Test de l’étude posturale Bioracer Motion

Parmi les études posturales modernes qui utilisent des outils numériques pour assurer le confort et le rendement, le système Bioracer Motion se distingue par une analyse simultanée des deux profils du cycliste, pour un aperçu unique de ses mouvements, de sa symétrie et de sa stabilité. Une aide précieuse pour l’opérateur, qui demeure toutefois au coeur du système. Nous avons pu le vérifier après une mise en position réalisée au Mohawk’s Experience Center dans le Val d’Oise, le seul dépositaire du Bioracer Motion en France.

Par Guillaume Judas – Photos : 3bikes.fr

Le Bioracer Motion est le seul système proposé qui analyse simultanément les deux côtés du cycliste en mouvement. Des informations qui sont une condition préalable à la création du geste idéal, aussi bien en termes de performances que de confort, et afin de limiter les risques de blessures, notamment pour ceux qui roulent beaucoup. Mais évidemment, il reste un outil au service de l’opérateur ou fitteur, qui doit être formé et expérimenté et surtout agir en fonction du ressenti du client.

Titouan, notre testeur, est un jeune coureur en pleine progression qui a débuté le vélo seulement en 2019, mais qui s’entraine déjà sérieusement et qui a de solides ambitions. Après avoir réalisé ses propres expériences et s’être posé sur le vélo selon ses sensations, il avait besoin d’affiner sa position pour optimiser encore son rendement et éviter aussi quelques contractures récurrentes après des séances difficiles.

À l’origine du système

Derrière la création du Bioracer Motion au début des années 2010, on trouve trois personnalités qui ont su mettre en commun leurs compétences pour créer le système d’étude posturale le plus évolué à ce jour selon leurs propres critères. À commencer par Raymond Vanstraelen, fondateur et PDG de Bioracer, qui utilisait déjà depuis plus de 30 ans son expérience pour améliorer la position de centaines de cyclistes, dont de nombreux professionnels, et qui avait déjà mis au point à l’orée des années 2000 un système de semelles moulées et sur mesure pour stabiliser le pied dans la chaussure. En discutant avec le Dr Pieter Mertens, médecin généraliste et ancien coureur du World Tour (de 2004 à 2007 chez Predictor – Lotto), lui aussi déçu par le manque d’outils scientifiques pour les études posturales, ils ont voulu mettre en commun leurs connaissances complémentaires en s’associant sur ce projet avec Jeroen Dierckx, un ingénieur logiciel spécialisé dans la capture de mouvement 3D. C’est ainsi qu’est né ce système de capture de mouvement 3D pour l’ajustement du cycliste sur son vélo à l’aide de caméras ultra-précises à haute vitesse et de marqueurs actifs sans fil.

Un contrôle des deux côtés simultanément

Le Bioracer Motion est composé d’un vélo réglable au millimètre près dans toutes les positions (« vélo de fitting« ), de deux ensembles de caméras infrarouge ultra précises installés des deux côtés du cycliste, et de 20 capteurs sans fils placés sur les articulations (10 de chaque côté du corps). Les caméras peuvent ainsi capturer les mouvements du cycliste des deux côtés, à la vitesse de 120 images par seconde. Les données enregistrées permettent ensuite de fournir une vue en 3D de tous les mouvements sur le vélo, que ce soit latéralement, ou du haut ou de l’arrière.

L’utilisation du vélo réglable peut être remplacée par celle du vélo habituellement utilisé par le cycliste. Le processus d’adaptation des réglages est ainsi plus rapide qu’avec le vélo Bioracer, mais limite les modifications éventuelles de position, si par exemple le choix du vélo est trop éloigné de la taille idéale. En cas de changement de potence ou de cintre nécessaire à la prise de décision finale, le montage sur un vélo classique peut aussi rallonger le temps nécessaire à l’étude. « Dans ce cas-là, on peut être obligés de tricher un peu, commence Nicolas Julien, qui s’occupe chez Mohawk’s de l’étude posturale Bioracer Motion. Et puis avec les systèmes de freinage hydraulique, changer une potence, relever ou baisser le poste de pilotage peut rapidement devenir problématique pendant l’étude. » C’est néanmoins l’option choisie par Titouan, sans que Nicolas n’ait été confronté heureusement à ce type de problème avec son vélo. Et pour le vérifier, il a d’abord réalisé une prise de cotes classique, en mesurant les segments et l’amplitude des articulations.

En plus de l’affichage 3D des mouvements, le logiciel permet également l’analyse des mouvements articulaires spécifiques. L’opérateur peut ainsi zoomer sur une articulation spécifique et étudier précisément ses mouvements, et éventuellement les comparer avec ceux de l’articulation opposée. D’autres paramètres sont aussi mesurés, comme les angles maximal et minimal des articulations. Des données idéales pour guider ensuite l’opérateur dans son processus décisionnel.

« Le Bioracer Motion est hyper précis, mais il ne prend pas parti dans les décisions qu’on peut prendre en accord avec le cycliste, reprend Nicolas Julien. Il nous permet cependant de visualiser les éventuels déséquilibres, de déceler les problèmes liés à une jambe plus courte que l’autre ou aux conséquences d’une pathologie ou d’une blessure ancienne. Au-delà d’une simple mesure de la taille et des différents segments, cette visualisation dynamique nous permet d’adapter la position pour rechercher la meilleure stabilité du corps sur le vélo, pour un meilleur confort et un meilleur rendement. La philosophie du système repose aussi bien sur la symétrie que la stabilité, et c’est ce qu’il permet avant tout de mesurer. C’est à moi ensuite de trouver les solutions au niveau des réglages pour compenser les petits écarts afin que le cycliste puisse exprimer pleinement son potentiel. »

Tout part du pied

En termes de stabilité justement, l’étude débute par la création de semelles internes thermoformées, moulées à la forme des pieds. « Ces semelles apportent confort et stabilité, et sont à la base d’une bonne position, poursuit l’opérateur. Elles sont indissociables d’un parfait réglage des cales, et influent bien entendu sur le bon fonctionnement des articulations au cours du pédalage. »

Avec son vélo habituel, le cycliste est ensuite observé et analysé, et différentes options sont testées, avec à chaque fois des modifications visibles sur le logiciel. Lorsque c’est le vélo de fitting qui est utilisé, l’opérateur effectue des modifications pendant l’analyse du pédalage, jusqu’à trouver le meilleur compromis, duquel est ensuite extrapolé le choix du vélo idéal.

Une telle étude peut durer de deux à quatre heures, et est facturée 349 €, semelles comprises. « Nous garantissons l’étude Bioracer Motion pendant trois mois, conclut Nicolas Julien. Ce qui signifie que nous pouvons effectuer des réajustements après plusieurs sorties d’entrainement, si le cycliste n’est par exemple pas tout à fait à l’aise avec les nouveaux réglages. »

Des améliorations immédiatement sensibles

Du côté de Titouan, les légères modifications apportées à sa position ont été immédiatement sensibles dès les premiers tours de roues. « J’ai tout de suite senti la différence au niveau du déroulé de mes pieds pendant le pédalage, confirme-t-il. J’ai senti à la fois plus de force et une vélocité plus naturelle. J’étais trop haut sur ma selle, et Nicolas m’a baissé d’environ 15 mm. Il n’a en revanche pas eu besoin de toucher à mon poste de pilotage. Il a également modifié la position de mes cales sous les chaussures. Cette position légèrement plus basse sur la selle a stabilisé mon bassin et m’a permis de me sentir mieux avec les mains en bas du cintre. C’est un exercice que je m’efforçais à effectuer régulièrement, mais je n’étais jamais très à l’aise. Désormais, rouler en position aérodynamique et tenir cette position m’est beaucoup plus facile. » Notre testeur a toutefois eu un peu plus de mal à s’adapter aux semelles : « Les premiers jours, j’ai ressenti quelques gênes sous la plante des pieds, mais celles-ci ont fini par disparaitre. Comme j’ai changé de chaussures au moment de l’étude posturale, j’ai trouvé un ensemble beaucoup plus rigide. Mes premières chaussures n’étaient pas de haut de gamme et j’avais fini par m’habituer à cette souplesse. À présent, j’apprécie ce surcroît de rendement, apporté par la rigidité et la stabilité sous mes pieds. »

Au final, Titouan se sent à la fois plus efficace et plus en confort. « J’ai l’impression de me sentir légèrement moins fatigué après une sortie difficile, admet-il. Je peux rouler un peu plus vite sur le plat au moins, car j’adopte naturellement une position plus aérodynamique. Je récupère mieux aussi, ce qui me permet d’en faire un peu plus. Une telle étude posturale ne change évidemment le niveau de condition physique. Mais elle fait partie de tout ce qu’on peut appeler les gains marginaux, et qui, lorsqu’ils s’accumulent, font vraiment progresser. »

Étude posturale Bioracer Motion

Note : *****

Les + : analyse des deux côtés simultanément, semelles comprises dans le prix, garantie 3 mois
Les – : outil efficace et complet mais dont la parfaite interprétation dépend de l’expérience de l’opérateur et de la communication avec le client

Prix : 349 € (avec les semelles) 

Contact : mohawkscycles.fr

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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