Championnat du monde de Gravel : des choix techniques différents

Les championnats du monde de Gravel se sont déroulés les 8 et 9 octobre en Vénétie (Italie), avec les victoires de Pauline Ferrand-Prévot (France) chez les femmes et de Gianni Vermeersch (Belgique) chez les hommes dans les catégories Élites. Cette première édition a montré que la discipline en mode compétition se cherchait encore, sur un parcours certes émaillé de nombreux chemins de terre, mais avec peu de dénivelé et sur des surfaces toujours roulantes. Un format assez éloigné du Gravel originel, avec une course homme bouclée à 37,6 km/h de moyenne sur 194 km, et une course femme à 33,5 km/h sur 139 km pour les deux vainqueurs. C’est pour cette raison que les participants ont opté pour des choix de matériel très différents.

Par Guillaume Judas – Photos : specialized/DR

De nombreux coureurs professionnels qui ont participé à ce premier championnat du monde de Gravel ont utilisé un vélo de route – en choisissant un modèle spécifique aux parcours cassants – avec comme seule adaptation des pneumatiques de 32 mm de section. On est très loin des vélos de Gravel vendus dans le commerce, de ceux qui sont utilisés pour les adaptes du bikepacking, ou même de ceux qui sont utilisés sur des compétitions « historiques » (même si la discipline est encore très jeune) comme l’Unbound aux États-Unis avec ses longues sections sablonneuses. Certains parcours de Gravel sont plus proches du VTT, comme sur le Roc d’Azur avec le Roc Gravel, où une moyenne de 26 km/h est déjà exceptionnelle. Pour cette dernière épreuve, des pneus de 42 ou 45 mm de section sont fortement recommandés, de même qu’un développement minimal avec un rapport de 1:1.

Chiara Teocci a terminé troisième du championnat du monde de Gravel femmes, avec un Specialized Diverge.

L’une des principales raisons qui a poussé les coureurs professionnels à utiliser des vélos de route sur les championnats du monde de Gravel concerne les développements justement. Mathieu van der Poel avait prédit une moyenne de 38 km/h pour le vainqueur (nous n’en sommes pas loin) et il souhaitait par exemple pouvoir conserver une combinaison de plateaux de 53 et 39 dents, ce qui n’est pas possible sur de nombreux vélos de Gravel proposés par les différents constructeurs.

Peter Sagan, 14e chez les hommes, a choisi un Specialized Roubaix de manière à pouvoir utiliser un pédalier route avec des plateaux de 53 et 39 dents.

Chez les femmes, Sina Frei (Suisse) et Chiara Teocci (Italie) ont terminé respectivement deuxième et troisième derrière Pauline Ferrand-Prévot. Elles sont toutes deux équipées par Specialized, et ont fait des choix radicalement différents concernant leur équipement. La Française, qui remporte par la même occasion son quatrième titre mondial en moins d’un mois et demi (après les titres en VTT sur le Short Track, le XCO et le Marathon) était quant à elle équipée du dernier BMC Kaius, un Gravel spécifiquement développé pour la compétition.

Le pneu Pathfinder Pro avec une section de 32 mm s’est révélé être un bon compromis sur le parcours roulant du championnat du monde de Gravel.

Frei et Teocci ont choisi le pneu Specialized Pathfinder Pro, qui s’est déjà illustré sur la fameuse Unbound, mais avec la nouvelle section de 32 mm, en sachant que le parcours serait très roulant. L’Italienne, troisième au final, avait opté pour le modèle Diverge, un vrai vélo de Gravel, tandis que la Suissesse, deuxième, avait choisi le Roubaix, dans une configuration très proche de celle qu’elle aurait pu choisir pour Paris-Roubaix, avec une géométrie de route plus traditionnelle et les performances aérodynamiques d’un vélo de course aérodynamique pur. Teocci est restée dans une configuration Gravel plus habituelle, en utilisant le système Swat, ainsi qu’une sacoche de selle et un scellant / gonfleur pour se préparer à tout accident.

Le vélo de Frei est sensiblement le même que celui qu’elle aurait pu utiliser sur Paris-Roubaix.

Les deux compétitrices ont également fait différents choix au niveau des roues. Teocci a opté pour les Roval Terra CLX, alors que Frei a été plus loin dans sa recherche de performances aérodynamiques, en utilisant les Roval Rapide CLX II. Elle a aussi choisi le casque S-Works Evade III, alors que l’Italienne a préféré le Prevail III.

On trouvait quelques portions plus techniques sur le parcours du championnat du monde de Gravel, mais les compétitions ont été très rapides.

Pour ce qui est des choix communs, elles ont toutes deux opté pour une selle S-Works Power Mirror et des chaussures S-Works Recon (pour le VTT et le Gravel), mais il faut noter que certains compétiteurs avaient choisi des chaussures et des pédales de route, comme le vainqueur de la course hommes, Gianni Vermeersch. Autre point commun pour Frei et Teocci, c’est l’utilisation du système de suspension Future Shock 2.0 dans la colonne de direction, que l’on trouve aussi bien sur le Roubaix que le Diverge. Un plus pour l’absorption des chocs et le pilotage selon les deux championnes.

Reste à voir si dans l’avenir ce type de compétition trouvera son format idéal, qui lui permettra d’attirer aussi bien les routiers que les vététistes ou les adeptes d’aventure, tout en évitant de brouiller le message que souhaitent donner les constructeurs, avec des vélos censés entrer dans une nouvelle catégorie en plus de la route, du cyclo-cross et du VTT.

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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Un commentaire sur “Championnat du monde de Gravel : des choix techniques différents

  1. Le BMC utilisé par Pauline était le Kaius et non pas le URS. Bonne publicité au passage pour ce nouveau modèle au tarif toute fois excessif même pour l’entrée de gamme.

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