L’Alpsman : « Une course magnifique »

Lake Finisher de l’Alpsman 2019, Jean-Luc Perrin garde un très bon souvenir de cette épreuve atypique, même s’il n’a pu se hisser jusqu’en haut du Semnoz. Triathlète depuis seulement deux ans, l’Xtrem Triathlon du Lac d’Annecy entrait dans sa préparation pour le championnat du monde Ironman à Hawaii en octobre prochain. Rencontre.

Par Pierre-Maxime BRANCHE. Photos : D.R.

La natation de l’Alpsman ? C’est fait pour Jean-Luc !

Première licence de triathlon en 2018 à 60 ans, premier dossard sur distance XXL au FrenchMan en mai 2018, qualifié sur l’Ironman Vichy en août 2018 pour le championnat du monde à Hawaii en octobre prochain… Jean-Luc Perrin n’en finit plus de surprendre son entourage, jusqu’à susciter une certaine incompréhension. Le week-end dernier, le néo-triathlète a terminé l’Alpsman, l’Xtrem Triathlon du Lac d’Annecy, en remportant sa catégorie des 60-64 ans en 14h34’47. Seul regret : n’avoir pu grimper en sommet du Semnoz pour 20 minutes au passage de la cloche. Retour d’expérience avec cet athlète au parcours singulier.

3bikes.fr : Jean-Luc, comment peut-on avoir l’idée de signer sa première licence de triathlon à… 60 ans ?
Jean-Luc Perrin : Je me suis fait opérer en 1996 d’une hernie discale à l’âge de 39 ans. À partir de ce moment-là, je me suis mis au cyclisme, en compétition mais aussi au départ de nombreuses cyclosportives. J’ai finalement pris une licence de triathlon à 60 ans car je me suis dit que c’était maintenant ou jamais. Et comme j’ai toujours été audacieux, j’ai voulu attaquer par une épreuve importante. J’ai cherché un distance XXL, format Ironman, avec un parcours pas trop difficile et le FrenchMan à Hourtin (Gironde) m’a semblé parfait.

Jean-Luc, à la veille de son tout premier triathlon, le FrenchMan XXL.

Pas trop difficile comme format quand on a aucune expérience ?
Si, j’ai effectivement beaucoup plus souffert à Hourtin que sur l’Alpsman le week-end dernier. Mais je découvrais tout : la distance en natation, le marathon après les 180 km de vélo, les ressources mentales à aller chercher. J’ai par la suite remarqué que l’expérience fait que la tête et le corps s’habituent à l’effort. Ce qui me permet aussi de résister à la difficulté sur ce genre d’épreuve XXL, c’est le plaisir d’être là, de profiter de l’ambiance, de la gentillesse des bénévoles. Ou encore, lorsque je pose le vélo sur l’Alpsman, c’est de dire avec le sourire à mon amie et aux spectateurs présents « Et si je faisais maintenant un marathon pour finir la journée ? » Je sais que cela les a bien fait rire…

Quelle fut le bilan du FrenchMan, votre premier XXL ?
Malgré la souffrance, j’ai gagné dans ma catégorie des 60-64 ans. J’ai ensuite enchaîné avec l’AintriMan où je gagne également dans ma catégorie puis avec l’Ironman Vichy où je me suis qualifié pour le championnat du monde cette année à Hawaii en terminant 3e des 60-64 ans.

L’Alpsman est donc un inscription réfléchie qui s’inscrivait dans votre préparation pour le Mondial ?
Oui, alors que je ne connaissais pas cette course l’hiver dernier ! Mais lors de l’assemblée générale du Trispiridon Oyonnax Ain, deux de nos membres ont annoncé qu’ils allaient s’inscrire. Je me suis renseigné de mon côté et j’ai décidé de me joindre à eux.

Le départ de nuit, au milieu du lac d’Annecy. © Franck Oddoux

N’avez-vous pas eu peur du parcours, notamment les 4 468 m de dénivelé positif à vélo ?
Le vélo ne me fait pas peur, c’est plus la natation. J’ai appris à nager le crawl il y a seulement quatre ans, donc je redoute toujours un peu cette partie. En préparation, j’ai participé à l’Ironman 70.3 Pays d’Aix, à l’Half Iron du Semnoz ainsi qu’au Triathlon M de Bourg en Bresse. Le départ au milieu du lac d’Annecy est très sympa, il faut juste ne pas attendre trop longtemps dans l’eau avant le départ. Ensuite on cherche un peu les bouées dans la nuit, mais les kayaks sont équipés de lampes de poches et nous aident à nous guider.

Quelles étaient vos attentes sur cet Alpsman ?
Grimper au Semnoz comme tous les concurrents. Les jours précédents l’épreuve puisent dans l’influx, on calcule nos temps et je savais que cela allait être très juste pour moi avec les 12h allouées pour rejoindre le passage de la cloche et être autorisé à faire la montée. Je l’ai ratée de 20 min. Je pensais faire mieux en natation et à vélo. J’imaginais 1h20 en natation, mais je sors en 1h30. Ensuite sur le vélo, je n’ai pas tout donné car je savais le marathon difficile. Je savais que si je ne nageais pas très bien, il me fallait rouler à 23 km/h de moyenne pour espérer passer avant la cloche. Mais mon compteur est resté bloqué à 22 km/h de moyenne donc j’ai vite su que ce serait difficile.

© Alpsman

Que gardez-vous de cette expérience ?
D’excellents souvenirs et beaucoup de plaisir. J’ai été surpris par le marathon qui n’est pas du tout plat, notamment sur le retour. J’ai croisé bon nombre de concurrents qui marchaient. Le cadre est magnifique, le départ est stimulant même si je ne suis pas bon nageur. Le vélo est splendide, les encouragements des spectateurs et des bénévoles sont nombreux. Je suis fier d’être Lake Finisher d’une épreuve extrêmement difficile et dont la renommée grimpe de plus en plus. C’est un sacré parcours !

Mon entourage n’avait déjà pas vraiment compris le défi du FrenchMan, alors l’AlpsMan et la projection sur le Mondial Ironman encore moins…

Comment réagit votre entourage à ce changement de vie depuis ces deux dernières années ?
Ils sont impressionnés. Ils me découvrent des capacités dont j’avais personnellement conscience, mais que je n’avais su encore exprimer. Ils n’avaient déjà pas vraiment compris le défi du FrenchMan, alors l’AlpsMan et la projection sur le Mondial Ironman encore moins…

Quelle est votre charge d’entraînement hebdomadaire ?
Je marche surtout au feeling. J’ai 62 ans, le corps est ce qu’il est à cet âge là, donc j’essaie de ne pas trop le torturer pour le garder en bonne santé encore quelques années. Je m’entraîne environ 12 heures par semaine, en me concentrant surtout sur la course-à-pied et le vélo. Je suis limité en natation car j’ai des douleurs aux épaules, des inflammations qui surviennent lorsque je les sollicite trop.

Avec sa récompense sur le podium de l’Alpsman 2019.

Quel est le programme de votre été ?
Il faut que j’arrive à tout prix à mieux nager pour envisager un chrono d’environ 1h15-20 sur les 3 800 m. Je vais donc passer du temps dans le lac de Nantua. Je vais aussi travailler l’orientation qui reste un point faible. Côté vélo, je pratique aussi beaucoup le vélo tout terrain. Jeserai au départ de la Transverdon, une grande traversée de 260 km et 9 000 m de dénivelé positif en autonomie complète. En fonction du déroulement de cette épreuve et surtout de ma récupération, je réfléchirai sur la suite à donner avant de me projeter à Hawaii.

Son Alpsman en chiffres :
– Lake finisher
– Natation : 1h30’16
– T1 : 5’06
– Vélo : 8h28’15
– T2 : 2’42
– Course-à-pied : 4h28’30
– Total : 14h34’47

 

ILS ONT AUSSI DIT…
CHARLES BOUIN (2e homme)
© Clément Hudry

« Je ne m’attendais pas à un parcours aussi dur, c’est difficile mentalement. Il faut relancer dès que possible, il y a du monde derrière, devant je savais que ça allait être compliqué, mais j’ai tenu… C’est génial ! Le parcours est magnifique, j’ai eu du plaisir tout le long, merci à tous les bénévoles et les organisateurs. C’était top. Merci ! »

LINDA GUINOISEAU (1re femme)

© Alpsman

« J’étais venu ici pour faire une performance, c’est certain, mais de là à gagner ! Sur ce type d’épreuve beaucoup de choses peuvent se passer… Je m’étais très bien préparée, mon coach m’avait concocté un joli programme et je me suis sentie vraiment bien, mais j’ai quand même eu des hauts et de bas surtout à vélo. Les bénévoles m’ont encouragé en m’annonçant que j’étais en tête alors que j’étais seule ce qui était dur pour la motivation… J’avoue que quand j’ai commencé à reprendre des garçons qui étaient sûrement partis un peu trop vite, cela m’a redonné du boost ! »

THOMAS LEMAITRE (1er homme)

© Franck Oddoux

« Je suis parti j’étais super bien, au début du vélo, je me suis dit je vais cartonner. Et puis, à partir du 2ème passage à Plainpalais , j’ai senti que ça commençait à être dur et les 50 derniers kilomètres du vélo ont été très difficiles. Je redoutais la course-à-pied et au final je me suis senti très bien. Je voulais faire 4 à 4,5 au kilomètre, j’étais à 4,3 j’ai essayé de ralentir, mais j’étais toujours à 4,3 du coup je me suis dit, tant pis c’est parti !
Une course comme ça, on ne sait jamais, les crampes, une grosse hypo… Mais à partir du dernier passage à la route j’ai ressenti que c’était bon. Au fond de moi, quand j’ai sonné la cloche, je savais que j’étais vraiment proche de la victoire malgré la montée qui m’attendait.
Je suis super content, parce qu’il s’avère qu’avec Cédric Jacquot (vainqueur 2016 et 2017) on était partenaire à l’ES Nanterre, il y a quelques années. On rêvait de faire « Embrun » ensemble pour le gagner en équipe, mais je me suis blessé. Je n’ai jamais pu le faire. Il a gagné deux fois l’Alpsman donc je suis content d’avoir mon nom à ses côtés sur le palmarès des vainqueurs. »

 

Pierre-Maxime Branche

- 41 ans - Journaliste professionnel depuis 2004 en presse sport spécialisée et information générale. - Pratiques sportives actuelles : triathlon & fitness. - Instagram : pierre_maxime_branche

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