Formats et catégories en triathlon : ne pas perdre le fil

Par Sylvain Pigeau – Photos : S.P.

Le triathlon (natation, vélo, course-à-pied)

Rendu populaire par l’Ironman d’Hawaï, dont la première édition a eu lieu en 1978, le triathlon a vu le jour dans les années 70 mais a mis un certain temps avant de se structurer, et les disciplines enchaînées également. Pour beaucoup d’observateurs, la discipline et ses formats ne sont pas très lisibles. « Hein quoi ? le triathlon ? ah oui c’est le truc où on tire à la carabine en faisant du ski ! ». Euh, oui, c’est presque ça Madame !

Il n’y a pas à couper, le triathlon se compose de trois disciplines : la natation, le vélo et la course à pied. Dans cet ordre. Mais parfois, sur certaines épreuves, il peut changer, et même inclure des systèmes de relais par équipe. On peut même courir, rouler, puis retourner à l’eau, et finalement courir, puis rouler, ou nager. Oh là, ça y est on vous a perdu, comme la dame ! Commençons par le plus simple, le triathlon.

Le « mass start » (départ groupé) est le moment le plus impressionnant sur un triathlon.

– Les formats officiels : l’ITU (International Triathlon Union), et ses Fédérations nationales affiliées, respectent un cahier des charges très précis concernant les formats.

Cela part du XS avec 400 m de natation, 10 km de vélo et 2,5 à pied. Et on double à chaque fois. XS-S-M-L-XL-XXL. Le M, également appelé DO (distance olympique), est le format « standard » (1,5-40-10). Pour le L et le XL, il existe des libertés pour certains organisateurs, qui adaptent les distances en fonction du parcours notamment (dénivelé). Pour information, sur les championnats du monde longue distance, il faut en général couvrir 3 km de natation, 120 de vélo et 30 à pied. Ce qui n’est pas exactement un L, ni strictement un XL. Et ainsi de suite.

Distance XS 400 m 10 km 2.5 km
Distance S 750m 20 km 5 km
Distance M (DO) 1.5 km 40 km 10 km
Distance L 3 km 80 km 20 km
Distance XL 4 km 120 km 30 km
Distance XXL 3.8 km 180 km 42.195 km

– Ironman : le label américain s’est imposé comme une des références dans la discipline. Le « full », pour les puristes, prend les distances originelles du premier « IM » de l’histoire dans l’archipel du Pacifique, avec 3,8 km de natation, 180 de vélo et un marathon (42,195 km). Pour la petite histoire, l’idée est partie d’un délire entre quelques amis qui se sont lancé le défi d’enchaîner les trois épreuves (indépendantes) les plus populaires de l’archipel en une seule journée. Ils étaient 8 au départ, la suite on la connaît.

S’en est suivie sa déclinaison « half » dont les distances sont strictement divisées par deux (1,9-90-21). Cette dernière est l’une des plus populaires au monde car elle permet aux débutants, comme aux confirmés, de s’investir assez facilement sur une belle épreuve. La récupération est plus aisée que pour un Ironman. Pour les meilleurs, la course se joue en 4 h environ, voire moins.

Moins connu par le grand public que l’Ironman d’Hawaï, le championnat du monde longue distance (ITU) est pourtant l’une des épreuves phare du calendrier. Le Français Sylvain Sudrie a d’ailleurs décroché deux fois le titre, en 2010 et 2016.

– Les épreuves relais : dans le cas de championnats nationaux ou internationaux, il existe aussi des épreuves de relais. En France, les distances sont évidemment adaptées pour les catégories de jeunes.

Exemple pour une épreuve relais : chaque équipe est composée de 4 relayeurs (mixte la plupart du temps). Le premier départ s’effectue en mass start (départ groupé) avec le relayeur numéro 1 de chaque équipe. Il effectue les trois disciplines (natation, vélo et course à pied). Puis donne le relais à son coéquipier, qui part pour le même enchaînement. Le premier athlète (relayeur numéro 4), qui franchit la ligne, fait gagner son équipe.

– Les Coupes des clubs : la course peut aussi s’effectuer en mode « contre la montre », avec un départ de chaque équipe toutes les minutes ou davantage. Dans ce mode, l’équipe part en général à 6 et doit franchir les deux transitions à trois athlètes minimum. Tout athlète en retard et ne partant pas sur la discipline suivante avec ses coéquipiers est éliminé.

Dans le relais mixte, les équipes sont composées de 4 athlètes.
Les autres disciplines enchaînées, reconnues par la Fédération française

Duathlon : course à pied, vélo, course à pied

Bike and run : vélo et course à pied (en binôme). Le temps est pris sur le duo. Les deux athlètes se partagent un vélo et se relaient. En fonction du règlement, l’échange peut être imposé sur certaines zones ou non.

Aquathlon : natation et course-à-pied

Swimrun : natation et course à pied multi-enchaîné

Triathlon et duathlon des neiges : cette nouvelle discipline se déroule dans des conditions hivernales et comprend de la course à pied, du VTT et du ski de fond

Cross-triathlon et cross-duathlon (appelé parfois XTerra du nom du label indépendant) : natation, VTT, trail

Swimbike : natation et vélo

Paratriathlon : réservé aux athlètes paralympiques. Les disciplines sont les mêmes et les formats spécifiques

Les raids : composée d’au moins trois sports de nature enchaînés ou à minima, deux activités linéaires et un atelier en terrain naturel varié, le tout non motorisé, réalisés par équipe.

Les catégories

Alors c’est compris pour les formats ? Maintenant on passe aux catégories, car le triathlon offre la particularité de faire côtoyer, la plupart du temps, les professionnels et les amateurs.

Vous débutez et vous pensez pouvoir prendre le départ à côté de Vincent Luis. Raté. Sauf à de rares exceptions, il vous sera très difficile de côtoyer le champion français sur une épreuve. Où en tout cas pas tout de suite.

Vincent Luis, comme tous les athlètes élites évoluant sur la distance olympique (1,5-40-10), concourt en priorité sur des épreuves réservées aux professionnels, aux JO naturellement, sur le circuit WTS (World Triathlon Series), en Super League ou en championnat de France des clubs de division nationale (voir encadré), entre autres.

Pour toutes les autres épreuves, les pros et les amateurs prennent souvent le même départ, de la même épreuve.

Le classement est alors composé comme suit :

  • Classement scratch
  • Classement par catégories d’âge. Souvent par tranches de 5 ans. (Les masters commencent à 40 ans).
Sur les championnats et de nombreuses épreuves, le départ s’effectue par vagues en fonction des catégories d’âge.

Le cas d’un championnat national longue distance : pour tous les championnats nationaux sous l’égide de la FFTri, les classements par catégories donnent droit à un titre de champion de France. Depuis 2016, les athlètes élites sont intégrés dans les groupes d’âges. Il existe donc un titre sur le scratch (homme et femme), puis les titres sont attribués dans les différents groupes d’âges.

Depuis 2016, les athlètes élites (içi Morgane Riou), sont classés dans les groupes d’âge s’ils n’intègrent pas le podium du scratch.

Le cas d’un championnat d’Europe ETU ou d’un championnat du monde ITU longue distance : Les deux fédérations organisent leurs championnats. Le principe est exactement le même, à la différence que les athlètes élites ont un classement à part.

Pour les épreuves courtes distance, en dessous du L, les courses élites et « amateurs » sont séparées.

En France, les athlètes amateurs font partie du Club France. Une « équipe de France amateur » en somme. Ils doivent justifier certains résultats auprès de la Fédération pour y avoir accès et peuvent concourir (à leurs frais) aux épreuves, sous les couleurs de l’équipe de France. Ils sont classés dans les groupes d’âge.

Championnats nationaux et internationaux (idem à toutes les disciplines)
Distances S ou M Une course élite et une course amateur
Distance L Course regroupant les élites et les amateurs (classements scratch et groupes d’âges).

Départ par vagues (élites femmes, élites hommes, groupe d’âge femme, groupe d’âge hommes.)

 

Les athlètes du club France prennent par aux épreuves internationales (classements groupes d’âges), sous les couleurs de l’équipe de France.

Les « slots » sur Ironman : le principe de classement est le même sur le label américain. Mais il existe, en plus, un système de qualification pour Hawaï (Ironman) et pour les championnats du monde half (70.3). Dans chaque catégorie, un nombre de « slots » (ticket de qualification) est proposé. Il est défini en fonction de plusieurs facteurs, dont le nombre d’athlètes au départ dans chaque catégorie. Le nombre total sur l’épreuve est déterminé au départ puis réparti. (Exemple : Si 50 slots disponibles sur un IM, 5 le sont en catégorie femme 25-29, 4 en catégorie homme 30-34, etc).

À la fin de l’épreuve, lors de la cérémonie, les athlètes sont appelés pour être récompensés. Et la question fatidique leur est posée : « Do you want to go to Kona ? ». Oui ? Vous vous dirigez alors vers les membres de l’organisation qui vont enregistrer votre inscription et votre paiement immédiatement. Pour information, le ticket d’entrée pour Hawaï est aujourd’hui de 1 000 euros environ et 350 pour les championnats du monde half, qui se dérouleront à Nice cette année.

Dans le cas où l’athlète refuse le « slot », le ticket passe à l’athlète suivant. Ainsi, il n’est pas rare de voir, sur certaines épreuves, des athlètes classés au delà de la 10e place dans leur catégorie repartir avec le précieux sésame. Mais ne rêvez pas, c’est très fréquemment le cas pour les championnats du monde half, beaucoup moins pour Hawaï…

On mélange tout maintenant

Sur les épreuves longue distance, les élites côtoient les amateurs.

Maintenant que vous avez compris le fonctionnement des formats et des catégories, prenez note qu’en plus des épreuves traditionnelles tout au long de l’année (et des classements annexes qui s’y rattachent), il existe un championnat (quasiment) par format et par discipline.

Dans l’absolu, un athlète (élite ou non) peut donc cumuler les titres en fonction des disciplines (triathlon, duathlon etc.) et des formats (S, M etc.)

Le week-end dernier, Benjamin Choquert et Sandra Levenez sont devenus, à Pontevedra en Espagne, champions du monde de duathlon (distance M, 10 km à pied, 40 km de vélo et 5 à pied). Les amateurs concouraient sur la même épreuve mais dans une course à part.

Ce week-end en revanche, toujours à Pontevedra, les élites et les amateurs se côtoieront pour les mondiaux de triathlon longue distance (3 km de natation, 120 à vélo et 30 à pied). Dans l’absolu, un athlète (élite ou non) peut donc cumuler les titres en fonction des disciplines (triathlon, duathlon etc) et des formats (S, M etc.)

Mais rassurez-vous, l’essentiel est d’épingler un dossard, et de se donner à fond.

Lexique

ITU : Fédération internationale

ETU : Fédération européenne

FFTri : Fédération française

Ironman : Label indépendant, organisateur de l’Ironman d’Hawaï notamment.

Powerman : Label indépendant en duathlon. A Zofingen (Suisse), en septembre, les athlètes peuvent prendre part à la finale du circuit, les championnats du monde longue distance de la discipline.

Challenge : Label indépendant

XTerra : Label indépendant d’épreuves de cross-triathlon

Mass Start : Départ groupé en triathlon

Rolling start : Départ de type « contre-la-montre » où les athlètes partent par vagues de 4 athlètes par exemple, toutes les 5 secondes. Ce système devient de plus en plus fréquent sur les grandes épreuves, afin de placer le plus rapidement possible les athlètes en fonction de leur niveau.

WTS : Epreuves de Coupe du monde

Super League : Circuit international co-fondé en 2017 par le multiple champion du monde Chris McCormack.

Coupe de France DN : En triathlon et en duathlon, les clubs français sont répartis dans plusieurs divisions nationales (3 en triathlon et 2 en duathlon). Plusieurs manches de Grand prix ont lieu tout au long de la saison et une finale en fin d’année. Sur chaque manche, un classement par équipe est établi en fonction des places de chaque athlète au scratch. Un système de points permet aux clubs de monter ou de descendre entre les divisions.

Drafting : En fonction des épreuves, le drafting (abri en vélo) est autorisé (comme en Grand Prix), ou non, comme sur les courses longue distance.

Sources : ITU et FFTri

Qui a dit que le triathlon n’était pas lisible ?

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