Test de la selle Specialized S-Works Power Mirror

Avec la selle S-Works Power Mirror, Specialized entre dans une nouvelle ère en matière de confort. À l’origine du concept, une structure imprimée en 3D qui remplace la traditionnelle mousse entre la coque et le revêtement. Une manière innovante de soigner les appuis, même si les premières sensations sont assez déroutantes. 

Par Guillaume Judas – Photos : 3bikes.fr / Specialized/Etienne Schoeman

Depuis de longues années, Specialized propose une gamme complète de vêtements et d’accessoires, qui est bien plus qu’un ensemble de produits rebadgés destinés à équiper le ou la cycliste qui chevauche un vélo de la marque. Parallèlement au développement de vélos de plus en plus performants pour toutes les pratiques, la marque américaine n’est pas en reste dans les domaines du positionnement du pratiquant, de son confort et de sa sécurité. Ainsi, la gamme de produits s’étend des casques aux chaussures, en passant par les vêtements et éclairages, ou encore les pneumatiques, les postes de pilotage et les selles.

La selle S-Works Power Mirror est la dernière née des productions Specialized. La technologie est ici poussée à son paroxysme pour apporter du confort.

Dans ce dernier domaine, Specialized a dans un premier temps perturbé l’hégémonie des marques traditionnelles (principalement italiennes) avec des produits innovants et esthétiques au début des années 2000, avant de finir par s’imposer aujourd’hui comme l’une des marques leaders quand il s’agit de parler d’assise sur le vélo. Une réputation qui n’est pas sans rapport avec le système de positionnement Body Geometry (maintenant Retül) proposé aussi par la marque. Body Geometry, c’est d’ailleurs tout un concept, avec des produits étudiés et centrés sur l’utilisateur ou l’utilisatrice.

Une selle Power qui a déjà redéfini la norme

Des recherches constantes qui ont d’abord conduit à la création de la selle Power en 2014/2015, une selle raccourcie par rapport aux standards (entre 3 et 6 cm de moins) avec un bec tronqué, un canal central évidé et un croissant un peu plus large que la moyenne. En voulant favoriser les pratiquants qui roulent avec une position plus basse et plus agressive sur l’avant – le bec plus court facilitant la position – la marque s’est rendu compte que le système fonctionnait pour beaucoup de cyclistes en apportant stabilité, calage du bassin et confort.

Le meilleur calage est obtenu en orientant très légèrement le bec de la selle vers l’avant.
Le canal central évidé enlève les pressions sous le périnée.

Aujourd’hui, la plupart des marques ont emboité le pas de Specialized et de la selle Power, en proposant au moins une selle courte à leur catalogue.

Le revêtement rugueux favorise un bon calage du basssin.

La technologie Mirror apporte aujourd’hui une ultime évolution à la Power. Formes et dimensions ne sont pas modifiées, ni même le principe de l’évidemment destiné à soulager les pressions sous les parties sensibles de l’anatomie. Grâce à une structure imprimée en 3D (nommée Project Black 3D), Specialized s’affranchit de la traditionnelle mousse plus ou moins ferme placée entre la coque de la selle et le revêtement. Un concept légèrement plus léger, mais surtout plus confortable grâce aux petites déformations liées aux pressions (du poids du cycliste ou aux chocs sur la route) parfaitement localisées et non « globalisées » comme avec une mousse classique.

La selle S-Works Power Mirror propose un toucher très moelleux.

Une matrice complexe

À la place de la mousse, une matrice complexe en 3D est imprimée à partir de polymère liquide, pour créer une armature de 14 000 croisillons indépendants et capables de se déformer très précisément et très localement. Une technologie qui permet à la selle de s’ajuster à l’anatomie de chacun, et qui ne crée par de déformation de la structure à long terme, puisque l’absorption des déformations est obtenue grâce aux multitudes de petites parties creuses au milieu de la matrice.

Ce soutien et cette flexibilité de l’assise optimisés offrent une densité « ajustable » et une répartition des appuis impossibles à obtenir avec une mousse traditionnelle.

La finition est à la hauteur de ce produit très haut de gamme.

La selle Power avec la technologie Mirror n’est pour l’instant disponible qu’en modèle très haut de gamme, avec une coque et des rails en fibres de carbone, pour un poids de 203 g. Le revêtement légèrement rugueux assure une bonne finition tout en limitant les risques de glisser sur la selle, et en protégeant la structure. Reste que compte tenu du prix encore élevé de la S-Works Power Mirror, il conviendra d’être soigneux au moment de poser le vélo contre un mur ou toute autre surface abrasive.

La coque et les rails sont en carbone.

Confort sur route et en tout-terrain

Testée sur deux grosses sorties Gravel et sur terrain accidenté, mais aussi sur route sur courtes et longues distances, la selle S-Works Power Mirror s’est dans un premier temps révélée surprenante au niveau des appuis. Non pas au niveau du croissant, où l’on retrouve des sensations comparables à celles éprouvées avec la Power classique ou toute autre selle courte, mais plutôt au milieu de l’assise, sous les parties normalement les plus sensibles de l’anatomie.

Même sur un parcours très accidenté en Gravel, la selle se révèle très confortable.

C’est un peu comme un flottement, l’impression d’être suspendu, qu’il manque « quelque chose » par rapport aux selles traditionnelles. Pourtant, on ne ressent pas de flexion de la coque au pédalage, ni de pompage en faisant un effort. La forme de la selle et le revêtement rugueux empêchent de glisser vers l’avant, et le bec, avec un peu moins de rembourrage, procure comme un calage qui favorise le maintien du bassin en place. Mais cette absence de fermeté sous le périnée est d’abord surprenante, et on se se sent loin d’une selle sportive. Un moelleux très confortable mais qui remet en cause toutes les habitudes, notamment par rapport à une position qu’on estime jusque là « sportive ».

Une sensation qui s’estompe au fil des kilomètres, non pas en termes de confort, mais c’est plutôt qu’on s’habitue à cette absence de pression localisée, jusqu’à finir par oublier la selle. Et force est de constater qu’après plusieurs centaines de kilomètres, on ne ressent ni douleur, ni gêne, ni brûlure à cause d’un quelconque frottement.

Avec la S-Works Power Mirror, Specialized ouvre la voie d’une nouvelle technologie destinée à favoriser le confort, sans toutefois tomber dans l’effet inverse. Les selles dites « confortables » sont en général très (trop) souples, lourdes et ne sont pas adaptées à un pédalage dynamique. Ici, si les premières impressions laissent imaginer qu’il va en être de même, on finit par oublier la selle au fil des kilomètres et surtout il ne semble pas y avoir de perte de rendement.

De plus, la Power avec la technologie Mirror a l’avantage d’être adaptée à tout le monde. La conception même de la selle procure un soutien sur mesure, sans déformation à long terme, ce qui garantit que tous les pratiquants doivent vivre la même expérience avec ce modèle.

La S-Works Power Mirror est adaptée à toutes les pratiques et à tous les gabarits, dès lors que le confort est prioritaire.

En revanche, pour parfaitement bénéficier du confort de la Power, et donc du modèle Mirror en particulier, nous vous conseillons d’être particulièrement attentif au réglage de l’assiette de la selle, avec un bec qui doit plonger légèrement vers l’avant. Ceci pour éviter de buter sur l’avant de la selle et de ressentir une souplesse trop localisée sur le milieu.

SPECIALIZED S-WORKS POWER MIRROR
Note : *****
Les + : Confort, finition, concept
Les – : Prix très haut de gamme, appuis déroutants au début 
Coque et rails en carbone, technologie Mirror, matrice imprimée en 3D. Dimensions : 240×143 et 240×155.
Poids : 203 g
Prix : 399,90 €
Contact : Specialized.com

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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