Montée sèche : le col de Joux Plane via Samoëns

Chaque région à sa montée qui fait figure d’épouvantail. Entre le Léman et Chamonix, au cœur du département de la Haute Savoie, la vallée du Haut Giffre ne déroge pas à la règle. Avec le fameux col de Joux Plane. Découverte.

Par David Polveroni – Photos : DR

Ce vaste massif de haute montagne s’étend des Hautes parois du Cirque du Fer à Cheval à l’Est (qui tient son nom de la forme de ses falaises qui dessinent un demi-cercle). Sa hauteur impressionnante (2000 mètres) sont les ultimes remparts avant la vallée de Chamonix, et à l’ouest sur les Dents Blanches et du Ruan voisin de la Suisse.

Le Col de Joux Plane a déjà été par le passé le théâtre de bon nombre d’arrivées d’étapes sur le Tour de France ou le Criterium du Dauphine pour les professionnels. Il a aussi été le passage de la Haute Route des Alpes sur sa première étape mais aussi sur la JPP (https://www.cyclo-jpp.com/la-cyclosportive-neuf-de-coeur/). En 2023, aucune cyclosportive n’a encore le col de Joux Plane à son programme. À moins que, les choses puissent encore changer d’ici la fin de semaine… (Spoiler Alert !)

Direction Samoëns, la vallée du Haut Giffre.

C’est donc depuis Samoëns, un beau petit village de Haute Savoie d’un peu moins de 2500 habitants, élu plus beau village de Haute Savoie (cqfd) que nous allons vous présenter l’ascension. C’est ce versant que le Tour de France a emprunté à 12 reprises. Il est classé Première ou Hors Catégorie suivant sa position au cours de l’étape. Mais c’est toujours dur. Le dernier passage en 2016 avait vu le colombien Jarlinson Pantano faire les points pour le maillot à pois, avant de se faire distancer dans la descente sur Morzine. Une descente qui peut parfois faire plus de différence que dans la montée, surtout sur terrain humide comme c’était le cas ce jour-là.

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Début du col.

11,6 km à 8,5 % de pente moyenne

Dès la sortie du petit village savoyard, le ton est donné. Nous sommes tout de suite dans le vif du sujet. Avec une pente moyenne frôlant les deux chiffres sur ce premier kilomètre, il faut faire preuve de sagesse et savoir en garder sous la pédale. Avec 11,6 km à 8,5 % de pente moyenne, mais surtout une pente qui ne va cesser de croitre jusqu’à 1 km sommet, Joux Plane fait partie de ces cols qu’il faut bien appréhender.

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On prend de la hauteur, les premières rampes.

Sur l’Étape du Tour 2016, Megève – Morzine, l’édition pour les cyclosportifs n’avait pas pu permettre de se comparer aux pros puisque celle ci c’était vue amputer du col de la Ramaz, pour cause de travaux dans la descente. Une montée qui aurait changé pas mal de choses avant d’aborder « l’ogre du Haut Giffre »…

Durant 6 kilomètres il faut trouver son rythme, un rythme pas trop lent, un rythme où l’on se sent capable de pouvoir accélérer. Avec un dénivelé total de 1000 m, il vous reste à estimer votre temps d’ascension, votre VAM, et pour ceux ayant un capteur de puissance, d’estimer ensuite quelle sera votre puissance critique sur cette durée. Ceux ayant un peu d’expérience apprécieront la chose, pour les novices le feeling ou le coaching devront servir dans cette ascension suivant où celle-ci se situe sur votre parcours.

Nous évoluons ici à découvert, sur une route verdoyante sillonnant les prairies broutées par les vaches et les chalets savoyards.

Nous évoluons ici à découvert, sur une route verdoyante sillonnant les prairies broutées par les vaches et les chalets savoyards. C’est beau. Sur des pentes encore raisonnables, entre 7,5 et 9 % plutôt régulier avec deux très courts replats c’est à 1080 m d’altitude que la partie va alors débuter. Il reste 620 m de dénivelé, 6,5 km et après avoir vu le panneau « ouvert » vous êtes alors autorisé à mettre votre braquet minimal.

Au milieu des vaches.

Une grosse rampe à 14/15 % dans la combe Emeru vous en dira beaucoup sur vos forces restantes. Ici, il ne faut pas se mettre dans le rouge, faire encore preuve de patience, et bien se mettre « au seuil » pas plus. Un bref moment pour récupérer et nous abordons des pentes toujours comprises entre 9 et 11 % maximum. On rentre alors en forêt sur une route au revêtement parfois refait et l’où on se sent pouvoir bien enrouler le braquet choisis.

Alternez danseuse et position assise. C’est ici que Lance Armstrong avait choisi d’attaquer par exemple au Criterium du Dauphine il y a 10 ans, à un peu plus de 3 km du sommet. C’est ici, qu’il faudra progressivement tout lâcher sur ces kilomètres, pas forcement à la cadence de l’Américain, mais à la vôtre : ce col de Joux plane est une montée où il faut être à son rythme, à son maximum de son potentiel mais surtout ne pas faire l’effort de trop, ne pas se mettre dans le rouge. Sinon la sanction sur ce secteur se paiera cash.

Dernière ligne droite.

Après un enchainement de 5 épingles plus ou moins longues, on se retrouve sur une ligne droite, ou presque, de 2 kilomètres, on se retrouve plus à découvert dans un décor de montagne sur une pente à 9 % et l’on aperçoit alors le sommet à 500 m. Vous pouvez alors ici tout lâcher ou presque.

Le sommet.

Une descente piégeuse

Une dernière épingle sur votre gauche et cette difficulté sera alors dans la poche. On peut se restaurer au chalet du col suivant la saison, et aussi faire un petit picnic au lac qui se situe après quelques mètres de descente une fois le sommet franchit. Le panorama ici est étendu, on domine toute la vallée. À 1700 m d’altitude, tout rond, le col de Joux Plane surplombe en beauté cette vallée du Haut Giffre.

Le panorama au sommet.

Après 2 km de descente où il faut pédaler, et essayer de reprendre quelques forces. Car ce col de Joux Plane est un double col, dans ce sens qu’une dernière rampe de 500 m permet d’accéder au col du Ranfolly, et de venir en vallée d’Aulps : la vallée de Morzine.

Après trois épingles serrées on se retrouve alors sur une descente très rapide sur Morzine. Une descente qui ne présente pas de difficultés particulières mais attention au dernier virage en arrivant dans la ville, traitre, qui avait par exemple permis à Richard Virenque de l’emporter sur la 16ème étape du Tour 2000 sans sprint avec un Roberto Heras qui avait tiré tout droit ici…

25 km entre Samoens et Morzine via ce col de Joux Plane. Une aventure qui peut se faire en boucle depuis Morzine en montant la côte des Gets. On peut aussi escalader le col de l’Encrenaz, bien plus compliqué doublant la station pour arriver au pont des Gets et revenir sur Taninges pour remonter la vallée du Giffre rejoindre Samoens. Joux Plane et la boucle est bouclée.

https://www.savoie-mont-blanc.com/fiches/cirque-du-fer-a-cheval-159824/

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David POLVERONI

  - 34 ans - Ambassadeur Factor et Castelli. Arpenteur de cols - Passionné de cyclisme - Plus de 30 victoires en Cyclosportives - Pigiste depuis 2018 - Pratique sportives actuelles : pur routier, gravel et dans le futur du VTTAE Strava : David Polveroni

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