Test du Cinelli Pressure

Le Cinelli Pressure incarne la pure performance chez la marque italienne, habituellement plus traditionnelle dans ses productions. Avec des lignes aérodynamiques, une très belle intégration et une rigidité à toute épreuve, le Pressure s’est distingué avec Filippo Baroncini, champion du monde Espoirs 2021 à Louvain. Test d’un vélo très haut de gamme conçu pour battre des chronos, et au tarif relativement compétitif.

Par Guillaume Judas – Photos : @3bikes.fr / Cinelli / DR

Cinelli propose une gamme complète de vélos, dont la plupart avec une fabrication traditionnelle en acier. Une collection un peu à part des productions actuelle donc, et qui conserve ses amateurs passionnés, d’autant plus qu’elle fait la part belle à un certain coté artistique. La marque n’en oublie pas cependant l’aspect performance, avec quatre vélos en carbone, afin de couvrir tous les besoins. Le Veltrix Disc en Shimano 105 est en quelque sorte le modèle d’accès à la gamme carbone, et se destine aux cyclosportifs. Le Superstar Disc est un vélo un peu plus nerveux et prévu pour affronter les longues ascensions. Il est proposé avec plusieurs montages, de l’Ultegra au Sram Red eTap AXS. Le WYSIWYG est un pur vélo de contre-la-montre, encore équipé de freins à patins. Enfin, le Pressure est le dernier-né de la gamme, puisque lancé au début de l’année 2021. C’est un vélo qui suit le courant des plus grandes marques actuelles, avec un profil aérodynamique, des freins à disque, une intégration totale des fils électriques et durites de frein, et une rigidité à toute épreuve avec sa fabrication à partir de carbone T800. Mais avec la touche Cinelli en plus, aussi bien en termes d’esthétique que de comportement. Car il se montre en effet un peu plus réactif qu’il n’y parait au premier regard.

Le Pressure conserve la fameuse touche artistique Cinelli, ce qui le rend à part au sein des productions modernes.

Ce vélo est proposé avec plusieurs montages, du Shimano Ultegra au Campagnolo Super Record EPS (notre modèle de test), avec à chaque fois des tarifs un peu moins élevés que la concurrence à équipement égal. Bref, à bien des égards, voici un vélo qui mérite toute notre attention.

Au niveau de ses lignes aérodynamiques, le Cinelli Pressure est étudié dans les moindres détails…
… Et le soin apporté au niveau de la peinture démontre un souci d’originalité.

Le Cinelli Pressure : un cadre rigide

Le cadre monocoque principalement en fibres de carbone T800 bénéficie donc de tubes avec des formes aérodynamiques, avec le concept Kamm Tail (tronqué sur la partie arrière) pour le tube diagonal, la douille de direction ou la tige de selle. S’y ajoutent un tube de selle profilé et des haubans abaissés, ainsi qu’une jonction entre la fourche et le tube diagonal particulièrement travaillée. On trouve trois plots de fixation pour les porte-bidons, de manière à pouvoir les abaisser au maximum pour diminuer la trainée aérodynamique. Quant au serrage de la tige de selle, il s’effectue par un système placé sous le tube supérieur.

Les tubes bénéficient de la forme Kamm Tail, avec la partie arrière tronquée.
La tige de selle et la partie supérieure du tube de selle ont une forme de D.
Le tube se selle englobe la roue arrière, et les haubans sont placés très bas sur le triangle arrière.
Massive, et au format BB86,5, la boîte de pédalier se montre très rigide.

L’intégration des durites et fils électriques est totale, afin de minimiser là encore la trainée aérodynamique. Pour ce faire, Cinelli utilise un guidon intégral Vision Metron 5D ACR. Un choix un peu surprenant, quand on sait que la marque milanaise produit son propre guidon de ce type, le RAM3, mais il est vrai peut-être pas adapté au système ACR de la douille de direction et de ses passages de câble.

L’intégration des fils électriques de la transmission Campagnolo Super Record EPS et des durites de frein est totale.

Le Cinelli Pressure est proposé en cinq tailles (de XS à XL) et le cadre, disponible en deux couleurs (Rock the White comme notre vélo de test, et Team Limited comme le vélo de Filippo Baroncini et de son équipe Colpack), est annoncé à 990 g. Pour la fourche en carbone Columbus, il faut compter 390 g, ce qui permet de porter le poids du vélo en taille M à 7,4 kg (sans pédales mais avec deux porte-bidons), avec un équipement haut de gamme. À noter que malgré ses velléités sportives et sa géométrie assez compacte, le Cinelli Pressure est compatible avec des pneus de 30 mm, ce qui permet de lui apporter un peu de confort si nécessaire. Au niveau des tarifs, le kit cadre est proposé à 3 490 €, et les vélos complets de 4 690 € à 11 590 € selon l’équipement.

La couleur Team de l’équipe Colpack du champion du monde Espoirs 2021 est aussi au catalogue.

L’équipement haut de gamme du Cinelli Pressure

Dans cette version d’essai, le Cinelli Pressure est équipé avec du matériel très haut de gamme, et notamment un groupe complet Campagnolo Super Record EPS Disc en 12 vitesses, un groupe dont nous avons publié le test en détail il y a quelques jours.

Pour les roues, ce sont les excellentes Campagnolo Bora Ultra WTO 45 qui ont été choisies. Annoncée à 1425 g la paire, elles sont rigides et polyvalentes, et sont optimisées sur le plan aérodynamique pour des pneus de 25 mm, comme les tubeless Vittoria Corsa montés ici.

La selle se montre confortable, mais pour une utilisation sportive.

Le reste de l’équipement est complété par une selle Selle Italia SLR et donc un poste de pilotage monocoque Vision Metron 5D, très rigide lui aussi et avec une forme supérieure en aile d’avion. Beau et efficace, même si ce genre de guidon peut ne pas convenir à tout le monde, notamment en raison de l’impossibilité de le régler en inclinaison.

La forme du guidon intégral Vision Metron 5D peut ne pas convenir à tout le monde.

Le Cinelli Pressure, au niveau des meilleurs ?

Le Cinelli Pressure est dédié à la performance, et cela se confirme sur le terrain. Sa rigidité est élevée, mais on note ici surtout une parfaite cohérence dans le choix des composants. Les roues et le poste de pilotage ne montrent aucune faiblesse, et sont dans la lignée du cadre. Résultat : rien ne bouge ou presque lorsqu’on malmène le vélo, et celui-ci parait presque plus léger qu’il n’est en réalité, sans qu’on ne lui trouve de point faible. Il apparait ainsi très réactif avec un pédalage nerveux et lors des changements de rythme. Quant à la tenue de route et à ses qualités de roulement, des caractéristiques souvent communes aux vélos de marques italiennes, elles assurent sentiment de sécurité et bonne inertie, ce qui permet de rouler vite et de maintenir assez aisément cette vitesse élevée.

Le vélo se montre très efficace sur les parcours roulants.
Les bases courtes de 410 mm favorisent la réactivité du vélo.

Les choses se corsent un peu évidemment dans les pentes les plus raides ou lorsque les forces viennent à manquer en fin de sortie. Le Pressure peut être classé parmi les vélos « exigeants », surtout que le confort passif n’est pas la première de ses qualités. Pour un coureur entrainé et parfaitement bien posé sur le vélo, il n’y a pas de problème particulier à signaler sur les mauvais revêtements, mais cela peut être plus compliqué pour un cyclo avec une position en selle plus contemplative que sportive. Dans les montées courtes, sa rigidité et sa réactivité permettent d’effacer la difficulté sans souci. Dans les côtes plus longues, il vaut mieux en revanche jouer avec les développements et adopter un rythme de pédalage plus linéaire. Néanmoins, la gamme de braquets proposée ici (52-36 et 11-32 en 12 vitesses) offre largement de quoi faire, d’autant plus que la transmission Campagnolo EPS est très agréable à manipuler. Dans les descentes, le vélo se montre stable et précis dans les changements de trajectoire. Grâce à un freinage sans le moindre reproche, il rassure quelles que soient les conditions.

Stable et précis, le Cinelli Pressure rassure à haute vitesse.

Avec le Pressure, Cinelli propose donc un vélo ultra performant, mais plutôt adapté aux compétiteurs et plus généralement à ceux qui roulent dans une région plus vallonnée que montagneuse. Ce n’est pas le plus léger des vélos actuels, ni même le plus polyvalent. En revanche, il est largement au niveau des meilleurs vélos de forme aérodynamique, avec une petite touche supplémentaire de dynamisme que l’on doit à la cohérence de son montage dans cette version très haut de gamme. Bref, c’est une très belle surprise.

Le Cinelli Pressure est une très belle surprise.
Le CINELLI PRESSURE en bref…

Note : *****

LES + : rigidité, rendement, groupe, roues
LES – : exigence, manque de confort, seulement 5 tailles

CADRE : monocoque carbone T800 – FOURCHE : Columbus carbone – ROUES : Campagnolo Bora Ultra WTO 45 Disc – PNEUMATIQUES : Vittoria Corsa tubeless 700×25 mm – PÉDALIER : Campagnolo Super Record 52-36 – CASSETTE : Campagnolo Super Record 11-32 – DÉRAILLEURS : Campagnolo Super Record EPS – FREINS : Campagnolo Super Record, disques 160/140 mm – LEVIERS : Campagnolo Super Record EPS Disc – POSTE DE PILOTAGE : Vision Metron 5D – TIGE DE SELLE : Cinelli Aero Integrated – SELLE : Selle Italia SLR – NOMBRE DE TAILLES : 5 – POIDS : 7,4 kg (sans pédales) – PRIX : 11 590 € (kit cadre à 3490 €, plusieurs versions proposées, à 4690 € en Shimano Ultegra, 5300 € en Ultegra Di2, 7700 € en Dura-Ace Di2, 8900 € en Sram Red eTap AXS).

Contact : www.cinelli.it

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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