Entretien : Mathilde Terrasson, victorieuse de la Haute Route Dolomites, nous parle de sa première expérience sur une cyclosportive par étapes

Mathilde Terrasson, 30 ans, vient de remporter la Haute Route Dolomites pour sa première participation à ce type d’épreuve. La championne régionale sur route de la région Centre-Val de Loire 2020 est également duathlète. Elle revient avec nous sur sa découverte de la Haute Route, et sur sa gestion de cette semaine exigeante.

Par David Polveroni – Photos : David Polveroni / AD Photographie FFTRI / DR / Instagram Mathilde Terrasson

3bikes – La Haute Route Dolomites est une épreuve exigeante. Tu viens de l’emporter. Quel est ton passé sportif et cycliste ? 

MT – Voilà 13 ans que je fais du vélo, essentiellement de la route. J’ai découvert le cyclo-cross il y a cinq ans, et je fais parfois du VTT pour le fun ! Je fais quelques courses au niveau départemental et régional en route et cyclo-cross. Avant de faire du vélo, j’ai fait de l’équitation ainsi que de la course à pied en loisir, c’est aussi ce qui m’a amenée à rejoindre un club de triathlon pour participer aux duathlons. 

Mathilde Terrasson est aussi une duathlète émérite.

3B – Comment t’est venue l’idée de participer à la Haute Route ? Et pourquoi les Dolomites ? 

MT – C’est grâce à l’ambassadeur Haute Route Alexandre Menneteau que j’ai découvert la course il y a quelques années, et qui m’a permis de rejoindre la Haute Route Dolomites cet été. Il m’a dit que s’il y avait bien une Haute Route à laquelle participer, c’étaient les Dolomites. En effet, je connais déjà les Alpes pour y rouler chaque été, idem pour le Mont Ventoux, les Pyrénées car j’y suis passée quelques fois en voiture, mais je n’avais jamais mis les pieds en Italie, et encore moins dans les Dolomites. Alors à Noël, j’ai passé le cap et me suis inscrite à l’épreuve. 

3B – Est-ce que tu t’es préparée spécifiquement pour cette épreuve ? As-tu changé ta façon de t’entrainer ?

MT – Je n’ai pas changé ma façon de m’entraîner cette année. La préparation a été plus spécifique les trois semaines avant l’épreuve. Je suis partie en vacances dans les Alpes 15 jours avant le début de la Haute Route, et nous avons fait deux belles semaines en dénivelé et en kilomètres, afin d’habituer le corps à l’altitude et d’encaisser le la succession de montées. Ensuite, j’ai fait une bonne semaine de repos avant de partir en Italie. 

Mathilde Terrasson en a pris plein les yeux pendant cette semaine dans les Dolomites.

3B – Raconte-nous un peu ta semaine, comment s’est déroulée ta course ? As-tu rencontré certaines difficultés ? Au niveau de l’alimentation par exemple, par quels stades es-tu passée ?

MT – La semaine était incroyable. On en a pris plein les yeux… Du côté physique, je ne savais pas sur quoi je partais, car c’est la première fois que j’allais enchainer autant de kilomètres en une semaine, et surtout avec autant de dénivelé. Grâce au capteur de puissance, je savais dans quelles zones je devais rester pour tenir la distance et l’enchainement des cols. 

À la première étape, j’ai monté le premier col au dessus des watts prévus, et je me suis dit : « on verra si ça tient ». Et ça a tenu, j’étais super heureuse ! Pour les étapes suivantes, j’ai gardé cette optique-là. J’étais là pour donner le meilleur, sans avoir de regret, et découvrir mes limites. Chaque jour, je retrouvais les mêmes équipiers de route dans les cols, et nous nous encouragions les uns et les autres. La solidarité permettait de passer outre les moments où la difficulté s’accentuait. L’ambiance de la course est incroyable, et l’émulation qui se dégageait autour de toute l’organisation donne des ailes pour toujours repousser ses limites. 

En termes d’alimentation, les nombreux ravitaillements proposés par l’organisation ont permis de ne jamais manquer de rien. Je m’arrêtais essentiellement dans les ravitaillements situés dans les zones non-chronométrées, mais il m’est arrivée de devoir faire une pause pour remplir les bidons dans des zones chronométrées. Dans ces cas-là, on fait ça rapidement ! 

Du côté des jambes, les muscles étaient de plus en plus durs au fil des étapes. Les massages du soir proposés par l’organisation étaient nécessaires pour bien se décontracter et récupérer au mieux. 

3B – Comment finis-tu cette semaine ? Fatiguée ? Qu’as-tu appris de cette HR concernant tes capacités ? 

MT – La semaine s’est bien terminée. Bien sûr, fatiguée, mais la tête pleine de merveilleux souvenirs, ce qui fait largement oublier la fatigue et le mal aux jambes ! La Haute Route m’a clairement permise de repousser mes limites. Je ne savais pas que j’étais capable d’enchainer des étapes pareilles ! 

3B – Comment qualifies-tu la Haute Route ? Quels souvenirs garderas-tu ? Et si tu devais n’en garder qu’un seul, quelle est la chose qui t’a le plus marquée ? 

MT – La Haute Route est une expérience sportive, certes, mais surtout une expérience humaine incroyable. Les rencontres que j’ai pu faire cette semaine-là sont très fortes. Ce qui m’a le plus marquée est la solidarité et le partage entre les coureurs. Je garde aussi en tête tous les magnifiques paysages et cols que nous avons grimpés, la lumière au petit matin dans les rochers des Dolomites, les marmottes qui sifflaient pour nous encourager du haut des montagnes. On était dans une magnifique atmosphère ! 

Mathilde Terrasson a remporté toutes les étapes de la Haute Route Dolomites.

3B – Quel est le col qui se dégage de cette semaine ? 

MT – Le col qui m’aura le plus marquée cette semaine est le Passo Gavia. Une montée splendide, très difficile, et sur laquelle je suis passée par toutes les émotions. 

3B – Envisages-tu de participer à une prochaine Haute Route ? 

MT – Oui, bien sûr ! Ce ne sera certainement pas ma dernière Haute Route.

3B – Quels conseils donnes-tu a une personne qui participe pour la première fois à ce genre d’épreuve ? 

MT – Pour une personne qui souhaite participer à la Haute Route pour la première fois, je lui dirais qu’il faut arriver prêt dans sa tête. Bien sûr, il faut avoir un minimum de kilomètres dans les jambes, car les cols qui s’enchainent sont exigeants. Mais la motivation, une bonne alimentation et hydratation au fil des étapes, et un bon sommeil chaque nuit sont, je pense, la clé pour terminer dans les meilleures conditions. 

3B РQuel mat̩riel as-tu utilis̩ durant cette semaine ? V̩lo/roues, pneumatiques, braquets ?

MT – Cette semaine, j’ai roulé avec mon vélo Specialized Tarmac SL7, roues Roval C38 avec pneus Specialized Turbo Cotton en section de 28. Du côté des braquets, j’étais en plateaux de 48-35 et cassette 10-33. Si c’était à refaire, je ne changerais rien, c’était impeccable ! 

3B – Maintenant que tu as gagné cette HR Dolomites, tu dois être motivée pour faire d’autres épreuves cyclosportives ? Ou pas spécialement ? 

MT – Oui, d’autres épreuves cyclosportives me tentent bien ! Au-delà de l’aspect sportif et le plaisir de monter des cols, l’aspect humain des courses de ce type est vraiment fort. À réfléchir pour la saison prochaine…

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David POLVERONI

  - 34 ans - Ambassadeur Factor et Castelli. Arpenteur de cols - Passionné de cyclisme - Plus de 30 victoires en Cyclosportives - Pigiste depuis 2018 - Pratique sportives actuelles : pur routier, gravel et dans le futur du VTTAE Strava : David Polveroni

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