L’intérêt d’une étude posturale

Les réglages de base de la position sur le vélo, que ce soit pour la route ou le triathlon, peuvent ne pas suffire en cas de gêne particulière ou de blessure récurrente, et surtout dans le cas de la recherche de la meilleure performance et/ou du meilleur confort. C’est ici qu’interviennent les études posturales, dont l’intérêt dépend autant des outils utilisés que de l’expérience de l’opérateur.

Par Guillaume Judas – Photos : 3bikes.fr / Retül / Wouter Roosenboom – Bikefitting.com / DR

=> VOIR AUSSI : Comment régler votre position sur le vélo

Le meilleur moyen de choisir le vélo adéquat et de le régler parfaitement est de consulter un spécialiste de la position, qui dispose d’outils plus ou moins élaborés mais surtout de son expérience. Il faut compter entre 150 et 300 € pour être mesuré sous tous les angles, et repartir avec un vélo réglé au millimètre près après une étude posturale. Une prestation parfois offerte en magasin dans le cas de l’achat d’un vélo haut de gamme, et qui s’accompagne d’un suivi, avec des réajustements ultérieurs si nécessaire. 

Le réglage d’une position s’accompagne toujours d’une discussion avec l’opérateur.

L’investissement parait élevé mais jusqu’à trois heures sont parfois nécessaires pour une étude complète qui vous permet de repartir avec un ou des vélos parfaitement réglés en fonction de votre morphologie, de votre âge, mais aussi de votre pratique. Le résultat n’est évidemment jamais garanti totalement, et certains ne se font jamais réellement aux modifications proposées, de manière plus ou moins objective d’ailleurs. 

Certains outils permettent de trouver rapidement l’accessoire qui convient.

Comprenez qu’une étude posturale n’est pas toujours une science exacte, et qu’elle s’appuie sur des outils précis pour mesurer, calculer, regarder dimensions et angles de la machine et des segments du cycliste en action, mais surtout sur l’expérience de l’opérateur ou ergonome qui peut effectuer les petites modifications qui font toute la différence.

Dans quel cas faire une étude posturale ?

Différents systèmes ou franchises existent (Bikefitting.com, Retül Fit, Vélofitting) avec différents outils, mais c’est surtout l’opérateur qui prend la main. L’utilisation de ce service est nécessaire en cas de problème physique particulier (tendinite chronique, différence importante de longueur entre les deux jambes, décalage de bassin, douleurs récurrentes dans le dos, par exemple) ou de recherche de la performance optimale.

Une position réglée au millimètre près permet d’améliorer le confort et les performances.

Le confort est aussi une donnée fondamentale pour les adeptes des longues distances et même pour les autres, car il n’y a pas de réelle performance sans confort. Une étude posturale peut aussi être une bonne remise à niveau parfois nécessaire pour les gros rouleurs qui changent de matériel, de discipline, et qui se perdent en reportant des cotes connues d’un vélo à l’autre, ou d’une paire de chaussures à l’autre.

Le principe

Pour certaines études, la prestation commence par la prise des mesures précises.

Selon les systèmes, on peut vous mesurer (taille, longueur des membres, entrejambe, etc.) ou mettre l’accent plutôt sur votre souplesse et vos particularités physiques. Dans le premier cas, cela permet de partir sur des réglages de base en fonction de votre morphologie et selon des données statistiques pour vous orienter vers une taille de vélo, alors que dans le second cas on part déjà sur du matériel que vous utilisez. Cela dépend aussi de votre passé cycliste (débutant ou confirmé). 

D’autres comme ici le système Retül utilisé par Specialized se focalisent sur les particularités du sportif, notamment sa souplesse.

Un questionnaire permet de connaître vos attentes, vos besoins, vos douleurs ou gênes éventuelles, votre pratique et vos objectifs. Différents outils permettent de vérifier si vous utilisez une selle qui convient, ou encore une largeur et une pointure de chaussures adéquates. Un nouveau type de selle ou des semelles intérieures peuvent aussi être proposées (dès cette étape ou un peu plus tard).

Un questionnaire permet de mieux connaître les attentes du cycliste.
Point commun à toutes les études : tout part du pied.
Les différentes orientations des pieds peuvent être évaluées.

Puis l’opérateur vérifie et corrige si besoin le réglage des cales sous les chaussures. Un type de pédales peut vous être conseillé en fonction de certaines particularités, mais souvent peu de vraies différences sont constatées dans ce domaine.

Un bon réglage des cales conditionne tout le reste.

Les réglages préalables du vélo sont enregistrés (avec un laser pour les systèmes les plus sophistiqués), ou vous montez sur un vélo spécial et réglable dans tous les sens avec les réglages issus des statistiques. On vous place des capteurs sur différentes articulations et on vous fait pédaler en vérifiant les angles et les mouvements. Hauteur et recul de selle sont adaptés en fonction de ce qui est observé à l’écran.

Les systèmes de mesure du vélo et des éléments de position sont très précis.
En pédalant, les capteurs délivrent leur verdict, qu’on essaie ensuite de corriger en jouant sur les réglages.

Et c’est au moment de peaufiner les réglages en cas de déséquilibre important qu’entre en compte toute l’expérience de l’opérateur. Il peut s’y reprendre à plusieurs fois, tester divers solutions et réglages pour arriver à une solution satisfaisante. Il termine généralement par le réglage du poste de pilotage, ajusté en fonction de l’âge, de la pratique et de la souplesse du sujet. Les nouveaux réglages du vélo sont à nouveau enregistrés, et vous repartez avec le vélo réglé prêt à rouler.

Il faut généralement quelques séances pour s’habituer à quelques modifications, mais il est surtout important d’insister un peu, le temps que le corps se fasse à l’absence de certaines contraintes. 

La tendance d’un recul de selle plus avancé

Ces nouveaux outils délivrent une tendance commune aux trois principales franchises : des réglages de recul de selle plus avancés que par le passé, et qui s’affranchissent de la fameuse règle du fil à plomb. En effet, le rapport avec le fil à plomb n’a plus vraiment lieu d’être dès lors qu’on tient compte de l’angle formé par la cuisse et le tronc, et non de la position de la selle par rapport au sol.

Les nouveaux outils remettent en question la fameuse règle du fil à plomb.

Rien ne dit que les points morts du cycle de pédalage doivent absolument se situer à 6h et à 12h en regardant le vélo horizontalement, et qu’ils ne peuvent pas être décalés vers l’avant (par exemple 7h et 13h) tout en abaissant le poste de pilotage pour conserver le même mouvement de hanche. C’est le principe adopté sur les vélos de contre-la-montre ou de triathlon, et la plupart des positions aérodynamiques en général. Et c’est là que les outils d’un professionnel avec des capteurs mesurant les angles de différents segments se révèlent particulièrement intéressants. D’ailleurs, chez de nombreux pratiquants, un recul de selle faible associé à des manivelles plus petites permettrait selon certains outils d’effacer plus efficacement les points morts du cycle de pédalage. Reste que le principal intérêt de ce genre d’étude est bien entendu de personnaliser totalement les réglages du vélo. Pour rouler plus vite, plus longtemps, et surtout avec toujours plus de plaisir !

Chez Bikefitting.com, il est même possible de voir les forces exercées à droite et à gauche lors du mouvement du pédalage.

Fran̤ois Levy РCycles Saint-Honor̩ / V̩lofitting :
« Optimiser la position pour gagner puissance et confort »

Quel type de pratiquants viennent vous voir pour réaliser une étude posturale ?
J’ai réalisé près de 600 études en 18 mois, dont 450 concernaient des triathlètes. C’est notre plus grosse clientèle. D’abord j’ai des entrées avec les athlètes du Stade Français, puis il y a eu un reportage sur notre service dans un magazine spécialisé. Mais globalement, je crois aussi que les triathlètes sont plus ouverts à ce type de prestation et à son intérêt que les coureurs cyclistes ou les cyclosportifs.

Justement, quel est l’intérêt pour vous d’une étude posturale ?
L’idée est d’optimiser la position du coureur pour gagner à la fois en puissance et en confort. Dans mon activité, il n’y a pas de secrets : plus on pratique des études, plus on améliore notre expérience, et plus on est bon.

Pourquoi avoir choisi de pratiquer des études posturales en utilisant le système Vélofitting ?
Le système 3D Motion, qui montre les mouvements pendant le pédalage, fonctionne des deux côtés en même temps. C’est un gros avantage, car cela permet d’étudier les éventuelles compensations dues à des différences entre les jambes droite et gauche au millimètre près. Par ailleurs, Joël Steve qui détient la franchise en France est quelqu’un de passionné et de pointu, avec qui on échange constamment. Le concept repose sur quatre semaines de formation pour l’opérateur, avant de se lancer dans les premières études auprès de l’entourage. Et puis il m’assure l’exclusivité du concept sur Paris et en région parisienne.

Combien de temps dure une prestation et quel est son coût ?
L’étude dure entre 1h30 et 3h selon les problèmes à régler. Son coût est de 300 €, mais j’offre la prestation en cas d’achat d’un vélo haut de gamme. Néanmoins, je règle beaucoup de vélos qui viennent d’autres marques que celles que je vends, et même de personnes qui viennent de loin.

Comment procédez-vous ?
Je commence toujours par les cales. Tout part du pied, et c’est le plus important. La plupart des gens qui viennent ici sont mal positionnés déjà de ce côté-là. Puis je règle la hauteur et le recul de selle, tout en tenant compte de la largeur de celle-ci. Grâce au logiciel que nous utilisons, nous voyons tout de suite si la selle n’est pas bonne, si le bassin n’est pas bien calé au pédalage. Puis je termine par la partie avant, plus facile à positionner une fois que le reste est bien calé.

Quelle est la différence principale entre les vélos de route et ceux de triathlon ?
Les vélos de triathlon sont plus faciles à régler au niveau de la position de la selle ! Grâce à la tige de selle droite ou qui permet plusieurs positions, nous pouvons choisir une position plus avancée, qui autorise plus facilement les passages des points morts du cycle de pédalage. Avec la géométrie de certains vélos de route, c’est plus compliqué. Pour le poste de pilotage, c’est vrai que certains guidons de triathlon sont compliqués à régler à cause de l’intégration, mais c’est aussi très facile chez certaines marques. J’ai acheté toutes les bagues de rehausse possible pour satisfaire au maximum mes clients.

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NOTRE CARNET D’ADRESSES :

Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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