caractéristiques que nous avons contournées pour notre part lors du test du vélo, en montant une potence plus longue et avec plus d’angle, de manière à pouvoir retrouver plus facilement nos marques. Attention toutefois à la bague supérieur du jeu de direction qui reçoit l’entrée des gaines et durites : elle est indispensable et limite donc encore un peu plus l’abaissement du poste de pilotage.

Le système d’intégration est relativement simple et facilite la maintenance.

Un équipement qui vise la durabilité

La manipulation des dérailleurs est souple et précise, et on se situe ici avec la transmission Shimano Ultegra 11 vitesses dans ce qui se fait de mieux dans le domaine des dérailleurs mécaniques depuis la quasi généralisation des systèmes électroniques sur les vélos plus chers. Notons toutefois qu’il n’y a pas grand chose à reprocher non plus aux deux autres versions du SL1, en Shimano 105 ou en Shimano Tiagra : c’est plus lourd encore, mais ça fonctionne toujours très bien.

=> VOIR AUSSI : Le test complet du groupe Shimano Ultegra 11 vitesses

Les roues Vision Team TC 30 présentent un profil bas en aluminium et sont montées avec des pneus Hutchinson Nitro 2 en 700×28. L’ensemble est durable, mais vraiment lourd pour un usage pointu. Évidemment, avec d’autres roues, le BH SL1 offre un tout autre visage. Et quand on parle d’autres roues, nous incluons aussi les pneus, indispensables pour dynamiser le comportement d’un vélo à moindre frais. Il est ainsi possible de gagner facilement 500 g sur le poids total du vélo. Un demi kilo qui change beaucoup de choses quant au comportement du SL1, en termes de dynamisme et de rendement. Avec l’arrivée du freinage à disque, on trouve sur le marché des roues en carbone de milieu de gamme moins onéreuses qu’avec un freinage à patins (entre 1000 et 1200 €), et qui suffisent dans ce cas pour changer le visage du BH, avec moins d’inertie au niveau des jantes, et un profil qui peut également être plus favorable à l’aérodynamisme.

La position est normalement typée cyclo, mais nous avons pu retrouver nos cotes habituelles avec une potence avec un angle à -17°.

Du côté des périphériques, la tige de selle, la potence et le cintre BH en aluminium ne sont pas très légers non plus, et leur niveau de gamme permet de maintenir le SL1 à un tarif cohérent. On trouve également une selle Prologo Nago qui tient la route, même si son revêtement est un peu rugueux. Il se montre gênant lorsqu’on cherche à glisser sur la selle pour se repositionner. Pour le pédalier, le choix du FSA Gossamer est discutable par rapport à un Shimano Ultegra, car il est aussi plus lourd. Là encore, il est toujours possible de changer progressivement ces accessoires pour gagner un peu de poids, même si l’effet ne sera pas aussi radical qu’avec les roues. Reste qu’à notre avis, le châssis du SL1 mérite amplement ces évolutions progressives. D’autant plus qu’au niveau du poste de pilotage, BH utilise ici le système ICR, avec des gaines qui passent sous la potence et pénètrent dans le cadre au niveau du jeu de direction. Ceci a trois avantages : un changement aisé de la potence (ce que nous avons été obligés de faire pour le test) ou du cintre, une maintenance facilitée, et pas de limitation pour tourner le guidon comme c’est parfois le cas avec des systèmes plus complexes.

Le BH SL1 est une machine fiable qui vise la durabilité. Une valeur sûre.

Notre avis sur le BH SL1

Le BH SL1 2.9 se présente comme une belle affaire, avec un châssis de bon niveau qui présente un très bon équilibre entre rendement et confort, et une conception moderne et pratique qui lui permettra d’évoluer en fonction de l’investissement de son utilisateur dans sa pratique. Mais tel quel, il s’agit déjà d’un vélo au bon rapport qualité-prix, avec un équipement fiable apte à procurer des sorties plaisantes et sans souci. C’est aussi ce que recherchent bon nombre de pratiquants, pour qui la performance n’est pas l’objectif ultime.

Le démontage des roues s’effectue par un système assez simple à utiliser, avec une tirette dans l’axe traversant, qui permet ensuite de le faire tourner.

Le BH SL1 2.9 en bref…

Note : *****

Les + : cadre moderne, confort, rigidité, semi intégration avec aspect pratique, transmission Ultegra
Les – : roues, pneus et certains accessoires trop lourds

Cadre : SL1 Disc ICR Monocoque – Fourche : RS1 Disc Full Integrated Tapeder – Cintre : BH Lite Compact – Potence : BH SL  – Freins : Shimano Ultegra 160/160 mm – Dér. Avant : Shimano Ultegra 11 v. – Dér. Arrière : Shimano Ultegra 11 v. – Leviers : Shimano Ultegra 11v. hydrauliques – Cassette : Shimano Ultegra 11-30 – Chaîne : FSA TH-CN1102 11 v. – Pédalier : FSA Gossamer 50-34 – Roues : Vision Team TC30 – Pneus : Hutchinson Nitro 2 700×28 – Selle : Prologo Nago – Tige de selle : BH Lite 27,2 – Poids : 8,950 kg en taille MD sans pédales – Nombre de tailles : 5 – Couleurs : 5 – Prix : 2999 €

Contact : bhbikes.com

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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