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« Innovate or die » (« Innover ou mourir ») : le credo de Mike Sinyard, le boss de Specialized, n’a jamais semblé autant s’appliquer que lors de la création des nouvelles chaussures S-Works Ares, un condensé de technologies totalement à contrepied de tout ce qui a été réalisé jusqu’à présent dans le domaine. Le résultat est une paire de chaussures hyper performante et en même temps très confortable.
Par Guillaume Judas – Photos : @3bikes.fr / DR
Positionnées en très haut de gamme à un tarif de 419,90 €, les chaussures Specialized S-Works Ares viennent compléter l’offre de la marque américaine, sans toutefois prendre la place d’un autre modèle. Mises sur le marché il y a presque quatre ans, les S-Works 7 ont connu un franc succès auprès des coureurs professionnels et amateurs, et restent toujours au catalogue. Elles ont toujours été plébiscitées pour leur rigidité et leur durabilité, et il faut le dire, pour leur look plutôt réussi. Depuis 2019, Specialized propose en plus des modèles plus exclusifs et selon nous plus ou moins bien venus, comme les très légères S-Works Exos ou les très aérées S-Works Vent.
Les Ares s’inscrivent donc comme la quatrième option parmi les chaussures S-Works (un label synonyme de très haut de gamme chez Specialized, que ce soit pour les vélos ou les accessoires), et elles démontrent à quel point l’ambiance est survoltée au sein des bureaux de recherche et de développement de la marque de Morgan Hill. Le résultat est aussi surprenant esthétiquement qu’efficace sur la route. L’objectif de Specialized est ici de fournir des chaussures hyper performantes d’abord pour les plus grands sprinters de la planète, et par conséquent pour tous les pratiquants qui ne souhaitent pas perdre le moindre watt lors d’efforts violents et soutenus. Les S-Works Ares ont été développées en collaboration avec Sam Bennett (Deceuninck-Quick Step), maillot vert du dernier Tour de France, et elles vont équiper dès le début de cette saison 2021 la plupart des coureurs pros sous contrat, dont le champion du monde Julian Alaphilippe.
Comme les Exos ou les Vent, elles bénéficient à leur tour d’une conception totalement hors norme qui assure cette fois-ci un maintien phénoménal des pieds dans les chaussures quelle que soit la puissance exprimée, et un confort jusque là inconnu en portant des chaussures de vélo, sauf peut-être avec certains modèles d’entrée de gamme à l’aspect rembourré et moelleux.
Des semelles identiques aux S-Works 7
Les S-Works Ares bénéficient des mêmes semelles que les S-Works 7, des chaussures déjà très rigides, conçues à partir de fibres de carbone Fact Powerline avec un indice de rigidité de 15 sur 15 selon les normes de Specialized. Elles sont parmi les semelles extérieures les plus rigides du marché. La marque y ajoute le concept Body Geometry qui offre un alignement considéré comme idéal entre les articulations des hanches, des genoux et des chevilles pour offrir plus de puissance au pédalage tout en réduisant les risques de blessures, avec une inclinaison de 1,5 mm vers l’extérieur pour stabiliser l’avant-pied.
Un support longitudinal de voûte plantaire breveté et moulé dans les semelles limite les risques d’affaissement du pied dans la chaussure. Ce soutien peut d’ailleurs être optimisé par le port d’un des trois types de semelles intérieures proposés en option par Specialized, ou par l’installation de semelles sur mesure qui reprennent l’empreinte de la plante des pieds, comme c’est le cas pour nous. Mais les semelles intérieures de base des S-Works Ares apportent déjà ce que la marque appelle le bouton métatarsien, une sorte de bosse positionnée sous l’avant du pied et destinée à diminuer les engourdissements en permettant aux os de s’écarter légèrement lorsque l’appui est maximal.
Sur ce nouveau modèle, on retrouve également la même coque et la même forme au niveau du talon que les S-Works-7. Enfin, le poids est aussi au même niveau que les chaussures emblématiques de la marque, avec 430 g la paire en pointure 39. Pour rappel, les S-Works 7 s’affichent à 432 g, les S-Works Vent à 426 g, et les S-Works Exos à 272 g, toujours pour la même pointure.
Comme dans des chaussonsL’une des principales originalités des S-Works Ares tient dans le chausson en mailles serrées, rembourrées et élastiques, dans lequel vient se glisser (avec soin) le pied et qui agit presque comme une deuxième chaussette. Cela ressemble au concept déjà vu sur de nombreuses chaussures de running, mais en beaucoup plus ajusté. Avec pour avantage d’éliminer complètement la traditionnelle languette, ou même les nouvelles empeignes enveloppantes que l’on voit chez certaines marques concurrentes. Le premier bénéfice concerne la quasi transparence des coutures internes susceptibles de provoquer des points de pression lors du serrage. Le pied est déjà collé à la chaussure, mais sans que l’on ressente le moindre rebord sur les côtés.
Le chausson remonte assez haut au niveau de la cheville, ce qui participe au look un peu surprenant des Ares au premier abord, du moins quand elles ne sont pas portées. Il est relié à une partie interne du talon plus étroite que sur les S-Works 7, et avec un rembourrage plus épais, qui a pour effet de venir enserrer très fermement la partie basse de la cheville, mais sans aucun point de pression.
Les mouvements du pied sont donc déjà très limités dans la chaussure, avant même d’appliquer le moindre serrage. Mais ceci reste étonnamment confortable, d’autant plus qu’une petite encoche sur le côté extérieur du rebord de la chaussure est prévu pour éviter les douleurs juste en dessous la malléole, ce qui pouvait arriver avec les S-Works 7, dont l’empeigne est très raide à cet endroit-là.
Un système de serrage totalement revu
L’autre nouveauté concerne le système de serrage, ici totalement revu pour apporter à la fois un maintien exceptionnel et un confort très élevé. Specialized affirme ainsi qu’en termes de pression de serrage, les S-Works Ares apportent une augmentation de 20 % de la surface de contact entre le pied et la chaussure par rapport aux systèmes de serrage traditionnels.
Par dessus le chausson, l’empeigne des chaussures est constituée de fibres Dyneema (un tissu qui est jusqu’à 15 fois plus résistant que l’acier, étirable seulement dans un seul sens) comme les S-Works 7, mais avec une structure bien plus complexe.
Une sorte d’armature de ce tissu vient encadrer les Ares au dessus du chausson, avec des parties plus ou moins épaisses pour en assurer la rigidité là où c’est nécessaire. Deux languettes en deux parties, surmontées chacune par un serrage Boa Li2, procurent un maintien progressif et très complet, surtout entre le cou-de-pied et le milieu du pied, grâce à un cheminement triangulaire du fil de serrage. La languette supérieure part quasiment du niveau de la malléole, ce qui permet de bloquer complètement la partie haute du pied contre le fond de la chaussure, contre le talon, tout en éliminant les possibilités de rotation du pied en plein effort.
Ce serrage sur une languette très large applique la pression sur une grande surface, en évitant ainsi l’apparition du moindre point de pression. Sur l’avant, le serrage est là aussi très efficace (beaucoup plus que sur les S-Works 7), même s’il nous parait un peu moins utile et peut même comprimer un peu le pied.
Le choix des Boa Li2 à la place des Boa S3-Snap des S-Works 7 s’explique par la possibilité de libérer complètement le serrage (en tirant sur le cadran) et d’écarter les languettes afin d’enfiler ou de retirer plus facilement le pied de la chaussure. Le Li2 assure toutefois un serrage ou un desserrage millimétrique par simple rotation de la molette pour un ajustement précis.
Rapides et confortables
Testées sur un peu plus de 1000 km, les S-Works Ares séduisent d’abord par leur confort. En enfilant le pied dans la chaussure, nous avons pour commencer l’impression de porter une deuxième paire de chaussettes. Le contact avec le chausson intérieur est moelleux et élastique latéralement, puisque de nombreux mouvements de rotation sont autorisés lorsque le serrage n’est pas verrouillé, avec à chaque fois la sensation que le pied est ramené dans l’axe de la chaussure.
En tournant la molette de serrage supérieur, on ressent progressivement le pied se bloquer latéralement et longitudinalement contre la cheville. Même avec des pieds fins, la marge est suffisante pour assurer un serrage très ferme, et sans ressentir la moindre douleur. Sur l’avant, le maintien idéal est plus délicat à obtenir, car le rapprochement des deux parties de la languette a tendance à vouloir rapprocher les métatarses.
Une fois la bonne pression appliquée, on constate évidemment la rigidité parfaite de la semelle et le fait que le cou-de-pied fasse totalement corps avec l’ensemble de la chaussure.
Une fois la bonne pression appliquée, on constate évidemment la rigidité parfaite de la semelle et le fait que le cou-de-pied fasse totalement corps avec l’ensemble de la chaussure. Sur le sol, on perçoit une légère flexion de la chaussure au milieu, entre les deux languettes plus rigides. Surprenant. Mais en fait en les comparant avec n’importe quel autre modèle, il est facile de s’apercevoir que ce même type de légère flexion est présent, tout en étant réparti sur l’ensemble de l’empeigne. Ceci permet d’éviter les blessures tendineuses en offrant une petite liberté angulaire du pied nécessaire lorsqu’on passe de la position assise à la position en danseuse, par exemple.
Lorsque les chaussures sont clipsées dans les pédales, on ne perçoit aucun glissement du pied dans la chaussure, avec la sensation d’être complètement collé au talon et de faire totalement corps avec l’empeigne et la semelle. Si nous n’avons pas pu mesurer précisément le gain obtenu à puissance maximale, Specialized avance un avantage d’une longueur de vélo au terme d’un sprint de 300 mètres. Difficile à vérifier, mais ce qu’on peut dire c’est que même les grimpeurs y trouveront leur compte : dans les bosses à fort pourcentage, les passages à l’arrachée ne laissent paraître aucune perte d’énergie, avec une remontée du talon très efficace et sans flottement. Une sensation de maintien que l’on retrouve également dans les plus longues montées, avec un braquet plus souple, dès lors qu’on a l’habitude de tirer sur la pédale après le point mort bas du cycle de pédalage.
Même avec un serrage très ferme, aucune douleur ou aucun type de fourmillement n’apparait après plusieurs heures de selle, sur le dessus du pied tout du moins. En portant des couvre-chaussures, il peut être plus compliqué de trouver le bon serrage à l’avant, pour le meilleur rapport entre un bon maintien et un espacement confortable des orteils. Comme les S-Works Ares sont plutôt bien aérées et que la partie en mailles se prolonge jusqu’au bout des pieds, elles exposent un peu plus au froid que les S-Works 7. Mais sans couvre-chaussures, et encore mieux dans l’espace confiné d’un appartement sur home-trainer, elles apparaissent très facile à régler et offrent à la fois une excellente souplesse au niveau des chevilles et une excellente tenue. La répartition du serrage et le chausson interne laissent présager d’un port très agréable en plein été. Au niveau du talon, le rembourrage interne avec un bourrelet qui vient pincer la partie basse de la cheville est là aussi très confortable.
La finition est d’excellent niveau et promet une excellente durabilité. Mais évidemment, la partie en maille du chausson est exposée aux salissures. Même si elle se nettoie assez facilement avec une petite brosse douce tout de suite après une sortie dans des conditions humides, elle a tendance à se griser un peu. Et elle reste exposée aux tâches d’hydrocarbures.
Affichées à 419,90 €, les S-Works Ares sont chères (40 € de plus que les S-Works 7) mais par rapport à de nombreux modèles de cette gamme de prix elles semblent réellement apporter quelque chose en termes de maintien, de rendement et de confort. Ce nouvel exercice de style de Specialized montre en tout cas que les chaussures font désormais partie intégrante du matériel de vélo et qu’elles peuvent être bien plus qu’un simple habillement pour ceux qui recherchent la performance ultime.
Chaussures SPECIALIZED S-WORKS ARES en bref… Note : ***** Les + : concept, système de serrage, maintien, confort, rendement Semelles : carbone FACT Powerline™ – Empeigne : Dyneema® et TPU – Systèmes de serrage : BOA Li2 – Talon : technologie PadLock™ – Chausson : mesh – Chaussant : Form Fit – Pointures : 36 au 49 (demi-pointures du 39 au 45,5) en blanc et en noir, 39 au 49 en rouge/gris et banc/noir. Poids : 215 g l’unité en 39. Prix : 419,90 € Contact : specialized.com |
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