La courbe de deuil & la gestion de l’échec

« Je n’échoue jamais, soit je gagne soit j’apprends », « il faut rater pour plus tard gagner », « statistiquement j’ai échoué 1000 fois avant de gagner 1 fois », « la réussite, c’est d’aller d’échecs en échecs sans perdre son enthousiasme ». Je suis en mesure de vous en écrire comme ça encore des pages… Les citations motivantes qui accompagnent l’échec sont innombrables. Elles semblent évidentes. Pourtant quand on manque son objectif ou qu’on vit LA contre-performance, au premier abord, il est difficile de ne pas ressentir la culpabilité et la frustration. Alors, Comment faire pour aller au-delà de ses réactions conscientes ? Comment vaincre l’échec ? Comment le dépasser ? Comment le transformer en levier ?

Par Jean-Fran̤ois Tatard РPhotos : Fr̩d̩ric Poirier, pexels.com, pixabay.com

Une carrière sportive est émaillée d’échecs et de désillusions. Mais c’est ce qui rend les succès encore plus beaux.

On doit cette phrase à Henry Ford : « Échouer c’est avoir la possibilité de recommencer, de manière plus intelligente ». Si cette citation est elle aussi très connue, peu en saisissent le sens profond. Pour l’illustrer, je me souviens d’ailleurs d’une anecdote non sportive pour une fois, qui a bouleversé ma vie. Un jour, en sortant d’un entretien pour un job, je me suis rendu compte, une fois dans le bus, du passage qui m’avait fait manquer mon interview. C’est aussi le moment où j’ai compris qu’il était toujours possible de recommencer. Devinez ? J’ai pris le premier arrêt suivant. J’ai traversé la route. J’ai changé de trottoir et j’ai pris le bus dans l’autre sens pour retourner frapper à la porte du recruteur…

Apprendre de ses échecs

En effet, l’être humain a la possibilité d’apprendre de ses échecs et ainsi de corriger son parcours vers l’atteinte de ses objectifs. Et des fois de façon bien plus immédiate qu’il ne le croit. Faire prendre conscience de ceci est le but de tout coaching de vie. Un excellent exemple est celui de la torpille qui, après avoir été lancée, corrige sa trajectoire en fonction des mouvements de sa cible. Cependant, au contraire de la torpille qui a la capacité de rectifier immédiatement après avoir reçu les données nécessaires, l’être humain est avant tout un être fait d’émotion. D’où la nécessité de passer par différentes phases pour gérer l’échec.

Il y a toujours de bonnes leçons à tirer d’un échec.

La courbe de deuil

Si nous nous accorderons finalement tous à penser que l’échec est partie prenante de l’apprentissage, à chaud, il est quand même assez souvent dévastateur… Vous n’avez pas tous les jours l’opportunité de gagner LA course qui vous motive le plus, et se replier sur l’option d’abandon c’est vivre un véritable deuil ! C’est terrible, il y a comme un sentiment de perte. Si les émotions s’emmêlent, elles évoluent finalement toujours dans le même ordre. Ce qui nous différenciera les uns les autres, ce n’est que le temps qui espace chacune de ces 9 étapes.

Le choc 

Si les premiers kilomètres de course se sont enchaînés aussi précisément qu’une prévision stratégique d’un Nicolas Portal au briefing d’avant course, mais qu’il arrive pourtant un moment où c’est une véritable sidération, c’est peut-être que vous vivez la première étape de la courbe de deuil. Ce genou et cette vilaine tendinite du cycliste finalement toujours aussi sensible vous disent STOP ! Au-delà de la douleur insoutenable, immédiatement, vous ne pouvez pas être autrement que déstabilisé…

Le déni

« Mais pourquoi moi ? », « ce n’est pas possible ! », « ce même genou qui m’a fait louper mon objectif aussi l’année dernière », « je ne peux pas y croire »…

La colère

« Qu’est-ce que je n’ai pas bien fait ? », « pourquoi Steven Le Hyaric enchaine des kilomètres par paquet de 100 dans le monde entier, par tous les temps, par tous les dénivelés et aux heures les plus incongrues et tout ça sans se blesser alors que moi je n’arrive même plus à rouler et même à finir une seule malheureuse course de 80 bornes correctement dans le peloton ? » La rage, le dégoût, la rancœur, l’accusation, le transfert de la responsabilité sur les autres. Bref, comme un ciel sombre et orageux qui efface un plafond bleu et radieux, c’est la colère…

La peur

« Suis-je définitivement fichu pour la bicyclette ? », « qu’est-ce que je vais devenir ? », « qu’est-ce que je vais faire une fois rentrer à la maison ? »… C’est l’angoisse. Cette blessure apparait comme insurmontable.

La tristesse

C’est finalement, l’étape la plus décisive. Comme si vous preniez conscience que ne pouviez finalement pas tomber plus bas. C’est le moment où vous vous rendez compte que ce qui a été fait, a été fait, et que vous ne pourrez de toute façon rien changer. Vous pouvez même vous appeler Mathieu Van der Poel ou Peter Sagan, faire preuve d’expérience et de sagesse exemplaire, vous vous cachez pour pleurer… Il est temps de remonter la pente ! On recolle les Veloflex sur les Corima ! Et on amorce, enfin, la sortie de l’impasse…

La tristesse est l’étape décisive avant de pouvoir remonter la pente.

L’acceptation

C’est le moment où vous n’êtes plus l’objet du deuil. Vous passez enfin au premier plan.

Le pardon

Vous renoncez à l’illusion de toute puissance. Vous arrêtez de vous laisser envahir par ce sentiment douloureux de culpabilité. Et vous vous pardonnez à vous-même. Et vient le pardon à la hauteur de la perte.

La quête du renouveau

Comme une révélation, vous découvrez le cadeau caché. « Grâce à cet abandon, je vais pouvoir mieux envisager en profondeur la guérison », « j’ai identifié des nouvelles pistes qu’il faudra absolument réutiliser dans mes prochains plans », « dans le futur je saurai comment mieux gérer cette même situation », « mon exemple et la gestion de ce deuil peut m’aider à mieux accompagner certaines situations futures et service d’exemple pour les autres« . Il s’agit en fait de reconnaître que cette situation vous a fait découvrir des choses non envisageables dans l’ancienne situation.

La sérénité

Sans excès d’émotion, vous faites finalement la paix avec ce moment. Vous vivez dans le présent et ce qui vous arrive dans votre quotidien a plus d’importance que ce qu’il vous est arrivé dans le passé.

Effet d’illusion

L’échec n’est qu’une illusion. Bien représenté c’est même un tremplin. Après avoir gommé la représentation mentale qui activait les émotions liées à l’échec, il faut y ramener du choix. Rappelez-vous cette histoire d’entretien d’embauche manqué. Vous avez toujours la possibilité du choix. Vous êtes libre. Vous pouvez mieux recommencer.

L’échec est un tremplin vers des jours meilleurs.

L’autosuggestion consciente comme arme fatale

La liberté émotionnelle, le vrai contrôle de soi, de son corps et de son mental passent par la notion de choix. Prendre conscience de vos réactions émotionnelles non voulues n’est pas suffisant. Il faut prendre un temps pour observer à quelle représentation mentale ces émotions réagissent. Perfection, attente, idéal, tout cela focalisé sur le résultat et non sur la tâche… Le mental est subjectif et crée des représentations sans vous demander votre permission. En jouant avec, vous réorientez cette partie de vous qui pilote souvent seule. Mais le pilote, c’est votre conscient et vous devez le rappeler à votre copilote, l’inconscient.

Pour conclure

L’échec n’existe pas. Seule la non réalisation d’un objectif est possible mais de l’échec d’un objectif à la présentation d’une fabuleuse nouvelle opportunité il n’y a qu’un pas. Soyez-en conscient et rappelez-le aussi à votre inconscient…

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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