Test longue durée des roues Roval Rapide CLX

Depuis cet été, Roval a revu une partie de sa gamme de roues (uniquement pour freins à disque) et propose désormais les Rapide CLX avec une hauteur et une largeur de jante différenciées entre les roues avant et arrière. Le résultat sur la route est enthousiasmant, comme nous avons pu le vérifier après un test de plus de 3000 km.

Par Guillaume Judas – Photos : @3bikes.fr/DR

Les Roval Rapide CLX sont parmi les roues aérodynamiques les plus légères du marché.

Si la marque Roval est désormais liée à Specialized, cela n’a pourtant pas toujours été le cas. Et si l’enseigne californienne tient aujourd’hui à bien distinguer les deux entités, c’est d’abord parce que les deux marques sont différenciées par leurs équipes de développement, et aussi pour ne pas décourager les acheteurs potentiels des roues américaines et qui possèderaient un vélo avec un autre label. Les roues Roval concurrencent directement des produits largement renommés sur le marché, et sont en plus d’un rapport qualité-prix de bonne facture.

Roval, ce n’est pas seulement la marque de roues de Specialized. elles peuvent se monter sur des vélos d’autres marques.

C’est pourtant dans les années 80 que commence l’histoire de Roval, entre les mains d’un artisan français. Claude Lehanneur développe en petites séries des roues qui se distinguent par des solutions techniques originales et qui mettent l’accent avant tout sur l’équilibre de comportement. Fluides, bien finies et déjà montées avec peu de rayons (pour l’époque), les roues Roval pour la route ou le VTT connaissent un certain succès chez les amateurs de beau matériel qui affichent un certain anticonformisme. C’est à partir de 2005 que Specialized rachète la marque, et commence à développer des roues destinées à être montées sur la gamme de vélos complets de la marque. Quinze ans plus tard, Roval est devenue une marque de référence, aux côtés de Campagnolo, Fulcrum, Shimano, Mavic, Enve, DT Swiss, Corima ou Zipp, et dont les Alpinist CLX et Rapide CLX sont les derniers fleurons pour la route.

Un profil différencié

Pour succéder aux CLX 50 et CLX 64 qu’elles remplacent dans la gamme, les Rapide CLX bénéficient d’une hauteur et d’une largeur de jante différenciées. Une solution originale qui a pour objectif de favoriser l’aérodynamisme et la maniabilité, notamment lorsqu’il y a beaucoup de vent. La roue arrière mesure ainsi 60 mm de haut pour une largeur totale de 30,7 mm, quand la roue avant affiche 51 mm de haut et 35 mm de large. Une largeur externe qui ne modifie pas pourtant la largeur interne des deux jantes, à 21 mm. Ainsi, monté sur les Rapide, un pneu de de 700×26 comme le Turbo Cotton a une dimension réelle de 28,5 mm de large, qui reste inférieure à la taille de la jante avant. 

Le pneu de la roue avant est plus étroit que la jante.

Si cela reste visuellement surprenant, cet élargissement procure plusieurs bénéfices. Tout d’abord, avec un pneu plus étroit que la jante, la trainée aérodynamique est moindre et se diffuse mieux autour de la jante, puis autour des tubes du cadre du vélo. Ensuite, le pneu est monté avec une forme plus ouverte, ce qui autorise des pressions de gonflage moins importantes sans que les flancs ne se déforment et altèrent le comportement dynamique du vélo, notamment lors des passages en danseuse ou des changements de trajectoire. Enfin, le profil très large procure à la jante une forme de U prononcée, qui rend la roue avant moins sensible aux rafales de vent latérales, et donc améliore la maîtrise du vélo dans ces conditions.

Cette vue de profil montre bien la différence de hauteur entre la roue avant (à gauche), et la roue arrière (à droite).

Ce sont des possibilités d’évolution qui ont été offertes uniquement grâce au freinage à disque, car une telle largeur ne serait pas compatible avec des étriers de frein traditionnels.

La largeur interne de 21 mm est très importante.
Découpe des deux jantes avant et arrière.

Si la roue arrière est plus haute et plus large que la roue avant, c’est qu’elle n’a pas à répondre aux mêmes contraintes. Puisqu’une partie de la roue est cachée par le tube de selle, c’est sa partie arrière (celle qui est le plus en arrière du vélo) qui doit affronter les contraintes aérodynamiques, même si elles sont beaucoup moins importantes que la roue avant. Donc un profil plus haut et avec une forme de U plus fermé est dans ce cas le mieux adapté, d’autant plus que la roue arrière a moins d’incidence sur la direction du vélo et qu’une hauteur de jante élevée favorise la prise de vitesse lorsque le vent souffle de trois-quart, grâce à un effet « voile ».

Le profil de la roue avant est comme un U très ouvert.

Ce compromis original est aussi associé à une construction qui met l’accent sur le gain de poids. Avec le freinage à disque, Roval a pu retravailler la forme des crochets des jantes, puisque ceux-ci n’ont plus à supporter la chaleur du freinage avec des patins. Sur les Rapide CLX, on trouve donc un espace entre les bords de la jante et les crochets, qui permettent de limiter le poids des roues à 1407 g (vérifiés). Et ceci pour des roues à jantes hautes à pneus, ce qui est extrêmement performant, quand la concurrence se situe plutôt entre 1500 et 1600 g.

La roue arrière est un peu moins large.

Vous l’avez compris, les Roval Rapide CLX ne sont pas proposées à boyau, et ne sont pas compatibles Tubeless, de manière à optimiser le poids, puisque cette technologie exige une étanchéité spécifique. C’est assez surprenant quand on sait que Specialized propose par ailleurs des pneus Tubeless performants. Mais cela n’empêche pas les pros des équipes Deceuninck – Quick Step et Bora – Hansgrohe de courir et de gagner avec les nouvelles Alpinist CLX et Rapide CLX, à pneus donc.

Les roulements céramiques en moins

Par rapport aux précédentes CLX 50 et 64, les Rapide CLX sont proposées au même prix de 2398 €, progressent au niveau des jantes comme on l’a vu plus haut, mais perdent les roulements Ceramic Speed, qui sont remplacés par de « simples » roulements annulaires étanches. 

Les roues sont montées sur des moyeux Roval AeroFlange, avec un mécanisme de corps de roue libre DT Swiss EXP, avec des rayons DT Aerolite (18 à l’avant, 24 à l’arrière) et des têtes externes. Sur la roue avant, on trouve 6 rayons droits à droite, et 12 rayons croisés par deux du côté du disque. Sur la roue arrière, on trouve 8 rayons croisés par deux du côté du disque, et 16 rayons croisés par deux toujours, du côté de la transmission. La fixation des roues sur le cadre s’effectue avec un axe traversant de 142/12 pour l’arrière et 100/12 pour l’avant.

6 rayons droits seulement pour la roue avant, côté droit.

Polyvalence sportive

Ce qui frappe au premier abord concerne le confort des Rapide CLX, malgré leur profil haut. Un confort relatif, c’est vrai, mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit de roues haut de gamme destinées à la performance. Lors de notre première prise en main avec l’essai du Specialized Tarmac SL7, les premiers tours de roues nous avaient surpris à ce niveau-là, mais nous ne savions pas encore si cela venait de l’ensemble du vélo. Un test plus complet avec un autre vélo confirme ce trait de caractère, et pas seulement grâce au montage des pneus Specialized Turbo Cotton. Nous avons aussi monté les roues avec des pneus Michelin Power Road, et le constat est le même : jusqu’à une pression de 7 bar, le contact avec la route est plutôt doux, et moins cassant qu’avec des Fulcrum Racing Speed 40 par exemple. 

Malgré la hauteur de jante, les Rapide CLX sont particulièrement confortables.

Une filtration des vibrations qui, si elle n’atteint pas forcément le niveau de jantes prévues pour le Gravel ou les pneus de 32 mm et plus, offre une excellente motricité sur les revêtements granuleux, que ce soit en position assise ou debout sur les pédales. Un plus pour le rendement, assurément.

Même pour un petit gabarit, le vent de côté n’est pas handicapant avec les Rapide CLX.

Testées certains jours de grand vent et en bord de mer, les Roval Rapide CLX se montrent également fidèles aux désirs de leurs concepteurs, avec une maniabilité étonnante pour ce type de produit. Bien sûr, avec un poids de moins de 60 kg et sous des rafales de 40 à 50 km/h, il faut bien tenir le guidon et éviter de lâcher les deux mains. Néanmoins, les dérives de la direction du vélo paraissent toujours prévisibles et sont surtout progressives. On ne ressent pas de coup de fouet qui pourrait provoquer une embardée, et on se rend compte que cette facilité de conduite participe à l’économie d’énergie sur une longue sortie. On rentre ainsi moins « cassé » et usé après une bonne balade qu’avec des roues de la même catégorie, malgré que ce soit, encore une fois, des roues destinées à la performance. En termes de pilotage, les Rapide CLX sont de notre point de vue aussi faciles que des roues de 40 mm.

Confort, rapidité, légèreté définissent ces roues très haut de gamme.

Leur poids très concurrentiel est bien sûr un atout lorsqu’il faut accélérer, relancer, ou grimper. Pour peu que l’on dispose d’un vélo qui assure une bonne homogénéité avec la rigidité des roues, l’ensemble parait tranchant sur la route, et ne semble jamais se désunir. Et même dans de longues portions montantes avec du pourcentage, si on adopte un rythme régulier, les Rapide CLX ne sont jamais handicapantes. La hauteur de jante, à l’avant surtout, implique une excellente coordination du haut du corps lors des passages en danseuse qui les rend forcément un peu plus exigeantes à basse vitesse que des roues à jantes basses. 

Sur le plat, l’effet d’inertie est un peu moins sensible que des roues plus lourdes. Mais les chronos sont là pour confirmer que ce sont des roues rapides, qui participent à augmenter la vitesse moyenne des sorties ou des segments en particulier. Avec le vent de face, on peut lutter autant qu’avec n’importe quel modèle de roues, mais dès que l’on prend le vent un peu de côté, on ressent comme un petit coup de pied aux fesses qui facilite la reprise de vitesse.

Les chronos sont là pour confirmer que ce sont des roues rapides, qui participent à augmenter la vitesse moyenne des sorties ou des segments en particulier.

En termes de rigidité pure, le freinage à disque nous retire un élément de comparaison avec l’absence de patins de frein sur lesquels les jantes pourraient venir frotter de temps en temps. Pourtant, sans que les roues puissent paraitre raides et complètement verrouillées latéralement, les démarrages puissants et les changements d’appui ne donnent jamais l’impression qu’elles puissent flotter. Là encore, l’homogénéité avec le cadre est importante en termes de sensations et de rendement, et il serait dommage de monter les Rapide CLX sur un vélo qui n’est pas à la hauteur.

Le montage d’autres pneumatiques ne change pas le caractère des Roval, notamment en termes de confort.

Après plus de 3000 km de test, les roues n’ont pas bougé et conservent de leur superbe sur le plan esthétique. Une inspection plus rigoureuse montre une absence totale de jeu dans les roulements et un corps de cassette en parfait état. On remarque toutefois que les roulements des moyeux accrochent un peu, du moins lors de leur manipulation à la main, ce qui mérite une surveillance ultérieure. Ils sont en tout cas clairement moins fluides que les roulements Ceramic Speed montés sur les CLX précédentes.

Au final, avec les Rapide CLX, Roval réussit à concilier plusieurs caractéristiques a priori antinomiques : de l’aérodynamisme, de la rigidité, de la légèreté, du confort et une maniabilité de très bon niveau pour ce type de roues. Une grande polyvalence, même s’il faut évidemment envisager une pratique sportive pour pleinement les apprécier. Dans ce domaine, elles se révèlent au moins du même niveau que des roues très haut de gamme de la concurrence, la plupart du temps vendues plus cher.

ROVAL RAPIDE CLX
Note : *****

Les + : polyvalence, poids, maniabilité, aérodynamisme, rendement, confort, rapport qualité-prix par rapport à la concurrence
Les Р: roulements moins fluides que sur les mod̬les pr̩c̩dents

Type de jante : à pneu (chambre à air) – Jantes carbone – Freinage : disque – Hauteur de jante : 51 mm (avant), 60 mm (arrière) – Largeur de jante : 21 mm interne, 35 mm externe (avant), 30,7 mm (arrière) – Rayonnage : Radial/Croisement par 2 (2:1) – Nombre de rayons : 18 (avant), 24 (arrière) – Type de rayons : DT Swiss Aerolite T-head – Type d’écrous de rayons : DT Swiss ProLock hexagonal – Moyeux : Roval AeroFlange Disc, Centerlock, roulements étanches annulaires – Corps de cassette : HG/XRD – Mécanisme interne : DT Swiss EXP – Méthode d’assemblage : manuelle – Accessoires : Housses de roues Roval rembourrées. Disponibles en deux finitions : avec stickers blancs ou Stealth

Poids : 1407 g la paire (653 g avant, 754 g arrière)
Prix : 999 € (avant), 1399 € (arrière)

Contact : specialized.com

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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5 commentaires sur “Test longue durée des roues Roval Rapide CLX

  1. Bonjour, test intéressant, surtout pour l’aspect polyvalence La différence de prix se justifie t’elle avec des Ultegra c50?

    1. Bonjour,
      Oui, nous n’y voyons pas d’inconvénient, ce sont des roues polyvalentes et que nous avons pu tester avec plusieurs vélos différents.

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