Une nouvelle fois, les sportifs sont les oubliés du confinement

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Après une première période de confinement où les sportifs réguliers ou occasionnels qu’on a vus courir dans les rues ont été montrés du doigt et accusés d’être égoïstes, il va falloir composer avec cette deuxième vague et une nouvelle mise sous cloche que l’on ne peut pas imaginer durer seulement quatre semaines. Sortir de chez soi pour faire du sport va être une nouvelle fois très limité (une heure dans un rayon de un kilomètre), alors même que grands magasins et transports en commun restent ouverts. Une décision ubuesque pour la santé mentale et physique de millions de Français.

Par la r̩daction РPhotos : Pixnio.com, PxHere.com, CC0 Public Domain, JFT / DR

Tous ces coureurs confirmés mais aussi provisoirement initiés doivent-ils être montrés du doigt sous prétexte qu’ils ne participeraient pas à l’effort de la Nation face à la lutte contre la Covid-19 ? Dans tous les cas, en reprenant les modalités de sortie du premier confinement pour les sportifs avec la règle du un kilomètre et une heure maximum, le gouvernement semble faire peu de cas de la santé mentale et physique de millions de Français adeptes de sport régulièrement, malgré cette deuxième vagie qu’on voyait venir dès le mois de juillet.
Les salles de sport, de musculation, de danse, les piscines sont fermées (sauf pour les scolaires). Quant au vélo, sa pratique va être fortement limitée par cette limite absurde de 1 kilomètre autour du domicile. C’est toutefois un mieux par rapport à l’Acte 1 du confinement, où certains Préfets l’avaient même interdit, appuyés en ce sens par les recommandations de la Fédération française de cyclisme. Un comble !Dans le même temps, afin de soutenir l’économie, le gouvernement encourage la population à continuer à travailler (le télétravail n’est pas toujours accessible pour toutes les professions), laisse les transports en commun ouverts, et surtout de nombreux grands magasins. Nos compatriotes doivent donc travailler et consommer, mais éviter toutes formes de loisirs, même celles destinées à les maintenir en bonne santé.

Pourtant, de nombreux médecins et épidémiologistes insistent sur l’intérêt de l’activité physique pour le renforcement des défenses immunitaires face à une pandémie. Beaucoup de spécialistes alertent également sur les risques de dommages collatéraux liés aux dépressions possibles, mal-être, suicides en conséquence d’un confinement.

La pratique sportive doit être encadrée en période de pandémie bien sûr, mais devrait être encouragée pour renforcer le moral et la santé de la population, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays comme en Allemagne ou en Belgique.

Concernant le vélo, on compte environ 3,6 millions de cyclistes sportifs réguliers en France (au moins une fois par semaine, et sans comptabiliser le vélo utilitaire). 92 % de ces cyclistes pratiquent le vélo de façon autonome, sans club et sans être licenciés. La décision du gouvernement de s’en tenir à cette règle absurde n’est donc pas comprise, même si elle a l’avantage de tomber en automne, et pas au printemps.

Le vélo est avant tout une activité individuelle, comme le montrent les chiffres.

Évidemment, il reste la possibilité de rouler sur home-trainer, même si la pratique n’est pas toujours satisfaisante.

Pourquoi la course à pied 

Saviez-vous qu’en temps normal, presque 1 Français sur 4 court à pied ? Oui, ça fait presque 14 millions de joggeurs ou runners plus ou moins réguliers, pendant que d’autres nagent, jouent au foot, tapent à la raquette, pédalent, soulèvent de la fonte et tout un tas d’autres activités sportives qui occupent les loisirs et alimentent un besoin de faire de l’exercice. À cause du confinement, les piscines, les salles de sport, les terrains de sports collectifs, les stades et les cours de tennis sont fermés. 

En France, 34 millions de personnes de plus de 15 ans déclaraient pratiquer une activité physique ou sportive au moins une fois par semaine en 2010 (Source : crdla-sport.franceolympique.com). En période de confinement, alors que seule la pratique du running est clairement admise (avec la marche), et toujours dans un rayon d’un kilomètre autour de chez soi et dans la limite d’une heure, comment croyez-vous que la moitié des Français puissent s’entretenir un minimum, alors même qu’ils sont raillés par l’autre moitié plus habituée au régime chips-bière-Netflix qu’à une bonne hygiène de vie ? 

Les salles de sport sont fermées en période de confinement. Raison de plus de retrouver ces sportifs et ces sportives dehors pour l’entretien de leur condition physique.

Dans cette période si particulière, il ne faut pas prendre ce problème à la légère. Ce n’est pas qu’un acte égoïste que de faire de l’exercice et d’aller courir dehors. Les experts le recommandent, car la sédentarité est l’un des principaux fléaux de notre société, à ce jour bien plus que la Covid-19. L’activité physique est recommandée par les cardiologues, et même par la plupart des médecins qui considèrent qu’il y a toujours plus d’avantages que d’inconvénients à être sportif, même à haute dose. D’ailleurs, l’OMS elle-même recommande le jogging occasionnel ou pour les plus experts, continuer à pratiquer une activité sportive même si elle exige une intensité plus importante. Sans aller jusqu’aux problèmes liés à la bigorexie, il ne faut pas nier non plus les inégalités face au confinement.

Une parenthèse qu’on ne vit pas de la même façon quand on habite dans une maison à la campagne avec 2000 m2 de terrain, ou dans une chambre de bonne de 12 m2 sous les toits à Paris, ou encore à cinq personnes dans un appartement d’une tour de 15 étages à Saint-Denis. Pour beaucoup, la sortie quotidienne d’une heure pour transpirer un peu est indispensable au maintien de la bonne santé mentale, tout simplement.

Il y a quelques mois nous avions proposé un article sur la bigorexie. Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes nous savons tous que nous sommes des toxicomanes du sport. Des drogués du sport d’endurance, du vélo, de la course à pied ou du triathlon. Les marchands de tabac – qui alimentent d’autres drogués dont la santé est plus menacée que celle des sportifs – ne sont pas fermés.

Avec la fameuse attestation et en restant dans un rayon d’un kilomètre autour du domicile, on évite les problèmes.

Alors, les sportifs amateurs vont devoir faire une nouvelle fois le gros dos pendant plusieurs semaines, sortir courir pas plus d’une heure dans un rayon d’un kilomètre de leur domicile, en respectant le social #socialdistancing et sans oublier d’avoir emporté avec eux la fameuse attestation. Ils vont aussi éviter de trop en faire, et se contenter d’entretien. Les cyclistes les plus motivés, les mieux équipés et les plus nantis aussi vont pouvoir faire du Zwift avec un home-trainer connecté.

Cependant les clubs, les associations, les organisateurs et les médecins vont devoir compter les sacrifiés de ce deuxième confinement, et avec eux non seulement toute une économie du sport, mais aussi les effets délétères sur la santé d’une partie de la population, celle qui était jusque là épargnée par la sédentarité et toutes ses conséquences.

=> VOIR AUSSI : Tous nos articles Mag

Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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