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Les douleurs ou autres gênes au niveau de la selle font partie des facteurs limitant dans toutes les catégories de pratiquants. Débutants ou confirmés sont tous confrontés un jour ou l’autre à cette question : quelle selle choisir pour éviter le mal aux fesses en roulant ? Le nombre de modèles disponibles dans les gammes de toutes les marques devrait suffire à régler le problème. Voyons comment choisir enfin la bonne selle en 5 étapes.
Par Guillaume Judas. Photos : @3bikes.fr / Pedaled / Bikefitting.com / DR
La selle idéale n’est malheureusement pas universelle. Son choix dépend de votre anatomie (femme, homme, taille, poids, etc.) et de votre posture sur le vélo (et donc de votre discipline : route, triathlon, VTT, etc.). Par voie de conséquence, son réglage et celui de la position en général sont également primordiaux pour donner entière satisfaction. Il faut d’ailleurs rappeler que la selle est l’un des trois points d’appui sur un vélo, et non le seul, avec les pédales et le cintre. Une selle n’est donc pas un siège. Une mauvaise posture, ou de mauvaises habitudes, provoquent indubitablement une mauvaise répartition des masses, qui finissent par occasionner des douleurs. Cela implique une forme d’engagement physique qui consiste à systématiquement lever les fesses de la selle en cas de trou, plaque d’égout ou ralentisseur sur la route. Tout comme il faut limiter au maximum les longues séances de roue-libre en se laissant aller complètement sur le vélo, qui sont sources de nombreuses vibrations subies.
Trois causes de douleurs
Les douleurs occasionnées par la selle peuvent avoir trois causes principales, et s’installent toujours après quelques heures ou quelques sorties. Il y a les douleurs liées à une mauvaise répartition des pressions, celles qui sont liées aux frottements, et enfin celles qui sont liées à une sensibilité particulière des parties génitales. Heureusement, les fabricants de selles proposent désormais des outils pour vous aider à sélectionner le modèle idéal parmi leurs gammes souvent pléthoriques, et qui vous permettront de procéder par élimination.
Les méthodes des marques Les différentes marques de selles proposent de nombreux modèles, à tous les niveaux de gamme. Specialized, Fizik, Selle Italia, Pro, Prologo, ou San Marco ont chacune leur méthode pour vous orienter. Cela peut aller d’un questionnaire détaillé, d’une prise d’empreinte des saillies de l’os ischiatique, de la mesure de la circonférence des cuisses ou encore de la mesure de la souplesse générale. Certaines marques proposent également des modèles en test pour quelques sorties, disponibles chez votre vélociste. |
ÉTAPE 1 : la discipline
La route, le triathlon ou le VTT nécessitent une position différente en selle, pas vraiment en termes de hauteur, mais surtout par rapport à celle du poste de pilotage. La position de contre-la-montre ou de triathlon implique de rouler très bas devant, et donc reporte automatiquement les appuis sur le bec de selle. À l’inverse, sur un VTT le poste de pilotage est plus relevé et le poids du corps est plus souvent porté sur le croissant de la selle. Sur la route, on est entre les deux, et encore cela dépend-il du type de pratique (compétition ou cyclotourisme). Il existe pour chaque discipline des modèles adaptés.
ÉTAPE 2 : les dimensions et la forme de la selle
Pour éviter les problèmes liés à une mauvaise répartition des pressions, il convient de sélectionner une selle dont la largeur du croissant (la partie arrière de la selle) correspond à la distance entre les deux pointes de l’os ischiatique (la partie « pointue » sous chaque fesse), mais aussi une selle dont la partie avant corresponde à la distance entre les deux cuisses, plus ou moins large pour un bon soutien. Pour ce faire, vous trouverez chez tous les fabricants plusieurs largeurs de selle, qui permettent aux petits comme aux grands gabarits, ou aux femmes comme aux hommes de trouver le modèle adapté.
Mais le profil de la selle est au moins aussi important pour être parfaitement positionné et limiter les pressions. On trouve des selles à la forme naturellement creusée, avec une partie avant et une partie arrière nettement plus hautes que la partie centrale, des selles plates vues de profil, et des selles à la forme intermédiaire. Ce choix dépend de la souplesse du cycliste, et du degré de rétroversion du bassin en position avec les mains sur le cintre. Pour être clair, si vous êtes souple, vous pouvez rouler avec une selle plate. En complément, il est bien entendu indispensable de prendre soin de sa position sur le vélo, souvent au millimètre près, au niveau de la hauteur et du recul de selle, de la distance selle-cintre, et de l’inclinaison de la selle. Le réglage de la position dans sa globalité par un professionnel, c’est aussi une piste à étudier sérieusement si vous n’arrivez pas à régler vos douleurs récurrentes à la selle.
ÉTAPE 3 : la sélection du rembourrage de la selle
Par rembourrage, nous entendons le niveau de densité et l’épaisseur de la mousse située entre la coque de la selle et son revêtement. Mais la souplesse ou la fermeté de la coque interviennent également dans la sensation de confort. Or, contrairement aux idées reçues, le moelleux d’une selle n’est pas forcément synonyme de confort. Tout d’abord, il est facile de comprendre qu’une selle « molle » rend les réglages de position sous le poids du cycliste plus complexes à réaliser, et qu’elle déstabilise la bonne fixation du bassin à chaque coup de pédale, ce qui se révèle handicapant en cas de pratique sportive.
Contrairement aux idées reçues, le moelleux d’une selle n’est pas forcément synonyme de confort.
Un rembourrage trop souple favorise ensuite les frottements à l’entrejambe, occasionnant rapidement rougeurs, brûlures, boutons ou coupures, très désagréables pour poursuivre sa route. Enfin, ce même type de rembourrage finit toujours par se déplacer entre la coque et le revêtement, déformant ainsi le profil de la selle et vous mettant en contact direct avec la partie dure de la selle. Quant à une coque qui fléchit plus ou moins sous votre poids, si elle filtre dans un premier temps les vibrations, elle risque là aussi de se déformer à terme, et de modifier sérieusement vos appuis après quelques milliers de kilomètres. Les selles les plus souples sont donc à réserver aux pratiquants occasionnels, ou pour ceux qui roulent sur de courtes distances. Pour éviter les frottements et s’assurer des appuis stables et fermes, les plus assidus préfèreront une selle plus ferme (coque rigide et densité du rembourrage plus importante), qui est souvent plus haut de gamme qu’une selle souple.
ÉTAPE 4 : en cas de gêne au niveau des parties génitales
Cette gêne peut se traduire par des fourmillements, une perte temporaire de sensibilité, ou des envies fréquentes d’uriner. Elle peut être la conséquence de la compression d’un nerf en position cycliste. Cependant, en respectant correctement les étapes 2 et 3, vous avez déjà toutes les chances d’y échapper, et surtout en prenant soin du réglage en inclinaison de la selle, qui doit être horizontale, voire très légèrement inclinée vers l’avant. Pour les plus récalcitrants, il reste encore la solution d’une selle dont la coque est évidée en son centre, et qui soulage totalement les pressions au niveau du périnée. À savoir toutefois, ce type de selle peut occasionner d’autres gênes, au niveau des pressions sur les os ischiatiques ou en termes de frottements avec les plis formés par le cuissard. Pour une pratique spécifique comme le contre-la-montre, le choix d’une selle avec un bec tronqué ou très épais et rembourré peut s’avérer largement judicieux compte tenu de la position sur l’avant induite par un poste de pilotage très bas, qui sollicite énormément le périnée en ce qui concerne les appuis. Inutile aussi de préciser que pour éviter frottements et plis gênants, il faut une hygiène parfaite de l’entrejambe et un cuissard bien ajusté et de bonne qualité (avec une peau adaptée, si possible sans coutures). Les profanes doivent absolument s’interdire le port d’un sous-vêtement sous le cuissard.
ÉTAPE 5 : le choix des matériaux
Une selle se compose d’une coque (souvent en thermoplastique, qui peut être renforcé de carbone ou de fibres de verre), d’un rembourrage plus ou moins ferme et épais, d’un revêtement en plastique, cuir, ou cuir synthétique, et de rails en inox, alu ou carbone. Il existe des selles minimalistes qui ne sont composées que d’une coque et de rails en carbone (ou d’une coque en plastique ou en caoutchouc naturel) et qui n’assurent un minimum de confort que grâce à la flexibilité de la coque sous la charge. Les coques non renforcées sont relativement souples et ont tendance à s’affaisser au fil des kilomètres, ce qui modifie la forme et le profil de la selle. Un rembourrage plus ou moins dense assure le maintien et la durabilité. Une bonne selle pour une utilisation intensive dispose donc d’une coque et d’un rembourrage assez fermes pour remplir sa fonction suffisamment longtemps sans créer de gêne. C’est souvent le cas lorsqu’on monte en gamme. Quant au revêtement, il ne doit être ni trop lisse ni trop rugueux, pour éviter de trop glisser sur la selle tout en conservant une bonne liberté de mouvement. Les selles avec des revêtements en cuir sont les plus durables, mais aussi les plus onéreuses. Enfin, les rails n’influent que sur le poids final de la selle. Il faut toutefois s’assurer que le chariot de la tige de selle accepte des rails en carbone par exemple, car ils sont plus épais.
Pour conclure
Il ne faut donc pas trop attendre d’une selle en termes de confort passif. Ce n’est pas un siège où l’on s’affale de tout son poids, mais bien un point d’appui à part entière. C’est en suivant toutes les étapes de la sélection telles qu’énoncées plus haut que vous pourrez vous orienter vers la selle qui vous convient. À vous et pas forcément à quelqu’un d’autre.
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