1 000 km de la Bretagne à l’Allemagne : le périple d’Hannah Ludwig

L’Allemande Hannah Ludwig, qui aurait dû s’aligner cette semaine sur le Bretagne Ladies Tour finalement annulé en raison de la situation sanitaire, a décidé de rentrer chez elle…à vélo ! 1 000 kilomètres en cinq jours, de la Bretagne à son domicile de Trabel-Trarbach en Allemagne. L’Allemande de l’équipe CANYON-SRAM Racing raconte son aventure. 

Source : C.P / Crédit photos : Thomas Maheux / Canyon-Sram Racing

L’Allemande Hannah Ludwig aurait dû prendre le départ ce mercredi du Bretagne Ladies Tour (28 octobre – 1er novembre), finalement annulé en raison de la situation sanitaire sur le territoire. Mais la coureuse de 20 ans de l’équipe Canyon-Sram Racing n’a appris la nouvelle qu’à son arrivée en Bretagne en fin de semaine dernière. Après 11 heures de voiture avec sa mère, déçue mais la tête emplie d’idées et d’un brin de folie, elle a décidé d’effectuer le trajet retour en Allemagne à vélo… 

 

Arrivées avec sa maman en Bretagne quatre jours avant le départ, afin de faire une reconnaissance du parcours et préparer au mieux l’épreuve bretonne, la double championne d’Europe du contre-la-montre Espoirs a eu la mauvaise surprise de découvrir l’annulation de l’épreuve. Elle qui lorgnait notamment sur le chrono prévu lors de la troisième étape. « Nous avons quitté la maison vendredi matin à 8h30 et avons roulé 11 heures jusqu’à Sérent, en France, raconte Hannah Ludwig. J’attendais vraiment avec impatience la course et j’avais pris la décision que je voulais venir plus tôt pour préparer au mieux et voir le parcours du contre-la-montre. Lorsque nous sommes arrivés au parking de l’hôtel, nous avons reçu l’e-mail de l’équipe indiquant que la course avait été annulée, à l’instant où nous nous garions. Au début, j’étais triste parce que j’avais hâte d’y être. Je n’étais pas en colère car il y a bien des choses pires qui pourraient arriver. Je voulais vraiment faire cette course de vélo et voir ce que je pouvais donner sur le contre-la-montre, mais au final, ce n’est qu’une course de vélo. »

 

Pas franchement motivée à l’idée de faire demi-tour et se retaper les 11 heures de route en direction de l’Allemagne dès le lendemain, Hannah Ludwig a donc décidé de faire le retour…à vélo ! Un voyage de 1 000 kilomètres jusqu’à son domicile de Trabel-Trarbach, avec sa mère au volant de la voiture suiveuse. « Je ne voulais plus m’asseoir dans la voiture le lendemain, explique Hannah Ludwig, alors j’ai décidé de rentrer à la maison à vélo. Il me reste le Madrid Challenge by La Vuelta comme dernière course de ma saison, alors je me demandais comment je pouvais m’entraîner au mieux pour cela ? Si je mets cinq jours pour rentrer à la maison, puis un bon repos et un peu de vitesse, je devrais être prête pour Madrid. J’ai ensuite demandé à mon entraîneur qui était d’accord. Alors je me suis assis ce soir-là et j’ai planifié l’itinéraire » détaille Hannah Ludwig.

L’Allemande, lancée aujourd’hui dans sa dernière étape, raconte son périple. « Je commence à 8 ou 8 h 30 chaque jour, donc j’ai une certaine flexibilité à la fin car les jours raccourcissent. Lorsque j’arrive à moins de 50 km de ma ville cible pour la soirée, je réserve l’hôtel. À première vue, il y avait 900 km au total pour rentrer à la maison et je prévoyais de le faire en cinq jours, sur le même format que le Bretagne Ladies Tour. Mais quand vous vous asseyez, que vous regardez de plus près et choisissez les itinéraires plus dans l’esprit vélo-friendly, il s’avère que ça fait plus de 1 000 km, s’amuse Hannah Ludwig. C’est toujours un défi. Rouler 8 ou 9 heures, arriver et laver mon vélo et mon kit, ce n’est pas super facile ».

Et quel défi. Avant ce trip, Hannah Ludwig n’avait parcouru plus de 200 kilomètres qu’à trois reprises. « Le premier 50 km est le plus difficile quand je fais 200 km de course. Samedi, le premier jour, j’ai vérifié la carte et j’ai pensé « Oh seulement 10 km faits ». Ensuite, j’ai regardé à nouveau et je n’avais fait que 32 km… « ça va être dur », me suis-je dit. Mais après avoir franchi les 50 premiers kilomètres, je sais que je peux faire le reste du trajet ».

 

Ce genre de périple et d’aventure n’est pourtant pas une première pour Hannah Ludwig qui a participé à la course One More City en 2019 dans le but de collecter des fonds pour la recherche sur le cancer du sein, son plus long voyage à vélo à ce jour couvrant 720 km en quatre jours d’Amsterdam à Strasbourg. « Je roulais avec un super groupe de personnes. Nous avons eu un temps horrible mais c’était très amusant et je me suis vraiment amusé. Ce voyage est un peu différent, vous êtes seul et il y a moins de motivation que pour une bonne cause, mais je repense souvent à cette randonnée et elle permet de passer quelques kilomètres, a déclaré Ludwig. Sur le vélo, je me sens étonnamment bien la plupart du temps. C’est après la randonnée que la douleur dans les jambes survient, et c’est vraiment, vraiment difficile ».

Au cours des quatre premiers jours, Hannah Ludwig a parcouru 224 km, 215 km, 205 km et 232 km par jour, pour un total de 876 km. « Cela fait sept fois dans ma vie que j’ai parcouru plus de 200 km » raconte l’Allemande. Il y a eu de la pluie, du vent de derrière, du vent de face, des journées sèches et des jours glaciaux. Le premier jour, je n’ai rencontré qu’un seul cycliste. Les autres, j’en ai rencontré plusieurs. J’ai rencontré un gars vraiment gentil dans une station, un autre qui roulait à mes côtés sur une montée en s’exclamant « Allez, Tour de France, Tour de France…C’était assez drôle », se rappelle Hannah Ludwig.

Sa réponse lorsqu’on lui demande si elle a déjà pensé à s’arrêter et à monter dans la voiture pour rentrer chez elle ? « Chaque jour au début, je me demandais ce que je faisais! Je ne savais pas si j’allais en sortir vraiment en forme ou complètement cuite, et ça n’aurait pas été le meilleur entraînement pour le Madrid Challenge. Mais j’avais aussi choisi cette option car le temps est un peu meilleur ici que chez moi et que j’aime beaucoup m’entraîner sur des routes différentes. Je savais aussi que je pouvais m’arrêter à tout moment, la voiture était là, mais ça a été un beau défi, qui m’amuse ».

 

« Je dois admettre qu’hier, c’était vraiment difficile, relate Hannah Ludwig. J’étais tellement fatigué dans les cinquante derniers kilomètres. J’ai dû dire à ma mère d’aller de l’avant et de me laisser seul pour les dix derniers. La fatigue des jours précédents m’a rattrapé et je souffrais. Mais à la fin, j’ai réussi », sourit Hannah Ludwig. L’Allemande a été surprise par la réaction de ses collègues cyclistes et fans. « Pour être honnête, je suis surprise de la réaction parce que je ne pense pas que ce soit si spécial. C’est juste une de mes idées idiotes que parfois je peux faire, et d’autres non. Mais je suis heureuse que les gens aiment ça ».

 

Après quatre jours à sillonner les routes françaises pour rejoindre l’Allemagne, Hannah Ludwig n’est plus qu’à quelques kilomètres du but. « Aujourd’hui est le dernier jour et j’avais prévu que ce soit la journée la plus courte, raconte Hannah Ludwig qui parcourra un tracé vallonné de 150 km au départ de Metz, en passant par la frontière franco-allemande et jusqu’à son domicile à Traben-Trarbach. « Je connais la plupart des routes dans la dernière moitié du trajet, ce qui facilitera les choses. Et je rentre à la maison. Je sais que je serai en mesure de réussir ».

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Sébastien Jacquet

- 38 ans. - Journaliste professionnel depuis 2008 en presse écrite sportive (Collaborateur à Vélo Magazine - L'Equipe) - Pratiques sportives actuelles : cyclisme (occasionnelles : football, course à pied) - Strava : Sébastien Jacquet

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