Vaccination anti Covid ou infection : quels sont les risques réels de myocardite ?

La vaccination anti Covid est accusée de provoquer des myocardites, et ce risque est même démontré scientifiquement. Cependant, on sait aussi désormais que parmi les athlètes qui ont contracté la Covid-19, certains ont aussi développé une myocardite. Cette conséquence cardiaque, quand elle est liée à un effort intense, peut être fatale. Qu’est-ce que cette pathologie exactement, et mieux vaut-il être vacciné ou attraper le virus pour limiter les risques ?

Par Jean-François Tatard – Photos : Depositphotos.com / Creative Commons / JF Tatard

L’objectif de cet article est de prévenir les lecteurs de 3bikes.fr que la myocardite qui est bien souvent causée par une infection virale, est aussi l’une des séquelles potentielles du coronavirus, et de vérifier si on peut également faire un lien avec la vaccination. Ce qui nous inquiète, c’est que la myocardite est une cause fréquente de cas de morts subites chez les athlètes.

Un diagnostic de myocardite fait avant qu’il ne soit trop tard entraînera un arrêt de la pratique du sport pour une période allant habituellement de trois à six mois. Nous avons un exemple récent avec le coureur italien Diego Ulissi, chez qui on a décelé une myocardite en décembre 2020 (soit avant le début de la campagne de vaccination) et qui a dû interrompre l’entrainement jusqu’à la fin février, puis la compétition en avril. Cela ne l’a pas empêché de remporter ensuite quatre victoires au cours de la saison 2021. 

Vaccination anti Covid ou infection : quels sont les risques réels de myocardite ?
Une myocardite peut avant être développée après une infection virale. @https://fr.depositphotos.com/

C’est quoi une myocardite ?

Le terme « myocardite » signifie littéralement « inflammation du muscle cardiaque ». On compte plusieurs causes de myocardite, qu’elles soient infectieuses, toxiques, allergiques, ou associées à une autre maladie du système cardio-vasculaire. Dans la très grande majorité des cas, la myocardite est causée par une infection virale qui attaque les cellules du muscle cardiaque, comme les virus de la famille des Coxsackievirus ou des Adenovirus.

Vaccination anti Covid ou infection : quels sont les risques réels de myocardite ?
Une myocardite, c’est une inflammation du muscle cardiaque.

Les symptômes d’une myocardite sont souvent peu spécifiques et peuvent être confondus avec ceux d’une grippe : fatigue, faiblesse générale, douleurs articulaires, douleurs thoraciques, palpitations ou autres troubles du rythme cardiaque. Selon le stade de l’infection, les symptômes peuvent être très variables. Ils peuvent aller de simples manifestations grippales jusqu’à une arythmie, une insuffisance cardiaque voire au décès du patient.

Myocardite post Covid et myocardite post vaccination

Le risque de développer une myocardite est pointé du doigt après l’injection des vaccins contre le Covid-19 de Pfizer et de Moderna (plus particulièrement avec ce dernier), notamment chez les garçons et chez les jeunes de moins de 30 ans. En effet, depuis juillet 2021, les myocardites sont considérées comme des effets indésirables pouvant survenir suite à une vaccination contre le Covid-19 par un vaccin à ARN messager. Cependant, ce risque est également élevé après une infection par la maladie elle-même, selon une étude du CDC (Centres de prévention et de lutte contre les maladies) aux États-Unis, qui a analysé les données de consultations de plus de 900 hôpitaux.

D’après ces données, le risque d’hospitalisation pour une myocardite augmente dans les sept jours suivant la vaccination chez les hommes de moins de 30 ans particulièrement après la seconde dose de Moderna, avec un excès de cas d’environ 132 par million de doses dans cette tranche de la population. Pour le vaccin Pfizer, l’excès de cas relevé serait d’environ 27 par million de doses dans la même tranche d’âge. Chez les femmes de moins de 30 ans, on parle d’un excès de cas de 4 par million pour Pfizer, et 37 pour Moderna.

Par ailleurs, cette étude rapporte qu’en 2020, le nombre de consultations pour myocardite dans ces hôpitaux a été 42 % plus élevé qu’en 2019 avec des pics qui correspondent à ceux du nombre de cas de Covid-19. Soit avant la campagne de vaccination. Une étude israélienne publiée fin août dans la revue scientifique NEJM indique quant à elle que le risque de développer une myocardite après l’injection d’un vaccin à ARN messager (Pfizer) était multiplié par 3 par rapport à quelqu’un en parfaite santé, mais que le risque associé à une infection par la Covid était quant à lui multiplié par 18. Le CDC conclut que la myocardite reste rare, avec ou sans Covid-19. Mais la balance bénéfice-risque penche clairement dans le cas présent en faveur de la vaccination.

Vaccination anti Covid ou infection : quels sont les risques réels de myocardite ?
Il y a plus de risques de développer une myocardite à cause de la maladie qu’après la vaccination. @https://fr.depositphotos.com/

Les investigations post infection pour déceler un risque de myocardite

Après la maladie, symptomatique ou non, on peut avoir une investigation médicale qui donne des résultats normaux et pourtant l’athlète peut quand même être porteur d’une anomalie cardiaque qui rend le risque plus élevé d’avoir une mort subite. Alors pour ne pas échapper à ce risque et pour essayer de contourner ce problème, la clé est d’effectuer un retour progressif après la maladie, jusqu’à retrouver l’intensité maximale. Pourquoi d’ailleurs ne pas mettre en place au niveau de la fédé par exemple un questionnaire rempli par les cyclistes eux-mêmes ? Elle amasserait ainsi des données concernant la nature, la localisation et la durée des symptômes.

Ces informations récoltées permettraient ensuite de déterminer si le coureur fait face à un risque léger, modéré ou sévère de développer des complications post-infectieuses. Un patient qui était un cas asymptomatique ou léger devrait être ainsi évalué pour être certain qu’il ne présente pas de symptômes cardiaques et que son examen physique est normal. Et quand les cyclistes ont eu des symptômes plus importants comme de la température pendant plusieurs jours ou des problèmes d’essoufflement, il faudrait pour bien faire dépister et peut-être même aller jusqu’à l’échographie cardiaque. En cas de doute, une résonnance magnétique cardiaque serait faite pour confirmer ou infirmer le diagnostic de myocardite. Et si on veut être certain à 100 %, c’est la biopsie qu’il faudrait faire, sauf que c’est un geste très invasif qu’on ne peut pas se permettre de faire aussi facilement que ça.

Autre chose qui a été révélé c’est que chez certains patients qui ont eu besoin d’être hospitalisés : des résultats de prises de sang peuvent déterminer si le cœur a eu une sorte de stress ou une atteinte qui pourrait être une myocardite. Ce ne sont pas nécessairement des myocardites sévères, mais il y a quelque chose qui est anormal, ce qui laisse croire qu’il y a eu des dommages.

En vrai, on navigue dans une zone grise, où plusieurs éléments doivent être pris en considération dans le diagnostic. Si des suspicions cliniques laissent croire à la nécessité de faire un électrocardiogramme, les résultats de cet examen doivent être bien analysés et ils doivent être interprétés en conséquence. Le même électrocardiogramme sera normal pour un sportif qui pratique intensément son sport, mais sera inquiétant s’il est appliqué à quelqu’un de 50 ans qui n’a pas d’activité physique ou qu’elle reste exceptionnelle.

La résonnance magnétique cardiaque n’est pas parfaite non plus. Il arrive que des anomalies qui n’ont aucun rapport avec la Covid-19 soient détectées, ce qui vient freiner prématurément l’activité sportive du cycliste.

La prudence, quoi qu’il arrive, c’est un retour au sport progressif et une réévaluation médicale au moindre symptôme. Même si l’on considère que le risque est faible chez ceux qui ont eu peu ou pas de symptômes, il n’en demeure pas moins que ce risque peut être fatal.

Vaccination anti Covid ou infection : quels sont les risques réels de myocardite ?
Des examens médicaux poussés permettent de vérifier que le coeur fonctionne correctement.

Et après la vaccination ?

L’autre question à se poser : faut-il arrêter quelque temps le sport après la vaccination ou y a-t-il un risque similaire ? En Belgique, on parle de trois cyclistes qui ont été touchés par des troubles cardiaques après une seconde dose du vaccin Pfizer. Et même si le chiffre reste quasi anecdotique, selon moi et le reste de la rédaction de 3bikes.fr mieux vaut freiner la pratique du sport à haute intensité pendant quelques jours après l’injection. 

L’Agence européenne des médicaments a listé les différents symptômes : « un essoufflement, un rythme cardiaque puissant qui peut être irrégulier (palpitations) et des douleurs thoraciques« . Les autorités sanitaires recommandent de consulter un médecin généraliste si ces symptômes apparaissent. Mais la gravité de ces effets secondaires est complexe à établir. Les experts de l’OMS indiquent de leur côté que les données disponibles suggèrent que l’évolution immédiate de la myocardite (et de la péricardite) après la vaccination est généralement légère et répond aux traitements.

En conclusion le lien entre myocardite et infection Covid existe. Il est rare mais il existe. Le lien entre vaccination et myocardite est encore plus rare mais il est possible aussi. Alors 3bikes.fr recommande à tous ses lecteurs de toujours prendre des notes de leurs propres sensations et de leurs perceptions. Que ce soit post infection ou post vaccination, nous vous recommandons aussi d’y aller mollo sur le sport à haute intensité pendant une semaine après le vaccin même s’il n’y a pas de symptômes. Et enfin, de reprendre très progressivement le sport étape par étape après une possible infection avec des points à date. 

=> VOIR AUSSI : Tous nos articles Coaching

Vaccination anti Covid ou infection : quels sont les risques réels de myocardite ?

Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

Vous aimerez peut-être aussi