À 40 ans, tout est (encore) permis

Quand on est passionné de sport, notre « avant 40 ans » rime souvent avec force, succès, énergie, résistance à la fatigue et une vie bien tranquille où tout est encore possible. Et pourtant le meilleur n’est peut-être pas encore venu…

Par Jean-Fran̤ois Tatard РPhotos : Pixabay.com, Flickr.com, Wikimedia Commons, Jeff Tatard

Il est évident qu’un corps plus âgé ne peut pas accomplir les mêmes choses qu’un corps de 20 ans. Car au fil du temps, nous vieillissons et notre corps change.

Pendant l’enfance, le corps humain grandit et se développe rapidement. Puis, au moment de l’adolescence, les hormones telles que la testostérone et l’œstrogène provoquent le changement de la composition et des proportions du corps, qui atteint alors sa taille et sa forme finales. Et physiologiquement, la période entre 15 et 30 ans est celle durant laquelle le corps humain peut effectivement atteindre son niveau de performance le plus élevé.

À 41 ans et pour la vingtième année de sa carrière, Alejandro Valverde joue encore les premiers rôles au sein du peloton professionnel. En 2018, il a été sacré champion du monde.

Donc lorsque nous atteignons nos 30 ans, les choses commencent peu à peu à changer. Au fur et à mesure du temps, les os commencent à perdre de la densité. Le squelette devient alors moins résistant et le corps, plus sujet aux blessures. Parallèlement, la masse musculaire diminue peu à peu, provoquant de ce fait une diminution de la force globale du corps. La souplesse des articulations et des ligaments diminue également avec l’âge. Ceci affecte notre amplitude de mouvement, rendant le corps humain plus raide et certains mouvements beaucoup plus difficiles à effectuer. Le système cardio-pulmonaire change également. Les poumons perdent en souplesse, tandis que la masse musculaire du cœur diminue. Cela réduit les performances cardio-pulmonaires en termes d’absorption et de transport de l’oxygène vers les muscles et organes. Ce changement a un impact direct sur le niveau d’endurance du corps et se traduit également par des temps de récupération plus longs.

Si vous regardez des compétitions sportives de haut niveau à la télé, quelle que soit la discipline sportive, vous remarquerez que, parmi les participants, il y a rarement des athlètes de plus de 30 ans. Mais la bonne nouvelle, c’est que cela ne signifie pas pour autant qu’après 30 ans, tout est fini pour vous. Bien au contraire…

En effet, il n’y a qu’à voir tous ces athlètes qui continuent de performer après 40 ans… et qui parfois même se découvrent une nouvelle jeunesse. Avoir 40 ans, serait peut-être même la nouvelle fleur de l’âge – après avoir passé 10 ans à essayer de profiter d’une forme qu’on imaginait plus provisoire qu’elle ne l’est réellement – on prend enfin le temps de profiter. 40 ans, serait-ce alors le nouveau 30 ans ? 

Davide Rebellin est un autre exemple de longévité chez les pros. Mais lui, il a 50 ans !

Autonome et indépendant

L’entrée dans la vie professionnelle se fait de plus en plus tard. En effet, il n’est pas rare qu’on commence à travailler à 25 ans. Sans compter cette longue période à enchaîner les stages et les CDD ou des contrats souvent assez précaires… Si du temps de nos parents, une carrière était en général plutôt bien entamée à 30 ans, on s’en rend de plus en plus compte, il faut aujourd’hui attendre la quarantaine pour réellement décoller. Du coup, on acquiert aussi son indépendance financière de plus en plus tard. Ce qui implique qu’on peut vivre en coloc à 30 ans… Alors qu’à 40 ans, a priori, on a enfin fini de rembourser son prêt étudiant et on peut arrêter de demander aux parents d’arrondir pour se payer le dernier cadre Specialized.

40 ans, l’âge parfait

À 40ans, on a souvent passé les galères pratiques de la trentaine (s’installer, gagner sa vie, jongler entre les boulots, gérer les enfants en bas âge…) sans pour autant connaître encore les angoisses existentielles de la cinquantaine. En effet, avant, ce que les Américains appellent la middle life crisis se faisait vers 40 ans. Mais pourtant à 40 ans, on est libéré de la pression parentale, des galères professionnelles… On s’affirme, et on ose ! C’est le bon moment pour profiter de ce qu’on a et surtout de ce qu’on est.

40 ans et pas à un pet de jeu… Heu, de graisse !

Il y a 40 ans, la quarantaine était l’entrée dans la vieillesse, on attendait tranquillement de devenir grand-père et le sport c’était surtout devant la télé. Aujourd’hui, l’homme de 40 ans se sent encore fort, jeune et, cerise sur le gâteau, il s’est débarrassé de tous ses complexes. La vie lui appartient. Il a profité de sa trentaine pour finir de se construire et apprendre à gérer son équilibre entre le pro et le perso. À 40 ans, il est enfin rodé. Il a compris les rouages du système et il se rend compte qu’il n’est finalement qu‘à la moitié de sa vie. 

Enfin, d’après des études menées sur le sujet, il y a un domaine qui n’est pas autant affecté par l’âge que les autres. Et ça tombe bien, ce domaine nous intéresse tout particulièrement. C’est l’endurance. Les fibres musculaires à contraction lente, dites de type I, subissent moins les effets de l’âge que les fibres de type II à contraction rapide. Certains muscles sont composés très largement de fibres à contraction lente qui ont la propriété d’être très résistantes à la fatigue et capables de maintenir un effort sur une longue durée. Ce sont là les fibres principalement sollicitées lors d’épreuves d’endurance, comme le cyclisme, étant donné que les fibres de type II utilisées pour les mouvements explosifs se fatiguent très rapidement. De plus, même si le système cardio-pulmonaire change, il peut néanmoins être particulièrement bien entraîné chez les personnes plus âgées.

En réalité, les athlètes d’endurance plus âgés ont même un avantage décisif : l’expérience. Après des années d’entraînement, ils ont développé des stratégies basées sur la pratique et savent comment établir le juste équilibre entre leur entraînement et leurs périodes de récupération. L’expérience leur permet de choisir la meilleure manière d’ajuster leurs efforts physiques et de savoir où s’arrêter pour éviter toute blessure. Cela se fait consciemment et encore plus souvent inconsciemment. La force mentale est aussi un avantage important obtenu à la faveur de nombreuses années d’entraînement. Elle permet aux athlètes d’endurer plus facilement des efforts physiques intenses.

Il est encore possible de progresser après 40 ans, à la condition de s’entrainer avec assiduité et méthode.

La vie devant vous

En vieillissant il se peut que les progrès soient plus lents à arriver, que certains entraînements semblent plus difficiles, que la récupération prenne un peu plus de temps, mais tout reste possible. L’âge n’est qu’un nombre. Alors, même si des changements biologiques se produisent dans votre corps, cela ne signifie pas pour autant que vous devez arrêter de vous entraîner. Il n’y a pas de limite d’âge pour être en forme. Commencez maintenant, n’arrêtez jamais. Si vous écoutez attentivement votre corps et que vous êtes bien conscient du risque accru de blessure en vieillissant, les 40 ans ne devrait être ni un problème, ni une excuse…

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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