Test longue durée du nouvel Orbea Orca Aero M10ILTD

Avec le nouvel Orca Aero, Orbea propose un vélo ultra performant et plus polyvalent qu’il n’y parait. Bien fini et parfaitement équipé, il est également bien placé en termes de rapport qualité-prix. Alors, compétiteur sur route, triathlète, ou simplement pratiquant adepte de sensations fortes, l’Orca Aero pourrait bien vous séduire.

Par Guillaume Judas – Photos : Vincent Liky

Le profil de l’Orca Aero mise tout sur l’aérodynamisme.

Le premier contact visuel avec le nouvel Orca Aero M10ILTD est assez fascinant. La forme et la section des tubes démontrent la recherche du moindre détail pour fendre l’air et gagner de la vitesse. Le poste de pilotage et l’intégration des durites de frein sont inspirées des vélos des contre-la-montre. La tige de selle massive et effilée respire la fermeté. Le dernier groupe Shimano Dura-Ace Di2 12 vitesses apporte classe et technologie, en situant tout de suite le niveau de gamme du vélo. La sobriété de la peinture (dans une version MyO personnalisée) associée au look discret des roues Dura-Ace C50 lui offrent un côté furtif, à peine perturbé par la double protubérance du bidon aérodynamique et de la boîte de transport (tool box) placée sous le tube diagonal juste derrière la roue avant. La pesée atténue un peu cet enthousiasme, avec 7,92 kg sans pédales en taille 49, soit un peu plus qu’annoncé au moment du lancement du vélo. Avec les pédales, le compteur, le contenu de la tool box (320 g avec chambre à air de rechange, une bombe de CO2 et une clé Allen de 6, le bidon plein et le radar Garmin Varia, le poids roulant est de 9 kg environ. Un peu lourd pour un vélo proche des 10 000 €, mais le comportement ne se résume pas qu’à une question de poids, heureusement.

Toutes les formes des tubes sont soigneusement étudiées pour favoriser l’aérodynamisme et la rigidité.
Le logo Orbea est appliqué de façon discrète, ce qui rajoute au côté furtif du vélo.
Le tube supérieur adopte presque une forme traditionnelle. C’est le seul du cadre à ne pas être totalement hors normes.

Avec le nouvel Orca Aero, Orbea a voulu concevoir le vélo de route le plus spécifique de son histoire, sur la base du cadre de chrono Ordu. La marque basque n’a pas cherché un tiède compromis entre poids et aérodynamisme, et continue de proposer en plus de ce nouveau vélo un Orca traditionnel en deux versions : le premier avec des fibres de carbone OMX, et le second, plus accessible, avec des fibres de carbone OMR. L’Orca Aero remplace donc un modèle qui était déjà à la gamme, mais il va plus loin encore en termes d’économie de watts grâce à sa nouvelle conception. Orbea revendique ainsi un gain de 15 watts à 40 km/h, et de 28 watts à 50 km/h par rapport à la dernière version de son modèle aéro. Un avantage que nous n’avons pas pu vérifier précisément sur le terrain, mais qui semble évident dès les premiers coups de pédale.

Les fourreaux de fourche suivent les courbes de la roue avant.

L’Orbea Orca Aero a vu ses formes calculées par ordinateur

La forme des tubes et leur section ont d’abord été étudiées par ordinateur, pour optimiser les flux d’air autour du cadre, et minimiser ainsi la trainée du vélo. Lorsqu’on sait que la résistance de l’air est la principale force à contrer sur un vélo au-delà d’une vitesse de 20 km/h environ, ce travail est bien sûr prépondérant pour un vélo destiné à rouler vite. À partir de ces données, différentes maquettes ont été réalisées pour être testées en soufflerie, avant que les derniers prototypes ne soient finalisés après des tests sur un vélodrome, en comparant la puissance nécessaire pour rouler à une certaine vitesse. Car au-delà des contraintes aérodynamiques, le nouvel Orca Aero devait aussi répondre à des exigences de rigidité, afin d’offrir sur le terrain le meilleur rendement possible. La géométrie a également fait l’objet d’un travail particulier, pour offrir de la stabilité à haute vitesse, mais aussi une maniabilité qui fait parfois défaut sur ce type de machine. Pour ce faire, la boîte de pédalier a été légèrement abaissée pour diminuer le centre de gravité, mais l’empattement du vélo reste relativement court. Optimisé sur le plan aérodynamique pour des pneus de 25 à 28 mm de section (les pneus de 25 mm du vélo de test sont en réalité mesurés à 27 mm sur des jantes larges), l’Orca Aero accepte jusqu’à 30 mm de section, ce qui permet le cas échéant de gagner un peu de confort si nécessaire.

L’Orca Aero peut recevoir des pneus de 30 mm de section.

Et pour ce qui est du confort justement, la marque n’a pas oublié celui de la position du cycliste, bien plus importante d’ailleurs que la simple filtration des vibrations. L’Orca Aero est proposé en sept tailles, du 47 au 60. Au niveau du poste de pilotage, un ensemble cintre et potence a été choisi plutôt qu’un combo d’une seule pièce, ce qui présente l’avantage de pouvoir choisir parmi sept longueurs de potence (de 70 à 130 mm et quatre largeurs de cintre (de 360 à 420 mm), et de pouvoir orienter ce dernier sur un angle de 15°. Et bien sûr, il reste toujours possible de monter un autre modèle si nécessaire. Le seul bémol au niveau du poste de pilotage concerne l’impossibilité à l’heure actuelle de monter des prolongateurs sur le cintre OC RA10 Road Aero Carbon, compte tenu de la forme de sa partie supérieure. Celui-ci reste cependant un exemple d’aérodynamisme, notamment avec sa partie plate sur le haut et son évasement de 5° sur la partie basse, ce qui permet d’opter pour une position étroite des épaules et des avant-bras avec les mains sur les poignées de frein, tout en conservant une bonne maniabilité avec les mains en bas du cintre. La tige de selle, enfin, offre un déport de 25 mm suffisant pour une large plage de réglage du recul, et un angle de réglage d’inclinaison sur 10°.

Le cintre est très plat sur sa partie supérieure.
Avec ce système de potence traditionnel, il est possible de monter un autre cintre sur l’Orca Aero.

Un montage au top pour l’Orbea Orca Aero

Dans cette version haut de gamme à 9999 €, l’Orca Aero M10ILTD est équipé du nouveau groupe Shimano Dura-Ace Di2 12 vitesses, au fonctionnement sans reproche et aux nombreuses possibilités de personnalisation des commandes grâce à l’électronique. Les nouvelles roues Dura-Ace C50 sont également très efficaces dans le vent tout en se montrant polyvalentes, avec un profil qui leur permet de rester maniables et réactives, que ce soit sous les rafales ou dans les ascensions. Les pneus Vittoria Corsa Competition G2.0 offrent un excellent toucher de route, du rendement, de l’adhérence et du confort. Cette version TLR (pour Tubeless Ready) peut être montée sans chambre à air avec du liquide préventif, mais ce n’est pas le choix fait par Orbea sur un vélo de série. Dommage, car l’option montée alourdit un peu l’ensemble. La selle Prologo Dimension T4.0 offre stabilité et maintien, même en position agressive en étant penché sur l’avant.

Le nouveau groupe Dura-Ace 12 vitesses offre un fonctionnement sans reproche.
Les roues et les pneus forment un ensemble performant et rassurant.

Un mot enfin sur les deux accessoires les plus spectaculaires, à savoir le bidon et la tool box, qui participent à l’allure si étrange du vélo, mais aussi sans aucun doute à son efficacité aérodynamique. Le bidon spécifique (et son porte-bidon) n’est pas si pratique à attraper ou à remettre dans son logement, surtout avec des gants d’hiver. Notons d’ailleurs qu’il ne contient que 500 ml (contre 600 pour la plupart des bidons du marché). La tétine fonctionne bien, mais elle a malheureusement tendance à fuir un peu sur les secousses. Avec un vélo tout propre, pour peu que le bidon soit rempli de sirop ou de boisson énergétique, on se retrouve rapidement avec des coulures pas très esthétiques sur le tube diagonal. Cela reste un détail, sachant qu’il est toujours possible de monter un ou deux porte-bidons classiques, au risque de perdre un peu de charme. Concernant la tool box, elle remplace tout simplement la sacoche de selle, et peut contenir ce qu’on peut mettre autrement dans la poche du maillot ou de la veste.

Selon Orbea, cette tool box offrirait un avantage aérodynamique de 3% sur l’ensemble du vélo. Ce n’est pas négligeable.

Selon Orbea, cette tool box offrirait un avantage aérodynamique de 3% sur l’ensemble du vélo. Ce n’est pas négligeable. Elle est elle aussi démontable, ne serait-ce que pour répondre au règlement UCI, qui interdit les appendices aérodynamiques supplémentaires sur un cadre en compétition. Un obstacle que ne rencontrent pas les triathlètes. Cette tool box fait beaucoup pour la personnalité du vélo, aussi bien esthétiquement qu’en termes d’efficacité aérodynamique, alors franchement on ne voit pas pourquoi il faudrait s’en priver si on conserve le choix.

Le bidon est spécifique et il faudra commander un modèle de rechange directement chez Orbea.
Là où elle est placée, la tool box offrirait un avantage aérodynamique significatif selon Orbea.
Une fois le contenu bien calé dans la boîte (avec un petit chiffon), rien ne bouge en roulant.

D’autres versions de l’Orca Aero sont bien entendu proposées, toutes à l’excellent rapport équipement-prix. La version M11ELTD est équipée d’un groupe Sram Red eTap AXS et de roues Vision SC 55, pour 8699 €. Puis on trouve la version M21ELTD en Sram Force eTap AXS et roues Vision SC 40, et la version M20ILTD en Shimano Ultegra Di2 12 vitesses avec les mêmes roues à 5999 €. Un montage M31ELTD PWR avec le groupe Sram Rival eTap AXS, un capteur de puissance, avec des roues Fulcrum Racing 400 est proposé à 4999 €. Enfin, le M20 LTD en Shimano Ultegra 11 vitesses à 4199 € est un modèle d’accès tout à fait intéressant.

L’Orbea Orca Aero offre un gros rendement

Sur la route, l’Orca Aero semble plus léger que sur la balance, grâce à une géométrie qui favorise une certaine forme de nervosité lors des relances – avec des bases courtes -, et à une rigidité latérale bien maitrisée qui offre un excellent transfert de puissance. La souplesse des pneus Vittoria et les roues Dura-Ace qui ne sont pas trop raides longitudinalement et latéralement donnent juste ce qu’il faut de vie au vélo pour que cette fermeté ne soit pas trop pesante. La machine parait bien compacte sous les coups de pédale mais le toucher de route reste relativement soyeux. Les deux roues semblent suivre toujours la même trace, sans que le vélo ne rebondisse ou ne paraisse trop cassant, même en le malmenant lors des fréquentes relances en ville et sur le parcours vallonné du début de nos parcours d’entrainement. Sans même avoir commencé à adopter une bonne allure de croisière – sa raison d’être théorique – , le nouvel Orca Aero montre un caractère plus joueur et plus efficace qu’il n’y parait.

Pour un vélo de ce type, l’Orca Aero se montre particulièrement maniable.

Le cintre très étroit au niveau des poignées (38 cm) offre curieusement un calage inattendu en position de recherche de vitesse, et il est suffisamment rigide et homogène avec le reste du vélo pour ne pas perturber le geste en danseuse lors des passages en force. Il est plutôt long au niveau de sa portée, entre la partie haute et les poignées, ce qui procure un excellent calage des avant-bras avec les coudes à 45° et les mains sur les cocottes. En revanche, avec les mains en bas, les avant-bras heurtent facilement la partie haute sur certaines relances. Il est même possible de donner des coups de genou lors de certains passages en danseuse, en raison de la largeur de sa partie supérieure, par ailleurs inconfortable pour les mains. Mais ce poste de pilotage permet de conduire une direction ultra précise et rassurante, pour placer le vélo au millimètre sans qu’on le sente louvoyer même en choisissant des trajectoires bien tendues.

Avec les mains sur les cocottes, le cintre offre une surface d’appui pour les avant-bras.

Dans les ascensions, là encore il fait preuve d’un comportement plutôt étonnant. Il ne semble jamais s’écraser sous l’effort, tout en n’étant pas excessivement raide. Il accepte quelques erreurs de développement, et s’adapte à différents types de pédalage, avec beaucoup de braquet ou plutôt en souplesse. Et dans le cas où le cycliste s’essouffle, le passage sur le plateau de 36 dents lui redonne juste ce qu’il faut de vivacité pour se hisser jusqu’au sommet.

L’Orca Aero se montre également rapide et précis dans les descentes.

Mais c’est sur le plat et en descente bien sûr qu’il offre son plein rendement. Plus il faut rouler vite, plus il prend l’ascendant sur la plupart des vélos du peloton. Les séquences soutenues à allure régulière sont un véritable régal. Avec le vent favorable, l’Orca Aero permet d’entretenir une vitesse élevée avec moins d’effort que la plupart des autres vélos. Avec le vent de face, on se sent moins buter sous les rafales, ce qui favorise au final des moyennes kilométriques plus élevées. Et le plus étonnant, c’est qu’avec le vent de côté, malgré ses larges tubes et la surface supplémentaire offerte par le bidon et la tool box, la machine reste maitrisable sans qu’il soit nécessaire de se battre avec le vélo.

Avec le développement maximum de 52/11, on ne sent aucune partie du vélo se désunir sous la contrainte

Pour finir au sprint, ce vélo parait être encore une fois la machine idéale. S’il n’est pas le plus explosif sur des démarrages arrêtés, sur de gros sprints lancés, il offre un net avantage une fois passés les 50 km/h et permet de finir en trombe. Avec le développement maximum de 52/11, on ne sent aucune partie du vélo se désunir sous la contrainte, et les sensations de roulement qu’il délivre sont phénoménales.

Si vous recherchez la performance, ce vélo pourrait bien être fait pour vous.

Sommes-nous en présence du vélo parfait ? Presque. On pourrait lui reprocher un léger embonpoint, qui limite forcément ses incursions en haute montagne. Mais nous n’y voyons pas un obstacle majeur pour un triathlète, qui cherche à lisser son effort. La rigidité bien étudiée de l’Orbea Orca Aero, une filtration des vibrations soignée avec ce montage, et une géométrie qui favorise la nervosité compensent assez largement les compromis qui ont dû être faits pour des gains aérodynamiques évidents à haute vitesse. Malgré quelques petits défauts de jeunesse, comme la tétine perfectible du bidon ou la forme particulière du cintre, nous sommes réellement tombés sous le charme de cette machine.

L’OBEA ORCA AERO M10ILTD en bref…

Note : *****

Les + : efficacité, rigidité, maniabilité, montage, possibilité de personnalisation (couleurs, équipement)
Les – : poids, forme particulière du cintre pas toujours confortable, tétine du bidon à revoir, impossibilité de monter des prolongateurs

CADRE : Orbea Orca Aero Carbon OMX disc – FOURCHE : Orbea Orca Aero OMX ICR, full carbon – ROUES :  Shimano R9250 C50 Disc Carbon TL CL – PNEUMATIQUES : Vittoria Corsa Competition G2.0 TLR 700x25c – PÉDALIER : Shimano Dura-Ace R9200 52-36 – CASSETTE :  Shimano Dura-Ace R9200 11-30 12 vitesses – DÉRAILLEURS : Shimano Dura-Ace R9250 Di2 – FREINS : Shimano R9270 Hydraulic Disc – LEVIERS : Shimano R9270 – POTENCE : Orbea OC RP10 Road Performance ICR – CINTRE : Orbea OC RA10 Road Aero Carbon – TIGE DE SELLE : Orbea Orca Aero OMX – SELLE :  Prologo Dimension T4.0 – NOMBRE DE TAILLES : 7 – POIDS : 7,92 kg (en taille 49 sans pédales) – PRIX : 9999 € 

Contact : www.orbea.com

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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7 commentaires sur “Test longue durée du nouvel Orbea Orca Aero M10ILTD

  1. Jolie vélo plein de qualité, dommage que l’ajout de prolongateur ne soit pas prévu dès l’origine. Modèle très intéressant qui me me fait hésiter avec le Lapierre aircode DRS !

    1. C’est marrant, mois aussi j’ai hésité entre ces deux modèles. J’ai choisi le Lapierre aircode DRS 7.0 par patriotisme économique.

  2. Bonjour,
    Quelle taille faites-vous et quelle hauteur de selle pour un cadre 49? Je suis entre 2 tailles pour 1m73, je pensais partir sur un 51, qu’en pensez-vous ?

    1. Bonjour,
      Je fais 1m67, pour une hauteur de selle de 697 mm. Je pense qu’un 51 serait plus approprié pour vous effectivement.

      1. Merci pour votre réponse.
        En effet je suis entre le 51 et le 53 et par expérience il vaut mieux un vélo plus compacte que trop long. 1m73 et 72cm de hauteur de selle, je vais partir sur le 51. Vous étiez bien sur le 49? Le drop selle-cintre était bon? On devrait avoir le même à peu de chose près.

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